BURkINA FASO - African Economic Outlook

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Notes pays
Burkina Faso
Le Burkina Faso est un pays sahélien et enclavé d’Afrique de l’Ouest. Avec une superficie de
274 000 km2, sa population est estimée en 2014 à 17.9 millions d’habitants et pourrait atteindre 30 millions
à l’horizon 2030. Selon le recensement réalisé en 2006, 22.7 % des Burkinabés vivent en milieu urbain.
L’urbanisation du pays s’est polarisée autour de deux grandes agglomérations : à l’ouest, Bobo-Dioulasso,
la capitale économique et au centre, Ouagadougou, la capitale politique. Sur les trente dernières années,
la tendance s’est accentuée. Ouagadougou a ainsi connu une croissance démographique spectaculaire.
Selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie, le nombre de ses habitants
a quadruplé entre 1985 et 2013 pour représenter aujourd’hui 11 % de la population totale du pays. Dans le
même temps, Bobo Dioulasso a, quant à elle, vu le nombre de ses résidents doubler en 20 ans. Le pays s’est
ainsi progressivement organisé en une structure de type macro-céphalique, où Ouagadougou concentre
l’essentiel des infrastructures (industries, aéroports, universités, hôpitaux, zones commerciales, salles
de conférences et hôtels de référence).
Des progrès permettent certes de connecter le secteur rural au reste du pays mais les défis persistent.
En effet, les ruraux – qui représentent 77.3 % des Burkinabés, d’après le recensement de 2006 – bénéficient
de peu d’équipements publics. En dehors des deux grands centres urbains, les services se limitent à
l’éducation primaire, aux soins de santé primaire, à l’eau potable et aux pistes rurales. C’est globalement
insuffisant pour couvrir les besoins. Par ailleurs, la qualité de ces services reste à améliorer. Ceux
qui peuvent contribuer à améliorer le quotidien, comme l’électricité, restent faiblement développés :
seulement 2.34 % de la population rurale avait accès à l’électricité en 2013.
Les zones à fort potentiel de croissance comme l’ouest et l’est du pays, demeurent insuffisamment
exploitées. Les migrations internes sont orientées vers Ouagadougou. Les régions du Centre et du Nord,
peu favorables à l’agriculture, du fait des changements climatiques et de la désertification progressive,
demeurent les plus denses, avec une concentration comprise entre 60 et 615.8 habitants au kilomètre
carré.
La forte pression exercée sur les terres cultivables à l’ouest et au sud du pays, du fait de la croissance
démographique mais aussi à cause des migrations, génère parfois des conflits, notamment entre les
agriculteurs et les éleveurs, voire entre populations autochtones et allogènes. Par ailleurs, l’affluence
rapide des zones rurales vers les centres urbains est source de litiges fonciers. À la faveur de la
communalisation intégrale enclenchée en 2006, le pays compte désormais 301 communes rurales et
49 communes urbaines. L’attribution des terres étant devenue l’une des principales compétences de ces
collectivités locales, les opérations de lotissement sont parfois émaillées de tensions notamment dans
les grands centres urbains comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Plusieurs approches ont été expérimentées pour organiser le développement territorial : gestion
des terroirs, développement local, etc. Bien que le pays soit organisé en treize régions, il n’existe pas
de politique de redistribution systématique des ressources. Les dotations budgétaires transférées
représentent un montant très limité (moins de 5 % du budget national) et sont allouées en tenant compte
uniquement de la taille de la population et non des différentiels de développement. Par conséquent, la
pauvreté se caractérise par d’importantes disparités d’une région à l’autre. Son incidence est estimée à
17.3 %, dans le Centre, en revanche, le Nord (68.1 %), l’Est (62.2 %) et la Boucle du Mouhoun (56 %) sont
plus sévèrement atteintes. Le Nord est très peu favorable à l’agriculture. Il abrite 8.5 % de la population
totale du pays et son économie repose sur les mines et le commerce. L’absence ou l’épuisement des
ressources naturelles ainsi que l’insuffisance des investissements dans les biens publics de la zone
(routes) expliquent le faible développement de cette région. Néanmoins certains projets financés par
les bailleurs de fonds, se concentrent sur les régions accusant le plus important retard en termes de
développement : l’Est, le Nord, et le Sahel.
Le pays dispose depuis 2005 d’une politique nationale d’aménagement du territoire qui repose sur
quatre schémas : le schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) qui détermine la destination
générale des terres situées dans les limites du territoire national, la nature et la localisation des grands
équipements d’infrastructures ; le schéma régional d’aménagement du territoire ; le schéma provincial
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d’aménagement du territoire ; et enfin, le schéma directeur d’aménagement qui fixe les orientations
fondamentales d’occupation et d’utilisation des terres et les objectifs d’aménagement d’une collectivité
territoriale ou de tout autre espace donné. En termes de réalisation, l’étude sur les SNAT est complètement
achevée. L’adoption de la loi sur le SNAT est prévue au cours de l’année 2015. Le pays dispose également
depuis 2005, d’une vision prospective de long terme à savoir l’étude nationale prospective « Burkina
2025 », sur laquelle repose la SCADD. Cependant, les capacités à prendre en compte la prospective dans
les programmes et projets de développement notamment les questions sur les enjeux démographiques
et d’adaptation au changement climatique, sont encore limitées et méritent d’être renforcées.
Pour améliorer l’inclusion spatiale, le gouvernement a retenu un modèle de croissance basé sur
le développement de quatre pôles de croissance économique. Il s’agit du pôle agricole de Bagré dans
la région du Centre-est, du pôle minier et d’élevage dans le Sahel, du pôle touristique dans l’Est et
enfin, des agropoles du Sourou et Samendeni dans les Hauts bassins et la Boucle du Mouhoun. Bagré
est le pôle le plus avancé. Ce site est riche en ressources naturelles avec 500 000 hectares classés zone
d’utilité publique et un grand réservoir d’eau pour l’irrigation. Les pouvoirs publics sont en train de le
doter d’infrastructures modernes (routes, énergie, eau, TIC), afin de créer les conditions pour attirer
l’investissement privé dans l’agro-industrie mais aussi pour accompagner le développement de la
recherche et l’innovation technologique. Les principaux moteurs de l’économie de cette zone seront
l’agriculture, la transformation, les services, le tourisme, etc. À l’horizon 2017, ce pôle devrait générer
la production annuelle de 450 000 tonnes de céréales par an (contre 157 000 en 2010), 1 250 tonnes de
poisson (contre 522 en 2009) et 2 400 tonnes d’aliments pour bétail. En termes d’emplois, il est prévu la
création de 30 000 emplois directs et près de 250 000 bénéficiaires indirects.
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