Cours: Introduction à la philosophie de l’esprit, et lecture de textes 2
Université de Fribourg, semestre d’été 2003 Vendredi : 13-17hrs
Quelques différences : (a) concernant la nature (i.e., l’essence) des propriétés
mentales ; (b) la spécification exacte des énoncés en vue de définir ce qui appartient
essentiellement à un esprit ou au fait de se trouver dans l’un ou l’autre état mental – par
exemple, concernant une détermination exacte de ce qu’il faut entendre par ‘inputs’ et
‘outputs’ (voir Beckermann, p. 175ff.) ; (c) touchant à la question de savoir si le F. est après
tout à même de saisir ce qui appartient essentiellement à l’esprit.
Point de départ historique : Hilary Putnam (1967), « Psychological Predicates » (publié
à nouveau plusieurs fois plus tard sous le titre « The Nature of Mental States », e.g. dans David M. Rosenthal
(éd.) The Nature of Mind, Oxford University Press 1991, 197-203; or dans N. Block (éd.), Readings in
Philosophy of Psychology, vol. 1, Harvard University Press 1980, 223-231).
Voir J. Kim (1996): “This paper of modest length changed the debate in philosophy of
mind in a fundamental way by doing three amazing things”:
(1) il aboutissait au détrônement du physicalisme des types, et particulièrement de la
théorie de l’identité des types mentaux et neuronaux (voir cours III)
(2) il donnait naissance au F. qui depuis est devenu l’une des positions les plus
influentes concernant la nature du mental
(3) il aidait l’anti-réductionnisme à devenir une conception reconnue concernant la
nature des propriétés mentales et d’autres propriétés d’un « ordre supérieur » dans les sciences
particulières (par opposition à la science fondamentale ou de base qu’est la physique).
Selon Kim, (1) à (3) résultaient d’une seule et unique idée, à savoir la réalisation
multiple des propriétés mentales.
Pro memoria : L’objection de la réalisation multiple contre la théorie de l’identité des
types mentaux et neuronaux : Selon cette théorie, la douleur, par exemple, n’est rien d’autre
qu’une excitation des fibres-C dans le cerveau.
Par contre, voici quelques considérations en faveur d’une réalisation multiple de
propriétés mentales :
- il y a des organismes capables de douleur mais dotés d’un cerveau bien différent du
nôtre
- des êtres intelligents extra-terrestres (p.ex., des histoires de la science fiction qui sont
compréhensibles de manière cohérente quant à leur déroulement au plan mental)
- des robots
- la diversité des substrats neuronaux, de personne à personne, ou même à l’intérieur
d’une seule et même personne (maturation ; apprentissage ; lésions cérébrales)
En conséquence : La douleur ne peut pas, en tant qu’état mental, être un seul et même
type d’état neuronal.
Quelques précisions concernant la réalisation multiple et la conception fonctionnelle
du mental :
L’idée d’anges comme des êtres purement immatériels : quelle est la portée de cette
idée dans notre contexte ? – En vue d’exclure l’idée d’une réalisation immatérielle de la
mentalité, ou autrement dit, en vue de mettre l’idée de la réalisation multiple en harmonie
avec une conception physicaliste, on propose un « principe physique de réalisation » (voir
Kim, p. 74) qui requiert une thèse métaphysique importante ; voice ce principe :
Si quelque chose x a une propriété mentale M (ou se trouve dans un état mental M)
au temps t, alors x est une chose matérielle et x a M au temps t en vertu du fait que x,
au temps t, a une propriété physique P laquelle réalise M dans x au temps t.