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I- La place de la femme juive dans la religion :
Dans la tradition juive, les hommes récitent tous les matins : « Béni sois-tu de ne pas m’avoir fait
femme ».
La femme est-elle méprisée ou reléguée ?
Ce n’est qu’une apparence, car la satisfaction de l’homme n’est pas dans les avantages de la vie,
mais dans les charges que la religion lui impose, et dont la femme est dispensée : la femme juive
n’a pas l’obligation de prier tous les matins, de connaître la loi juive à fond, d’assurer le culte
public, et surtout de défendre la société.
Et ces affirmations proviennent des traditionalistes.
On trouve un exemple traditionnel d’une telle argumentation sous la plume du Grand Rabbin
Gugenheim (1916-1977) lorsqu’il écrit qu’à travers cette bénédiction, « l’homme exprime sa
gratitude d’être soumis à toutes les mitsvot (commandements), alors que les femmes sont
exemptées de certaines d’entre elles. »
L’homme se félicite donc chaque matin des commandements religieux qui lui incombent en tant
qu’homme, dont la femme est exemptée, comme le port des phylactères ou du châle de prière.
Le rabbin Gugenheim indique que « la femme n’en a pas réellement besoin. » Elle porte
« biologiquement, au plus profond de son être, une disponibilité à la sanctification. » Elle est
« dispensée de ces commandements, non pas parce qu’elle n’en serait pas digne, » mais « parce
qu’elle a une connaissance plus intuitive, plus directe de la divinité. »
Voici un renversement radical de l’interprétation première du texte, puisque cette analyse
exprime le caractère supérieur de l’essence féminine.
Les libéraux quant à eux ont supprimé cette phrase : « Béni sois-tu de ne pas m’avoir fait femme »
depuis longtemps des livres de prière.
L’historien israélien Élie Barnavi a dit : « les textes sacrés sont des auberges espagnoles où l’on
peut trouver ce qu’on veut. »
Le principal, c’est de savoir avec quelle intention on les lit.
L’interprétation des textes a toujours été au cœur du judaïsme, ce qui rend la religion vivante.
Madame le rabbin Delphine Horvilleur, affirme que : « la religion se doit d’être vivante, qu’elle a
quelque chose à nous enseigner à condition d’être toujours dans le dialogue avec le temps dans
lequel on vit, et les valeurs qui sont les nôtres.
Nous sommes donc les héritiers d’interprétations passées, et à la fois, nous avons la responsabilité
d’apporter un renouveau de sens. »
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, masculin et féminin il les créa » (Gn
1, 27).
Le pape Benoît XVI et le grand Rabbin Bernheim rappellent que c’est la différence sexuée de
l’homme et de la femme qui constitue le fondement de la rencontre avec autrui, l’altérité sacrée
en socle de la transmission, et il est démontré ainsi la complémentarité ontologique des deux
sexes.
Les Proverbes dépeignent la femme comme une « biche d’amour, et une gazelle pleine de
tendresse ».
Elle est aussi la bien-aimée décrite avec éloquence dans le Cantique des Cantiques, où la femme
apparaît comme un symbole, comme allégorie.