portent la découverte d’une mutation (Arg442His) dans le gène
de la ß-MHC avec une pénétrance complète. Cependant, bien que
non retrouvé chez 200 sujets témoins, ce résultat demande à être
confirmé dans d’autres familles plus larges de façon à vérifier la
coségrégation entre la maladie et les mutations de ce gène.
Le gène responsable d’une CMD familiale d’apparition tar-
dive associée à une surdité juvénile et précédemment localisé
au locus 6q23-24 (J. Schönberger et al. Circulation 2000 ; 101 :
1812-8) a été identifié par J. Schönberger (Boston, 650). Les
auteurs ont recherché des mutations par séquençage dans trois
gènes candidats de la région et identifié une délétion supprimant
140 acides aminés du domaine activateur de la transcription dans
le facteur de transcription EYA4. Il faut souligner que des muta-
tions à l’origine de la délétion de la partie terminale de ce facteur
de transcription ont été identifiées dans une forme familiale auto-
somique dominante de surdité tardive sans atteinte cardiaque
(S. Wayne et al. Hum Mol Genet 2001 ; 10 : 195-200),montrant
que des mutations affectant différents domaines de cette protéine
peuvent conduire à des phénotypes différents.
Récemment, des mutations dans le gène de la lamine A/C,
codant une protéine associée à la membrane interne du noyau cel-
lulaire, ont été identifiées comme responsables dans les cardio-
myopathies dilatées associées à des troubles de conduction ou à
des dystrophies musculaires. Cette année, plusieurs auteurs rela-
tent la recherche et l’identification de nouvelles mutations du gène
de la lamine A/C dans des formes familiales de dilatation car-
diaque associées à des troubles de conduction (E.L. Hanson, Port-
land, 2890 ; W. Zheng, Pékin, 2891 ; M.R.G. Taylor, Aurora,
649). Bien qu’encore préliminaires, ces études semblent indiquer
que la lamine A/C est la cause majeure de CMD familiales (non
liées au chromosome X) associées à des troubles de conduction
et/ou musculaires (> 40 %). Cependant, les manifestations cli-
niques de la maladie sont très variables entre les individus, qu’ils
portent la même mutation ou des mutations différentes, soulignant
la variabilité de la pénétrance et la difficulté d’établir une corré-
lation phénotype/génotype dans cette pathologie.
Cardiomyopathie hypertrophique
●
●Gènes impliqués
Les gènes connus responsables de cardiomyopathies hypertro-
phiques familiales sont au nombre de 10 (tableau II).Cepen-
dant, la majorité des mutations identifiées à ce jour est retrouvée
dans trois d’entre eux : les gènes codant la β-MHC, la MyBPc et
la TnT. La fréquence avec laquelle ces différents gènes sont impli-
qués ainsi que la pénétrance et la gravité associées aux différentes
mutations ont fait l’objet de plusieurs présentations. Ainsi, dans
la population chinoise de L. Song,(Pékin, 3) a effectué une
recherche de mutations dans les gènes de la ß-MHC, de la MyBPc
et de la troponine I (TnI) sur 47 cas familiaux et 39 cas spora-
diques, qui a indiqué que le gène ß-MHC est le plus fréquem-
ment muté (15 mutations) dans la population chinoise. Cepen-
dant, les mutations les plus fréquentes sont différentes entre les
deux populations, suggérant un effet fondateur propre à chacune
d’entre elles. De la même façon, V. Regitz-Zagrosek et al. (Ber-
lin, 94) ont étudié 120 sujets présentant une CMH, des cas spo-
radiques et familiaux en proportion non définie, par la recherche
de mutations pour 6 des gènes morbides connus. Ils identifient
des mutations dans 40 % des cas, majoritairement dans les gènes
codant la ß-MHC (17 mutations) et la MyBPc (22 mutations).
Enfin, P. Richard et al. (Paris, 2464) rapportent, dans une étude
comparable, l’identification du gène de la MyBPc comme étant
le gène principalement muté (50 % des mutations) dans des cas
exclusivement familiaux de CMH alors que les mutations de la
ß-MHC représentent 32 % des cas. Une particularité de ces deux
dernières études est l’identification de certains sujets portant deux
mutations, que ce soit dans le même gène ou dans deux gènes
différents. D’après P. Richard et al., qui retrouvent 8 % de familles
dans ce cas, la gravité du phénotype est augmentée chez ces
doubles mutants.
Dans le but d’identifier de nouveaux gènes responsables de CMD
ou de CMH par une approche gène candidat, C. Geier et al. (Ber-
lin, 2465) ont recherché des mutations dans le gène codant la
protéine MLP (Muscle LIM Protein),dont l’invalidation chez la
souris induit une hypertrophie cardiaque et une cardiomyopathie
dilatée (S. Arber et al. Cell 1997 ; 88 : 393-403). Les auteurs ont
identifié chez quatre patients CMH, sur 200 analysés, quatre
mutations substitutives différentes et absentes de 400 témoins.
En revanche, aucune mutation n’a été retrouvée chez les 400 sujets
CMD testés. Des études fonctionnelles et familiales semblent
indispensables pour confirmer ce nouveau gène comme étant
potentiellement morbide dans la CMH.
●
●Études fonctionnelles
Quelques études des effets fonctionnels des mutations de la
MyBPc ont été réalisées dans le but de comprendre le ou les méca-
nismes conduisant de la mutation à la maladie.
Le recours aux animaux génétiquement manipulés pour ne plus
exprimer le gène, animaux MyBPc-/- ou pour n’exprimer qu’une
copie de ce gène (MyBPc-/+) permet de disposer d’un modèle
expérimental d’étude des conséquences de mutations non-sens
(produisant une protéine tronquée) du gène de la MyBPc chez
l’homme (les plus fréquentes). S.P. Harris et al. (Madison, 142)
ont présenté les premiers résultats obtenus avec ces animaux géné-
tiquement modifiés. Les animaux MyBPc-/- présentent un phé-
notype d’hypertrophie concentrique marqué ainsi qu’une fonc-
tion diastolique et systolique affectée par rapport aux animaux
MyBPc-/+. L’étude ultérieure de ce modèle génétique expéri-
mental de CMH devrait pouvoir éclairer les mécanismes de la
pathogenèse liée aux mutations du gène MyBPc.
La Lettre du Cardiologue - Supplément au n° 351 - janvier 2002
61
GÉNÉTIQUE
Tableau II. Gènes responsables de cardiomyopathies hypertrophiques.
Locus Gène Référence
14q11-q12 Chaîne lourde ß de la myosine (MYH7 Geisterfer (1990)
1q3 Troponine T cardiaque (TNNT2) Thierfelder (1994)
15q2 α-tropomyosine (TPM1) Thierfelder (1994)
11p11.2 Protéine C cardiaque (MyBPc3)
12q23-q24 Chaîne légère régulatrice de la myosine Carrier (1995) ;
(MYL2) Watkins (1995)
3p21 Chaîne légère essentielle de la myosine Poetter (1996)
(MYL3)
19p13-q13 Troponine I cardiaque (TNNI3) Kimura (1997)
15q14 Actine cardiaque (ACTC) Mogensen (1999)
2q31 Titine (TTN) Satoh (1999)
7q3 γ2-protéine kinase AMP-dépendante Gollob (2001)
(PRKAG2)