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UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
Faculté des Arts et Sciences
Département de sociologie
Jeudi de 13h à 16h Estelle Carde
Local B-3345 Hiver 2017
Pav. 3200 J.-Brillant
SOL 2103
SOCIOLOGIE DE LA SANTÉ
PRÉSENTATION
Si elle peut être identifiée en termes biologiques dans le corps d’un individu, la santé est aussi
un fait social. Elle constitue ainsi, pour le sociologue, un terrain d’étude sur lequel il pose les
questions habituelles de la sociologie, en termes notamment de normes, de rôles attendus ou
de rapports de pouvoir, afin d’y décrypter des enjeux qui traversent toute la société.
Le cours portera successivement sur trois de ces dimensions sociales de la santé :
- les déterminants sociaux de la santé, ou comment la « vie en société » contribue à
exposer les individus aux maladies ou à les en protéger,
- les représentations sociales de la santé, ou comment la socialisation des individus leur
rend intelligible et dicible leur état de santé,
- la prise en charge de la santé, avec les rôles, intérêts et pouvoirs des différents acteurs
sociaux (malades, soignants, État, familles de malades, employeurs, etc.) impliqués
dans la gestion de la santé et de la maladie.
OBJECTIFS
Les objectifs de ce cours sont de familiariser les étudiants avec l’analyse sociologique de la
santé et de la maladie. Ils devront ainsi, à l’issue du cours :
- connaître les grands travaux et modèles développés en sociologie de la san
- être capables d’analyser sociologiquement les enjeux actuels en matière de santé
FORMULE PEDAGOGIQUE
Des textes (articles et extraits de livres) sont à lire pour chaque séance. Ces textes sont
accessibles en ligne, soit sur le site de la bibliothèque de l’UdeM (les liens sont alors indiqués
dans ce plan de cours), soit sur StudiUM (en fichiers pdf).
Chaque séance s’organise autour d’une discussion des textes du jour et d’un cadrage
théorique sous la forme d’un exposé magistral. À l’occasion de certaines séances, des
conférenciers sont invités ou des extraits de documentaires sont visionnés.
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Je reçois les étudiant(e)s sur rendez-vous à mon bureau (C-5106 pavillon Lionel-Groulx,
estelle.carde@umontreal.ca, 514 343 6634). Quand vous m’écrivez un courriel, merci de
préciser que c’est au sujet du cours SOL 2103.
ÉVALUATION
L’évaluation comporte deux examens en classe et un travail de fin de session.
Le premier examen (le 23 février) porte sur la matière couverte jusqu’alors et compte pour
35% de la note finale. Le second examen (le 20 avril) porte sur la matière couverte depuis le
premier examen et compte aussi pour 35% de la note finale. Dans les deux cas, il s’agit de
plusieurs questions courtes et d’une question à développement (environ une page
manuscrite). La question à développement est l’une des quatre possibilités annoncées aux
étudiants deux semaines avant l’examen. Aucun document ou note de cours n’est accepté
pendant les examens.
Le travail de fin de session compte pour 30% de la note finale. Il doit être fait par équipes de
trois étudiant(e)s.
Il s’agit de mener un entretien semi-directif avec une personne porteuse d’une maladie
chronique, puis de présenter :
- 1. les déterminants sociaux de la santé que vous avez éventuellement repérés
- 2. les représentations que cette personne a concernant sa maladie
- 3. le vécu de sa maladie et de sa prise en charge
Il vous est demandé d’analyser brièvement l’entretien au regard de ces trois dimensions du
récit de la personne enquêtée, qui correspondent aux trois parties du cours, puis de choisir
certains aspects qui vous paraissent particulièrement pertinents et de les développer. Insérez
des références d’écrits scientifiques (au moins trois, qui peuvent être issus des lectures à faire
pour le cours). Attention, la littérature grise (rapports administratifs, politiques, etc.) n’est pas
de la littérature scientifique.
Forme :
- Times new roman, 12
- 2 à 3 pages en interligne simple
- Mettre les références scientifiques dans le corps du texte (entre parenthèses, auteur et
date) puis à la fin (complètes et rangées par ordre alphabétique)
- La qualité de l’écriture (orthographe, syntaxe, plan, clarté générale) est prise en
compte dans l’évaluation du devoir
Ce devoir est à remettre
- sous fichier word sur Studium le 2 mai à midi au plus tard
- sous forme papier dans la boîte à travaux du département de sociologie (5ème étage du
pavillon Lionel-Groulx), même jour et même heure
Les travaux rendus en retard sont pénalisés de 2% points par jour ouvrable.
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PLAN DU COURS DÉTAIL
5 janvier : Introduction
Cette séance d’introduction commencera par retracer l’histoire, au cours de la seconde moitié
du 20ème siècle, de la constitution de la santé et de la maladie comme objets d’étude de la
sociologie la sociologie médicale puis celle de la santé. Quelques exemples illustreront
l’application, sur le terrain de la santé, des principaux courants théoriques de la sociologie.
Nous rappellerons ensuite quelques principes de la recherche en sociologie, tels que la
posture du chercheur et la construction de son objet, là encore en les appliquant au terrain de
la santé. La ance se terminera par la présentation du plan de cours.
FASSIN Didier (1990) « Démarche de la recherche » dans Fassin Didier et Yannick Jaffré,
Sociétés, développement et santé, Ellipses : Paris, 287 p., p. 68-86
http://classiques.uqac.ca/contemporains/fassin_didier/demarche_de_la_recherche/demarche_
de_la_recherche_texte.html
BLOC 1 : LES DÉTERMINANTS SOCIAUX DE LA SANTÉ (4 séances)
12 janvier : L’incorporation du social
L’état de santé d’un individu, quelle que soit l’objectivation biologique qui peut en être faite
dans son corps (par l’identification de gènes, de microbes ou encore de cellules cancéreuses),
témoigne de l’organisation de la société dans laquelle il évolue et de la place qu’il y occupe.
Cette « vie en société » qui contribue à le protéger des maladies ou à l’y exposer correspond à
ce que l’on appelle les déterminants sociaux de la santé. Ces derniers suivent différentes
voies pour « passer sous la peau », y compris les voies qui semblent les plus « naturelles »,
comme celle des gènes.
BENOIST Jean (1992) « Une pathologie héréditaire dans un isolat insulaire », Anthropologie,
santé, maladie : autour d’études de cas, AMADES, 142 p., 73-82
http://classiques.uqac.ca/contemporains/benoist_jean/pathologie_hereditaire_isolat/isolat.htm
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Lecture facultative :
MIKKONEN Juha et Dennis RAPHAEL (2011) Déterminants sociaux de la santé : les
réalités canadiennes, Toronto : École de gestion et de politique de la santé de l’Université
York.
http://www.thecanadianfacts.org/
19 janvier : Les inégalités sociales de santé : définition, description, explications
Les inégalités sociales de santé sont des disparités de santé observées entre des groupes
sociaux situés à différents niveaux d’une hiérarchie sociale. Elles témoignent donc de la
structure hiérarchisée de la société. Comment les repérer et les mesurer ? Par quels processus
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les inégalités sociales en viennent-elles à se traduire dans le corps des individus ? Pour le
comprendre, nous prendrons pour exemple les inégalités socio-économiques, de genre et de
race dans lesquelles sont prises les femmes amérindiennes de l’Équateur et qui accroissent
leurs risques de mourir en accouchant.
FASSIN Didier (2001) « Le culturalisme pratique de la santé publique. Critique d’un sens
commun », dans Dozon Jean-Paul et Didier Fassin (dir.), Critique de la santé publique. Une
approche anthropologique, Paris : Balland, coll. Voix et regards, p. 181-208, 362 p.
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers09-03/010027647.pdf
Lecture facultative :
AGENCE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DE MONTRÉAL (2011)
« Rapport du directeur de santé publique. Les inégalités sociales de santé à Montréal. Le
chemin parcouru. Rapport synthèse », 31 p. (sur StudiUM)
26 janvier : Les inégalités sociales de santé : comment les réduire
En partant des explications sur la « fabrication » des inégalités sociales de santé identifiées
dans la séance précédente, nous réfléchirons aux possibles actions visant à prévenir ou
atténuer ces mêmes inégalités. Les difficultés rencontrées par les prestataires de l’aide sociale
pour bénéficier de soins dentaire en dépit des mesures prises en leur faveur nous permettront
de réfléchir aux écueils auxquels se heurte la lutte contre les inégalités sociales de santé.
BEDOS Christophe (2010) « Dans l’œil du professionnel », Revue du CREMIS, 3(2), p. 23-
26
http://www.cremis.ca/dans-loeil-du-professionnel
CHATELARD S. et al. (2012) « Le médecin face aux inégalités sociales de santé : quel
pouvoir d’action ? », Revue Médicale Suisse, 341, p. 1061-1066
http://www.revmed.ch/rms/2012/RMS-341/Le-medecin-face-aux-inegalites-sociales-de-
sante-quel-pouvoir-d-action
RAYNAULT Marie-France et Dominique CÔTÉ (2014) Le bon sens à la scandinave.
Politique et inégalités sociales de santé, Montréal : les Presses de l’Université de Montréal,
chapitre 2, p. 33-40 (sur StudiUM)
Lecture facultative :
OMS (2008) « Combler le fossé en une génération. Instaurer l’équité en santé en agissant sur
les déterminants sociaux de la santé », Genève : Éditions de l’OMS, 40 p.
http://www.who.int/social_determinants/final_report/csdh_finalreport_2008_execsumm_fr.p
df
2 février : Souffrance au travail
Les transformations que connait le monde du travail depuis une trentaine d’années
(précarisation de l’emploi, nouvelles méthodes de management, intensification du travail)
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accroissent la pénibilité du travail : aux facteurs de risque physiques (nuisances sonores et
toxiques, travail à la chaîne, etc.) s’ajoutent en effet désormais des facteurs de risque dits
psycho-sociaux, qui viennent eux aussi fragiliser la santé des travailleurs. Nous envisagerons
ces évolutions sociales qui reconfigurent la souffrance au travail, mais aussi les processus
sociaux qui tendent à la cacher.
GOLLAC Michel et Serge VOLKOFF (2006) « La santé au travail et ses masques », Actes de
la recherche en sciences sociales, 3 (163), p. 4-17
http://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2006-3.htm
LAPERRIÈRE Ève, MESSING Karen et Renée BOURBONNAIS (2010) « « Pour être
serveuse, tu dois avoir toute ta tête » : efforts et reconnaissance dans le service de table au
Québec », Travailler, 1 (23), p. 27-57
http://www.cairn.info/revue-travailler-2010-1.htm
Lectures facultatives :
PURSER Gretchen (2006) « « Que du sale boulot ». Risques et accidents corporels chez les
travailleurs journaliers aux États-Unis », Actes de la recherche en sciences sociales, 5 (165),
p. 52-71
Et, pour aller encore plus loin : ces deux numéros de la revue Actes de la recherche en
sciences sociales :
- 2006/5 (n° 165)
http://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2006-5.htm
- 2006/3 (no 163)
http://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2006-3.htm
BLOC 2 : LES REPSENTATIONS SOCIALES DE LA SANTÉ ET DE LA
MALADIE (2ances)
9 février : Écouter son corps, donner un sens au mal
La perception de symptômes corporels et leur interprétation en termes de maladie sont
socialement situées : elles varient selon les sociétés mais aussi selon la position occupée par
chaque individu au sein de sa société. Ensuite, une fois les troubles perçus et le mal nommé,
il faut donner un sens à ce dernier. Or, si le savoir médical prétend fournir des explications
sur la nature et les causes des maladies, le « sens du mal » et la réponse à la question
« pourquoi moi, pourquoi maintenant ? » restent une élaboration profane. Ces représentations
dites « profanes » de la santé seront étudiées à propos, en particulier, de l’alimentation et de
la douleur.
MATHIOT Louis (2014) « L’alimentation des enfants du point de vue de leurs parents : des
représentations du risque différenciées selon l’appartenance sociale des familles », Sociologie
et sociétés, 46 (2), p. 133-154
http://www.erudit.org/revue/socsoc/2014/v46/n2/1027145ar.pdf
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