L’
insuffisance cardiaque est
responsable de 32 000 dé-
cès chaque année. L’étude
SHAPE*, une vaste étude européenne
réalisée dans 9 pays d’Europe, au-
près de 15 000 personnes, a eu pour
objectif d’évaluer la compréhension
de l’insuffisance cardiaque et sa per-
ception par le grand public et par les
professionnels de santé, ainsi que la
manière dont elle est prise en charge.
L’étude
Selon cette étude, chaque année
120 000 nouveaux cas sont réper-
toriés en France et plus de 3,6 mil-
lions de nouveaux cas sont dia-
gnostiqués en Europe. Les Français
et les Européens ont une percep-
tion erronée de l’insuffisance car-
diaque. Ils sont encore trop nom-
breux à sous-estimer (67 % des
Européens et 74 % des Français) la
fréquence et la gravité de cette
maladie
Or l’insuffisance cardiaque est res-
ponsable d’un taux de mortalité de
60 % dans les cinq ans qui suivent
le diagnostic et jusqu’à 40 % des
patients insuffisants cardiaques
décèdent dans l’année qui suit leur
première hospitalisation. Pourtant
66 % des Européens et 85 % des
Français interrogés considèrent (à
tort) que les chances de survie d’un
insuffisant cardiaque sont supé-
rieures à celles d’un malade infecté
par le VIH.
Les traitements
L’insuffisance cardiaque est une
maladie grave et invalidante. Elle
peut néanmoins être traitée de
manière efficace, notamment en
permettant de ralentir la progression
de la maladie, d’améliorer la survie
et la qualité de vie du malade, de
soulager les symptômes et de dimi-
nuer les taux d’hospitalisation. Ce
sont essentiellement les médica-
ments (Inhibiteurs de l’Enzyme de
Conversion de l’angiotensine [IEC]
bêtabloquants, antagonistes des
récepteurs de l’angiotensine II, anta-
gonistes de l’aldostérone, diuré-
tiques, digitaliques).
Le traitement peut être le recours
aux dispositifs médicaux (traite-
ment de la resynchronisation car-
diaque, défibrillateurs implantables)
ou à la chirurgie (transplantation
cardiaque).
L’importance d’une bonne hygiène
de vie (pratique d’une activité phy-
sique régulière, maintien d’une ali-
mentation saine et équilibrée, arrêt
du tabac) est à souligner, alors que
61 % des Européens et 71 % des
Français pensent (à tort) que les
patients insuffisants cardiaques doi-
vent mener une vie calme et s’abs-
tenir de tout effort, quand la pra-
tique d’une activité physique
régulière leur est recommandée.
L’insuffisance cardiaque représente
chaque année 1 % à 2 % des
dépenses du système de santé
français, soit environ 200 millions
d’euros. Par manque de formation
en matière d’insuffisance car-
diaque, lorsque les médecins géné-
ralistes prescrivent les médica-
ments recommandés à leurs
patients, ils ne les administrent pas
à la posologie optimale. « L’insuf-
fisance cardiaque est une question
de santé publique préoccupante
qui doit mobiliser et intégrer tous
les acteurs du système de soins,
notamment les médecins généra-
listes qui jouent un rôle essentiel,
pour que des milliers de malades
puissent vivre mieux et plus long-
temps et que la France rattrape
son retard », a déclaré le Professeur
Faiez Zannad (CHU de Nancy),
alors qu’il existe des centres anti-
cancéreux, des unités de soins
intensifs coronariens dans chaque
CHU de France, il y a peu de
réseaux ou d’unités de soins
dédiés à l’insuffisance cardiaque
en France. Or, l’expérience de cer-
tains pays, tels que la Suède,
démontre que l’organisation des
systèmes de soins en réseaux et en
unités dédiées à l’insuffisance car-
diaque est essentielle et efficace
pour réduire la mortalité et les taux
de réhospitalisation dus à cette
maladie.»
ALP
* SHAPE : Study group on Heart failure Awa-
reness and Perception in Europe est le groupe
d’étude sur la sensibilisation à l’insuffisance
cardiaque et sa perception en Europe.
www.insuffisancecardiaque-europe.com
http://www.insuffisancecardiaque-europe.com
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
Actualité Santé
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Infos ...
Objectifs du
traitement
Idéalement ,dans
l’insuffisance
cardiaque, la
thérapeutique doit
apporter une
amélioration
fonctionnelle du
patient, une
amélioration du
confort de vie et si
possible une
réduction de la
mortalité :
– en supprimant
l’étiologie de
l’insuffisance
cardiaque
(hyperthyroïdie,
correction d’une
valvulopathie comme
le RA serré par
exemple...),
– en restaurant la
fonction ventriculaire
gauche,
– en limitant ou inter-
rompant la
progression de
l’altération
ventriculaire gauche,
– en restaurant un
débit cardiaque
normal,
– en diminuant la
rétention hydrosodée,
– en restaurant un
débit cardiaque
normal.
Insuffisance cardiaque
Un manque de mobilisation évident
L’insuffisance cardiaque est une maladie grave dont une
étude européenne révèle la méconnaissance et le manque
de mobilisation. Elle affecte pourtant 14 millions
d’Européens qui seront 30 millions d’ici 2020. En France, ils
sont déjà 500 000 à souffrir de cette maladie chronique.
Physiopathologie
L’insuffisance cardiaque traduit
l’incapacité du cœur à faire face
aux besoins hémodynamiques
de l’organisme, tout d’abord à
l’effort, puis au repos.
L’altération du fonctionnement
cardiaque déclenche des méca-
nismes d’adaptation extrin-
sèques et intrinsèques desti-
nés à maintenir un débit
cardiaque suffisant. Le cœur
peut temporairement maintenir
le débit sanguin de plusieurs
façons : il peut grossir pour
pomper plus de sang, il peut
battre plus rapidement ou
encore, les parois des ventri-
cules peuvent s’épaissir, ce qui
peut augmenter sa capacité de
pompage.