Résumé
Ce travail porte sur l’étude de l’évolution de l’état de surface de matériaux optiques
pulvérisés par faisceau d’ions de faible énergie (≤1 keV). Ces matériaux (massifs ou dépôts en
couche mince) sont utilisés pour la fabrication des miroirs d’instruments scientifiques
(terrestres ou spatiaux) ou pour d’autres applications optiques.
Dans la première partie de ce travail, nous avons investigué l’évolution de la rugosité de
surfaces optiques soumises à la pulvérisation ionique dans le cadre du procédé industriel
d’«usinage ionique » (Ion Beam Figuring en anglais). Ce procédé consiste à corriger la forme
de surfaces optiques à l’aide d’un faisceau d’ions (≤1 keV). Un désavantage de la technique
est l’augmentation potentielle de l’état de surface de certains matériaux lors du bombardement
ionique. L’évolution de la rugosité de plusieurs matériaux utilisés dans l’industrie optique a
été caractérisée avec précision en fonction de la profondeur érodée, jusqu’à 5 µm au
maximum. Les pulvérisations ont été réalisées en incidence normale, généralement avec des
ions argon (mais aussi parfois avec des ions krypton ou xénon), des densités de courant de
l’ordre de 1 mA/cm
2
et des énergies comprises entre 200 et 1000 eV. Bon nombre des
matériaux ayant une structure amorphe (verre, dépôt chimique de nickel), monocristalline
(silicium) ou même polycristalline (carbure de silicium CVD, dépôt PVD d’or et nickel)
préservent leur rugosité (du moins pour des profondeurs modérées), alors que d’autres
matériaux métalliques (placage de nickel, aluminium) exhibent une forte augmentation de leur
rugosité avec la pulvérisation ionique.
Un résultat important pour les applications industrielles d’usinage ionique qui a été mis
en évidence dans ce travail est l’évolution différente de la rugosité du carbure de silicium
CVD en fonction de l’énergie des ions. Une augmentation plus rapide à basse énergie (< 500
eV) qu’à plus haute énergie (650-1000 eV) a ainsi été observée. La plus faible révélation de la
structure en grains du matériau avec des ions de plus grande énergie est supposée être due à
une plus grande amorphisation de la couche pulvérisée dans ce cas. L’influence de la masse
des ions utilisés a également été illustrée sur le carbure de silicium (CVD) et sur des couches
minces d’or sur substrat nickel.
Nous avons également comparé nos mesures de rugosité aux lois d’invariance d’échelle.
Des coefficients de croissance β et de rugosité α divers ont été trouvés en fonction des
matériaux et des conditions de pulvérisation, parfois assez éloignés de ceux prédits par
l’équation KPZ.
Dans la deuxième partie, nous nous sommes intéressés à l’étude des ondulations
submicroniques qui se forment spontanément sur la surface d’un grand nombre de matériaux
lors de leur pulvérisation ionique en incidence oblique. Les premières ondulations observées
dans ce travail l’ont été sur des couches minces d’or sur substrat en nickel électroformé
(matériaux typiquement utilisé comme surface réfléchissante pour les rayons X) pulvérisées
avec un angle d’incidence de 80°. Nous avons ensuite étudié principalement sur des couches
minces (~0.2 µm) métalliques d’or et d’argent l’influence des paramètres de pulvérisation
(angle d’incidence, énergie et flux) sur les dimensions de ces structures spontanées. Nous
avons également observé la formation de ces ondulations sur le CdS, un cristal
semiconducteur intéressant pour ses applications optiques.
L’orientation et les dimensions des ondulations mesurées (0.13 à 0.29 µm de longueur
d’onde spatiale) ont été comparées au modèle théorique de Bradley-Harper. Nous avons
utilisé le logiciel SRIM pour estimer la distribution d’énergie déposée et les valeurs des
coefficients de tension de surface. Les résultats observés peuvent s’expliquer en bonne partie