Le Musée de l’Acropole d’Athènes La nécessité de créer un nouveau musée pour abriter les objets de l’Acropole était soulignée par les architectes et les archéologues. Cette situation a conduit le ministère de la Culture à organiser deux concours d'architecture, en 1976 et 1979. Le musée devrait être contenu dans l'espace libre du bloc de bâtiments abritant le Centre d'études sur l'Acropole au pied du rocher, dans le quartier de Makryianni. Les deux concours ont échoué en raison de la place restreinte en relation avec le programme de construction, mais aussi en fonction de la faiblesse de l'analyse insuffisamment documentée des données présentées. L’Acropole, à la fin de l’hiver 2003 Le 13 août 2004 était pour toute la Grèce, et pour Athènes en particulier une date attendue : l’ouverture des jeux olympiques, événement célébré avec effervesence par une grande partie de la communauté hellénique. En amont de la réception des JO, l’année 2004 devait marquer un autre événement pleinement associé à la retransmission télévisuelle des concours sportifs : l’achèvement et l’ouverture du musée de l’Acropole qui devait offrir à la planète la vision d’une attente insistante et permanente à la manière de Vladimir et d’Estragon du retour triomphal d’icônes perdues, dans l’écrin créé pour les abriter. Mais la structure destinée à régler une controverse était elle-même devenue un objet de controverse. Les affrontements sur la conception du bâti mettant en danger les vestiges archéologiques d’un quartier du VIIè siècle de notre ére, permettant de faire la lumière sur les âges sombres de l’Antiquité tardive de la ville, et les préocupations légitimes des habitants du quartier de Makryanni ont conduit à des recours juridiques. Face à cette levée de boucliers du bon sens et du droit, le délai d’achèvement du musée pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques était désespérément hors d'atteinte. Comme un athlète qui s'entraîne durant des années pour s’aligner au départ d’une course, comme Liu Xiang franchissant des milliers de haies, et déclarant forfait le jour de la compétition pour cause d’élongation, le nouveau musée de l'Acropole n’était le 13 août 2004, lorsque la flamme olympique s’éleva du stade Spyridon Louis dans le ciel de Maroussi qu’une excavation géante. Le programme de création du musée de l’Acropole L’ancien musée de l’Acropole, construit sur le rocher par l'architecte P. Kalkos en 1865 n'était plus en mesure depuis longtemps déjà de contenir et de présenter la grande quantité de sculpture en constante augmentation au fur et à mesure qu’étaient retirés des fragments des monuments dans «l'intérêt de leur sauvegarde». Quelques années plus tard le ministère de la culture confiait à un groupe d'étude la tâche d'étudier la question du Musée et de proposer d'autres sites possibles pour sa construction. L’étude a débouchée sur l’organisation d’un concours international d’architecture basé sur un programme prenant en compte la proximité du rocher, de sorte à ne pas briser les liens entre les bâtiments et leur parure. Le concours a été proclamée le 16 Mai 1989 par le ministère de la culture et a été organisée sous l'égide de l'Union Internationale des Architectes (UIA) à Paris. Les trois sites retenus Tous situés au Sud de l’Acropole, trois sites ont été retenus, dans le prolongement linéaire de l’Olympiéion. 1) Le site de Makryianni tout au pied du rocher, dans la zone du bâtiment abritant le Centre d'études sur l'Acropole, défini par les rues D. Areopagitou, Makryianni, Chatzichristou et Mitsaion. Une zone d’une surface totale de 24 I50m2, contenant des bâtiments inaliénables : a. le bâtiment du Centre d'études sur l’Acropole b. La petite église de Saint Cosme et Saint Damien située à l’angle nord-ouest du Centre d'études sur l'Acropole. c. Le bâtiment néo-classique dans l’angle nord-est du bloc de constructions. d. Les trois immeubles sur D. Areopagitou. L’autorisation était donnée d’exproprier les immeubles du quartier afin de faciliter l'érection du Musée. Du point de vue archéologique, cette région était considérée comme ayant été pleinement étudiée et donc hors d'intervention structurelle, avec la seule réserve concernant la préservation d'une découverte archéologique dans l’angle nord-est du polygone. La hauteur du Centre d'études sur l'Acropole donnait la limite de la plus grande élévation admissible de tout nouveau bâtiment. 2) Le site du restaurant Dionysos plus à l’Ouest, et la zone de stationnement existante, et à l’arrière l’îlot de verdure, soit une superficie totale de 5 895m2. Le secteur triangulaire, désormais classé en zone verte, était mis à disposition en tant que zone de loisirs pour le nouveau Musée, à la condition qu'il reste peu développé. Le secteur n'ayant pas été entièrement étudié sur le plan archéologique, il existait donc une possibilité que d'anciens vestiges soient enfouis à une grande profondeur. Pour cette raison, des restrictions ont été retenues sur la profondeur et l'étendue d'un sous-sol. En outre, la protection de l'environnement naturel et la zone archéologique a exigé que la hauteur du nouveau musée ne dépasse pas deux étages (rez-dechaussée et premier étage) à partir du niveau de la route. 3) Le site Koilè, à l'ouest de la colline de Philopappos, et en particulier le domaine du théâtre. Il est situé sur le côté ouest de la colline Philopappos et est séparé du quartier de Petralona par la route Philopappos. La zone inclut la partie semi-circulaire du théâtre pour une surface totale de 25.434 m2. Koilè conserve les vestiges de tracés d’anciennes routes, maisons et bâtiments qui témoignent de sa place, dans histoire. Les concurrents était donc tenu de respecter ces vestiges et de les inclure dans les alentours du Musée. L'importance historique du secteur exigeait que l'excavation en profondeur du sous-sol soit restreinte. La plus grande hauteur admissible autorisée était de deux étages (rez-de-chaussée et premier étage) au niveau du rocher. La première étape du cahier des charges concernait : 1) l'implantation du nouveau musée ou du complexe muséal dans un ou plusieurs des sites mentionnés cidessus. 2) une zone de développement étendue (avec des propositions de circulation et aires de stationnement) 3) l'inscription éventuelle de l'ancien Musée de l’Acropole et du Centre d'études sur l’Acropole dans la fonction du nouveau musée. 4) les domaines de l'organisation du musée. La seconde étape prévoyait 13 secteurs d’exposition A) Préhistoire et objets géométriques B) Les grands frontons en poros D) Les frontons de marbre de l'ancien temple d'Athéna E) Les corés et les sculptures archaïques F) Les vases et bronzes G) Les oeuvres de style sévère H) Les sculptures du Parthénon La galerie du Parthénon au musée abritera la décoration sculpturale unique du temple : les métopes, les frontons et les frises. Ces sculptures sont dans le musée de l'Acropole et dans ses magasins, tandis que beaucoup sont encore sur le monument lui-même. A des fins de conservation - la plupart ne sont pas en bon état aujourd'hui - les œuvres doivent être placées dans un environnement strictement contrôlé. Dans le Musée, des moulages de sculptures conservées dans les musées à l'étranger seront exhibés comme une entité séparée. Depuis que le rapatriement des sculptures originales du Parthénon est envisagée, cette salle doit permettre leur présentation avec les fragments grecs. Il est évident que lorsque les marbres du Parthénon sont rendus à la Grèce par le British Museum, l'unité sera complète, et l’exposition de transition sera démantelée. Plus spécifiquement, les parties suivantes seront présentées : 1. Métopes Au nombre de 92, chaque métope mesure 1,35 x 1,35 m. Toutes les métopes existantes seront présentées. 2. Frise La longueur totale de la frise du Parthénon est de 161 mètres. Toutes les pièces d'origine de la frise aujourd’hui encore sur le monument seront exposées (une longueur totale de 24 m) ainsi que celles qui sont aujourd'hui dans le musée de l'Acropole (longueur totale de 27 m.). Les copies des plaques totalisant une longuer de 80 m actuellement au british Museum seront présentées. 3. Frontons Chacun des deux frontons occupe une surface de 31mètres de longueur, sur l mètre de profondeur et 3.45 mètres de hauteur. Tous les marbres des frontons encore en place sur le monument ou dans le musée de l'Acropole seront inclus. En outre, les copies des fragements des frontons présentées dans les musées étrangers seront montrés comme unité distincte. première tentatives de restauration et des propositions multiples au fil du temps. Autres services Le programme de construction pour le nouveau Musée comprend également des installations pour les visiteurs, les domaines culturels, salles d'exposition temporaires, des ateliers de conservation, salles administratives etc... Le résultat du concours Le projet de construction du musée de l'Acropole d'Athènes, l’histoire de l’Acropole et de ses monuments, a agi comme un aimant pour un grand nombre d'architectes du monde entier. 1270 cabinets d'architectes de 52 pays différents ont répondu, dont 156 ateliers d’architectes grecs. Après une première sélection, 438 études de 26 pays ont été retenues. Une seconde étape le 28 avril 1990, a retenu 24 études dont 10 ont été sélectionnées pour procéder à la deuxième étape. Le 11 Novembre 1990, la compétition s'est terminée avec l'annonce des lauréats. Le premier prix était attribué aux architectes italiens, Manfredi Nicoletti, et Lucio Passarelli (site Makryianni). Le deuxième prix aux architectes grecs Tasos et Dimitris Biris, Panos Kokkoris, et Eleni Amerikanou (site Koilé). Le troisième prix revenait à l’architecte américano-autrichien, Raimund Abraham (site Makryianni). Une mention spéciale était donnée aux architectes Chi Wing Lo et Panagiota Davladi (site Makryianni). I) Les sculptures et fragments d'architecture de l'Erechthéion L'Erechthéion, au nord du Parthénon, est un petit temple ionique construit sur un plan inhabituel. Les dimensions de la cella sont de 22,22 x 11,62 m. Les six colonnes du côté est ont une hauteur de 6,59 m. Le portique nord, mesurant 5,40 x 8,17 m est inférieur à celui du portique sud d'environ 3m. La crépis à 3 degrés soutient six colonnes ioniques de 7,63 m de hauteur. Le Portique des Caryatides situé sur le côté sud du temple mesure 3,37 x 5. 95 m. Les six corés ou caryatides mesurent 2,40 m de hauteur. Elles reposent sur un parapet de 1,77m de hauteur. Elles soutiennent l'entablement du monument. Des fragments de la frise et des morceaux d'architecture seront également exposées. Avec le recul, on peut dire que la spéculation initiale et les doutes sur le site du Musée était avérés, car aucun des trois sites n’a été privilégié. Un tiers des études a choisi de diviser les fonctions du musée, tandis que les quelques 300 études qui ont choisi un lieu unique ont été réparties de façon égale entre les trois sites. Le Concours a souligné que le site de Dionysos était peu convaincant en raison de la taille réduite de la parcelle et les restrictions concernant la protection du paysage. Cependant les particularités du site n'ont pas été des facteurs négatifs puisque les solutions proposées couvraient l'éventail complet des possibilités, de structures muséales creusées à même la roche, à des bâtiments fortement projetés employant un langage architectural imposant et dynamique. J) La décoration du temple d'Athéna Niké K) Les fragments d’architecture des Propylées. L) Les offrandes de la période classique M) Les reliefs de la période classique N) La sculptures romaine et les portraits O) Les oeuvres byzantines P) Les oeuvres médiévales Q) La période ottomane. R) Les travaux de restauration de l’Acropole Dès la fin de la Révolution grecque de 1831, commencèrent les travaux de protection et de conservation des monuments de l'Acropole. Plans, dessins et photographies seront affichées à partir de la Les deux autres sites ont été traités d'une manière complètement différente, avec des résultats également différents. Sur le site Koilè, la plupart des architectes ont tenté d'inscrire un dialogue entre le Musée et la surface rocheuse naturelle. La zone était couverte soit par un toit à membranes ou planifiée avec un bâtiment suggestif plutôt qu’une présence manifeste. Dans les solutions proposées sur le site Makryianni visant à associer le Musée en se juxtaposant à la neutralité de l'environnement, le choix de l'étude de Chi Wing Lo et Panagiota Davladi a été une surprise, tant elle a montré qu’une solution originale pour le musée pouvait être proposée sur un terrain plus modeste, contournant ainsi les problèmes sociaux que posent l'expropriation des immeubles d'appartements sur le site. Presque tous les concurrents ont suivi le programme donné par l'organisateur du concours, la sculpture du Parthénon constituant la composition de l'architecture de base. Seules quelques études ont présenté une solution souple et documentée relative à la situation actuelle, à savoir qu’une grande partie des sculptures du Parthénon ne sont que des copies. Il semble que les campagnes lancées par l'État grec pour le retour des marbres du Parthénon, mêmes si elles n'ont pas réussi à influencer les autorités compétentes du Royaume-Uni, ont convaincu la communauté architecturale internationale. De nombreux concurrents ont choisi de disperser le nouveau Musée sur plus d'un site. Le jury a considéré que cette idée rendait difficile le fonctionnement harmonieux du Musée. Du point de vue typologique, toutes les tendances actuelles de l'architecture contemporaine ont été représentées, et toutes ces solutions ont été respectées par le jury pour autant que l'architecte réussise à mettre ses idées en accords avec une proposition satisfaisante. Vues, plans, et scénographie du Musée conçu par Manfredi Nicoletti, et Lucio Passarelli (site Makryianni) : 1er prix Raimund Abraham (site Makryiani) : 3ème prix Chi Wing Lo et Panagiota Davladi (site Makryianni) : mention spéciale du jury Las, le projet fit long feu, et le concours remporté par des architectes italiens Manfredi Nicoletti et Lucio Passarelli, a été abandonnée après que des vestiges archéologiques du VIIè siècle de notre ère ont été trouvés sur l’ensemble des 5,68 ha. du site Je développerai ultérieurement tous les principes que les réponses que les architectes ont apportés à l’édification du Musée de l’Acropole. Un nouveau concours a lieu. Le jury comprenait les architectes Santiago Calatrava a qui on doit la toiture du stade olympique de Maroussi, et Denis Sharp, architecte britannique et théoricien de l’architecture. Onze architectes sont retenus parmi lesquels Daniel Libeskind et Arata Isozaki. L’architecte franco-suisse Bernard Tschumi et son associé grec Michael Photiadis remporte le concours, en 2000. Annoncé initialement comme un défi à la Grande Bretagne pour réclamer le retour des marbres Elgin à l’occasion des Jeux Olympiques d’Athènes de l’été 2004, les travaux n’ont commencé en réalité qu’en novembre 2004. La réalisation de Tschumi est un ensemble de verre et de béton. L’architecte a dû résoudre un grand nombre de problèmes liés au lieu : comment concevoir un musée sur un site complexe, flottant au dessus de fouilles archéologiques tout en recherchant une transparence maximum à travers de larges surfaces vitrées, le tout dans un climat chaud et une région sismique ? Comment proposer une stratégie architecturale pour un musée situé au pied du Parthénon, un édifice des plus influents de l’Histoire de l’architecture ? Le principe choisi par les architectes était « d’affiner l’approche architecturale afin d’adresser les complexités de la collection du site avec la plus grande concision. Notre but était une sobriété maximale. Si l’architecture peut être décrite comme la matérialisation d’un concept, l’édifice est dans la clarté d’un circuit de visite exprimée à travers trois matériaux : le marbre, le béton et le verre. Dans le cadre des contraintes inhabituelles du site, le projet doit simplement exprimer la force de l’évidence : une base sur pilotis au dessus des ruines, un milieu contenant les principales galeries, et un couronnement de verre en haut contenant les frises du Parthénon. Le but de cette simplicité est de focaliser l’affect et l’intellect sur ces œuvres extraordinaires. » Installation-Réception : sujet-objet-projet Pour le Parthénon et ses décors sculptés voir (en grec et en anglais) : http://www.parthenonfrieze.gr Qu’est ce qu’un décor architectural ? Il est l’œuvre d’un sculpteur qui recevait la mission d’orner la ou les parties précises d’un édifice, qui devait composer selon les règles de la tradition, se plier aux exigences de la religion, coordonner l’esthétique et la technique, s’affranchir de la servitude architecturale, tout en harmonisant le bâti et son ornement, pour créer « La vivante vêture de pierre ciselée du temple grec ». Pourquoi un temple/un trésor a-t-il besoin de sculptures. Xénophon, Mémorables, III, 8. « Lorsque Socrate disait que la beauté d’un édifice consiste dans son utilité, il enseignait à mon sens le meilleur principe de construction. L’architecture est, en effet celui des arts qui est pour l’ensemble comme pour le détail, le plus étroitement soumis à la règle de l’unité. La fantaisie s’y trouve obligatoirement disciplinée : ailleurs aucune sanction ne l’arrête. Mais la construction requiert l’exacte adaptation du tout et de chaque partie à une fin précise et nécessaire. C’est dans ces limites, à l’intérieur desquelles réside toute beauté architecturale, que le maître d’oeuvre peut faire appel aux arts de la décoration : le sculpteur et le peintre lui sont de précieux auxiliaires, pour doubler la pure satisfaction de l’intelligence par l’agrément du détail sensible, mais il est indispensable qu’ils lui soient étroitement subordonnés. Pas d’art pour l’art dans l’architecture. Chaque pierre a sa place, sa raison d’être... » Je reviendrai ultérieurement sur le parcours et les statues présentées dans les premières sallles du musée, mais voyons tout de suite le décor du Parthénon. Le décor architectural du Parthénon Tschumi empile trois volumes rectangulaires les uns sur les autres. Les deux premiers sont dans l’axe des rues qui cernent le terrain, le troisième pivote de 23 degrés afin de s’aligner sur l’orientation du Parthénon. Le parcours intérieur est une spirale angulaire qui passe à travers les différentes couches du temps historique. Sous le plancher transparent du rezde-chaussée apparaissent les vestiges excavés. Il se compose de : - Frontons : 2 triangles de 31 m de longuer sur 3,45 m de hauteur (possession d’un vide architectural pour en faire l’evpifanevs tatos topovs (le lieu de l’épiphanie) de la sculpture sur le trésor - Frise : 1 bandeau continu de 161 m de long sur les 4 côtés du mur (le couronnement par la frise ionique, est une survivance d’éléments nécessaires non à la stabilité, mas à la durée de l’édifice) - Métopes : 92 carrés de 1,35 x 1,35 m, sur l’entablement au-dessus des colonnes sur les 4 côtés (survivance de l’architecture de bois) Les frontons Lapalus, Étienne, Le Fronton sculpté en Grèce des origines à la fin du IVe s. Bibliothèques de l'Ecole française d'Athènes et de Rome - Série Athènes, volume 165, 1947 A consulter dans Persée http://www.persee.fr « Les frontons du Parthénon représentent un équilibre fugutif et instable entre la plastique architecturale et la libre statuaire… Les angles du fronton sont meublés de figures incomplètes qui émergent du geison horizontal et prolonge l’action hors du cadre architectural. C’est un mouvement sculptural qui semble desserrer l’espace du fronton a mesure qu’il va se transmettre aux autres figures. Au Parthénon, La statuaire pure s’introduit dans le champ tympanal, et par là même établit une relation nouvelle entre l’architecture et la sculpture ». Aujourd’hui c’est une vision totalement destructurée qu’offre la salle dite du Parthénon. Devant la majesté du flanc Sud de l’Acropole, s’étale une cour des miracles de fragments de corps en morceaux, une pantomime blanchâtre, de plâtres acrolithes. Un fragment de marbre prolonge le bras d’un corps de plâtre disloqué. Des mats d’acier soutiennent des morceaux de marbre et de plâtre. Un tronc de plâtre s’augmente d’une cuisse de marbre soutenue par une béquille. Un univers de prothèses et de substituts s’aligne en avant, et à l’arrière d’un rideau de colonne d’inox Le fronton Ouest en cours de montage Le fronton Ouest en cours de montage Vue sur le rocher Fronton Est ( Fronton Ouest Vue sur le rocher La frise ionique Demangel, Robert, La frise ionique. Bibliothèques de l'Ecole française d'Athènes et de Rome - Série Athènes, volume 136, 1932 A consulter dans Persée http://www.persee.fr Le fronton Est C’est un des premiers soucis de l’architecte de border un mur d’une plinthe et d’une corniche, comme l’ourlet arrête et consolide les bouts d’une étoffe. Entre plinthe et corniche, entre terre et ciel, le temple est conçu comme une image du monde. Le temple est une pétrification de l’architecture de bois. A la protection physique assurée par la solidité matérielle des revêtements, s’est ajoutée la protection surnaturelle apportée par les images des dieux. Le point d’articulation des deux éléments essentiels de la construction, celui ou la couverture prend appui sur le mur, agissant par sa masse et sa poussée, ce point névralgique, critique devait être particulièrement protégé, et offre un champ à la décoration, pour y représenter les apotropaia qui veilleront sur la sécurité de l’édifice. Frise zwvnh (ceinture). Si le constructeur a assigné cette place à la frise des Panathénées fixée à dix mètres du haut sous un portique étroit, c’est qu’il l’a jugée nécessaire à l’harmonieuse réalisation de son plan d’ensemble : frise architectonique, elle ne constitue pas une valeur absolue, mais relative à l’édifice dont elle est partie intégrante... Les métopes Ouest La frise, c’est un vêtement brodé d’images, qui peut-être un manteau commode voilant certaine imperfections de l’appareil. Au Parthénon elle était comme la Parthénos, un ex-voto plaqué contre l’édifice avec lequel elle faisait corps... Il a été remarqué pour le relief des panathénées, que sa perspective réelle était fuyante, oblique, en enfilade et non perpendiculaire (Fougère REG, XXXII, 1919, p. 225) et que pour l’établir l’artiste avait tenu compte de l’angle sous lequel devaient être aperçues les figures, très au-dessus du rayon visuel normal... Le Grecs ont cherchés pour leur décoration monumentale comme pour leur architecture même, la compensation des déformations visuelles ; Ils ont petit à petit représenté non logiquement, mais optiquement les objets. Des lignes verticales à une certaine hauteur, paraîtraient fuir en arrière, alors pour parer à l’erreur visuelle, on a avancé en surplomb... Au Parthénon tout l’entablement du péristyle, en accord avec le principe vitruvien se trouve légèrement penché vers l’extérieur. Règle logiquement appliquée à la sculpture architectonique, visant à montrer les personnages non comme ils sont, mais comme ils paraissent être, avec le recul et les déformations perspectives qui ont motivé, comme pour le théâtre l’usage et l’aspect du masque et des couleurs vives... Les métopes Nord La frise continue étant principalement une décoration de plein air, le jeu d’ombres créé par les valeurs plastique devait encore dans l’établissement du relief, tenir compte du sens et de l’intensité de l’éclairage, comme des déformations motivées par la perspective propre, la distance du sol et l’angle sous lequel pouvaient être perçues les sculptures... On ne répétera jamais trop que la frise ionique n’est pas faite, surtout au Parthénon, pour être vue dans un musée, mais in situ, sur le monument avec lequel elle fait corps et du point de vue choisi par le constructeur... » En dernière analyse, c’est toujours de la lumière et de l’ombre que le sculpteur comme l’architecte, pétrit et modèle. (Rodin) Le programme muséographique Conçu à la fois pour montrer les collections autrefois présentées ur le rocher, et les marbres Elgin conservés au British Museum, le musée est figé en attente d’une Re-mise. D’une Re-mise à disposition d’œuvres arrachées à un site il y a deux siècles. Combien de siècles faudra-t-il attendre marbres reviennent à Athènes ? pour les Le musée est conçu comme une forme de Réenracinement non dans l’origine, mais dans un temps précis avec les valeurs qu’attribuent ceux qui ont en charge aujourd’hui le destin des marbres. Mais de quelle origine parle-t-on ? Celle du sacré, celle de l’art, celle de l’esthétique… ? C’est un musée de Re-production à tous les sens du terme 1) Architecture : La salle somitale du musée est une re-constitution d’une coupe de la structure architecturale du trésor : 4 murs des dimensions du corps du bâtiment, avec en avant de chacun d’eux une Re-production des colonnes. 2) Sculpture : Placement de la parure sculptée à l’identique non de la position originelle dans l’espace, mais sur plan en rapport avec la muséographique : mettre à hauteur des visiteurs. C’est deux fois descendre l’objet. Le descendre de l’Acropole au Musée, et le desendre à hauteur de regard des visiteurs. a) Frontons Re-produire au musée une mise en situation géographique des frontons. C’est mettre les sculptures en dessous et au niveau du regard. b) Frise des Panathénées. Les 4 murs reconstitués réserve un enplacement évidé pour placer le bandeau de la frise, avec la volonté d’intégrer des substituts parmi les originaux (les moulages). Plusieurs choix était possibles Substituts-reliefs a) Plâtre bruts ? b) patinés ? c) peints ? Substituts-images a) photos des originaux manquants b) photos des dessins (Carrey/Anonyme de Nointel) c) projections photographiques, holographiques Le projet initial était de poser un rideau métallique sur chacune des plaques en plâtre, pour marquer leur absence. Ce qui n’a pas été fait. c) Les métopes Re-produire au musée une mise en situation « évoquant la position approximative originelle des métopes ». Approximative car mise en avant de la frise (vrai), mais entre les colonnes (faux, puisque les métopes sont au-dessus des chapiteaux sur l’entablement) Nous avons affaire à une distribution de reconstitution dans l’espace qui se situe sur trois plans, alors que le Parthénon n’en possède que deux. Questions diverses Pourquoi ne pas avoir songé à coupler la présentation avec un partenariat avec le BM. Des images vidéo retransmises directement des salles du BM ? La perte de l’origine est aussi bien présente à Londres qu’à Athènes. Pourquoi ne pas penser à distance ? La réconciliation entre les deux lieux peut se faire avec l’usage des technologies. Etablir un réseau, intégrant l’historiographie des objets… Dire plus simplement ceci est à nous en haut, ceci est à nous en bas, ceci est à nous là-bas… Puisque de toute façon rien ne sera plus comme c’était avant… Le BM a proposé de prêter les marbres pour quelques mois, avec assurance du retour. C’était pour les Grecs enteriner que les marbres appartiennent au BM. Faut-il descendre à hauteur de regard l’objet placé au sommet du temple et inviter le visiteur à replacer l’objet sur son site par l’imagination ou la reconstitution virtuelle ? L’atelier des sculpteurs Le musée offre-t-il une vision d’atelier des sculptures ? La vision qu’avait le sculpteur lorsqu’il façonnait les sculptures dans son atelier ? Les sculpteurs travaillaient-ils les blocs de marbre dans un atelier avant de les hisser sur le bâtiment. C’est presque certain pour les sculptures des frontons, probable pour les métopes. En revanche il est désormais établi, « grâce à la découverte de blocs non sculptés que la frise a été réalisée en majeur partie alors que ses blocs étaient déjà en place, comme c’est le cas aussi pour les cannelures des colonnes et pour les mêmes raisons : souci d’une continuité parfaite d’un bloc à l’autre, et fragilité de pose. La frise a donc été sculptée sur place, et les sculpteurs travaillaient au sommet d’échafaudages dressés entre la colonnade et les murs du trésor. Quoiqu’il en soit d’un travail en atelier ou directement sur le bâtiment, lorsque le sculpteur travaille il le fait en fonction de l’achèvement de son travail, c’est à dire en prenant en compte la vision de façon à compenser la distance finale de vue qui déforme les formes. Les objets changent d’aspect quand on s’approche. Un objet contracté à grande distance, s’élargit et déploie sa forme quand on la dépasse. Ce déploiement de la perspective est essentiel de l’expérience qui transforme la simultanéité de l’espace en une séquence temps. Le musée donne-t-il une vision d’atelier ? Il donne la vision de celui qui observerait la sculpture dans l’atelier du sculpteur, mais à l’étape qui précède l’achèvement, puisque l’achèvement n’avait en définitive lieu que lorsque la sculpture était au sommet de l’édifice, c’est-à-dire dans la véritable conception qu’avait le sculpteur. Pour résumer simplement :la sculpture en haut n’est pas la même qu’en bas. La sculpture isolée, si elle n’est pas privée d’énergie ne possède cependant plus de synergie. L’équilibre entre la forme architecturale et sa plastique est rompue. Le musée Ra-mène à la main, non plus à l’oeil. Il ramène à hauteur d’yeux ce qui était conçu à hauteur Dieu. Les caryatides de l’Erechthéion Cette caryatide est une caryatide. Importe-t-il qu’elle soit en marbre ou en ciment recomposé ? Est-ce son extériorité ou son intériorité qui la fait être ? Quelle est la plus vrai ou plutôt la plus vraisemblable ? Celle d’en haut ou celle d’en bas ? La fausse dans son matériaux mais exacte dans sa fonction, qui soutient (tel est son rôle de pièce d’architecture-sculpture porteuse) le couronnement de la balustrade ? C’est donc affirmer que la copie à plus de prise que l’original, c’est donc désacraliser l’originale au bénéfice de la copie. L’Erechthéion La vrai dans sa matière protégée dans son écrin de verre qui ne supporte plus rien ? Qui n’est visible que pour sa forme plastique sans utilité ? Donc sans l’écrasement de la masse volumétrique qu’elle supportait. Présentation dans l’ancien musée de l’Acropole Dans la cage de verre aucun effet de restitution ne vient troubler la vision hiératique des sculptures descendues de leur piédestal monumental, et mises sous caisson d’azote dans le musée. Elles s’offrent au regard du visiteur à travers une vitre qui est moins faite pour les protéger de la foule que pour leur garantir des soins palliatifs. Mais la vitre multiplie les reflets. Les caryatides sont démultipliées, et l’enfermement les condamne à un rapport de contemplation spéculaire. Aujourd’hui les caryatides sont visibles du bas, d’en haut, de face de dos. Le musée tourne autour d’elles, ainsi que le visiteur.Visibles dès l’entrée, de dos, du sommet du premier escalier, de face, de côté, de l’étage supérieur. Vouloir replacer à l’identique de leur géométrie des colonnes sculptées se justifie-t-il ? L’espace qui les entoure augmente leur proportions. Voulait-on donner une vision esthétique, alors il eut été préférable de ne pas présenter les fragments de la cinquième, recomposée de morceaux soutenus par une masse de plâtre et une barre d’acier. La volonté résolument esthétique de présenter les statues s’accompagant d’un simulacre de montage à vocation muséal ruine une partie du dispositif. dont l'intérieur est à l'extérieur. Située dans une partie inhabitée de l'Islande, dans un endroit où aucun autre réalisée par l'homme peut être vu. L'existence de cette maison, c'est que «ce qui est extérieur» a diminué, et réduit aux dimensions d'un espace fermé constitué par les murs et le toit de la maison. Tout le reste est devenu «ce qui est l'intérieur. » Cette maison abrite le monde entier, à l'exception de lui-même. Où se trouve le monde dans cet incessant jeu de montrer-préserver de l’institution muséale ? Présenter à l’intérieur ce qui était à l’extérieur, c’est franchir un champ visuel dont la conséquence est une interrogation à l’image des objets dard de Duchamp : « Etant donnés-par simple retournement de la forme (une fente) en contre-forme (une lame) ». C’est peut-être vouloir explorer l’ob-scène, dont l’étymologie ( skènè) renvoi au lieu abrité, construction en bois, couverte, où on jouait les pièces de théâtre. A suivre... Où se trouve dans cet univers de Re-présentation la logique de monstration des objets ? De la proximité du site originel et du site d’accueil d’une partie des objets sélectionnés du site originel, on parvient parfois à douter de tout. Car l’enlèvement de certains objets a été remplacé par des copies de ces mêmes objets. Et aujourd’hui les copies des objets sur le lieu d’origine est plus sincère que l’objet original séparé de son architecture native, et sanctifié sur l’autel de la muséologie dans l’écrin de Makryianni. L’objet sacré est aujourd’hui sanctifié... La restitution de la géométrie de l’Acropole, et seulement de la géométrie plane et de ses bâtiments est présente partout dans le musée (entrée axée sur les Propylées, salle du Parthénon axée sur l’orientation du trésor, placement planéifié des caryatides, etc... Un jeu incessant entre le vrai et le faux, la restitution axée en miroir du rocher, où en fonction du musée, est souvent déroutante. On perd rapidement le fil de la certitude pour un voyage dans l’être ici, l’entre là, et l’entre làbas. Dans ce mouvement du corps et de l’esprit la conscience du visiteur est elle-même mise en cimaise. L’espace intérieur du bâtiment est vaste. Vaste surtout de peu contenir. Vaste d’être un noyau un peu vide en attente de marbres satelites. Cette distorsion incessante de l’espace fait songer à Solon Gudmundson… « Nous avons construit une petite maison au cours de l'été de 1974 comme celle que Solon Gudmundson avait l'intention de construire en 1938 : une maison