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les cahiers
de La Médicale
N° 12
futurs praticiens
Sommaire
P. 2 Actualités professionnelles
P. 4 La démographie des professions de santé
P. 10 Avec nous étudier, pratiquer riment avec sérénité
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Les cahiers de La Médicale - n° 12
ACTUALITÉS PROFESSIONNELLES
LE CONTRAT
D’ENGAGEMENT DE
SERVICE PUBLIC (CESP) :
UNE PISTE POSSIBLE
DE LA RÉGULATION
DÉMOGRAPHIQUE
DES MÉDECINS ?
En général, on s’accorde à considérer
le CESP comme une bonne idée :
rémunérer l’étudiant en médecine
ou l’interne à hauteur de 1 200
brut mensuels. En contrepartie, une
fois diplômé, le jeune médecin « rend »
à la société ce qu’elle lui a apporté.
Il exerce alors son art dans une zone
sous-dotée en praticiens pendant une
durée équivalente à celle de l’aide
qu’il a reçue. Pourtant après deux ans
d’existence, le CESP ne donne pas
les sultats espérés par les pouvoirs
publics. Seuls 200 contrats ont été signés
(70 % en médecine générale) sur les 400
proposés. On mesure les raisons de ce
demi-échec. Le CESP est fort peu connu
dans les amphithéâtres de médecine. Nombre d’étudiants, nombre d’internes
n’en ont même jamais entendu par.
Les autres, qui connaissent le dispositif,
pointent ces insuffisances, ces rigidités,
réelles, il convient de le dire. Parmi
celles-ci, la crainte dun engagement de trop
longue durée : en 4ème ou en 5ème année,
il est trop tôt en effet pour se projeter
dans l’avenir ; quelle spécialité,
quel statut professionnel ?...
Le saut dans l’inconnu peut sembler
vertigineux à ce stade du cursus. Et
puis il y a les conséquences de la
rupture du contrat avant son terme :
rembourser les émoluments perçus
auxquels s’ajoute une fraction des frais
d’études engagés fixée à 20 000
Sans doute faut-il, et plus qu’à la
marge, alléger certaines de
ces douloureuses contraintes.
Et aussi, bien entendu, mieux
communiquer !
LES STAGES
D’INTERNAT EN
SECTEUR PRIVÉ
Les stages d’internats de médecine
en secteur privé ont démarré. Ils ne
concernent certes pour linstant qu’une
minorité d’internes (une soixantaine)
mais la mesure s’applique désormais
et l’on peut penser qu’elle va trouver
sa place de façon durable dans le
processus de formation des decins.
Car le paysage dical français évolue
désormais vers un décloisonnement
entre structures publiques et structures
privées. L’internat en secteur privé
apparaît comme un élément, parmi
d’autres, de ce décloisonnement. Il
reve aussi du symbole puisqu’il touche
à la formation pratique. Bien entendu
la procédure s’inscrit dans un cadre
précis. L’établissement d’accueil doit,
à ce titre, bénéficier d’un agrément.
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Les cahiers de La Médicale - n° 12
ACTUALITÉS PROFESSIONNELLES
Ensuite, le cadre légal propre au stage
relève d’une convention signée par
les parties intéressées : le directeur
de lARS, le directeur général du CHU
dont relève l’interne, le directeur de
l’établissement d’accueil et l’interne
lui-même.
Tout ou presque se voit cadré : la
rémunération de linterne (généralement
assumée par le CHU puis remboursée
à celui-ci par l’établissement se
déroule le stage), les assurances, le
règlement intérieur, les congés, les
sanctions… Du point de vue de sa
responsabilité professionnelle, l’interne
en stage en secteur privé continue de
bénéficier du régime de son confrère
en secteur public : une couverture par
l’établissement en cas de clamation
formulée par un patient ou ses ayants
droit à laquelle s’agrège la couverture
du ou des seniors sous la conduite et la
surveillance desquels ils exercent. Ce
qui, pour autant n’écarte pas l’intérêt
de prendre une couverture en nom
propre, au moins pour la fense nale.
L’INTERNAT LONG
EN ODONTOLOGIE
Cet internat dit « long » a vocation, on
le sait, à former des spécialistes dans
trois disciplines : la chirurgie orale
(formation commune à la médecine
et à l’odontologie), la médecine
bucco-dentaire (pour les patients
présentant des pathologies lourdes
et /ou spécifiques) et l’orthopédie
dento-faciale (ODF).
Rappelons pour mémoire qu’avant la
mise en place de l’internat, lODF était la
seule spécialité propre à l’art dentaire,
accessible par le biais du CECSMO
(Certificat d’Etudes Cliniques Sciales
Mention Orthodontie). Cette voie est
sormais abandonnée. Linternat long
en ODF devient la seule voie d’accès
à la qualification. L’internat long,
quelle que soit la spécialité choisie,
marque en tout cas une évolution
majeure de la profession. Cette évolution
était attendue car nécessaire. Les
évolutions scientifiques facteur d’une
complexi accrue de l’art cessitaient
une approche affinée en certaines
circonstances, celles relevant de
chacune des spécialités concernées.
Peut-être d’ailleurs faudra-t-il, dans
l’avenir, envisager d’autres formations
qualifiantes. Quoi qu’il en soit, il ne
faut guère craindre une pratique
« par compartiments » de la chirurgie
dentaire qui, pour le coup, assècherait
l’art dans son ensemble. Omnipratique
et spécialités forment les deux faces
d’une même médaille. Et le meilleur
service au patient reste, est-il utile de
le préciser, au centre de tout.
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PROFESSIONNELS DE
SANTÉ : LE NOMBRE
OU LA RÉPARTITION ?
La question du nombre de praticiens
dans une discipline done (médecine,
chirurgie-dentaire, soins infirmiers, etc.)
a trop longtemps occulté le véritable
problème. Car enfin, augmenter ou
diminuer de quelques centaines ou
milliers d’unités les effectifs de telle
ou telle discipline ne change rien ou
pas grand-chose. Le problème n’est
pas ou pas seulement le nombre
de praticiens d’une discipline donnée
mais leur répartition sur le territoire
national. Aujourdhui les déserts
médicaux s’accroissent. Et on a toujours
eu tendance à répondre à cette situation
par laugmentation du numerus clausus
là où il existe ou, plus ralement, par
l’augmentation du nombre d’étudiants
en formation le numerus clausus
n’existe pas. La contraction de la
démographie (moins de médecins,
moins de chirurgiens-dentistes…) exige
d’autres pistes de réflexion. Que faire
pour attirer le jeune diplômé l’on
a besoin de lui ?
La démographie
des professions de santé :
pour une nouvelle grille de lecture
des déséquilibres et des moyens de les réduire
Il existe des initiatives locales, des
aides diverses cidées par tel ou tel
partement ou canton afin d’inciter
ce praticien à s’installer. Il faut saluer
de telles initiatives qui répondent à
lurgence. Mais la solution ne peut être
que globale. Et surtout se situer dans
un schéma d’incitation et non pas de
coercition. Enfin ne pas fustiger trop
facilement les professionnels de santé
à qui on demanderait, à contre-courant
de tout, d’aller exercer là plus aucune
structure ne perdure (« dans des champs
de betteraves » selon une récente formule
du docteur Legmann, président de lOrdre
National des Médecins – Le Quotidien
du Médecin du 7/02/2012).
DEUX LÉGITIMITÉS
INCOMPATIBLES ?
Dans son acception la plus large, la
mographie médicale est aujourd’hui
atteinte d’un virus, celui « de la grande
mutation ». Ce virus se caractérise
notamment par les symptômes suivants :
des effectifs en régression ou en
stagnation ;
une population vieillissante de
praticiens ;
des déséquilibres densitaires
importants. Certaines régions, ou
villes restent richement does en
praticiens de toutes spécialités ou
de toutes disciplines tandis que pour
dautres, « arracher » un rendez-vous
chez un diatre, un ophtalmologue,
accéder à un médecin généraliste
peut relever de la gageure
Ceci dans un contexte de
vieillissement de la population
française, avec comme corollaire,
une augmentation de la demande
de soins. On nous parle certes
aujourd’hui dune natali dynamique
dans notre pays mais il faudra de
nombreuses années, pour autant que
ce dynamisme perdure, pour
inverser
la tendance.
Un effet «ciseaux»
se produit donc, matérialipar
une baisse et une répartition
territoriale inégale de l’offre de soins
s’accompagnant d’une demande,
elle, croissante.
A ce stade, une question mérite
d’être posée : ne pouvait-on prévoir
ces phénomènes ? N’a-t-on pas trop
taravant de les appréhender et de
commencer à agir ?
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Tout réside dans le fait que la question
des effectifs professionnels a longtemps,
dans notre pays, été traie à partir de
critères exclusivement économiques
alors qu’il t fallu davantage réguler
loffre de soins en fonction des évolutions
démographiques (vieillissement certes,
mais aussi mouvements migratoires) de
la société dans son ensemble.
Ce constat posé, revenons à la seule
question qui vaille : Comment inciter
un jeune professionnel de santé à aller
exercer où l’on a le plus besoin de lui ?
Deux logiques, l’une et lautre également
imparables semblent ici se heurter de
fon frontale :
d’abord celle d’un pays de droit,
le nôtre, qui doit garantir à tous
(et notamment aux plus faibles)
un accès facilité aux soins ; qui
plus est, cet impératif figure dans
la loi fondamentale française, la
Constitution de la Vèmepublique,
rien de moins !
ensuite celle d’un jeune praticien qui
a investi tant et tant pour acquérir
les préceptes d’un art complexe
qu’il entend maintenant servir sans
contrainte (ou avec le minimum de
contrainte) en termes statutaire ou
territorial.
L’intelligence consistant à construire
des passerelles entre des positions,
des logiques inconciliables, elle savère
aujourd’hui à lœuvre, quoi qu’on en dise.
De tous côtés, des pistes sont explorées,
voire (il est vrai qu’il y a urgence !)
orante : CESP dont il est question plus
haut, télémédecine, émergences des
maisons médicales, bus dicalisés
RETOUR VERS LA
PRATIQUE LIBÉRALE
On dit partout que le statut libéral séduit
moins que par le passé dans de nombreuses
disciplines à commencer par la médecine.
Les chiffres sont d’ailleurs là pour lattester
même sils décrivent une situation à linstant
« T » sans projection dans le temps. Ce qui
est certain, c’est que les installations se
font fort rares dans de nombreux cantons,
et départements, notamment ruraux.
Comment inverser la tendance ?
en familiarisant le futur ou jeune diplômé
à une activi de proximité au moyen
dune forme de compagnonnage avec
un senior par le biais du tutorat ou de
la collaboration lirale ;
ou en régulant, par léconomie, les flux
d’arrivées et de parts de praticiens
selon leur nombre sur un territoire
donné au moyen de loutil conventionnel.
Le tutorat,
collaboration libérale
L’EXEMPLE DU
TUTORAT EN MASSO-
KINÉSITHÉRAPIE
A l’instar des autres disciplines de
santé, la masso-kinésithérapie est
un compagnonnage. Le « maître »
instruit « l’apprenti » (ici l’étudiant) des
préceptes de son art afin que celui-ci
se perpétue, puis s’adapte aux données
nouvelles de la science. La mission du
maître de stage, du tuteur, s’are donc
être, par principe me, de très haute
tenue. Qui plus est, la relation entre le
maître de stage et le stagiaire s’inscrit
dans un processus glementaire
matérialisé par un décret du
29/04/2009, puis deux arrêtés, le premier
du 29/04/2009 également et le second
du 15/03/2010. Que nous enseignent
ces textes ?
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