
Cahiers Santé 20, n° 4, octobre-novembre-décembre 2010
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Info
CHIKUNGUNYA : LE RÔLE CLÉ 
DE L’ IMMUNITÉ INNÉE 
 
Le chikungunya, véhiculé par des moustiques 
du genre Aedes, se répand dans le monde et 
provoque périodiquement de nouvelles flambées 
épidémiques. L’Afrique, l’Asie, l’océan Indien et 
même le Sud de l’Europe sont désormais touchés. 
D’une simple fièvre à de sévères douleurs articu-
laires, le virus peut prendre de multiples formes 
chez les malades. Cette extrême variabilité des 
symptômes est due à la variabilité de la défense 
immune individuelle. Grâce à des analyses 
sanguines effectuées lors de l’épidémie de 2007 
au Gabon, des chercheurs de l’IRD et leurs parte-
naires(1) viennent en effet de montrer le rôle 
clé, dans l’évolution clinique de l’infection, de 
l’immunité innée : la première ligne de défense de 
l’organisme. Le contrôle de la maladie dépend 
ainsi étroitement du « terrain » immunitaire de 
chaque patient. Les cas graves seraient donc dus 
à une défaillance de la réponse innée, comme chez 
les femmes enceintes, les personnes âgées, etc. 
Ces travaux apportent un éclairage nouveau 
sur cette maladie, peu étudiée jusque-là et 
délaissée des pouvoirs publics. 
Isolé pour la première fois en 1953 en 
Tanzanie, le virus du chikungunya a causé 
de nombreuses épidémies en Afrique et en 
Asie du Sud-Est au cours du 20e siècle. 
Une menace planétaire 
Cette maladie infectieuse est due, comme 
la fièvre jaune et la dengue, à un arbovirus, 
c’est-à-dire véhiculé par des arthropodes 
suceurs de sang : moustiques, tiques et 
phlébotomes. Ses principaux vecteurs sont 
des moustiques du genre Aedes, en particu-
lier Aedes albopictus, surnommé le « mous-
tique tigre », qui conquiert rapidement de 
nouveaux territoires, grâce à ses œufs. L’in-
tensification des déplacements humains, 
qui dispersent les larves, et l’augmentation 
de la résistance des moustiques aux insec-
ticides ont contribué à l’expansion rapide 
des épidémies ces dernières années à de 
nouvelles régions du monde : les îles de 
l’océan Indien, l’Afrique centrale et même 
très récemment le Sud de l’Europe sont 
désormais touchés. La flambée épidémique 
de La Réunion en 2005-2006 a notamment 
affecté plus de 260 000 personnes. La 
récente épidémie dans le Sud de l’Italie, 
en 2007, ainsi que le premier cas de fièvre 
rapporté dans le Sud de la France illustrent 
doi :  10.1684/san.2010.0215
le potentiel de dissémination mondiale, 
faisant de cette maladie, rarement mortelle 
mais très invalidante, une menace de santé 
publique majeure. 
Une immunité innée forte 
D’une simple poussée de fièvre à des 
troubles articulaires très douloureux, le 
chikungunya peut prendre de multiples 
formes. Cette extrême variabilité des symp-
tômes est due à la variabilité de la réponse 
immune individuelle de chaque patient. 
Des chercheurs de l’IRD et leurs parte-
naires1 viennent en effet de montrer la 
fonction clé, dans l’évolution clinique de 
la maladie, de la première ligne de défense 
de l’organisme : l’« immunité innée ». 
En réponse à la présence d’ADN étranger 
dans l’organisme, suite à une infection virale, 
bactérienne ou parasitaire, ou à la présence 
de cellules tumorales, l’organisme active 
son système immunitaire. Cette réponse 
immune, ou inflammatoire, est consti-
tuée de deux grandes étapes : la défense 
non-spécifique, aussi appelée « immunité 
innée », qui ne tient pas compte de la 
nature du micro-organisme qu’elle combat, 
et la réponse spécifique, qui cible l’agent 
pathogène dans les cellules infectées. 
Chez les malades du chikungunya, la 
première étape est très efficace. L’analyse 
de près de 70 échantillons sanguins prélevés 
au cours de l’épidémie de 2007 à Libreville, 
la capitale du Gabon, a en effet révélé la 
présence, au cours des quatre premiers 
jours de symptômes, d’une quantité élevée 
d’interférons, de cytokines et de chimio-
kines
2
, des sortes d’hormones du système 
immunitaire. Les premiers jouent un rôle 
prédominant dans la défense inflamma-
toire immédiate : ils interfèrent, d’où leur 
nom, avec la réplication du virus dans 
les cellules de l’hôte et inhibent ainsi ce 
dernier de manière très précoce. Les cyto-
kines et les chimiokines, quant à elles, ont 
pour fonction d’activer la seconde étape : la 
réponse spécifique. Pour cela, ces protéines 
1 Ces travaux ont été réalisés en collaboration 
avec des chercheurs du Centre International 
de Recherches Médicales de Franceville et de 
l’université des Sciences de la Santé à Libreville 
au Gabon et de l’INSERM.
2
 Les interférons, cytokines et chimiokines sont 
des protéines produites par les cellules du système 
immunitaire.
attirent les cellules immunitaires, appelées 
leucocytes, vers chaque site de réplication 
du virus et orchestrent le déploiement des 
défenses antivirales de l’organisme. 
Le contrôle de la maladie dépend ainsi 
étroitement du « terrain » immunitaire 
de chaque patient. Les cas graves seraient 
donc dus à une défaillance du mécanisme 
de la réponse innée, comme chez les 
femmes enceintes, les personnes âgées ou 
encore les malades du sida. 
Une maladie extrêmement invalidante 
Dès lors apparaîtraient les formes graves 
provoquant les raideurs articulaires très 
invalidantes dont l’infection tient son 
nom : chikungunya signifie la « maladie 
de l’homme courbé » en makondé, langue 
d’Afrique australe. Ces symptômes durent 
en général trois à sept jours, le temps que 
les cellules immunitaires fassent leur travail, 
mais peuvent aussi devenir chroniques et 
persister pendant des mois, voire des années. 
Des complications neurologiques et hépati-
ques peuvent également survenir dans les 
formes les plus sévères. Aucun traitement 
spécifique n’existant à ce jour, la prise en 
charge thérapeutique vise uniquement à 
soulager ces symptômes, avec des médica-
ments antalgiques et anti-inflammatoires. 
Les médecins sont à l’aube de leurs recher-
ches sur la maladie, longtemps délaissée 
par les pouvoirs publics. L’équipe de 
recherche explore de même le rôle, dans 
l’inhibition du pathogène, des cellules 
appelées  Natural Killer, capables de tuer 
directement les cellules infectées. En paral-
lèle, des travaux sont également en cours 
sur la modulation de la réponse immu-
nitaire dans les cas de co-infection avec 
le virus de la dengue, récemment décou-
verts au Gabon, une nouvelle menace qui 
conjugue les deux fléaux. 
Fiche d’actualité IRD
N° 363, décembre 2010
Pour en savoir plus :
Éric Leroy
<Eric.leroy@ird.fr>
Référence : 
Wauquier N, Becquart Pierre, Nkoghe D, Padilla C, 
Ndjoyi-Mbiguino A, Leroy E. The acute phase of 
mild Chikungunya virus infection in humans is 
associated with strong innate immunity and T CD8 
cell activation. Journal of Infectious Diseases 2010. 
doi :  10.1093/infdis/jiq006
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