Les règles du choix d’une association
d’antihypertenseurs
Pour choisir une association d’antihypertenseurs dans le but
d’augmenter l’efficacité hypotensive, les règles suivantes peu-
vent être proposées :
✔ne pas prescrire de médicaments appartenant à la même famille
pharmacologique,
✔choisir un médicament dans chacun des “paniers thérapeu-
tiques” (tableau I),
✔préférer une combinaison à dose fixe (tableau I),
✔éviter les combinaisons qui exposent à des effets indésirables.
Les études pharmacologiques d’associations d’antihypertenseurs
indiquent que l’association de deux antihypertenseurs permet de
“contrôler” un plus grand nombre de sujets que chacune des
monothérapies. L’augmentation de cette efficacité est la consé-
quence de deux situations :
✔Des sujets qui étaient déjà contrôlés par une monothérapie sont
aussi contrôlés par la combinaison.
✔Des sujets qui n’étaient pas contrôlés par la monothérapie sont
contrôlés par la combinaison. Chez ces patients, les effets anti-
hypertenseurs de chacune des monothérapies s’additionnent et
l’effet total permet d’obtenir la baisse tensionnelle suffisante au
regard des objectifs à atteindre.
Ainsi, les études indiquent que le bénéfice de l’association des
médicaments sur la baisse de la pression artérielle est la consé-
quence de l’addition des effets chez les patients “répondeurs” res-
pectivement à chacune des monothérapies.
Prescrire une combinaison d’antihypertenseurs est une nécessité
fréquente pour permettre d’atteindre l’objectif tensionnel chez
une large majorité de patients hypertendus. Si la prescription de
combinaisons libres est la plus fréquente, l’utilisation de “com-
binaisons à dose fixe” offre une simplification de la prescription
avec un nombre limité de prises médicamenteuses. Cette option
de prescription de “combinaisons à dose fixe” devrait être aujour-
d’hui largement privilégiée, lorsque le traitement initial par mono-
thérapie ne permet pas d’atteindre l’objectif tensionnel et que le
premier médicament prescrit est bien toléré (1).
L’association de plus de deux médicaments
antihypertenseurs
Lorsqu’une combinaison de deux antihypertenseurs, qui répon-
dent au choix des “paniers thérapeutiques”, ne permet pas d’at-
teindre l’objectif tensionnel, la stratégie du traitement doit appli-
quer deux principes :
✔augmentation du nombre des principes actifs des antihyper-
tenseurs comprenant obligatoirement un diurétique thiazidique ;
✔une association de trois thérapeutiques antithypertensives doit
comporter des médicaments de familles (paniers) différentes avec
obligatoirement un diurétique, de préférence thiazidique.
La dose minimale de diurétique doit être équivalente à 12,5 mg
d’hydrochlorothiazide par jour. Pour certains patients, la dose de
diurétique nécessaire est de 25 mg par jour en une prise quoti-
dienne.
De façon pratique, la combinaison des antihypertenseurs au-delà
de deux médicaments doit comporter “un médicament du panier 1,
et deux médicaments du panier 2”. Ainsi, la prescription stan-
dard d’une trithérapie comportera un médicament qui diminue
l’activité du système rénine-angiotensine (IEC, ARA II, bêta-
bloquant) associé à un diurétique (de préférence thiazidique) et
à un inhibiteur calcique. Les antihypertenseurs centraux et les
alphabloquants sont réservés aux sujets qui nécessitent une com-
binaison d’antihypertenseurs comprenant plus de trois principes
actifs.
Lorsque les combinaisons comportent plus de trois familles d’an-
tihypertenseurs, le choix devrait se porter préférentiellement sur
des associations à dose fixe. La diminution du nombre de prises
médicamenteuses quotidiennes est un garant de la bonne obser-
vance d’un traitement complexe.
L’application de mesures diététiques
Chez un sujet qui n’atteint pas l’objectif tensionnel malgré une
association de deux antihypertenseurs, les conseils diététiques
doivent être renouvelés dans le cadre d’une démarche d’éduca-
tion thérapeutique.
La première orientation diététique est la réduction de la consom-
mation de sodium, avec l’objectif de ne pas dépasser 100 mmol/j,
soit 6 g/j de NaCl. Pour se tenir à cet apport quotidien, il est impor-
tant de préciser que la cuisine préparée au domicile peut com-
porter des apports de sel pour la cuisson, mais que les aliments
ne devront pas être resalés lorsqu’ils sont servis. De plus, une
information détaillée sur le “sel caché” dans les aliments est
nécessaire, car la limitation de ces aliments est utile pour obtenir
la restriction sodée. Les aliments qui contiennent du “sel caché”
sont le fromage, la charcuterie, les plats cuisinés industriels, les
conserves, les produits fumés, les sauces industrielles.
La Lettre du Cardiologue - n° 360 - décembre 2002
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HTA
Panier 1 Panier 2
IEC Antagoniste calcique
Bêtabloquant Diurétique thiazidique
ARA II
Combinaisons à doses fixes disponibles en France
IEC + antagoniste calcique (vérapamil)
IEC + diurétique thiazidique
Bêtabloquant + antagoniste calcique (dihydropyridine)
Bêtabloquant + diurétique thiazidique
ARA II + diurétique thiazidique
Combinaisons libres
IEC + antagoniste calcique (dihydropyridine)
ARA II + antagoniste calcique (dihydropyridine)
ARA II + antagoniste calcique (vérapamil)
Tableau I. Associations d’antihypertenseurs conseillées selon l’appli-
cation de la règle des paniers thérapeutiques.