isolés, vertiges, blépharospasme ont aussi été signalés. Les
plaintes douloureuses musculaires et articulaires surviennent
parfois dans un contexte dépressif ou sont associées à une
ostéoporose et à une ostéonécrose de hanche. Dans ce der-
nier cas, la notion “d’état aggravé” a aussi été retenue,
compte tenu de l’évolution radiologique. Sous le terme “effets
digestifs” sont regroupés les cas de nausées, de diarrhées, des
élévations modérées des transaminases (3/4 N) et une éléva-
tion de l’amylasémie. Les effets dermatologiques sont repré-
sentés par des rashes survenant lors de l’initiation du traite-
ment et ayant nécessité chez cinq patients un traitement
antihistaminique transitoire et l’arrêt du médicament deux
fois. Des anomalies unguéales, ongles cassants ou incarnés,
sont aussi citées. La sécheresse cutanée isolée n’a été signa-
lée que chez un patient. Le prurit, sans lésion cutanée et sans
hyperbilirubinémie, a été noté deux fois. Dans un cas résis-
tant aux antihistaminiques, une étiologie psychologique a été
suspectée, car l’état s’est nettement amélioré sous traitement
antidépresseur. Les anomalies métaboliques sont essentiel-
lement des hypertriglycéridémies, des hypercholestérolé-
mies, des hyperlipidémies ou mixtes, associées à des lipo-
dystrophies sept fois sur huit. Une hyper- et une
hypothyroïdie ont été diagnostiquées. Dans l’un des cas, le
patient avait reçu longtemps de l’amiodarone. Deux des trois
cas d’anémies modérées (7 à 9 g d’hémoglobine) ont été attri-
bués à des gingivorragies ou à des épistaxis à répétition, révé-
latrices de l’état muqueux. Six cas de gynécomasties, asso-
ciées à deux reprises à un tableau de lipodystrophie, ont été
notifiés. Une femme s’est plainte d’une tension mammaire.
Trois patientes ont présenté des dysménorrhées ou aménor-
rhées. Les troubles de la libido sont signalés dans les deux
sexes. Tous les troubles mictionnels ont été mentionnés chez
des hommes.
Un suivi des effets indésirables est possible pour 127 des
130 notifications (97,7 %), dont 45 des 46 cas “graves”. Un
patient hospitalisé pour chirurgie d’un ongle incarné a été perdu
de vue. Deux patients ayant mentionné des effets subjectifs
jugés non graves (vertiges, prurit) n’en font plus état ensuite.
Pour 78 notifications (61,5 %) l’information est définitive et
complète. L’évolution est favorable pour 78,2 % des effets ; il
existe des séquelles pour 20,5 % d’entre eux, et un seul décès
sans relation avec l’effet indésirable est survenu. Pour 49 noti-
fications (38,5 %), le suivi trimestriel n’a pas encore permis de
conclure (figure 5).
La survenue de séquelles lors de l’évolution de l’effet indési-
rable peut intéresser aussi bien les cas “graves” que les cas
considérés comme “non graves”. Sept des patients hospitalisés
sont concernés : la patiente traitée pour un cancer du rein dont
la fonction rénale est définitivement altérée, les deux patients
opérés pour une ostéonécrose de hanche ou des fractures, les
trois hommes traités pour artérite et un patient dont l’ongle
incarné a nécessité une chirurgie mutilante, tous handicapés sur
le plan locomoteur. Pour les patients ayant présenté des effets
jugés “non graves”, la notion de séquelles a aussi été retenue
sept fois : pour cinq patients dont les modifications morpholo-
giques (lipodystrophies) et les anomalies lipidiques restent
stables et pour deux patients ayant des modifications unguéales
irréversibles, le préjudice esthétique étant pris en compte.
LES TRAITEMENTS REÇUS ET LEURS IMPUTABILITÉS
La durée de l’évolution de l’infection est notée pour 83 patients
(91 %) ; elle est en moyenne de 7,5 ans (médiane 9 ans), avec
des extrêmes allant de 5 jours à 18 ans. Ainsi, les traitements
en cours lors de l’apparition de l’effet indésirable sont des
deuxième ou troisième lignes thérapeutiques chez 52 des
81 patients pour lesquels l’information est précisée (64 %).
Les douze combinaisons thérapeutiques les plus fréquemment
présentes dans les notifications reflètent les pratiques usuelles
de prescription, à savoir l’association de deux inhibiteurs
nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) et d’un inhi-
biteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI) ou
l’association d’une antiprotéase et de deux INTI. L’antiprotéase
est utilisée seule ou avec du ritonavir en booster dans la
moitié de ces cas. L’association de trois INTI ou une multithé-
rapie utilisant les trois classes d’antirétroviraux ne sont identi-
fiées que chez les quelques patients en multi-échec (tableau II).
Le calcul des scores d’imputabilité a été réalisé selon la méthode
française (1) : l’imputabilité intrinsèque calculée pour chaque
médicament fait intervenir le croisement des critères chrono-
logiques avec les critères sémiologiques impliquant le méca-
nisme de l’effet indésirable. Un score d’imputabilité “vrai-
semblable” a été attribué à deux médicaments : l’abacavir
(Ziagen®) pour une toxidermie survenue au 10ejour de traite-
ment, rapidement régressive à l’arrêt de ce seul traitement, et
l’indinavir (Crixivan®) pour la récidive d’une colique néphré-
tique à la reprise du traitement.
Un score “plausible” a été obtenu dans deux cas : pour l’aba-
cavir, pour une hypersensibilité apparue 48 heures après le
début du traitement, évoluant sur deux semaines ; la notion de
la prise antérieure, deux ans auparavant, de deux comprimés
dans le cadre d’un protocole d’essai clinique a été considérée
comme facteur favorisant. Le second cas concerne l’indinavir,
considéré comme responsable de la survenue d’une colique
néphrétique du fait d’une concentration plasmatique trop éle-
vée. L’évolution a été favorable avec une diminution de poso-
logie. Dans tous les autres cas, l’imputabilité intrinsèque est
“douteuse”. Pour 38 antirétroviraux, il faut nuancer le résultat
obtenu malgré des scores sémiologiques ou chronologiques
La Lettre du Pharmacologue - Volume 16 - n
os
4-5 - juillet-octobre 2002
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THÉRAPEUTIQUE