côtier occasionnel et répétitif. Les apports urbains contribuent également à l’enrichissement du milieu et se retrouvent
partiellement intégrés dans la chaine trophique pélagique via le zooplancton (Banaru et al., 2013b).
En s’adossant à cette observation pérenne du plancton en Baie de Marseille, le doctorant devra étudier les
schémas d’interactions trophiques plancton-poissons planctonophages en lien avec l’évolution saisonnière de la
composition qualitative et quantitative de la communauté zooplanctonique sur un suivi de deux ans dans deux sites à
l’ouest (rade de Marseille) et à l’est (La Ciotat) du périmètre du Parc National des Calanques. L’échantillonnage au
niveau du site de Marseille bénéficiera des campagnes bimensuelles du SOMLIT et de ses données observées (profil de
température et salinité, teneurs en O
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, matières en suspension, chl a, nutriments, composition taxonomique du
phytoplancton et du zooplancton). Un effort particulier d’analyse portera sur l’étude de l’alimentation de ces espèces
(sardine, anchois, sprat, castagnole, picarels, bogue, cépole, athérines, sardinelle) en lien avec la qualité énergétique
et nutritionnelle du plancton. L’originalité de ce projet consiste justement dans l’estimation de la qualité énergétique
des différents groupes de proies de ces poissons (phyto- et zooplancton) par des analyses biochimiques (contenu en
protéines, glucides, lipides et apport énergétique) ainsi que leur variation saisonnière. Ces informations pourront être
reliées à l’analyse de l’alimentation des poissons planctonophages et expliquer probablement l’évolution de leur condition
relative et les changements récents dans les populations de ces poissons.
Par ailleurs le doctorant va estimer du rôle des différentes sources d’apport de matières organiques (marins,
terrigènes et anthropiques) dans l’alimentation des organismes marins et va décrire leur cheminement dans les réseaux
trophiques, ce qui est indispensable pour comprendre le transfert des contaminants potentiels dans ces réseaux
trophiques. D’ailleurs, des échantillons seront prélevés pour toutes les espèces étudiées pour des analyses ultérieures des
contaminants métalliques.
Le doctorant devra réaliser les tâches suivantes:
1. Echantillonner, identifier et estimer la qualité énergétique des différents groupes du phyto- et zooplancton par des
analyses biochimiques (contenu en protéines, glucides, lipides et apport énergétique) ainsi que leur variation saisonnière.
(Années 1 et 2)
2. Echantillonner, identifier et étudier l’évolution temporelle intra- et interannuelle du régime alimentaire des juvéniles et
des adultes des poissons planctonophages pêchés dans la région. (Années 1 et 2)
3. Etablir une relation entre la qualité énergétique du bol alimentaire des juvéniles et des adultes des poissons
planctonophages et leur condition physiologique (« condition relative »). (Années 2 et 3)
4. Etablir ou non une corrélation significative entre les paramètres physico-chimiques et biologiques du milieu
(température, nutriments, chlorophylle a, apports fluviaux, etc.) et la qualité du plancton, et in fine avec la condition
relative de ces espèces. (Années 2 et 3)
Les résultats de cette thèse vont permettre au candidat d’acquérir de multiples compétences en écologie trophique,
analyses des contenus stomacaux et des isotopes stables, biochimie, taxonomie du plancton et traitement des données. Le
doctorant va travailler en collaboration avec plusieurs chercheurs de MIO, de MARBEC (Ifremer), mais aussi avec des
pêcheurs et des gestionnaires du Parc National des Calanques. Enfin, ce projet va contribuer à apporter des connaissances
indispensables à une meilleure gestion de ces stocks de poissons en Méditerranée Nord-Occidentale.
Impact socio-économique : Les réponses apportées par cette thèse présentent un très fort intérêt pour les
pêcheurs professionnels de cette région et pour les gestionnaires des écosystèmes et des pêcheries.
Dans la région Marseillaise, les pêcheurs artisanaux au lamparo sont particulièrement concernés par la
dégradation de la pêche aux poissons planctonophages (sardine et anchois). A ceci s’ajoute des effets indirects, car ces
poissons planctonophages représentent les proies de nombreux prédateurs ciblés par la pêche professionnelle
(réalisée avec divers engins : filets, palangres, chaluts etc) tels que le thon rouge, les maquereaux, les chinchards, les
céphalopodes, les merlus, les baudroies etc. La diminution de la biomasse et de la condition relative de ces poissons
« fourrage » pourrait à terme impacter également l’évolution des stocks de ces prédateurs.
Ces résultats seront importants pour la gestion de ces stocks non seulement au niveau local du Parc National de
Calanques, mais aussi au niveau national et international. Ils sont d’intérêt pour la Commission générale des pêches
pour la Méditerranée (CGPM) et pourraient servir d’indicateurs pour la DCSMM / la Marine Strategy Directive to
save Europe's seas and oceans (MFSD) qui a récemment financé au MIO un projet d’étude des réseaux trophique dans
le Golfe du Lion.
Impact écologique : Dans certaines écosystèmes côtiers la diminution des biomasses des poissons
planctonophages et la modification des voies trophiques pélagiques majeures peut diminuer l’abondance des prédateurs
supérieurs et parfois laisser la place et favoriser le développement des organismes gélatineux (méduses). Face à un tel
enjeu écologique et socio- économique, une meilleure compréhension des interactions trophiques des poissons
planctonophages en lien avec le plancton et l’environnement dans un contexte de changement climatique est
indispensable.
Diffusion des résultats : Cette étude réalisée au sein du Parc National des Calanques contribuera à la
protection et gestion durable de ce site en renforçant les liens entre les acteurs locaux : les scientifiques, les pêcheurs
et les gestionnaires. La réalisation des prospectus pour la diffusion et la vulgarisation des résultats vers les pêcheurs et
le grand public est prévue à la fin du projet.