qui peut modifier les résultats de la SSE en fonction de la
présence de TIL.
Iln’y a en revanche aucune relation entre la valeur desTIL et
l’obtention d’une pCR ou une meilleure survie sans récidive
selon le type de traitement anti-HER2, donc sans aucune
valeur prédictive en fonction du type d’anti-HER2 utilisé.
Dans cette étude, les patients qui n’étaient pas en réponse
complète histologique mais avec un niveau de TIL initial
supérieur à la médiane (12,5 % de TIL) avaient un pronostic
identique à ceux ayant obtenu une pCR.
Dans l’étude Neosphere à quatre bras [18], qui testait
l’addition du pertuzumab à un traitement comprenant
soit docétaxel et trastuzumab, soit docétaxel seul, soit
trastuzumab seul, une valeur élevée de TIL n’était pas
corrélée à l’obtention d’une pCR, mais les données
concernant les rechutes et la survie ne sont pas encore
disponibles. Comme souvent dans de telles études, il
existait une corrélation avec un certain nombre
de marqueurs immuns dont les cibles thérapeutiques
(PD1/PDL1, CTLA4), ainsi que des signatures immunes.
À noter que le bras associant docétaxel, trastuzumab
et pertuzumab ne se comporte pas comme les autres :
il semblerait que, dans ce bras, la composante immune
soit moins importante pour l’efficacité du traitement.
En situation adjuvante
Les principales études évaluant les valeurs pronostiques et
prédictives sont présentées dans le tableau 2.
La valeur pronostique des TIL dans le cancer du sein triple-
négatif en situation adjuvante repose sur quatre essais de
phase III qui ont montré que, pour une augmentation de
10 % des TIL, il y avait un gain de 15 à 20 % en survie sans
récidive et en survie globale. Dans l’étude BIG 2-98 [19], les
patientes avec une tumeur triple-négative et des TIL
supérieurs ou égal à 50 % avaient une survie sans récidive à
cinq ans et une survie globale de 92 % dans les deux cas,
témoignant d’une diminution importante du risque de
rechute (hazard ratio (HR) = 0,3 ; IC 95 % : 0,11-0,81)
et de décès (HR = 0,3 ; IC 95 % : 0,09-0,92) par rapport
aux patientes dont les tumeurs avaient peu de TIL.
Au total, les TIL ont été évalués dans plus de
1 300 tumeurs triple-négatives et plus de 3 500 tumeurs
RH+ (récepteurs hormonaux positifs) [12] . Les TIL se sont
révélés être des facteurs pronostiques dans 297 tumeurs
triple-négatives mais pas dans les tumeurs luminales dans
l’étude BIG 2-98 ; ces données ont été validées dans deux
autres essais randomisés de phase III en situation
adjuvante (ECOG 2197 et 1199) [20] qui comprenaient
481 tumeurs triple-négatives. Le niveau de preuve de la
valeur des TIL dans les cancers du sein triple-négatifs
traités par chimiothérapie adjuvante est considéré de
niveau I [12]. Ces données ne peuvent cependant pas être
utilisées pour identifier un groupe pouvant éviter une
chimiothérapie adjuvante puisque toutes les études
comparaient différents types de chimiothérapies.
Dieci et al. [21] ont évalué la valeur prédictive et
pronostique des TIL à partir de l’analyse de deux essais
historiques de phase III randomisés en situation adjuvante
comparant une chimiothérapie à l’absence de chimiothé-
rapie. Dans cette analyse, les TIL ont montré une valeur
pronostique importante dans le groupe triple-négatif avec
une tendance à l’amélioration de la survie globale à
10 ans : 89 % dans le groupe TIL élevés versus 68 % dans
le groupe TIL faibles (HR = 0,44 ; IC 95 % : 0,18-1,10,
p= 0,07), ainsi que dans le groupe HER2+. En revanche
dans cette étude, les TIL n’étaient pas prédictifs d’un
bénéfice d’une chimiothérapie par anthracycline.
Ali et al. [22] ont analysé la valeur pronostique d’un infiltrat
de lymphocytes CD8+ dans plus de 12 439 tumeurs de
patientes, à partir de trois cohortes observationnelles
(SEARCH, BCCA, NBCS) et d’un essai prospectif NEAT. Il en
ressort que la présence de lymphocytes CD8+ dans le
stroma est associéeà une diminution durisque de mortalité
par cancer du sein de 21 % (HR = 0,79 ; IC 95 % : 0,67-0,93,
p= 0,004) dans les tumeurs triple-négatives et HER2+/RH-.
« La valeur prédictive des TIL
à un bénéfice d’un traitement
par trastuzumab est encore
l’objet de débat »
Dans les tumeurs surexprimant HER2, en situation
adjuvante également, la situation semble un peu plus
complexe. En effet, dans l’étude FINHER [23], les TIL
avaient une valeur pronostique et étaient corrélés avec un
bénéfice de l’adjonction de trastuzumab à la chimio-
thérapie adjuvante. Dans l’étude N9831 [24], le nombre
de St-TIL était au contraire associé à un bénéfice en survie
sans récidive dans le bras chimiothérapie sans trastuzu-
mab, dans le groupe LPBC (St-TIL >60 %). Dans ce sous-
groupe, le bras avec trastuzumab donnerait même de
moins bons résultats. Ces résultats suggèrent qu’il
existerait un sous-groupe de patientes dont les tumeurs
surexpriment HER2 pour lesquelles la chimiothérapie
seule serait suffisante et qui ne bénéficieraient pas du
trastuzumab. Ils restent toutefois à confirmer.
Dans l’étude de Dieci et al. [21], reprenant les données de
deux essais adjuvants historiques ne comprenant pas de
traitement par trastuzumab, il y avait une corrélation
entre le nombre de TIL et une tendance à un bénéfice en
survie à 10 ans (HR = 0,46 ; IC 95 % : 0,2-1,11, p= 0,08).
Si leur valeur pronostique semble établie, la valeur
prédictive des TIL à un bénéfice d’un traitement par
trastuzumab est encore l’objet de débat.
Cas particuliers
Chez la femme enceinte
Il n’existe que peu de données chez la femme enceinte,
cas particulier du fait de l’état de tolérance immunolo-
gique lié à la grossesse. Le pronostic des cancers du sein au
cours de la grossesse est débattu, mais ils sont le plus
souvent considérés de mauvais pronostic. Azim et al. [25]
ont comparé la fréquence des tumeurs ayant un nombre
L. Teixeira, et al.
68 Innovations & Thérapeutiques en Oncologie lvol. 1 –n82, nov-déc 2015
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