OCÉAN INDIEN Plusieurs îles ou archipels du sud-ouest de l'océan Indien font partie de la Francophonie. Les Comores, indépendantes depuis 1975, constituent une république fédérale islamique. Elles furent protectorat (1886) et territoire outre-mer français (1946). L'arabe et le français sont langues officielles. On y parle surtout le comorien (d'origine arabe et bantoue) et le swahili. Certains parlent le kibushi (d'origine malgache). Mayotte, île séparée des Comores en 1974, est une collectivité territoriale française. Le français est langue officielle et on retrouve les composantes linguistiques de l'archipel comorien. Madagascar a proclamé son indépendance en 1960. Ancien protectorat français (1885), elle fut annexée par la France comme colonie en 1896. Les langues officielles sont le malgache et le français. D'origine malayo-polynésienne, le malgache, langue maternelle de la population, présente une grande unité linguistique à travers le pays malgré ses variantes dialectales. Maurice, hôte du V' Sommet de la Francophonie en 1993, est un pays indépendant depuis 1968, après avoir été possession française (1715) et anglaise (1810). L'anglais est langue officielle de l'Assemblée législative et de l'enseignement. Le français, très présent, a un rôle semi-officiel. Le créole est largement employé par la population. On y parle également les langues indiennes (hindi, bohjpouri, tamoul, ourdou, etc.) et chinoises. La Réunion, possession française depuis 1649, est un département outre-mer de la France depuis 1946. Le français y est donc langue officielle. Le créole est le moyen de communication naturel de la population. Des langues indiennes ou chinoises (cantonnais) sont parlées par un nombre restreint de familles. Les Seychelles forment un État indépendant depuis 1976. Elles devinrent possession française en 1756 et anglaise en 1811. Le créole, l'anglais et le français constituent le trilinguisme officiel mais le créole demeure la langue naturelle, tandis que l'anglais y est plus parlé que le français. ÛCÉAN INDIEN Principales importations Viande, riz, véhicules automobile, vêtements Produits chimiques, pétrole brut, machineries Biens d'équipement, produits alimentaires, hydrocarbure, produits chimiques Produits alimentaires, hydre carbure, machineries, équipements de transport " OCEAN INDIEN Jean-Louis JOUBERT Université Paris XIII Avec la collaboration de Charlotte ARRISOA-RAFENOMANJATO, Madagascar Arnina OSMAN, Maurice Jean-Claude CASTELAIN, rédacteur en chef de la revue Universités Créole, français, anglais, langues orientales, cohabitent dans l'Océan indien, dont les îles connaissent des fortunes diverses. D'où l'émergence d'économies parallèles et des jeux d'influences. COMORES République fédérale islamique des Comores a connu en 1995 plusieurs L acrises graves. La décision du gouvernement Balladur d'exiger à nouveau, à partir du 20 janvier 1995, un visa d'entrée pour les Comoriens désireux de se rendre à Mayotte a suscité des protestations gouvernementales et une assez vive agitation populaire. Le gouvernement français a dû envoyer une mission officielle pour donner des apaisements. L'émotion soulevée par les conditions contestées d'un projet de privatisation de la compagnie Air Comores avait conduit à la destitution du premier ministre, Mohamed Abdou Madi, remplacé en octobre 1994 par Halifa Houmadi. Une longue grève des e~seignants et du personnel de Dixsanté, exaspérés par les retards de l'Etat dans le paiement de leurs ., salaires, avait perturbé le deuxième semestre de 1994. La prépara- septle~e tion des élections aux postes de conseillers, prévues pour le 23 avril tentative 1995, a provoqué de nouvelles turbulences politiques, des menaces de coup de boycottage de la part de l'opposition et finalement un report du d'État scrutin. La tension interne a obligé le président de la République, Saïd Mohamed Djohar, a démettre le premier ministre auquel il a substitué, le 25 avril1995, un ancien ministre des finances, Caambi El Yachourtou. Le 28 septembre, Bob Denard, qui était déjà « intervenu »aux Comores pour soutenir le président Ahmed Abdallah (jusqu'au mystérieux assassinat de OCÉAN INDIEN celui-ci en 1989, assassinat dans lequel on l'a accusé d'avoir trempé) débarque à la Grande Comore en compagnie d'une trentaine de mercenaires. Selon les observateurs, c'est la dix-septième tentative de coup d'État depuis l'indépendance proclamée en 1975. Une opération des troupes françaises (opération« Azalée>>) devait finalement avoir raison de ce putsch. L'affaire s'est soldée par plusieurs morts, parmi les soldats comoriens qui avaient rallié Bob Denard et parmi les civils. Elle a aussi mis sur la touche le vieux président Saïd Mohamed Djohar, passablement déconsidéré, exilé à la Réunion et pour un moment interdit de retour à Moroni. Cette tentative de coup d'État reste passablement mystérieuse. Le recul du temps permettra peut-être aux historiens de démêler ses implications diverses : rivalités personnelles ou familiales, luttes des factions politiques, jeu des grandes puissances, intérêts économiques, etc. L'ancien premier ministre Caambi El Yachourtou assume l'intérim présidentiel en attendant les prochaines élections générales. La situation économique difficile (le tourisme, qui commençait à se développer, a beaucoup souffert de l'intervention des mercenaires et de l'incertitude politique) demande de délicates négociations avec le Fonds monétaire international. MADAGASCAR La situation politique malgache a été dominée par les problèmes nés des luttes d'influence entre les trois sources du pouvoir : le président de la République, Albert Zafy; le premier ministre, Francisque Ravony (jusqu'en septembre 1995); et le président de l'Assemblée nationale, Richard Andriamanjato. Le remaniement ministériel d'août 1994 n'a pas changé la Des luttes donne. En fait, deux politiques se sont affrontées : celle de Francisque Ravony supposant rigueur et libéralisation économique tand'influ- dis que le président Albert Zafy (comme Richard Andriamanjato) ence préfère un maintien du contrôle des changes et del' indépendance par rapport à la Banque mondiale (ce qui autorise la recherche de «financements parallèles>>). Le début de 1995 a été marqué par le scandale Flamco (du nom d'une société commerciale présidée par le prince Constantin du Liechtenstein) : l'accumulation des dettes auprès de banques malgaches a entraîné le remplacement du gouverneur de la Banque centrale. Les négociations avec les institutions financières mondiales ont traîné et de nombreux désaccords persistent. Le référendum de septembre 1995 a tranché, en acceptant un amendement à la Constitution de la III• République malgache, le conflit de légitimité entre le président de la République (élu au suffrage universel) et le premier ministre (élu par l'Assemblée nationale). Désormais, le président de la République nomme le premier ministre : dès octobre Francisque Ravony a démissionné pour être remplacé par Emmanuel Rakotovahiny, un fidèle du présient Zafy. 204 L'Année francophone internationale, édition 1996 MADAGASCAR La situation économique de l'île reste fragile : si la pêche se développe (surtout dans le secteur des crevettes et crustacés), le tourisme ne décolle pas (l'infrastructure hôtelière est dépassée, les transports aériens trop coûteux). Les autorités financières internationales n'encouragent guère les investisseurs à s'intéresser à Madagascar. L'existence d'une économie parallèle multiforme permet encore d'amortir les conséquences d'une croissance déficiente (le chiffre officiel l'établit à 1,5 o/o pour 1995). Un événement douloureusement ressenti par les Malgaches est venu assombrir les perspectives du pays : un incendie (probablement criminel) a ravagé début novembre le Palais de la Reine, monument élevé par les souverains merina du XIXe siècle sur la colline dominant Antananarivo. L'acte a été vécu comme un sacrilège et peut-être comme une tentative pour déchirer définitivement le pays. La maison malgache Charlotte-Arrisoa RAFENOMANJATO En 1993, le premier Ministre de la période transitoire, M. Guy Willy Razanamasy écrivait dans son Livre blanc «La maison malga· che est sauve ... sans être saine». Cette phrase reste une mise en garde à l'endroit des diri· geants de la Troisième République qui penseraient que la démocratie est la seule valeur requise pour mener le pays vers le bien-être sodal, vers une économie performante et une culture solide. Le profil de démocrate ne s'obtient qu'avec des preuves tangibles de maturité politique, dans la bonne gestion et l'exploitation des richesses. La maison malgache est apparemment sauve, mais l'assainissement n'a pas eu lieu; un mal la ronge, la sinistrose et une angoissante incrédulité. Pourtant des points positifs devraient nous inciter à juger la crise ponctuelle, disons une crise de croissance ou un laborieux apprentissage. Mais si l'âme malgache pousse malgré tout à la recherche d'un fol espoir, c'est surtout le refus de la chute et de l'irréparable. Le mal malgache Quelques données: diminution en un an de près de 40% du pouvoir d'achat; un taux de 75% de la population au dessous du seuil de la pauvreté; baisse de 70 % depuis quelques années du taux de scolarisation des enfants; hémorragie des richesses nationales; déviation du potentiel humain vers des actes insensés de survie; dégradation du culturel en dépit du maintien des références aux valeurs malgaches; sous-administration et corruption; verbiage populacier et gesticulations de la classe politique; insécurité au quotidien aussi bien en milieu urbain que rural. Cela pourrait paraître d'une banalité notoire pour un pays du tiers-monde? Mais dire qu'avec ses spécificités culturelles et historiques, avec sa potentialité humaine et ses richesses naturelles, Madagascar pourrait être le Géant de l'Océan indien. Si la question m'est posée des racines du mal, je désignerai en premier lieu et sans hésiter le monde rural. Nos ressources naturelles et humaines y sont en grande partie concentrées, mais on le considère trop souvent comme un silo isolé peuplé de citoyens de seconde zone: villages enclavés n'ayant aucun accès à la modernité; pays profond où le mode de vie n'a pas changé depuis le début du siècle. Le bien le plus précieux est la vie, non une simple peau à conserver: c'est la mère et l'enfant aux yeux tournés vers les hommes de la cité, vers la justice sociale, le travail rémunéré à sa juste valeur, la vie décente pour tous. La population rurale, importante, ne demande qu'à travailler si elle en a la force physique. La malnutrition, le sous-alimentation, les maladies, l'insécurité, l'absence de moyens et d'infrastructures sont des handicaps. Il faut bien sûr <<travailler pour vivre», mais on continue à demander un optimum de travail à ces Malgaches sans qu'ils aient, ni nourriture correcte, ni couverture sociale ni protection de leurs biens et de leurs personnes. L'autosuffisance alimentaire du pays est urgente, on le répète depuis des décennies. Mais le monde rural ne pourra donner que si on l'aide à labourer la terre plutôt qu'à le marteler de mots creux populistes. Pourtant, chacun constate les effets bénéfiques des réalisations effectuées avec L'Année francophone internationale, édition 1996 205 OCÉAN INDIEN les aides et l'appui des bailleurs de fonds des pays amis ou des institutions spécialisées de l'ONU et des organisations nongouvernementales: petits périmètres irrigés, ouvrages micro-hydrauliques, lutte anti-acrédiennes ... Nous devons poursuivre et prolonger nos efforts dans ce sens. L'industrie malgache est de son côté constituée d'entreprises légères (textiles, cimenteries, papeteries, agro-alimentaire) bénéficiant faiblement d'infrastructures adéquates (sécurisation du système, inventaires des ressources, allègement des formalités administratives, douanières et fiscales, politique bancaire favorable aux petites et moyennes entreprises): elle reste ainsi figée et tourne entre 30 et 40 o/o de ses capacités. Quant aux services, le professionnalisme y est rare. On a trop tergiversé sur la libéralisation de ce secteur (produits pétroliers, transport aérien, distribution d'eau et d'électricité). Le monopole maintient des prix prohibitifs pour les consommateurs et la qualité du service médiocre. Par ailleurs, la sous administration, voire l'anarchie administrative, fait chuter les recettes de l'État à environ 7 o/o du PIB: point n'est besoin d'être économiste pour imaginer l'impact de cette distorsion sur l'équilibre budgétaire. Mais le point de polémique de la troisième République malgache est, sans conteste, les ajournements de mois en années des accords avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, espoirs d'aides à la balance de paiements et surtout, semble-t-il, chemin incontournable pour obtenir la confiance et les aides du milieu financier international. Incompétence, méfiance réciproque ou unilatérale, peu importent les raisons? Les conséquences sont là : accumulation des arriérés, non rééchelonnement de la dette, déficit budgétaire, déséquilibre de la balance des paiements, disette d'argent et recours à la planche à billets etc. : la fermeture d'une fenêtre provoque l'asphyxie de toute une cité! C'est l'image fidèle de notre époque. 206 On a l'impression que le Malgache n'a jamais aussi souffert que dans le présent. L'espoir Les points positifs sont plutôt rares, il faut s'y accrocher. Le plus important est la décentralisation effective. Un atout majeur pour l'économie en raison de sa déma:che horizontale. Espérons que ces mini-Etats économiques feront l'inventaire de leurs ressources, chercheront et trouveront la façon la plus adéquate de leur promotion et de leur valorisation. L'émulation d'une région à une autre pourrait être le stimulant de l'ingéniosité et de l'initiative locales. Qui sait? Le second point est l'implantation de la zone franche industrielle. En ce jour, elle procure 20 000 emplois par l'intermédiaire d'entreprises facilement délocalisables qui trouvent leur intérêt dans le faible coût de la main d'oeuvre malgache, certaines d'en profiter sans vergogne sans même respecter ce faible coût! Le troisième point positif est l'effort effectué pour l'amélioration du tourisme: infrastructures hôtelières, formation du personnel qualifié, une pléiade d'agences de voyage ... Bien que sans grand esprit de coordination. Prolongeant ce secteur, on notera la modernisation des Télécommunications. Il semble que conscience est prise de l'absolue nécessité d'une bonne marche de ce service pour toutes les activités économiques et touristiques. Enfin une grande préoccupation du secteur privé, les produits halieutiques, semble être porteuse d'espoirs. L'aquaculture (Mahajamba, Morondava ... ) se développe et s'articule aussi bien avec le marché local que l'international. Avec nos produits d'exportations traditionnels (vanille, girofle, café, fruits exotiques ...) les crevettes et les langoustes auront bonne place dans notre économie. Ces points positifs sont encore loin d'une haute compétitivité face à la concurrence redoutable de notre monde. Mais, avec la démocratie nouvellement venue et qu'on doit saluer malgré tout, c'est le genre d'un bon apprentissage de la vie collective moderne. L'Année francophone internationale, édition 1996 MAURICE MAURICE Malgré ses réussites économiques, le premier ministre, Sir AneroodJugnauth, a connu des déboires politiques. Les ministres du Mouvement militant mauricien (MMM) qui n'avaient pas quitté le gouvernement en novembre 1993 avaient fondé en juin 1994 le Rassemblement militant mauricien (R.M.M.) Ce parti a connu une sévère défaite lors d'élections partielles en janvier 1995. Le premier ministre a alors été tenté de lier alliance avec le Parti mauricien social-démocrate (P.M.S.D.) de Gaétan et Xavier-Luc Duval mais au bout de quelques semaines, des tiraillements sont apparus. La crise politique a été précipitée par un débat sur le rôle des langues orientales dans l'enseignement et les examens. Des élections générales anticipées, convoquées le mercredi 20 décembre, ont vu la victoire écrasante de l' opposition, qui a remporté la totalité des 60 sièges à pourvoir. C'est donc la coalition formée par le Parti travailliste mauricien (P.T.M.), dirigée par Navin Ramgoolam (fils de Sir Seewosagur Ramgoolam, premier ministre de Maurice lors de l'accession du pays à l'indépendance, en 1968), et par le Mouvement militant mauricien (M.M.M.) de Paul Béranger qui dirige désormais le pays. La défaite de Sir Anerood Jugnauth a sans doute été accentuée par la répétition de scandales qui ont touché des parlementaires ou des personnalités proches de lui. Par ailleurs, on a pu noter l'échec du parti musulman du Hezbollah, très actif dans le quartier de Plaine Verte, à Port-Louis. La situation économique reste prospère, malgré quelques signes négatifs. Maurice a dû importer du sucre en 1995 (parce que le quota acheté par l'Union européenne a augmenté alors que la production sucrière a baissé, notammant à cause de la spéculation sur les terrains). Le tourisme n'a pas connu de croissance vertigineuse (le nombre de visiteurs reçus reste encore inférieur aux capacités d'accueil de l'île). Les accords du GATT risquent de rendre plus difficile aux produits mauriciens l'accès au marché européen où ils avaient jusqu'à maintenant des facilités d'entrée. Mais les autorités mauriciennes comptent sur le développement du port franc. Les médias à Maurice Amina OSMAN Un peu plus d'un demi siècle après le lancement de la télévision à Maurice, l'île s'est mise à l'heure du satellite et de la télévision cryptée. En quelques mois, le paysage audiovisuel mauricien s'est trouvé fortement modifié, avec l'arrivée de Canal Plus et de Skynews. A l'inverse de la télévision, la presse écrite a connu dans les dernières années concurrence et compétition : croissance rapide, multiplication des titres, disparition de certains ... L'une des plus vieilles du monde, la presse mauricienne est toujours bien vivante. La plupart des journaux mauriciens sont rédigés totalement ou essentiellement en français (moins nombreux, les journaux en anglais ou en langue orientale connaissent un tirage beaucoup plus faible). La presse a révélé et soutenu la littérature mauricienne en ouvrant ses colonnes aux écrivains. La presse écrite a longtemps bénéficié d'un préjugé favorable, incarnant la liberté d'expression en face d'une radio-télévision qui apparaissait comme un porte-parole plus ou moins officiel du pouvoir en place. La libéralisation des ondes qui commence à faire sentir ses effets va sans aucun doute retentir sur la presse écrite. L'Année francophone internationale, édition 1996 207 OCÉAN INDIEN Anthuriums, paille-en-queue et banquiers Jean-Claude CASTELAIN Rédacteur en chef de la revue Universités L'Île Maurice est devenue le second explorateur mondial d'anthuriums derrière les Îles Hawaï. Elle a exporté 12 millions de cette fleur, exotique s'il en est, sur les marchés européen et canadien, pour quelque 5 millions de dollars. À l'origine de cet exploit, une contribution de 170 000 écus du Fonds européen de développement jumelée à l'expertise du Conseil mauricien de recherche pour l'alimentation et l'agriculture, ainsi qu'à un strict contrôle de la qualité à l'exportation auprès des horticulteurs. L'anthurium est une grande fleur grasse en forme de coeur, généralement d'un rouge vif (mais aussi rose ou blanc) avec un grand pistil. En fleur coupée, elle présente le net avantage de tenir des semaines dans un vase sans se faner. Ce qui est un atout pour sa mise en marché et son transport, notamment sur les ailes d'Air Mauritius. La compagnie aérienne mauricienne continue, pour sa part, d'enregistrer des profits en dépit d'une hausse de 5 % du tarif aérien. Semi-privatisée depuis un an, Air Mauritius a remplacé ses Boeing 74 7 SP par une flotte d'Airbus A340 aux couleurs de l'oiseau paille-en-queue, son emblème. Ses nouvelles lignes relient Maurice directement à Cape Town et à Melbourne; d'autres liaisons sont à l'horizon, Air Mauritius misant sur le concept de faire de Maurice la porte d'entrée du sud-ouest de l'océan Indien. D'où son rôle de membre actif au sein de l'Organisation du tourisme dans l'océan Indien, une récente initiative d'origine australienne. Et c'est au tour des banquiers mauriciens de s'en réjouir, d'autant que The Banker, une publication du groupe Financial Times, classe la Mauritius Commercial Bank (capital de 157 millions de dollars) et la State Bank of Mauritius (114 millions de dollars) au s• et 11• rangs respectivement des cent premières banques africaines, derrière des banques sud-africaines et une banque nigériane. , LA REUNION Les élections présidentielles françaises ont dominé la vie politique réunionnaise en 1995. Le candidat Jacques Chirac est arrivé en tête au premier tour (avec 35,18 % des suffrages contre 30,36 % à Lionel Jospin). Au second tour, la majorité est cependant restée à la gauche avec 56 % des voix à Lionel Jospin contre 44 % à Jacques Chirac. Margie Sudre, présidente de l'Assemblée régionale (où elle avait succédé à son mari, Camille Sudre, fondateur du mouvement Free Dom), a été nommée secrétaire d'État à la francophonie dans le gouvernement d'Alain Juppé. D'ascendance vietnamienne par sa mère, elle entend bien développer les liens entre la France (et plus généralement la Francophonie) et l'Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). C'était un des désirs chers à l'ancien ministre Alain Decaux. Nul doute qu'avec Margie Sudre la situation soit appelée à évoluer favorablement d'autant plus que le prochain Sommet de tiendra à Hanoï. L'Océan indien espère en tirer au passage quelques retombées positives. Sa nomination a mis un peu de baume au coeur des Réunionnais qu'une piètre campagne sucrière, une économie sans grand développement et un 208 L'Année francophone internationale, édition 1996 LA RÉUNION ET LES SEYCHELLES chômage à la hausse ne portaient guère à l'optimisme. Heureusement aussi, les questions de détournement de fond, qui avaient la vedette en 1993 et 1994, s'estompent. Le niveau du SMIC devait être (comme dans les autres départements d'outremer) aligné sur celui de la métropole au 1er janvier 1996, ce qui représente une augmentation appréciable pour les bénéficiaires. Mais la situation économique et sociale reste préoccupante avec l'augmentation continue du nombre des chômeurs et la production de sucre en baisse. SEYCHELLES Si la situation politique de l'archipel est stable, le gouvernement doit faire face à une pénurie de devises étrangères qui risque d'affecter l'activité économique. Il s'oppose cependant aux experts qui recommandent une dévaluation de la roupie, pour éviter d'accentuer l'inflation et d'enchérir le prix des produits importés. Le tourisme a connu une nette progression en 1995. Le port de Victoria s'efforce de maintenir son rôle de point de transbordement pour les thoniers espagnols et français opérant dans l'océan Indien. Point positif : le déficit commercial de l'archipel est en recul. 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