Un microscope à électrons de champ pour la mesure de l

Un microscope `a ´electrons de champ pour la mesure de
l’´emission par les faces individuelles
J.M. Bermond, F. Bel
To cite this version:
J.M. Bermond, F. Bel. Un microscope `a ´electrons de champ pour la mesure de l’´emission
par les faces individuelles. Revue de Physique Appliquee, 1970, 5 (4), pp.649-652.
<10.1051/rphysap:0197000504064900>.<jpa-00243440>
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publics ou priv´es.
649
UN
MICROSCOPE
A
ÉLECTRONS
DE
CHAMP
POUR
LA
MESURE
DE
L’ÉMISSION
PAR
LES
FACES
INDIVIDUELLES
J.
M.
BERMOND,
F.
BEL
Laboratoire
des
Mécanismes
de
la
Croissance
Cristalline
associé
au
C.
N.
R.
S.,
Faculté
des
Sciences
de
Saint-Jérôme,
Marseille
(Reçu
le
9
mars
1970)
Résumé.
-
On
décrit
un
microscope
à
électrons
de
champ
comportant
un
cylindre
de
Faraday
dont
l’ouverture
d’entrée
est
mobile
dans
le
plan
de
l’écran.
On
peut
ainsi
mesurer
le
courant
d’émis-
sion
de
chaque
face
d’un
monocristal
sans
déformation
des
trajectoires
électroniques.
Abstract.
2014
A
field
emission
microscope
including
a
Faraday
cage
with
a
movable
hole
in
the
image
screen
is
described.
Thus,
emission
currents
from
single
crystal
faces
are
measured
without
deformation
of
the
electron
trajectories.
REVUE
DE
PHYSIQUE
APPLIQUÉE
TOME
5,
AOUT
1970,
PAGE
T.
Introduction.
-
Un
des
principaux
intérêts
du
microscope
à
électrons
de
champ
est
la
possibilité
d’étudier
les
faces
individuelles
d’un
monocristal
constituant
la
cathode.
En
mesurant
le
courant
d’émis-
sion
de
champ
pour
différentes
faces,
on
peut
déter-
miner
le
potentiel
de
sortie
des
électrons
du
métal
pour
les
faces
individuelles,
et
par
suite
des
grandeurs
telles
que
le
degré
de
recouvrement
dans
le
cas
d’une
adsorption,
etc.
(*).
La
technique
la
plus
précise
utilise
un
cylindre
de
Faraday
placé
derrière
l’écran,
et
dont
l’ouverture
d’entrée
coïncide
avec
l’image
de
la
face
à
étudier
[2]
et
[3].
Pour
obtenir
cette
coïnci-
dence
on
peut :
-
maintenir
la
pointe
fixe
et
déplacer
le
cylindre
de
Faraday
[3] ;
-
maintenir
la
pointe
fixe
et
déplacer
l’image
élec-
tronique
grâce
à
un
champ
magnétique
[2]
et
[4] ;
-
maintenir
fixe
le
cylindre
de
Faraday
et
déplacer
la
pointe
[3].
Tous
les
dispositifs
précédents
entraînent
une
cer-
taine
déformation
de
l’image.
Ce
fait
est
parfois
gênant.
Nous
décrivons
dans
cet
article
un
microscope
donnant
une
image
non
déformée
et
permettant
la
mesure
des
courants
d’émission
des
faces
individuelles.
II.
Description
du
microscope.
-
a.
STRUCTURE
GÉNÉRALE.
-
Le
microscope
comporte
une
pointe
fixe.
Le
courant
en
chaque
point
de
l’image
peut
être
recueilli
dans
le
cylindre
de
Faraday
grâce
à
un
trou
mobile
dans
le
plan
de
l’écran
d’observation.
L’appa-
reil
est
représenté
sur
la
figure
1.
Il
est
démontable
grâce
à
quatre
brides
en
acier
inoxydable.
La
pointe
émettrice
refroidie
par
l’air
liquide,
est
portée
par
la
bride
1.
La
photographie
de
l’écran
se
fait
hori-
zontalement
à
travers
le
hublot
(bride
2).
La
bride
3
est
reliée
au
système
de
pompage
à
ultravide.
La
bride
4
peut
recevoir
divers accessoires
tels
que
sources
d’évaporation,
etc.
(*)
Pour
le
principe
de
ce
microscope
voir
[1].
FIG.
1.
-
Schéma
du
microscope.
b.
L’ENSEMBLE
ANODIQUE.
-
Il
se
compose
essen-
tiellement
des
trois
pièces
suivantes
dont
l’agencement
(Fig.
2)
permet
d’obtenir
une
ouverture
mobile :
-
un
disque
1,
mobile
autour
d’un
axe
et
qui
porte
une
fente
spirale
logarithmique,
-
un
cylindre
extérieur
2,
mobile
indépendamment
autour
du
même
axe,
qui
porte
une
fente
radiale
et
qui
sert
d’écran
électrostatique.
L’intersection
de
ces
deux
fentes
réalise
un
trou
mobile
dans
le
plan
des
deux
disques ;
-
un
cylindre
intérieur
3,
qui
sert
de
cage
de
Fara-
day,
mécaniquement
lié
au
cylindre
extérieur
mais
électriquement
isolé
de
celui-ci
par
trois
perles
de
verre
7.
Le
cylindre
extérieur
tourne
autour
d’un
tube
de
Kovar
4,
définissant
l’axe
de
rotation
général
et
ser-
vant
de
support
à
l’ensemble.
Le
disque
1
tourne
sur
un
axe
porté
par
le
cylindre
extérieur.
La
spirale
a
été
calculée
de
façon
que
l’angle
entre
le
rayon
vecteur
et
la
tangente
soit
maximum
(ici
630
environ)
sachant
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0197000504064900
650
FIG.
2.
-
Deux
vues
de
l’ensemble
anodique.
qu’il
n’y
a
qu’une
intersection
entre
les
fentes
radiale
et
spirale.
Le
cylindre
intérieur
est
fermé
par
une
plaque
portant
elle
aussi
une
fente
radiale
parallèle
à
la
fente
radiale
du
cylindre
extérieur,
et
légèrement
plus
large
(1,2
mm
au
lieu
de
0,9
mm).
La
distance
entre
ces
deux
fentes
est
de
0,5
mm.
La
largeur
des
fentes
est
constante
à
mieux
que
1/10
mm
près.
Un
fil
de
molyb-
dène
fixe
5
traverse
l’âme
du
tube
de
Kovar
et
établit
le
contact
électrique
avec
le
cylindre
intérieur
par
l’intermédiaire
d’un
ressort
spiral
6.
Une
perle
de
verre
8
assure
l’étanchéité.
Le
déplacement
radial
du
trou
s’obtient
par
rotation
de
la
spirale
par
rapport
aux
cylindres,
le
déplacement
angulaire
par
rotation
des
cylindres
eux-mêmes.
La
plaque
spirale
et
le
cylindre
extérieur
portent
des
masselottes
en
nickel
9,
ce
qui
permet
de
réaliser
les
déplacements
sous
ultra-
vide,
grâce
à
un
aimant
extérieur.
La
figure
3
montre
l’ensemble
anodique
après
assemblage.
FIG.
3.
-
Cylindre
de
Faraday
avant
montage
dans
le
ballon
de
verre.
c.
DÉTAILS
EXPÉRIMENTAUX.
-
Toutes
les
pièces
métalliques
ont
été
fabriquées
selon
les
techniques
mises
au
point
pour
l’utilisation
en
ultravide.
La
substance
fluorescente
de
l’écran
est
du
sulfure
de
zinc.
La
température
de
la
pointe
est
déterminée
en
mesurant
la
résistance
d’une
faible
partie
de
la
boucle
qui
la
porte
[5].
Enfin,
la
paroi
de
verre
du
microscope
est
rendue
conductrice
par
évaporation
d’une
couche
mince
de
tungstène.
Les
courants
d’émission
de
champ
pouvant
être
de
l’ordre
de
10-11
A,
on
a
d’abord
vérifié
l’isolement
électrique
du
cylindre
intérieur
par
rapport
à
la
masse.
L’appareil
de
mesure
est
un
picoampèremètre
(Keit-
hley,
Type
410)
dont
le
bruit
de
fond
en
courant
est
inférieur
à
lO-13
A.
On
a
trouvé
un
courant
résiduel
inférieur
à 2 x 10-12 A
entre
le
cylindre
intérieur
et
la
masse.
Le
microscope
a
été
monté
sur
un
groupe
de
pom-
page
à
ultra-vide,
maintenant
à
l’intérieur
de
l’enceinte
une
pression
inférieure
à
5
x
10-’o
torr
(mesurée
par
une
jauge
Bayard-Alpert
VEECO
RG
75).
Malgré
cela
on
est
gêné
par
la
formation
sur
la
pointe
d’une
couche
d’adsorption
due
à
l’atmosphère
résiduelle
(hydrogène).
On
a
donc
nettoyé
la
pointe
avant
chaque
mesure
en
la
portant
à
2
500
OK
pendant
5
s.
Ce
traitement
fournit
une
surface
de
tungstène
propre,
comme
on
peut
s’en
assurer
par
observation
visuelle
de
l’image.
En
contrepartie,
il
faut
considérer
que
le
traitement
thermique
peut
changer
le
rayon
de
cour-
bure
et
le
profil
de
la
pointe.
III.
Résultats
expérimentaux.
-
a.
TRACÉ
DES
DROITES
DE
FOWLER-NORDHEIM
EN
ÉMISSION
DE
CHAMP.
-
On
a
d’abord
vérifié
le
fonctionnement
correct
de
l’appareil
en
traçant
les
droites
de
Fowler-Nordheim
relatives
à
diverses
faces
cristallines
individuelles
de
pointes
de
tungstène.
On
sait
que
le
courant
d’émission
de
champ
I
obéit
à
une
équation
du
type
Fowler-Nordheim :
où V
est
la
différence
de
potentiel
entre
anode
et
pointe
cathodique,
A
un
coefficient
numérique
prati-
quemment
indépendant
de
V, ç
le
potentiel
de
sortie
des
électrons
pour
la
face
considérée,
et fi
un
coefficient
géométrique
qui
dépend
du
profil
de
la
pointe
et
de
la
face
cristalline
étudiée.
La
quantité
Log
Il V2
est
donc
une
fonction
linéaire
de
I/V.
Sa
représentation
graphique
est
une
«
droite
de
Fowler-Nordheim »
dont
la
pente
dépend
de ç
et
fl.
Les
résultats
sont
représentés
sur
les
figures
4
et
5.
Pour
les
faces
diffé-
rentes,
on
trouve
des
droites
ayant
des
pentes
diffé-
rentes
montrant
l’influence
du
travail
de
sortie
des
électrons.
La
figure
5
montre
en
outre
l’influence
et
la
sélectivité
de
l’adsorption.
Après
5
mn
d’ex-
position
à
l’atmosphère
résiduelle
d’hydrogène
(p
5
x
10-10
torr)
le
travail
de
sortie
de
la
face
(110)
est
inchangé,
mais
celui
de
la
face
(134)
a
aug-
651
FIG.
4.
-
Droites
de
Fowler-Nordheim
pour
les
faces
(100),
(111),
(130)
et
(123).
V en
Volts,
I
en
A.
FIG.
5.
-
Droites
de
Fowler-Nordheim
relatives
aux
faces
(110)
et
(134).
V en
volts,1
en
A.
Influence
de
l’adsorption.
Points
noirs :
pointe
propre ;
Points
blancs :
pointe
après
5
mm
d’exposition
à
l’atmosphère
rési-
duelle.
menté.
On
observe
alors
l’image
d’émission
carac-
téristique
de
l’adsorption
d’hydrogène
sur
les
lignes
de
zone
du
type
{
111 }.
b.
COMPARAISON
DES
FACES
DE
MÊME
TYPE.
-
Pour
une
vérification
supplémentaire
du
bon
fonctionne-
ment,
on
a
comparé
les
pentes
des
droites
relatives
à
des
faces
homologues
dans
les
symétries
d’orienta-
tion
du
cristal.
Ces
faces
ont
le
même
travail
de
sor-
tie
~.
Elles
ont
en
outre
le
même
coefficient
fi.
On
doit
donc
trouver
des
parallèles
quand
on
trace
les
droites
de
Fowler-Nordheim
correspondantes.
v
FIG.
6.
-
Comparaison
des
pentes
des
droites
de
Fowler-
Nordheim
pour
les
différentes
faces
des
familles
(100)
et
(111).
V
en
volts,
I
en
A.
La
figure
6
montre
les
résultats
pour
les
faces
du
type {Il 11
et {1 OO},
on
a
constaté
le
parallélisme
des
droites,
dans
chaque
famille.
Les
courbes
ne
sont
pas
confondues.
En
effet
on
sait
que
la
pointe
n’est
jamais
parfaitement
symétrique
et
le
coefficient
A
peut
avoir
des
valeurs
légèrement
différentes
sur
deux
faces
homologues.
Une
explication
complémentaire
est
que
l’axe
de
la
pointe
ne
coïncide
pas
exactement
avec
l’axe
de
symétrie
du
cylindre
de
Faraday.
C.
COMPARAISON
DES
TRAVAUX
DE
SORTIE
DE
DIFFÉ-
RENTES
FACES
INDIVIDUELLES.
-
On
peut
retrouver
quantitativement
les
valeurs
relatives
des
travaux
de
sortie
de
différentes
faces
individuelles
d’une
pointe.
Si
9
et
~’
sont
les
travaux
de
sortie
de
deux
faces
de
coefficients fi
et
03B2’,
d’après
la
relation
(1)
les
pentes
S
et
S’ des
droites
de
Fowler-Nordheim
correspondantes
sont
liées
par :
652
On
a
déterminé
expérimentalement
le
rapport
S/S’
et
on
a
calculé
le
rapport
~’/~.
Les
rapports
03B2’/03B2
ont
été
calculés
à
partir
des
courbes
de
Drechsler
et
Henkel
[7],
donnant
la
diminution
du
champ
élec-
trique
sur
la
surface
de
la
pointe
en
fonction
de
la
distance
angulaire
au
sommet.
On
a
pris
un
facteur
de forme
de
0,1.
TABLEAU
I
Comparaison
des
potentiels
de
sortie
de
différentes faces
(*)
On a pris
qJI00
=
4,90 eV (Van Oostrom) et qJ
130
=
4,31
eV
(Müller).
On
a
fait
deux
séries
d’expériences
en
comparant
d’abord
les
faces
(100),
(111)
et
(130),
puis
les
faces
(100),
(111)
et
(123).
Ainsi
les
variations
des
coefh-
cients fl
dues
à
la
variation
du
rayon
de
courbure
au
sommet
de
la
pointe
sont
réduites
le
plus
possible.
L’incertitude
est
de
1
%
environ
sur
8100 et
sur
8111,
de
3
%
sur
8130
et
de
4
%
sur
8123.
Dans
le
tableau
I,
les
résultats
sont
comparés
avec
ceux
des
trois
auteurs
cités
[4,
6,
7].
Le
rapport
({Jl00/({Jlll
mesuré
et
sa
valeur
calculée
d’après
Swanson
sont
différents
de
13 %
environ.
La
cause
en
est,
semble-t-il,
la
valeur
anormalement
basse
donnée
par
cet
auteur
pour
le
potentiel
de
sortie
de
la
face
(100).
IV.
Conclusion.
-
Ces
résultats
montrent
que
l’ap-
pareil
fonctionne
correctement
et
permet
de
mesurer
avec
précision
les
variations
du
potentiel
de
sortie
pour
les
faces
individuelles
d’un
monocristal.
On
compte
l’utiliser,
par
exemple,
pour
l’étude
de
systè-
mes
d’adsorption.
Nous
tenons
à
remercier
Monsieur
Le
Professeur
Kern,
Directeur
du
Laboratoire
des
Mécanismes
de
la
Croissance
Cristalline,
pour
ses
encouragements
et
ses
conseils.
Au
même
degré,
nous
exprimons
notre
gratitude
à
Monsieur
M.
Drechsler,
Directeur
de
Recherches,
qui
nous
a
initiés
aux
méthodes
de
la
microscopie
par
émission
de
champ.
Nous
remercions
en
outre
Monsieur
S.
Blancheton
et
Mon-
sieur
A.
Nemeth
pour
leur
aide
amicale
et
dévouée
dans
la
réalisation
de
cet
appareil.
Bibliographie
[1]
GOOD
(R.
H.)
et
MÜLLER
(E.
W.),
Hand.
d.
Physik
XXI,
Springer,
1956.
[2]
DRECHSLER
(M.)
et
MÜLLER
(E.
W.),
Z.
Physik,
1953,
134, 208.
[3]
MÜLLER
(E.
W.),
J.
Appl.
Phys., 1955,
26,
732.
[4]
VAN OOSTROM,
Thèse,
Amsterdam, 1965.
[5]
GOMER
(R.),
« Field
Emission
and
Field
Ionisation »,
Harvard,
1961.
[6]
SWANSON
(L.
S.)
et
CROUSER
(L.
C.),
Phys.
Rev.,
1967,
163, 622.
[7]
DRECHSLER
(M.)
et
HENKEL
(E.),
Zeit
Angew.
Phys.,
1954,
6,
341.
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