info patients Info-Patients L’éthique au quotidien Comment informer un patient atteint de sclérose en plaques de son diagnostic T. Moreau* pas fuir cette responsabiPourtant, l’annonce du lité. Une telle attitude ne diagnostic de SEP est ’annonce d’un diagnostic de maladie chronique manquerait pas d’altérer une étape très importanconstitue toujours un épisode cruel dans la vie la relation médecin/malate dans la maladie. d’un individu. C’est encore plus vrai dans la sclérose de dans l’avenir. Au pire, En effet, une “bonne en plaques (SEP), car cette maladie débute chez un adulte elle pourrait entraîner la annonce” établira une relation de confiance jeune en plein projet d’existence familiale ou professionnelle. perte de confiance du patient. médecin/malade de L’évolution est imprévisible, ce qui augmente l’incertitude Le neurologue donnera le longue durée et favoridu patient quant à son avenir. diagnostic au malade luisera l’acceptabilité de la même. Puis, seulement si maladie par le patient. le patient est d’accord, un Bien sûr aucune attitude membre de la famille pourra, en fin stéréotypée, aucune consigne dogmasable que le neurologue revoie son de consultation, participer à l’entretien. tique n’existe pour rendre cette étape de patient quelques jours ou quelques la maladie la moins douloureuse possemaines après cette première consultasible. Il faudra tenir compte de la pertion, et le personnel paramédical (infirsonnalité du malade, de son état psymières, psychologue…) devra aider et chologique, de la qualité de son répondre aux questions du patient dans entourage et de son âge. les suites de cette consultation d’annonce du diagnostic. Les termes de “sclérose en plaques” Il est nécessaire, pour une consultation devront être prononcés de façon franche, d’annonce de diagnostic, de garder les sans détour, accompagnés d’explications patients au moins une heure. Tant pour précises sur la maladie. Mieux vaut abanle patient que pour le neurologue, il est donner les tortueuses digressions sur une donc préférable de choisir, si possible, L’annonce du diagnostic ne sera réalisée hypothétique “atteinte virale”, qui avaient le début de journée. Il paraît tout aussi que si celui-ci est certain, selon les crisouvent cours il y a quelques années. souhaitable de s’assurer que le malade tères classiques de la SEP. Cette nécesLoin de rassurer le patient, elles ajoune sera pas seul le soir chez lui. Hélas, saire prudence doit tenir compte d’une taient l’angoisse du doute à celle de la tendance actuelle à annoncer le diacompte tenu de la fameuse loi dite “de maladie… En revanche, il faut insister sur gnostic précocement pour pouvoir Morton” (celle de l’em… maximum), le pronostic, qui est toujours estimé plus mettre en route une thérapeutique effiles choses ne se passeront pas toujours péjoratif par le patient qu’en réalité. cace le plus tôt possible. Il incombera ainsi… Il est utile d’expliquer au patient qu’il n’y au clinicien de concilier cas par cas ces a aucune précaution particulière à prendre deux impératifs parfois divergents… dans la vie quotidienne et qu’il doit L’annonce du diagnostic ne se limite essayer, autant que faire se peut, d’oublier pas en fait à la simple prononciation des qu’il est porteur de cette maladie. termes de “sclérose en plaques”, mais Le praticien exposera enfin, de façon sucelle se fait sur la durée. Il est indispencincte, sans se perdre dans les détails Difficile privilège, l’annonce du diatechniques, les possibilités thérapeutiques gnostic de SEP mérite d’être faite par le susceptibles de stabiliser la maladie. neurologue qui a vu le malade pour la première fois et a initié les examens À la demande du patient et en fin de complémentaires qui ont permis d’afconsultation, l’entourage pourra jouer un firmer le diagnostic. Le neurologue, rôle bénéfique en posant des questions au * Service de neurologie même non spécialiste de la SEP, ne doit neurologue, que le malade, parfois hôpital de la Croix-Rousse, Lyon. L Comment annoncer le diagnostic ? Quand doit-on annoncer le diagnostic ? Qui doit annoncer le diagnostic de sclérose en plaques ? Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 2, mai 2000 81 info patients Info-Patients “assommé” par l’annonce du diagnostic, ne peut verbaliser. Le conjoint, le parent ou l’ami entendra mieux les réponses. Il pourra être un bon relais du neurologue lors du retour au domicile. Cela permettra au patient de se sentir entouré durant cette période difficile. Sans précipitation ni obligation, les coordonnées d’associations de malades peuvent être indiquées au patient. Conclusion Annoncer un diagnostic de sclérose en plaques à un jeune patient constitue un moment douloureux particulièrement prégnant pour le neurologue. Néanmoins, il ne faut pas fuir sa responsabilité afin de préserver la confiance du malade dans l’avenir. Rapidement, il sera proposé au malade un traitement lourd et contraignant qui ne sera bien accepté que s’il ressent une grande confiance en son neurologue traitant. L’annonce du diagnostic doit être directe mais adaptée en fonction de la personnalité de l’individu et avec beaucoup de tact : le malade SEP “a le droit à la vérité mais pas au désespoir”. Annonce du diagnostic de SEP Quand ? Tôt dans la maladie. Consultation le matin (minimum une heure). Par qui ? Le neurologue qui a initié les examens complémentaires. À qui ? Au malade lui-même. À un membre de son entourage après accord du patient. Comment ? Fermement mais avec tact. Avec explication de la maladie. Revoir le malade une semaine après. Aide du personnel paramédical. L’enjeu Confiance neurologue/malade. Meilleure acceptabilité de la maladie. Abonnez -vous… Abonnez -vous… Abonnez -vous… Abonnez -vous… Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 2, mai 2000 82