Formes sporadiques et altérations génétiques somatiques
Les cancers du testicule à cellules germinales sont très divers sur le plan his-
tologique, regroupés en séminomes (TS) et tumeurs non séminomateuses
(TNS). Ils sont précédés par un stade de carcinome in situ (CIS) aussi appelé
néoplasie germinale intratubulaire car dérivant d’une cellule germinale pri-
mitive. Les tumeurs germinales et les CIS ont des caractéristiques phénoty-
piques communes telles que l’expression des phosphatases alcalines placen-
taires (PLAP) et du récepteur membranaire c-kit. Les CIS évolueraient toujours
en séminome dans un premier temps. Au stade de séminome, environ la moitié
garderait ce type histologique, l’autre moitié évoluerait vers le type non sémi-
nomateux, plus agressif.
Le séminome spermatocytaire, qui survient chez l’homme plus âgé, semble
avoir une pathogénie différente, non précédée par des lésions de CIS. Il n’ex-
prime pas PLAP et c-kit. Il serait précédé par des lésions intratubulaires
propres, dérivées d’une cellule germinale maturée au stage de spermatogonie.
Altérations cytogénétiques et pertes d’hétérozygotie
L’isochromosome du bras court du chromosome 12 i (12p), est l’anomalie
cytogénétique rencontrée dans plus de 85 % des tumeurs germinales testicu-
laires (50 % des séminomes et 80 % des tumeurs non séminomateuses). C’est
une anomalie propre aux tumeurs germinales, qu’il s’agisse des tumeurs tes-
ticulaires ou de l’ovaire. Par ailleurs, les tumeurs qui n’ont pas d’i (12p) ont
malgré tout un plus grand nombre de copies de la totalité de ce bras court
dans leurs cellules, ce qui suppose un mécanisme commun de carcinogenèse
entre les tumeurs i (12p) positives et négatives. Cet isochromosome 12p n’est
retrouvé que de façon sporadique dans les carcinomes in situ, alors que 100 %
des tumeurs testiculaires ont des anomalies sur le chromosome 12. Du point
de vue chronologique, cette anomalie surviendrait lors du passage du stade
de CIS à celui de tumeur invasive.
En 12p13 siège le gène CCND2 codant pour la cycline D2 impliquée dans
la régulation du cycle cellulaire, son amplification semblant constituer un évé-
nement précoce dans la carcinogenèse testiculaire.
D’autres anomalies chromosomiques communes aux TS et aux TNS ont été
mises en évidence de façon récurrente pour les chromosomes 7, 8, 12 et X. Des
délétions alléliques (LOH) fréquentes (plus de 30 % des cas) sont retrouvées
en 1p13, 1p22, 1p31-32, 1q32, 11p15, 5p15, 5q11, 5q34-35, 5q14 et 5q34-
qter. Des LOH sont également observées pour les locus des principaux gènes
suppresseurs de tumeur (DCC : 18q21 ; WT1 : 11p13 ; APC : 5q21 ; RB1 :
13q14).
Certaines LOH sont associées à la présence de types histologiques diffé-
renciés tels que les tératomes (3p, 3q, 5p, 11p, 17p, 17q, 18q et 20p), par
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