Actualité Santé 11 Insuffisance cardiaque Un manque de mobilisation évident L’insuffisance cardiaque est une maladie grave dont une étude européenne révèle la méconnaissance et le manque de mobilisation. Elle affecte pourtant 14 millions d’Européens qui seront 30 millions d’ici 2020. En France, ils sont déjà 500 000 à souffrir de cette maladie chronique. L’ insuffisance cardiaque est responsable de 32 000 décès chaque année. L’étude SHAPE*, une vaste étude européenne réalisée dans 9 pays d’Europe, auprès de 15 000 personnes, a eu pour objectif d’évaluer la compréhension de l’insuffisance cardiaque et sa perception par le grand public et par les professionnels de santé, ainsi que la manière dont elle est prise en charge. L’étude Selon cette étude, chaque année 120 000 nouveaux cas sont répertoriés en France et plus de 3,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués en Europe. Les Français et les Européens ont une perception erronée de l’insuffisance cardiaque. Ils sont encore trop nombreux à sous-estimer (67 % des Européens et 74 % des Français) la fréquence et la gravité de cette maladie Or l’insuffisance cardiaque est responsable d’un taux de mortalité de 60 % dans les cinq ans qui suivent le diagnostic et jusqu’à 40 % des patients insuffisants cardiaques décèdent dans l’année qui suit leur première hospitalisation. Pourtant 66 % des Européens et 85 % des Français interrogés considèrent (à tort) que les chances de survie d’un insuffisant cardiaque sont supérieures à celles d’un malade infecté par le VIH. Les traitements L’insuffisance cardiaque est une maladie grave et invalidante. Elle peut néanmoins être traitée de manière efficace, notamment en permettant de ralentir la progression de la maladie, d’améliorer la survie et la qualité de vie du malade, de soulager les symptômes et de diminuer les taux d’hospitalisation. Ce sont essentiellement les médicaments (Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion de l’angiotensine [IEC] bêtabloquants, antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II, antagonistes de l’aldostérone, diurétiques, digitaliques). Le traitement peut être le recours aux dispositifs médicaux (traitement de la resynchronisation cardiaque, défibrillateurs implantables) ou à la chirurgie (transplantation cardiaque). L’importance d’une bonne hygiène de vie (pratique d’une activité physique régulière, maintien d’une alimentation saine et équilibrée, arrêt du tabac) est à souligner, alors que 61 % des Européens et 71 % des Français pensent (à tort) que les patients insuffisants cardiaques doivent mener une vie calme et s’abstenir de tout effort, quand la pratique d’une activité physique régulière leur est recommandée. L’insuffisance cardiaque représente chaque année 1 % à 2 % des dépenses du système de santé français, soit environ 200 millions d’euros. Par manque de formation en matière d’insuffisance cardiaque, lorsque les médecins généralistes prescrivent les médicaments recommandés à leurs patients, ils ne les administrent pas à la posologie optimale. « L’insuffisance cardiaque est une question de santé publique préoccupante qui doit mobiliser et intégrer tous les acteurs du système de soins, notamment les médecins généralistes qui jouent un rôle essentiel, pour que des milliers de malades puissent vivre mieux et plus longtemps et que la France rattrape son retard », a déclaré le Professeur Faiez Zannad (CHU de Nancy), alors qu’il existe des centres anticancéreux, des unités de soins intensifs coronariens dans chaque CHU de France, il y a peu de réseaux ou d’unités de soins dédiés à l’insuffisance cardiaque en France. Or, l’expérience de certains pays, tels que la Suède, démontre que l’organisation des systèmes de soins en réseaux et en unités dédiées à l’insuffisance cardiaque est essentielle et efficace pour réduire la mortalité et les taux de réhospitalisation dus à cette maladie.» ALP * SHAPE : Study group on Heart failure Awareness and Perception in Europe est le groupe d’étude sur la sensibilisation à l’insuffisance cardiaque et sa perception en Europe. www.insuffisancecardiaque-europe.com http://www.insuffisancecardiaque-europe.com Physiopathologie L’insuffisance cardiaque traduit l’incapacité du cœur à faire face aux besoins hémodynamiques de l’organisme, tout d’abord à l’effort, puis au repos. L’altération du fonctionnement cardiaque déclenche des mécanismes d’adaptation extrinsèques et intrinsèques destinés à maintenir un débit cardiaque suffisant. Le cœur peut temporairement maintenir le débit sanguin de plusieurs façons : il peut grossir pour pomper plus de sang, il peut battre plus rapidement ou encore, les parois des ventricules peuvent s’épaissir, ce qui peut augmenter sa capacité de pompage. Infos ... Objectifs du traitement Idéalement ,dans l’insuffisance cardiaque, la thérapeutique doit apporter une amélioration fonctionnelle du patient, une amélioration du confort de vie et si possible une réduction de la mortalité : – en supprimant l’étiologie de l’insuffisance cardiaque (hyperthyroïdie, correction d’une valvulopathie comme le RA serré par exemple...), – en restaurant la fonction ventriculaire gauche, – en limitant ou interrompant la progression de l’altération ventriculaire gauche, – en restaurant un débit cardiaque normal, – en diminuant la rétention hydrosodée, – en restaurant un débit cardiaque normal. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004