Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège
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Septembre 2010 /196
Cibler pour mieux soigner
Targetome, spin-off contre le cancer
A l'heure actuelle, le ciblage thérapeutique se profile comme une alternative prometteuse à une série de
traitements toxiques, notamment en cancérologie. C'est dans ce créneau que s'inscrit la nouvelle spin-off de
l'ULg : Targetome.
« Les agents pharmacologiques anti-cancéreux actuels s'attaquent à des propriétés moléculaires
communes aux cellules malignes et aux cellules normales, explique le Pr Vincent Castronovo, responsable
de l'unité Giga-Cancer de l'ULg et directeur scientifique de Targetome. Ils sont donc très toxiques pour
l'organisme, ce qui limite leur utilisation en concentration et dans le temps. » Pour contourner cette difficulté,
des voies de recherche sont explorées depuis plusieurs années dans l'espoir de développer des alternatives
moins toxiques pour le patient mais tout aussi efficaces - si pas plus - contre le cancer.
L'une des pistes envisagées est le ciblage thérapeutique : il s'agit de délivrer les agents toxiques
uniquement là où se trouvent les cellules cancéreuses, afin de préserver les tissus sains. « Nous
conservons les "armes" pharmacologiques utilisées en chimiothérapie mais nous les équipons de têtes
chercheuses capables de repérer la tumeur, reprend le professeur, amateur du langage imagé, comme un
aviateur qui disposerait d'une caméra capable d'envoyer le missile précisément sur l'ennemi, épargnant
ainsi la population civile. » Le véritable défi à relever est alors l'identification de la tumeur par les anticorps
greffés sur les agents toxiques.
En 2005 déjà, le laboratoire de recherches sur les métastases du Pr Castronovo déposait une demande
de brevet sur une technologie originale, capable de repérer, parmi la myriade de protéines présentes dans
une lésion cancéreuse, celles propres à la lésion et accessibles par voie sanguine. « Une fois identifiés, ces
biomarqueurs permettent la fabrication d'anticorps spécifiques, base de nouveaux médicaments, reprend
le chercheur. Ces cibles moléculaires et leurs anticorps respectifs pourront également être utilisés dans
l'imagerie médicale de haute technologie (immunoPet) afin de détecter des lésions cancéreuses fines chez
un patient donné. » Le brevet qui protège cette technologie vient d'être délivré à l'échelle européenne.
Cette technologie a accéléré la découverte et la validation de biomarqueurs révélateurs des cancers les plus
fréquents que sont ceux du sein et du pancréas, les glioblastomes et lymphomes, ainsi que les métastases
hépatiques et osseuses. Ces biomarqueurs ont également été brevetés, grâce au travail de longue haleine
de l'Interface Entreprises-Université.
Toutes les conditions sont donc enfin réunies pour la création effective de la spin-off Targetome dont
l'activité se concentrera sur la production et la vente de ces biomarqueurs. Elle pourrait devenir ainsi une
pierre angulaire dans l'essor du ciblage thérapeutique en cancérologie. Prochainement, elle fera même
l'objet d'une évaluation en vue d'intégrer différents grands projets, tels que Eurotrans-bio et ensuite Biowin.
La guerre propre mais impitoyable contre le cancer est donc déclarée.
Elisa Di Pietro