
Médecine palliative
310
N° 6 – Décembre 2003
Place de la radiothérapie dans la prise en charge palliative des patients
cancéreux
SYNTHÈSE
ont été délivrées aux patients ayant un bon pronostic.
Ben-Josef [6] a également trouvé une relation dose-ré-
ponse au terme d’une étude compilative de 5 essais ran-
domisés publiés.
L’efficacité antalgique à court terme de la radiothéra-
pie des métastase osseuses est établie mais il persiste des
divergences sur le niveau de dose à délivrer et sur le frac-
tionnement à utiliser. Les études de phase III déjà réalisées
n’ont pas montré de supériorité d’un schéma thérapeuti-
que par rapport aux autres[7-10]. De ce fait, il existe en
pratique une grande diversité des protocoles utilisés. Les
plus courants délivrent 8 Gy en 1 fraction, 20 Gy en 5
fractions ou 30 Gy en 10 fractions, le choix dépendant
en pratique de critères variés tels que les habitudes de
l’institution, les convictions du praticien responsable, la
charge de travail des unités de traitement et les moyen
financiers du service. Les essais qui ont été publiés ont
soit concerné des patients ayant une espérance de vie
brève, de l’ordre de 3 à 4 mois, soit n’ont pas pris en
compte l’espérance de vie des patients dans les critères
d’inclusion. La plupart des études effectuées sur la radio-
thérapie des métastases osseuses ont porté sur l’effet an-
talgique obtenu pendant les 3 mois suivant le traitement.
Au total, la quasi totalité de ces essais a confirmé
qu’une fraction unique de 6 à 10 Gy offrait à court terme
un taux de réponses cliniques similaire à celui obtenu par
des irradiations fractionnées. En revanche, il ressort de ces
études que les résultats à long terme
de la radiothérapie en dose unique ne
sont pas établis puisqu’il n’y a pas de
données fiables disponibles. Les es-
sais randomisés ont également mon-
tré que les ré-irradiations étaient plus
fréquentes chez les patients primo-
traités par une dose unique, mais ils
n’ont pas étudié précisément les mo-
tifs de ces ré-irradiations. Il peut en
effet s’agir de récidives plus précoces ou plus intenses du
syndrome algique après irradiation en dose unique. Il est
également possible, comme l’a suggéré Steenland[11], que
le primo-traitement par une fraction unique ait condi-
tionné un taux plus élevé de ré-irradiations précoces et ce
de façon indépendante de l’intensité de la douleur. Les ré-
sultats publiés sont en faveur d’une réduction du nombre
de fractures pathologiques après irradiation fractionnée
par rapport aux irradiations en dose unique.
Après irradiation, il a été démontré que les cellules
tumorales étaient remplacées par du tissu fibreux se cal-
cifiant progressivement. Une métastase lytique irradiée se-
rait en mesure de se combler par ostéogenèse directe sans
phase chondrogénique préalable, alors qu’une fracture pa-
thologique nécessiterait de passer par une phase de chon-
drogenèse pour pouvoir se consolider. La chondrogenèse
serait donc sensible à la radiothérapie, à la différence de
l’ostéogenèse. Pour cette raison, la radiothérapie réduirait
la consolidation des fractures pathologiques alors qu’elle
serait sans effet sur la guérison des lésions lytiques non
fracturées. Radiologiquement il existe des signes de remi-
néralisation des métastases osseuses lytiques après radio-
thérapie dans 65 à 85 % des cas. Le bénéfice essentiel est
obtenu après radiothérapie précoce des lésions lytiques
vertébrales, pelviennes ou d’autres os supportant le poids
du corps.
Aucune réduction du nombre de compression médul-
laire n’a par contre été mise en évidence.
Irradiation hémi-corporelle
Ces irradiations ont été principalement employées dans
le traitement antalgique des localisations osseuses multi-
ples de myélome, cancer mammaire et prostatique. Ce trai-
tement est indiqué lorsque ces cancers sont en échec de
traitement systémique et que le patient conserve un hémo-
gramme satisfaisant (les éléments granuleux doivent être
supérieurs à 1 800/mm
3
et les plaquettes à 100 000/mm
3
).
Les irradiations osseuses préalables ne constituent pas une
contre-indication.
Les volumes irradiés sont en règle générale :
–pour l’hémi-corps supérieur, étendu depuis l’angle
de la mâchoire jusqu’à l’ombilic : une dose unique de
6 Gy ou une irradiation fractionnée de 12-24 Gy/4-8
fractions ;
–pour l’hémi-corps inférieur, étendu depuis l’ombilic
jusqu’aux genoux : une dose unique de 8 Gy ou une ir-
radiation fractionnée de 15-30 Gy/5-10 fractions.
L’hémi-corps « moyen », étendu depuis le rachis cer-
vical jusqu’au tiers supérieur des fémurs, est plus rarement
irradié car le risque d’hypoplasie médullaire est élevé.
Les résultats antalgiques publiés sont satisfaisants.
Ainsi, on obtient 77 % de réponses dont 21 % de réponses
complètes. L’effet antalgique est obtenu rapidement, en
48 heures chez 50 % des patients répondeurs et en 1 se-
maine chez 80 % d’entre eux, parfois après une brève pé-
riode d’exacerbation du syndrome algique due à l’œdème
radio-induit.
La tolérance immédiate à ces irradiations est globale-
ment très bonne. Les effets secondaires aigus sont surtout
le fait des irradiations hémi-corporelles supérieures. Elles
peuvent entraîner des nausées et vomissements, fièvre et
hypotension et conduisent fréquemment à proposer la
mise en place d’une voie veineuse (alcalinisation), une
prémédication par atropine, anti-émétique et corticoïdes,
ou encore une mise en observation médicale pendant
quelques heures avec surveillance tensionnelle.
La tolérance immédiate des irradiations hémi-corpo-
relles inférieures est excellente. Elles peuvent être réalisées
à titre ambulatoire et ne nécessitent aucune précaution
Les ré-irradiations étaient
plus fréquentes chez
les patients primo-traités
par une dose unique.