FORMATION IMPLANTOLOGIE
La première consultation est une étape capitale dans le cadre d’un projet de réhabilitation
prothétique implantoportée qui ne doit en aucun cas être négligée. Cette consultation
ne se limite pas à un simple examen clinique mais, au contraire, représente
une prise d’informations générales permettant une première sélection du patient.
Il sera ainsi possible pour le praticien d’évaluer si ce patient est apte à s’engager
dans cette procédure, tant sur les plans psychologiques, cliniques que financiers.
Facteurs liés à l’âge
Chez les patients jeunes (avant la puberté), la pose
d’implants prématurée risque de poser de nombreux
problèmes comme un enfouissement intra-osseux
de l’implant, une relocalisation de l’implant ainsi
qu’une interférence avec la croissance (Oesterle et
coll. 1993). Il est donc nécessaire d’attendre la fin
de la croissance, sauf dans certains cas particuliers
(comme les dysplasies ectodermiques où les bénéfi-
ces psychologiques sont souvent supérieurs aux ris-
ques encourus (Toygar, 2007).
Chez les patients âgés, il n’existe aucune contre-indica-
tion si leur état de sante le permet mais la pose nécessite
une sélection prudente des sites chirurgicaux selon la
quantité et la qualité de l’os (Bryant et Zarb, 1998).
Facteurs comportementaux
La consommation d’alcool affecte de manière avérée
la coagulation sanguine et diminue le métabolisme os-
seux (Koo et al. 2004, Galindo-Moreno et al. 2005) mais
aucune étude ne prouve actuellement que les taux de sur-
vie implantaire sont diminués chez les consommateurs
d’alcool (Paquette, 2006).
Le tabagisme chronique entraîne des modifications
sur les plans immunitaires, vasculaires et osseux et est
un facteur de risque avéré des maladies parodontales
(Bergström, 2006). Les méta-analyses prouvent que les
taux d’échecs sont significativement augmentés chez les
patients fumeurs par rapport aux non-fumeurs ou au fu-
meurs abstinents (association statistiquement significa-
tive entre fumer/échec implantaire : Strietzel et al. 2007,
Alsaadi 2008).
Cependant, des études récentes montrent que les taux
de succès chez les patients fumeurs sont différents en
fonction du type de surface implantaire utilisé (méta-
analyse : Bain 2002) : les taux de succès sont supérieurs
avec des implants à surface rugueuse comparativement
aux implants à surface usinée. L’association entre taba-
gisme et échec implantaire n’est plus statistiquement si-
gnificative pour les implants à surface rugueuse (Striet-
zel et al. 2007).
C
et article présentera de manière didactique et
chronologique les quatre étapes qui permettront
au clinicien spécialisé ou omnipraticien de réali-
ser une première consultation complète et réussie, appli-
quée spécifiquement à l’implantologie.
1ère étape
La sélection du patient
Psychologie du patient
C’est vrai qu’il est très tentant, chez un patient demandeur
de réhabilitation implantoportée, de s’engager (trop) ra-
pidement dans les phases purement cliniques, sans avoir
au préalable étudié la psychologie du patient.
Le clinicien doit amener le patient à lui expliquer avec
précision quelles sont ses attentes concernant le traite-
ment qu’il va recevoir, quelles sont ses attentes sur le plan
psychologique (il est rare que l’absence d’une dent soit
la cause d’importants troubles psychologiques) ainsi que
sur le plan esthétique (les montages diagnostics permet-
tront de lui donner une idée du résultat final attendu).
Consentement libre et éclairé
Avant d’entreprendre toute thérapeutique, le patient doit,
avant de s’engager, être informé des taux de réussite, des
risques inhérents à l’état général du patient ou à des ha-
bitudes de vie (diabète, tabac…), des complications pos-
sibles ainsi que du coût du traitement. Le clinicien doit
également informer le patient de toutes les alternatives
thérapeutiques pouvant se substituer à la réhabilitation
implantoportée. Le consentement éclairé est obligatoire
et doit être signé par le patient (obligation légale).
2e étape
Anamnèse et questionnaire médical
Il n’existe aucune « urgence » à la pose d’implants justi-
fiant de ne pas s’intéresser de manière rigoureuse à l’état
de santé et aux habitudes de vie du patient candidat au
traitement implantaire. L’anamnèse et le questionnaire
médical vont ainsi permettre de recenser tous les facteurs
de risques ou contre-indications relatives à la pose d’im-
plants.
Dr Hervé TARRAGANO
n
Maître de
conférence des
universités
n
Praticien hospitalier
n
Université Paris 7
La première consultation
en implantologie
Dr Patrick MISSIKA
n Maître de conférence
des universités
n Praticien hospitalier
n Université Paris 7
LE FIL DENTAIRE
< < N°40 <février 2009
20
Dr Franck MOYAL
n
Docteur en chirurgie
dentaire
Dr Benjamin ILLOUZ
n Docteur en chirurgie
dentaire