que sont leur hormonodépendance et/ou l’activation de
la voie HER2.
Une seconde génération de signatures de cancers du sein
a mis l’accent de façon plus importante sur l’environne-
ment tumoral et la capacité de réponse immune de
l’organisme vis-à-vis des cellules tumorales mammaires
[4]. Ainsi, il apparaît que cette capacité de réaction ou de
« défense » de l’hôte vis-à-vis de la cellule cancéreuse
constitue un facteur pronostique important, non seule-
ment quant à l’émergence d’un phénotype tumoral
invasif, mais également en ce qui concerne son devenir
évolutif. Il est aujourd’hui admis que la présence de
lymphocytes au sein de la tumeur (TIL) est un reflet de
cette capacité de réponse immune. La présence de TIL est
globalement associée, dans le cancer du sein, à un
meilleur pronostic (ce qui n’est pas le cas pour tous les
types de cancers ayant des TIL). Les paramètres pro-
nostiques sont un second critère que nous utilisons
afindedéfinir nos stratégies thérapeutiques. Toutefois,
les facteurs de bon pronostic sont en général utilisés
comme critère de désescalade thérapeutique, donc les
TIL, en tant que facteurs pronostiques, n’ont que peu
d’intérêt à ce jour car non validés comme outil de
désescalade.
Le troisième type de critères utilisés pour nos stratégies
thérapeutiques est l’information prédictive apportée
par un paramètre quant à l’efficacité ou non d’une
stratégie utilisée. Les TIL sont également liés en général
à une meilleure réponse à la chimiothérapie et plus
particulièrement aux anthracyclines. Toutefois, l’intérêt
d’un type de chimiothérapie en fonction de la présence
de TIL n’a pas non plus été validé dans de grandes
cohortes.
Si certaines équipes recommandent de caractériser les
cancers du sein en recherchant la présence de TIL [5],si
même cette caractérisation semble assez bien standardi-
sée –contrairement à des paramètres pronostiques et
prédictifs utilisés depuis plus longtemps comme le Ki67
[6] –il reste aujourd’hui difficile de retenir comme
essentiel pour la définition d’une stratégie thérapeu-
tique un paramètre qui ne modifienilesindications,nile
choix des traitements administrés en dehors des essais
thérapeutiques. Donc, en routine, même si l’existence
de TIL « rassure », elle n’entraîne pas de changement
de prise en charge des patientes atteintes de cancers du
sein.
Les TIL en recherche :
en avoir ou pas ?
Alors pourquoi tenir compte des TIL ? Parce qu’au-delà de
la connaissance fondamentale des processus de défense
de l’organisme vis-à-vis des cellules cancéreuses, l’émer-
gence de nombreuses thérapeutiques sollicitant une
réponse immune (comme les anticorps monoclonaux),
ou permettant de moduler cette réponse immune
(comme des thérapeutiques ciblant des récepteurs
activant ou inhibant la réponse immune), fait aujourd’hui
parti d’un nouvel arsenal thérapeutique. Il devient donc
important de définir au mieux les stratégies permettant
d’exploiter l’impact thérapeutique de ces traitements.
L’article de Texeira et al. [1] nous donne des indices
importants quant à l’utilisation des TIL comme critère de
décision pour ces essais.
Tout d’abord, il est important de rappeler que la présence
de TIL n’est pas toujours associée à une réponse immune
antitumorale efficace et, par ailleurs, il est également
intéressant de constater, dans le cas des cancers du sein,
que l’absence de TIL est plutôt lié à une absence de
chimiosensibilité : leur présence correspond possiblement
à un moindre intérêt du trastuzumab en situation
adjuvante dans les cancers HER2 positifs. De ce fait, il
est probablement intéressant d’explorer des stratégies
de traitements immunomodulateurs en cas de présence
de TIL et une absence de sensibilité aux traitements
classiques. Par ailleurs, des stratégies permettant d’in-
duire la présence de TIL visant à rendre les cancers plus
sensibles aux traitements classiques semblent également
intéressantes.
Dans le premier cas, le rapport cellules effectrices sur
inhibitrices de la réponse immune au sein des TIL est
probablement aussi importante que la présence en
nombre de TIL au sein de la tumeur. Une étude récente
[7] montre que, dans le cas de mélanomes, la radio-
sensibilité de lignées résistantes à la radiothérapie est
restaurée en y adjoignant un traitement anti-PDL1 et
anti-CTLA4. Les anti-PDL1 vont augmenter la présence de
lymphocytes T CD8+, et les anti-CTLA4 vont diminuer
la présence de lymphocytes Treg au sein des TIL. Les
lymphocytes T CD8+ sont effecteurs de la réponse
immune antitumorale et les Treg inhibiteurs de cette
réponse. Améliorer la capacité de réponse immune des TIL
semble donc à notre portée, encore faut-il le valider dans
différentes situations, et le modèle néo-adjuvant pourrait
être intéressant pour cela.
Dans le cas d’une absence de TIL, il sera important de
comprendre le mécanisme qui induit la présence de TIL. La
présence de TIL est un facteur pronostique pour les
cancers du sein triple-négatifs et HER2 positifs. Cette
présence est probablement liée à une réponse immune
initiée par la présence d’antigènes tumoraux en nombre
suffisant. Comparés aux cancers luminaux, les cancers du
sein triple-négatifs et HER2 positifs comportent plus
fréquemment des TIL. Cela est peut-être lié au fait qu’au
sein de ces phénotypes, il existe plus souvent des
anomalies génétiques entraînant l’expression d’antigènes
tumoraux. Par ailleurs, l’apparition de nouvelles muta-
tions au cours de l’évolution de la maladie métastatique
mammaire pourrait être un élément important à prendre
en compte pour la stratégie de prescription des traite-
ments immunomodulateurs à différentes étapes de cette
maladie [8]. Peut-être y a-t-il un temps et/ou une séquence
de traitements permettant d’induire au mieux une
réponse immune avec les nouveaux médicaments que
nous pourrions utiliser ?
J. Gligorov
74 Innovations & Thérapeutiques en Oncologie lvol. 1 –n82, nov-déc 2015
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