SOC8685 — CRITIQUE ÉPISTÉMOLOGIQUE DE LA DÉMARCHE EN SOCIOLOGIE
Professeur: Jean-François Filion Trimestre: Hiver 2017
Descripteur
Réflexion critique sur les théories contemporaines en sociologie ainsi que sur les principaux courants
épistémologiques dans leur rapport d'émergence à la tradition sociologique. Études de leurs concepts
centraux explicites et implicites; des principes formels du raisonnement sociologique; de la
spécification du champ de la pensée sociologique par rapport aux autres champs disciplinaires.
Présentation
Le présent séminaire a pour but d'alimenter la réflexion épistémologique dans les théories
sociologiques contemporaines. Ce vaste de programme se déroulera à partir des intérêts de recherche
des participants. Ainsi, la première moitié du trimestre reposera sur les épaules du professeur qui
présentera ses recherches relatives à des questions épistémologiques actuelles, tandis que la deuxième
moitié sera l'occasion pour les étudiants de présenter des thématiques épistémologiques qui concernent
le déroulement de leur recherche de maîtrise ou de doctorat. Dans un premier temps, les questions
abordées par le professeur tourneront principalement autour de la réflexion sur le lien entre
épistémologie et ontologie. Cette réflexion débutera avec la présentation du «paralogisme
épistémologiste», tel qu'énoncé par le philosophe Roy Bhaskar. Il s'agira ainsi de comprendre comment
des approches sociologiques assument la spécificité ontologique du monde humain pour tenter de
comprendre les médiations sociosymboliques, ou bien par une phénoménologie interprétative de la
pratique, notamment chez Freitag, ou bien par le raisonnement abductif, proposé par Peirce et
reformulé par Bhaskar afin de surmonter les limites de la déduction et de l'induction propres aux
sciences naturelles tout en maintenant l'idéal de connaître la réalité sociale dans ses tendances
objectives. Par ailleurs, le séminaire sera aussi l'occasion d'explorer la posture épistémologique de la
théorie des systèmes établie par Niklas Luhmann, qui, à l'opposé des courants théoriques précédents,
refuse toute prétention réaliste en assumant un néoconstructivisme radical qui rompt ainsi avec la
subjectivité transcendantale moderne. Enfin, la première partie du séminaire se conclura sur une
présentation d'un débat épistémologique actuel concernant le statut du sociologue au sein de la
sociologie critique. Dans ce débat, on retrouve, d'une part, la posture conventionnelle, présente depuis
Marx et Durkheim mais incarnée récemment par Bourdieu, où le sociologue prétend dévoiler les
mécanismes d'oppression inconscients par les vertus que lui procure la démarche scientifique à laquelle
n'ont pas spontanément accès les opprimés; d'autre part, la nouvelle posture pragmatiste, dont fait partie
la sociologie de la critique de Boltanski refuse l'élitisme du dualisme épistémologique en s'appuyant sur
le principe d'équivalence des savoirs profanes et savants.
Dans un deuxième temps, les étudiants seront invités à aborder des courants théoriques qui s'inscrivent
dans le cadre de leur recherche et qui n'ont pas été présentés dans la première moitié du trimestre. À
titre indicatif, voici des exemples de courants qui pourraient être étudiés dans le cadre du séminaire:
l'épistémologie située, les débats épistémologiques au sein du féminisme contemporain, l'épistémologie
sociale, la sociologie des sciences, l'approche généalogique foucaldienne, l'actualisation de classiques,
la sociologie de la vie quotidienne, les études postcoloniales, le socioconstructivisme, le pragmatisme
phénoménologique ou descriptif, les différentes versions du naturalisme et du matérialisme,
l'individualisme méthodologique, etc.