DUERMG UPE Creteil. RSCE2013 Patient Migrant voyageur
Université Paris Est Créteil
Département de Médecine Générale
MODULE SITUATIONS COMPLEXES 2013
RSCE : Le patient migrant voyageur
Je reçois à la consultation de Créteil solidarité (où je consulte une matinée par mois) Mme Y
patiente d’origine chinoise, parlant très mal le français. Elle est accompagnée par une amie
Mme Z plus âgée qui s’exprime un peu mieux, et qui assure la traduction car elle est en
France depuis environ 2 ans. Elles sont adressées par un compatriote qui était venu
consulter, il y a quelques mois.
L’assistante sociale l’a reçue avant moi, afin de constituer son dossier, m’explique que Mme
Y est en France depuis 5 mois et qu’elle est arrivée grâce à un visa touristique. Elle et son
amie sont originaires de la ville d’Harbin (région du Jiling au nord est du pays) et avaient
perdu leur travail à la suite de la catastrophe de l’usine pétrochimique de Jilin.
Après la consultation, l’assistante sociale souhaitait les revoir afin de bien expliquer les
démarches pour obtenir l’AME ou la CMU et faire le point avec Mme Z qui parlait d’un refus
de l’OFPRA pour elle.
Je fais entrer Mme Y et son amie dans le cabinet de consultation, c’est une petite salle,
exiguë, mais qui nous permet de recevoir les patients sans droits sociaux.
« Je vous écoute Mmes, que se passe-t-il ? »
Me Z prend la parole et explique : « Mme Y se trouve en situation irrégulière et ne peut pas
se soigner car cela coûte trop cher ».
« Comment vivez-vous ?»
« Nous travaillons ensemble de nuit, dans un restaurant à faire la plonge».
« Vous savez Docteur c’est un travail fatiguant car nous sommes souvent courbées en avant
et le dos de Mme Y est de plus en plus douloureux ».
Elle ajoute que :
« Mon amie Mme Y a très mal aux dents, au ventre et surtout elle tousse de plus en plus
depuis 1 mois ».
Ensuite elle explique qu’elle partage avec son amie un petit studio, qu’elle sous-louait à
Maisons-Alfort, situé au 6ème étage, d’un vieil immeuble sans ascenseur, que son amie à de
plus en plus de mal à monter et qu’elle est très essoufflée en arrivant en haut.
Elle ajoute, en plus que leur alimentation est toujours la même, à base de riz, car il est
difficile de cuisiner dans le studio ; sauf quand elles peuvent rapporter un reste de nourriture
du restaurant. De toute façon elles sont obligées de faire des économies sur tout en raison
de leurs faibles moyens.
A la fin de l’entretien, je propose à Me Y de l’examiner
L’examen clinique est assez pauvre, je suis frappé par sa maigreur. Mme Y à 42 ans, elle
mesure 1,59 m et pèse 46kg IMC 18 ,2 .Je note une pâleur des conjonctives, un mauvais
état dentaire (les dents 16, 17, 25 et 35 sont à soigner ; les dents 28, 47 et 48 sont à
extraire) l’auscultation cardio-pulmonaire est normale, la TA est à 115/85, l’abdomen est
souple avec un colon empâté, l’examen du rachis est normal, les muscles para vertébraux et
lombaires sont douloureux à la palpation.
Mme Y se met à parler et son amie tente de traduire. Je comprends qu’elle dort mal, se
réveille souvent la nuit, elle se sent angoissée par les difficultés rencontrées. Elle pensait
qu’en venant en France sa vie serait plus facile et qu’elle trouverait du travail et aurait droit à
la sécurité sociale.
« Je vais vous adresser dans un premier temps à la consultation PASS afin de réaliser un
bilan sanguin et vous faire passer une radio pulmonaire, et aussi à la PASS dentaire pour
soigner ce qui est le plus urgent »
Je rédige deux courriers pour les consultations PASS et je donne à Mme Y deux boîtes de
paracétamol et une boîte d’ hydroxyzine 25 (un comprimé le soir).