Sujet 1 : Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?
Il n’est pas possible de se lancer dans le traitement d’un sujet de dissertation sans avoir préalablement
chercher à cerner ce sujet, c’est-à-dire sans avoir tenter de voir quels pouvaient être les différents sens
de la question.
Analyse du sujet :
Tout d’abord, l’article est important : « une » vérité. Il ne s’agit donc pas de faire une critique de la
science en tant que telle, mais plutôt d’examiner la valeur des énoncés scientifiques. Une vérité, ce n’est
pas la vérité. Ceci est à mettre en relation avec l’idée de « vérité scientifique ». Pourquoi cette précision
dans l’énoncé : « Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ? »
Là encore, il faut certainement le comprendre au sens où la science n’est pas la seule à proposer des
vérités. Il y a des vérités religieuses, des vérités philosophiques, des vérités politiques et même
artistiques. Or, c’est justement dans cette « compétition » des disciplines et des pratiques génératrices de
vérités qu’il faut entendre la question que ce sujet nous pose.
En effet, nous savons que toutes les vérités sont potentiellement dangereuses. La vérité, généralement,
dérange, elle bouleverse les habitudes de pensée, les croyances rassurantes, l’ordre établi. Pensons par
exemple à l’avènement du christianisme perçu comme une menace pour Rome. Pensons aux artistes :
poètes, peintres, musiciens qui par leurs œuvres dénoncent, affirment des vérités qui peuvent s’avérer
dangereuses pour certains régimes. On voit donc que la vérité en tant que telle est potentiellement
dangereuse parce qu’elle constitue une remise en cause des représentations sur lesquelles sont fondées
une partie de notre existence : croyances, illusions...et/ou qui servent au maintien de certains régimes
politiques. Toutefois, il semble qu’une vérité scientifique représente une menace plus importante encore
en raison du prestige accordée à la science. En effet, les vérités religieuses, philosophiques, artistiques,
politiques, n’ont plus le crédit qu’on a pu leur accorder à certaines époques. Aujourd’hui, la science
occupe une place privilégiée dans nos représentations. Dès lors, une vérité scientifique, c'est-à-dire une
affirmation soutenue par une méthode rigoureuse, appuyée sur des expériences qui la valide, peut avoir
plus de poids que les vérités auxquelles nous accordons habituellement crédits et sur lesquelles sont
fondées une part de nos institutions, de nos pratiques, de nos représentations.
On comprend d’après les remarques précédentes ce qui motive l’intérêt spécifique que l’énoncé semble
accorder aux vérités de types « scientifiques ». Reste alors à nous interroger sur le dernier mot de
l’énoncé : « dangereuse ».
Pourquoi et surtout pour qui une vérité scientifique pourrait-elle être dangereuse ? Quel danger ?
Il peut sembler paradoxal qu’une vérité énoncée par la science puisse représenter un risque. En effet, la
science vise la connaissance de la réalité qui nous entoure. Pourquoi connaitre serait-il une menace ?
L’ignorance ou l’illusion sont-elles quelquefois préférables ? A moins que ce ne soient plutôt les
conséquences — par exemple politiques— de certaines vérités scientifiquement établies qui peuvent
s’avérer dangereuses. Combien de temps un régime fondé sur la séparation raciale (apartheid) peut-il
résister à l’idée scientifique selon laquelle il n’existe pas de races humaines ?