Manifeste pour une économie qui revitalise le territoire Collection Entreprises et économie durables Économie Territoriale Durable Crises financières, écologiques et sociales, délocalisations, bouleversements technologiques, épuisement des ressources naturelles, des matières premières... Malgré cette multiplicité d’enjeux, notre modèle de développement économique reste le plus souvent fondé sur le triptyque "prélever, utiliser/consommer, jeter", insuffisamment, ou mal connecté aux besoins des acteurs du territoire et de ses habitants. C’est aussi le manque d’une stratégie propre au territoire qui est en cause, au-delà du "filet à papillons" consistant à attirer des entreprises sur de nouvelles Zones d’Activités. Or le développement durable offre les conditions pour penser différemment l’économie, inventer de nouveaux modèles, envisager d’autres stratégies permettant de mieux organiser les activités économiques, de réduire la vulnérabilité du territoire. Il nous invite ainsi à repenser la localisation des activités, mais aussi leur conception et leur développement. L’une des voies à explorer, vers une économie territoriale durable, consiste notamment à mieux exploiter et valoriser toutes les richesses du territoire (ressources naturelles, savoirs, savoir-faire, compétences)... c’est-à-dire à tendre vers un système d’activités économiques articulant une large diversité de filières, nourries par les spécificités du territoire, construites et enrichies par l’ensemble de ses acteurs et les territoires voisins, et répondant aux finalités du développement durable. Plus facile à dire qu’à faire, surtout face à l’urgence ! Mais comme toute stratégie de développement économique... et nous ne sommes pas sans exemples sur lesquels nous appuyer ! it stru ●●● Un manifeste con se des idées issues sur la base de la synthè s du Cerdd bat -Dé d’Ateliers 0, octobre 2010) 201 let juil 0, (février 201 production coet d’un processus de et nationaux aux ion rég avec des acteurs istes, nom éco et es aph (géogr du et acteurs des territoires local...). e iqu nom développement éco Quels sont les bénéfices et les clés de réussite de l’économie territoriale durable ? Ce manifeste cherche à vous apporter un premier panel de solutions, toutes éprouvées au sein de territoires qui ont su appréhender l’ensemble de ces enjeux et obtenu des résultats indéniablement positifs. La fragilité du système économique dominant Et si la globalisation était responsable de la rupture entre l’économie et le territoire ? La caractéristique la plus marquante de notre économie est d’être un phénomène global avec une croissance qui a été forte durant les "trente glorieuses", portée par une consommation de masse. Désormais, nous sommes dans ce que Bernard Pecqueur appelle "les trente mutantes", une phase de transition, reposant sur un modèle dont la viabilité est remise en question (érosion de l’emploi local, des ressources naturelles, concurrence et compétition exacerbées sources d’instabilités), sans qu’un nouveau modèle soit érigé en solution. L’économie est insuffisamment ou mal connectée au territoire, à son contexte, à la réalité de ses enjeux. Pourtant le local est réaffirmé comme l’une des échelles d’action pertinente et légitime face aux enjeux globaux, comme pour la lutte contre le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité... La stratégie dominante "d’accueil d’entreprise" est basée sur la ressource fiscale, la mise à disposition de foncier, et les opportunités qui se présentent : elle est incarnée par la logique du "filet à papillons" et la Zone d’Activités, consistant à capter et à attirer, coûte que coûte, les entreprises circulant sur le marché mondial. Intensifiant ainsi l’étalement urbain, la périurbanisation, l’artificialisation des sols... en Nord-Pas de Calais tout particulièrement, où sont dénombrées plus de 900 Zones d’Activités*, dont plus de 70% sont confrontées à un problème de remplissage... et ce, depuis déjà près d’une quinzaine d’années, sans que la course à la création de nouvelles zones ne se freine ! Une problématique récurrente pour les territoires, comme "en Isère, où 800 ha de zone industrielle sont parfaitement viables, flambant neufs, mais vides", rapporte Bernard Pecqueur. De l’emploi... pour les habitants ? La problématique du chômage donne lieu à une hyper-focalisation des stratégies de développement économique sur l’indicateur "emploi". "On en est arrivé à identifier de façon comptable le développement à la quantité d’emplois" précise Bernard Pecqueur. Ainsi, la réflexion stratégique, en amont du développement économique, est parfois réduite à sa portion congrue. Face à l’obligation d’apporter des solutions rapides à la population, tout est mis en œuvre pour faire venir l’emploi dans les territoires, sans toujours en vérifier le sens, la pérennité. Sans toujours se donner le temps d’en vérifier la cohérence avec les perspectives de développement et les préoccupations de durabilité du territoire. Avec, bien souvent, les mêmes résultats : des emplois pas nécessairement en phase avec les compétences réunies au sein du territoire, et par conséquent d’incessantes navettes pendulaires de salariés allant travailler à l’extérieur du territoire. Le pilier économique du développement durable nous invite à "ramener l’emploi près de l’habitant" selon Cécile De Blic, veillant à ce que ce soit le développement qui génère de l’emploi et non le contraire. Du consommateur... à l’usager ? Autre caractéristique révélatrice du système économique dominant, le modèle industriel : longtemps privilégié, il reste partie intégrante du système, et se combine désormais au modèle serviciel pour développer des stratégies économiques englobant le produit, ses usages et les services associés. C’est une nouvelle fois le territoire, ses habitants et la prise en compte de leurs besoins qui deviennent clés dans la perspective d’une économie reterritorialisée et durable... en se basant davantage sur les usages que sur les produits, sur l’utilité et le service rendu que sur le matériel. * Source : PPIGE (Plateforme Publique de l’Information Géographique) Les (nouveaux) modèles économiques Aujourd’hui, à la croisée des chemins entre les notions de développement durable et de développement local, de nouveaux modèles économiques d’entreprises et de territoires émergent peu à peu, en proposant différentes alternatives au modèle dominant, et pouvant nourrir et enrichir l’économie territoriale durable : L’écologie industrielle (ou économie circulaire) consiste à faire des déchets des uns les ressources des autres, et à concevoir ensemble le cycle de production et le cycle de vie des produits. Exemples : Ville de Valenciennes, Association Ecopal L’économie de la fonctionnalité consiste à ne plus privilégier la vente de biens mais plutôt leurs usages et leurs fonctions, en imaginant une offre globale de solutions articulant produits et services. Exemple : Entreprise Xerox L’économie résidentielle (ou économie présentielle) consiste à tirer parti du potentiel de développement économique que représentent les revenus des résidents (actifs qui travaillent sur un autre territoire, personnes retraitées, touristes) du territoire. Exemple : Pays Cœur de Flandre UNE DÉFINITION... Valoriser ses ressources pour plus de cohésion sociale et territoriale Dans la double perspective de rendre moins vulnérables, plus autonomes les activités humaines, et de mieux répondre aux besoins du territoire et de ses habitants, l’économie territoriale durable repose sur la valorisation de toutes les richesses du territoire, qu’il s’agisse de ressources naturelles*, de compétences, de savoir-faire, ou même de patrimoine... Il s’agit d’une économie étroitement liée à une gouvernance impulsée et animée par le territoire, et qui se manifeste à différentes échelles d’échanges entre les acteurs, renforçant ainsi la cohésion sociale et territoriale, mais également les connexions avec les territoires voisins. * dans la limite de la disponibilité de ces ressources et des impacts sur l’environnement de leur valorisation La valorisation des ressources locales se trouve au cœur de l’économie territoriale durable : les spécificités et vocations du territoire constituent la principale richesse et offrent le meilleur potentiel d’un développement économique ancré et en phase avec son territoire. En Pays de Redon et Vilaine, une grappe d’acteurs, les "Articulteurs", a mobilisé et mutualisé ses compétences et ses moyens en plaçant la culture au cœur du développement local. Ce projet de territoire s’appuie sur une économie culturelle, favorisant l’accès à la culture et la lutte contre les exclusions, autour d’une gamme de produits et de services culturels et patrimoniaux. Le territoire a su mobiliser autour de cette spécificité, une large diversité de ses ressources territoriales, à la fois matérielles mais aussi immatérielles : ressources naturelles, savoir-faire, activités productives, capital social, identité et patrimoine, dynamiques et projets locaux... L’enjeu est également de réaffirmer une économie utile socialement, répondant aux besoins de tous les habitants... Ainsi, au sein de la Communauté d’Agglomération du Douaisis, l’agriculture est considérée comme une ressource du territoire de premier plan, avec pour objectif le maintien du potentiel agricole et le développement d’une agriculture vivrière qui se tourne vers l’approvisionnement de la population locale. Jean-Luc Hallé, Vice-Président en charge du développement agricole indique "nous voulions affirmer l’agriculture comme un support de développement économique et social, c’est pour cette raison que nous avons engagé une réflexion sur les circuits courts alimentaires avec l’ensemble des acteurs du monde agricole et local et soutenons directement les producteurs du territoire". Une démarche qui permet de proposer à la population une alimentation produite localement, de qualité, accessible financièrement, tout en développant des activités et des emplois ancrés localement… et contribuant au bien-être de tous et au "mieux vivre-ensemble". Un emboitement des échelles territoriales, où l’échelon local est un "moyen de toucher et d’entrer dans le global", comme l’indique Bernard Pecqueur, de l’Université Joseph Fourier de Grenoble. Ainsi, l’économie territoriale durable représente le socle d’une nouvelle économie reposant sur la complémentarité et les échanges entre territoires voisins, vers un réseau d’économies territoriales durables. La filière bois du Pays des 7 Vallées, par exemple, s’appuie sur une ressource et des compétences locales, qui ont également su trouver leur place dans le contrat de filière forêt-bois Nord-Pas de Calais (expérimentations, R&D, partenariats...), avec pour perspective la création d’un nouvel établissement de valorisation du bois dans les 7 Vallées qui impliquera à son tour de nouvelles compétences et de nouveaux emplois. ... et des pistes à explorer Comment le territoire redevient maître de son L’économie territoriale durable, en visant une reterritorialisation de l’économie, réaffirme la place fondamentale du territoire dans la définition et l’animation de la stratégie économique. Elle offre ainsi la possibilité d’une ré-appropriation des choix économiques par la collectivité locale, et plus globalement, de ses choix de développement. Considérez toutes vos options●●● Ainsi, une telle stratégie réduit la vulnérabilité du territoire face aux aléas et pressions extérieures, donne davantage de poids à ses décisions, et lui apporte un meilleur positionnement en terme d’attractivité. Une opportunité à saisir dans un contexte de réforme des collectivités territoriales ! Avec la "baisse attendue des capacités d’investissements, il va falloir faire des choix et il va bien 1 ●●● en exploitant toutes vos richesses, même les plus anodines ●●● en faisant de vos faiblesses et contraintes autant d’opportunités En effet, une contrainte peut s’avérer être aussi un enjeu collectif, un atout pour une coopération entre acteurs. Sur le territoire de Saint-Omer, véritable réservoir d’eau potable pour le littoral, les usages de l’eau par les entreprises et les collectivités étaient jusqu’à il y a peu un vrai casse-tête... Jusqu’à ce qu’une dynamique partenariale et économique voit le jour : forum eau & énergie, Pôle eau, Cluster AquaPRIS... Bref, jusqu’à ce que la qualité de l’eau redevienne un atout et une compétence revendiquée par les acteurs du territoire. À Dinant, commune wallonne berceau de la dinanderie (travail des métaux : cuivre, laiton...), les élus et les acteurs locaux se sont saisis d’une ressource jusque là ignorée : Adolphe Sax, inventeur du saxophone, y est né au 19e siècle. Une particularité qui, combinée aux activités et aux savoir-faire du territoire, a fait émerger une stratégie de développement économique locale originale autour des instruments, des écoles de musique, des concerts... forte de 1500 emplois. ●●● en cultivant votre héritage : la mémoire substrat du développement "La transformation du territoire ne se fait pas en reniant son histoire", a affirmé Jean-François Caron, Maire de Loos-en-Gohelle, lors de la journée "Loos- Nouez des partenariats "seconde génération"●●● ●●● pour articuler les compétences, rassembler les expertises et réinventer les organisations Tisser des partenariats entre entreprises et collectivités permet d’identifier des espaces de convergence d’intérêts, bénéfiques au territoire et à ses acteurs économiques. Une convergence à rechercher non plus avec un seul et unique opérateur, mais avec la diversité des compétences et des acteurs réunis autour d’un projet et de ses filières. En effet, de telles démarches supposent de faire émerger un compromis entre les intérêts différents voire divergents des acteurs du territoire. En intégrant le raisonnement économique des entreprises locales, le territoire s’assure 2 que leurs projets viennent appuyer le sien, et vice-versa. Dans le Haut Pays d’Artois, c’est une entreprise de menuiserie, Lavogez, soutenue par les pouvoirs publics, qui est l’un des principaux artisans de la filière bois. Avec six confrères locaux, elle a lancé les "Charpentiers du Haut-Pays", une unité ultra-moderne destinée à la construction de maisons 100% bois régional. Un local, propriété de la Communauté de Communes du Canton de Hucqueliers, va accueillir trois machines de pointe, financées par les privés, pour l’usinage du bois. A leurs côtés, "La Maison du Bois", un organisme interprofessionnel, réunit les opérateurs de la filière. Il bénéficie du soutien financier des pouvoirs publics, notamment du Pays des 7 Vallées. 3 4 Pensez ensemble intelligence économique et prospective territoria ●●● en prenant le temps du diagnostic pour ne pas rater l’arrivée Bien souvent le diagnostic, étape préalable à l’action, est bâclé. "Pourtant c’est ce processus qui est probablement le plus important puisque c’est lui qui va susciter l’activité future" indique Bernard Pecqueur. Pour cela, une ingénierie et des moyens d’animation sont nécessaires pour nouer le dialogue avec les acteurs locaux, et ainsi identifier les enjeux, les opportunités, les vocations et les perspectives possibles du territoire... histoire de ne pas passer à côté du "génie du lieu". Mieux, il s’agit, au-delà d’un simple listing des ressources, d’identifier celles qui représentent une opportunité économique au regard des besoins plus globaux du territoire. Exemple avec l’AFME menée à partir de 2005 par la Ville de Lille : son résultat, une véritable photographie des consommations et productions du territoire, a mis en lumière le potentiel de filières en circuits-courts (textile, bois, matériaux de déconstruction...). Tout en veillant à faire converger la stratégie économique et les autres finalités de l’action publique : santé, habitat, bien-être, commerces locaux... et ainsi à réduire les contradictions et les incohérences entre les différentes politiques locales. Redonnez sa place à l’habitant●●● ●●● en le mettant au centre du modèle économique Consommateur, salarié, citoyen, bénévole... : prendre en compte la globalité des besoins de l’habitant permet de répondre à l’ensemble des finalités du développement durable, et surtout, de s’assurer de ne pas générer de nouvelles inégalités sociales ! ●●● en jouant la carte des compétences et des savoir-faire La (re)valorisation des ressources humaines, des savoir-faire et des compétences, contribue, par effet ricochet, à l’essor économique du territoire. Un véritable saut qualitatif, un cercle vertueux en termes de main d’œuvre et d’emplois. Si les délocalisations ont encore le vent en poupe, des entreprises font désormais le choix de la relocalisation en privilégiant la garantie de la qualité et de la réactivité, à la baisse des coûts de production. Une entreprise française de maisons à ossature bois travaillait jusque récemment avec du bois usiné en Roumanie. Mais les contingences politiques, l’instabilité des rythmes de production, l’ont amené à faire revenir sa production dans le Cambrésis : à la clé, 150 emplois industriels qualifiés. développement économique falloir se poser la question de ce que l’on veut faire de l’argent public" affirme Cécile de Blic, du Carrefour des Pays Lorrains. En d’autres termes, optimiser les investissements et leurs retombées, au-delà des seuls critères et enjeux économiques. en-Gohelle, Ville Pilote du Développement Durable" le 28 janvier 2011, "il n’est pas pensable de parler de durabilité sans s’inscrire dans la trajectoire d’une ville." La tentation est souvent forte de faire table rase du passé, en se privant du même coup des ressources culturelles, patrimoniales, humaines du territoire... Articuler passé, présent et futur permet de s’inscrire dans une dynamique, une vision collective pour et par le territoire, à construire progressivement. A Loos-en-Gohelle, "territoire meurtri par le développement non durable de la mine", la collectivité s’est appuyée sur cette contre-ressource pour "tenter d’infléchir sa trajectoire" et ainsi co-construire sa stratégie économique, dont l’un des emblèmes est la Base 11/19, ancien site minier devenu pôle de référence du développement durable. Cette stratégie de "ville-pilote" génère une image positive et attractive du territoire, et, par ricochet, motive l’installation de nouveaux habitants, d’investisseurs, et de commerçants. Ces nouvelles relations entre privé et public se généralisent aussi dans le cadre des marchés publics : exemple en est des procédures de dialogue compétitif favorisant l’introduction des clauses sociales et environnementales dans les appels d’offre. Une solution utilisée pour l’éclairage public des communes de Louvroil, Escaudain, Villeneuve d’Ascq... après Lille, l’initiatrice de cette approche. ●●● avec les territoires voisins, au bénéfice de l’environnement Ecopal, association d’industriels dunkerquois, avait jusque 2007 travaillé ●●● en vous diversifiant pour éviter la spécialisation L’une des spécificités du Pays Moulins de Flandre est la culture du lin qui alimente la filière textile. Afin d’en prévenir les crises cycliques, liées à une baisse de qualité de la fibre, la création d’une filière autour de l’écoconstruction permet de valoriser les stocks sous forme d’éco-matériaux. Sous l’impulsion du Pays, l’ensemble des acteurs concernés (agriculteurs, artisans, teilleurs, experts-techniques...) se sont rassemblés pour développer la filière des lino-matériaux : sensibilisation, formation, R&D, nouveaux débouchés économiques, animation de la filière bâtiment... La mise en réseau des acteurs du lin et la connaissance partagée de ses enjeux est l’ingrédient principal de cette logique de diversification, qui renforce la capacité d’anticipation et d’adaptation du territoire face aux mutations de la société. à une échelle territoriale réduite, autorisant la mutualisation de quelques pratiques entre entreprises d’une même Zone d’Activités, mais pas encore de véritables synergies. Avec son Analyse des Flux de Matières et d’Énergie (AFME) menée à l’échelle de la Flandre, du Calaisis et du Dunkerquois, c’est désormais chose faite : de nouvelles filières vont pouvoir naître des déchets de bois et de matières grasses issus de différentes activités. Et ainsi, réduire les transports de matières et de déchets, optimiser l’utilisation des ressources disponibles. Bref, plus d’échanges entre territoires, pour moins de déperdition de richesses à l’extérieur des zones de coopération. 1 2 ale●●● ●●● en misant sur l’innovation sociale et organisationnelle de Communes Caux Vallée de Seine a lancé un dispositif partenarial d’optimisation des flux de sous-produits du textile, associant élus locaux, grands industriels, Chambre de Commerce, entreprises et réseaux de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS)... Impulsée par la collectivité, cette expérimentation s’engage désormais dans un processus élargi "d’industrialisation qui pourrait représenter 200 à 500 nouveaux emplois" selon Dominique Annetta, Vice-Président de la Communauté de Communes, et faciliter la naissance d’autres filières à l’échelle, désormais, de l’ensemble de l’estuaire de la Seine et de ses cinq Pays. ●●● en tant qu’acteur économique du territoire habitants... la Ville de Rome a créé un espace dédié au développement d’une économie alternative : la Città Dell’Altra Economia. Un abattoir a été rénové en un centre commercial faisant la promotion des ressources et des savoir-faire locaux à l’intention des habitants consom’acteurs : marché de produits biologiques et issus du commerce équitable, finance éthique, énergies renouvelables, tourisme durable, restauration,... Ce projet, très bien approprié par les habitants, continue de se déployer aujourd’hui à l’aide d’un organe consultatif sur l’économie alternative. Expérimenter, développer, généraliser ces innovations économiques : tout l’enjeu réside dans la longévité et les nouvelles formes de dialogue entre acteurs privés et publics. L’innovation sociale, organisationnelle, a des impacts certes moins directs mais beaucoup plus structurants pour le territoire. Ce sont "les sucres lents" du développement économique (selon Pierre Veltz, spécialiste des dynamiques territoriales), par opposition aux sucres rapides, autrement dit l’investissement massif et ponctuel générant des retombées immédiates mais pas nécessairement pérennes. Au travers de sa Démarche Entreprendre en Coopérant, la Communauté Les habitants peuvent contribuer au financement d’activités ancrées dans le territoire, comme avec les Cigales (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire) qui promeuvent des investissements de proximité et solidaires, en faveur d’un développement local durable. Mais les dépenses des habitants ou des touristes sur le territoire représentent un potentiel également sous-exploité : en 2007, après consultation des associations, des entreprises de l’ESS et traditionnelles, des agriculteurs, et 3 4 Les fausses interprétations de l’économie territoriale durable Valoriser ses spécificités, ce n’est pas entrer dans une logique de spécialisation La spécialisation apparaît clairement comme un frein au développement de nouvelles activités en donnant une orientation uniforme à l’économie du territoire. Dès lors, un équilibre est à (re)trouver, entre d’une part, la diversification pour "ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier", et d’autre part, l’orientation des moyens d’animation et d’ingénierie au profit d’une filière. Ainsi, dans les différentes phases de développement d’une économie territoriale durable, les territoires peuvent miser dans un premier temps sur des filières jugées prioritaires, pour ensuite progressivement diversifier les débouchés en donnant naissance à de nouvelles activités, ou encore de nouveaux produits dérivés et services associés... La collectivité se prémunit ainsi contre les aléas d’une filière unique, au profit d’une logique de complémentarité des filières. Rien n’est acquis pour toujours Ni la stratégie d’économie territoriale durable, ni même ses bénéfices, ne peuvent être considérés comme définitivement acquis, sans possibilité d’une remise en cause ultérieure. Le meilleur garde-fou vis-à-vis d’éventuelles crises réside dans la capacité du territoire et de son réseau d’acteurs à innover pour changer de voie, à anticiper sur des bifurcations futures. Même la rupture doit être possible vis-à-vis d’une ressource donnée, et pour cela le territoire se doit de rester connecté aux territoires voisins, et de continuer à impulser de nouvelles opportunités de valorisation de ses richesses. Et donc de tester de nouvelles combinaisons de valorisation de ses ressources humaines et physiques ! Ce n’est pas rechercher l’autarcie L’économie territoriale durable n’est pas un enfermement sur soi et ne recherche pas les conditions de l’auto-suffisance, mais vise au contraire à intégrer et articuler ensemble les différentes échelles de territoires, de systèmes de gouvernance, de trajectoires, de filières et d’activités économiques... Où... nourrir sa réflexion • Cahier n°4 de l’observatoire national des agendas 21 locaux, Repenser l’économie http://observatoire-territoires-durables.org/spip.php?article1034 • Rapport de la Mission d’enquête du Conseil Régional Nord-Pas de Calais, Les finalités de l’intervention publique dans l’économie http://www.nordpasdecalais.fr/srde/telechargement/finalites_intervention_publique.pdf • Rapport d’études du CERTU, Éléments d’économie territoriale et urbaine http://www.observation-urbaine.certu.equipement.gouv.fr/article.php3?id_article=685 • Les notes d’ETD : Economie Résidentielle, Veille économique, Le bois local, etc. http://www.projetdeterritoire.com/index.php/plain_site/Publications/Notes-d-ETD • Gumuchian H., Pecqueur B. (dir), 2007, La Ressource territoriale, Editions Economica, Paris, 252 p. • Zuindeau B. (éd.), 2010, Développement durable et territoire, Septentrion presses universitaires, 518 p. ●●● Retrouvez certai ne expériences citée danss ce document plus détais llé les autres publications du es dans Cerdd : • Les Actes des rencontre s du Cerdd : Territoires d’Activités Du rables (2008), Écologie Industrielle et Territoriale (2009), Journées annuelles du rés eau Projets territoriaux de développe ment durable (2009 & 2010) • Et rendez-vous égalem ent dans les rubriques Économie Durable, Écologie Industrielle et FRAMEE sur www.cerdd.org Pour leur participation aux comités d’échange et de relecture, leurs contributions aux Ateliers-Débats de février, juin et octobre 2010, nous tenons à remercier : Dominique Annetta de la Communauté de Communes Caux Vallée de Seine, Nicolas Boudesseul de la Maison du Bois, Laurent Cordonnier de l’Université de Lille 1, Cécile De Blic du Carrefour des Pays Lorrains, Rémy Delécluse du CNDB, Jean-Marie Fauvel du Pays des 7 Vallées, Bernard Lauverjat de Cambrésis Développement Economique, Bernard Pecqueur de l’Université Joseph Fourier de Grenoble, Vincent Perrot de Vivrao, Gilles Rey-Giraud d’ETD, Michel Tiffon de Caux Seine Développement, Cyrielle Vannieuwenhuyse de Nord Picardie Bois, Bertrand Zuindeau de l’Université de Lille 1. Nous remercions également l’Université d’Artois et en particulier le Groupe de travail "D’Carte" : Laura Dupont, Julie Grioche, Thomas Lemaire, Tony Moitel, Florence Ricart, Sarah Thedrez ainsi que leur enseignant responsable Marc Galochet. Cerdd, Collection Entreprises et économie durables - Manifeste pour une économie territoriale durable, mai 2011 Rue de Bourgogne, Site 11/19, 62750 Loos-en-Gohelle - 03 21 08 52 40 - www.cerdd.org Directeur de la publication : Emmanuel Bertin Rédaction : Antoine Boutonné, Julie Nicolas Crédits photos : Conseil Régional Nord-Pas de Calais, Fotolia Maquette : www.studiopoulain.fr - Imprimé avec des encres végétales sur papier PEFC (Imprimerie Artésienne). Les autres partenaires des projets et activités du Cerdd : Communauté d’Agglomération Lens-Liévin, Gaz de France - Suez, Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités, Environnement et Développement Alternatif, Union Régionale des CPIE, Ville de Valenciennes