Les troubles de l`alimentation

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Les troubles de l’alimentation
Kimberly Kemp, 19 ans, de Toronto, pense que sa copine et camarade d’école, Susan Shaw,
souffre d’un trouble de l’alimentation. « Susan est obsédée par son poids et la nourriture,
révèle Kimberly. Elle suit des régimes extrêmes qui la rendent malade ou l’épuisent, elle nous
évite, moi et nos copines pendant les repas, et elle passe son temps à dire qu’elle est grosse
même si elle a perdu beaucoup de poids. »
Dans notre société obsédée par l’image corporelle, beaucoup de femmes et d’adolescentes sont très
critiques de leur apparence et suivent un régime ou font de l’exercice ou les deux à la fois pour tenter
de se transformer. Les pertes de poids modestes entraînent souvent des compliments, un sentiment
d'accomplissement ainsi que l’admiration et l'attention des autres. Mais pour les gens atteints d’un
trouble alimentaire, des comportements d’évitement ou restrictifs peuvent entraîner des habitudes
malsaines de perte de poids et une image de soi médiocre.
Qu’est qu’un trouble
trouble de l’alimentation ?
Un trouble de l’alimentation se manifeste par une préoccupation avec la nourriture et le poids. Il peut
mener à une alimentation restrictive, à des comportements d’évitement, à une frénésie alimentaire ou
à une alimentation excessive. Il s’agit d’un trouble grave pouvant causer des problèmes de santé
permanents. L’anorexie et la boulimie sont des troubles de l'alimentation.
Les troubles de l’alimentation sont malheureusement beaucoup trop fréquents chez les jeunes femmes
qui se retrouvent pour la première fois dans les milieux compétitifs des collèges et des universités. Il y
a beaucoup de pression pour s’ajuster aux nouveaux défis de la vie étudiante, dont la transition de
l’adolescence à l’âge adulte, les exigences scolaires plus élevées et les tensions créées par les relations.
Ceci crée souvent une perception d’un risque d’échec, menant à des mécanismes d’adaptation
infructueux comme les troubles alimentaires. Il faut alors explorer de nouvelles stratégies
d’adaptation et réexaminer ses croyances, notamment celles qui jouent un rôle dans les comportements
malsains.
Vivre avec un trouble de l’alimentation
Après plusieurs années passées à traiter des gens aux prises avec ce problème dans un centre de santé
d’un campus postsecondaire, j’ai pu relever quelques réflexions, croyances et motivations de jeunes
femmes qui ont accepté de partager leur combat contre des troubles de l'alimentation.
La peur de devenir grosse est omniprésente. On associe souvent une image corporelle déformée à des
attentes irréalistes au sujet de la silhouette ou du poids. Certaines ont peur de grandir et voient ce
comportement comme une façon de se protéger contre l’intimité ou des difficultés sexuelles, ou comme
un moyen d’éviter une attention non désirée. Beaucoup d’entre elles ont l’impression d’être
inadéquate, d’être dépassée par les événements et d'avoir perdu le contrôle devant tous les défis que
leur présente la vie. Certaines ont eu des expériences traumatisantes qui contribuent à leur sentiment
de honte et de culpabilité. Elles ont l’impression qu’elles ne méritent pas d’être en santé, que bien se
sentir ne leur procure pas la douleur qu’elles s’imaginent méritées. Être en bonne santé peut sembler
égoïste. Chez d’autres jeunes femmes, un trouble alimentaire sert à maintenir un sentiment d’«
engourdissement » pour éviter les souvenirs ou les sentiments douloureux.
Ce comportement est essentiellement une tentative de prise de contrôle de soi. Si on peut contrôler son
embonpoint, on n’est plus impuissante. Abandonner ce comportement, c’est se trahir soi-même, et les
gens qui veulent aider sont des menaces potentielles. On a souvent de la difficulté à accepter la
sympathie des autres ou à demander ou à recevoir de l’aide. Lutter contre un trouble de l’alimentation
est souvent un combat mené dans le silence. C’est un secret honteux rempli de culpabilité. Ces facteurs
s’allient pour créer une résistance au changement et un refus de relever les défis qu’exigent les
traitements.
Quelle aide
aide peutpeut-on donner à ces personnes ?
En tant qu’amie, Kimberly veut aider Susan, mais elle a peur de lui parler d’un sujet si délicat. Susan
lui a d’ailleurs déjà dit qu’elle ne voulait pas en parler et que tout allait bien.
Beaucoup de femmes souffrant de troubles alimentaires sont très performantes et perfectionnistes, et
elles ont beaucoup de difficulté à admettre qu’elles ont un problème. Il leur est difficile de se faire
soigner, surtout si elles pensent qu’elles n’en ont pas besoin. Le déni est énorme. Elles donnent
souvent l’impression d’être très capables tout en ressentant dans leur for intérieur qu’elles sont
perdues et dépourvues. Il peut être difficile d’essayer d’aider une personne qui pense qu’elle n'a pas de
problème. Les gens aux prises avec de tels problèmes peuvent résister à tous les gens qui veulent leur
venir en aide. Voici un scénario typique. « Je commence enfin à perdre du poids. Pourquoi est-ce que
tu me mets les bâtons dans les roues en me faisant manger ? » Et si elles se remettent de leur maladie
et commencent à reprendre du poids, elles se sentent de nouveau vulnérables.
La meilleure chose que l’on puisse faire est de lui offrir du soutien et de l’affection. Bien qu’elle soit
difficile à établir, la confiance entre la personne aux prises avec le problème et celle qui veut l’aider est
essentielle si l’on veut réduire ses craintes d’être rejetée et critiquée. En tant que personne qui soutient
une amie ou un être cher qui a un trouble de l’alimentation, il est important de pouvoir lire entre les
lignes et de comprendre ce que la personne qui souffre tente de communiquer. « Écoute ce que je ne te
dis pas », semble-t-elle supplier.
Pour en savoir plus long
Signes d’un trouble de l’alimentation
Voici quelques signes et comportements pouvant indiquer un trouble de l’alimentation selon
l’Association canadienne pour la santé mentale :
• Avoir une faible estime de soi
• Se retirer des autres
• Avoir le sentiment d’être gros alors que son poids est normal ou sous la normale
• Être préoccupé par la nourriture, son poids, le nombre de calories et l’opinion des autres
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Refuser d’admettre qu’il y a un problème
Aspirer à la perfection
Être intolérant des autres
Être incapable de se concentrer
Travailler excessivement – même lorsqu’on est malade ou épuisé
Aller souvent aux toilettes, surtout immédiatement après un repas
Vomir après avoir mangé
Prendre des laxatifs, des stéroïdes ou d’autres pilules amaigrissantes
Avoir une tendance à s’évanouir
Avoir facilement des ecchymoses
Avoir un teint très pâle
Comportements recommandés autour des anorexiques
Voici dix suggestions proposées par le groupe Bulimia Anorexia Nervosa Association (BANA) de
Windsor :
ÉVITEZ de parler de la nourriture et du poids – ce ne sont pas là les vrais problèmes.
DITES à la personne qu’elle n’est pas seule, que vous l’aimez et que vous êtes prête à l’aider le plus
possible.
ENCOURAGEZ-la à obtenir de l’aide.
FAITES preuve de patience – il faut beaucoup de temps pour se rétablir.
ÉCOUTEZ-la – ne soyez pas trop prompte à exprimer vos opinions et à donner des conseils.
NE L’OBLIGEZ PAS à manger.
NE FAITES PAS de commentaire sur son poids ou son apparence, vos commentaires pouvant être
mal interprétés.
NE LA BLÂMEZ PAS et ne vous fâchez pas.
NE FAITES PAS de vos repas un champ de bataille.
NE TENTEZ PAS de diagnostiquer votre amie ou de devenir sa thérapeute. Laissez ce travail à un
médecin qui pourra déterminer s’il s’agit réellement d’un trouble de l’alimentation et non d’autre
chose.
Il faut faire bien attention aux commentaires que l’on fait. Même lorsqu’on a les meilleures intentions
au monde, ce qu’on dit peut aggraver les choses, éloigner l’autre ou lui causer une douleur affective et
de la culpabilité.
Voici quatre exemples et des explications, proposées par BANA, de ce qu'il ne faut jamais dire à une
personne atteinte d'un trouble de l'alimentation.
1. « Assis-toi et mange comme du monde. » Si c’était si facile, c’est certain qu’elle le ferait. Souvenezvous qu’il y a des problèmes affectifs profonds qui peuvent empêcher la personne de se nourrir
convenablement.
2. « T’as engraissé, tu parais bien ! » La personne n’entend pas « tu parais bien », elle n’entend que «
tu as engraissé », ce qui lui fait croire qu’elle est grosse.
3. « Je vais t’aider à engraisser ! » Les mots « engraisser » sèment la panique chez les personnes aux
prises avec un trouble de l’alimentation. Un tel commentaire peut causer beaucoup de dégâts.
4. « Si toi tu penses que tu es grosse, tu dois penser que je suis obèse ! » Même lorsqu’elle a un poids
insuffisant, elle a l’impression d’être grosse et se voit ainsi lorsqu’elle se regarde dans un miroir. Elle
ne voit pas les autres comme ayant un surpoids. Elle n’a une image corporelle déformée que d’ellemême. De toute façon, il est préférable de ne pas mentionner la taille et le poids lorsqu’on est autour
d’une personne qui a un trouble alimentaire.
Si votre amie est prête à obtenir de l’aide, proposez de l’accompagner chez une conseillère ou un
médecin. Offrez-lui tout le soutien possible. Orientez-la vers un organisme, un site Internet, une ligne
de dépannage ou une autre ressource visant à aider les gens qui luttent contre les troubles de
l’alimentation. Évitez de parler de nourriture ou de l'obliger à manger. Ne lui dites pas qu’elle a« l’air
malade » lorsqu’elle suit un régime ou qu’elle « paraît bien » lorsqu'elle prend du poids. Cela ne fait
que renforcer sa perception que son apparence physique vous importe.
Si votre amie refuse d’admettre qu’elle a un problème, obtenez l’aide d’un adulte en qui vous avez
confiance comme une enseignante, une conseillère, un médecin ou un de vos parents.
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