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Le chemin à parcourir
clairement que le rattrapage est un processus compliqué. Nous igno-
rons encore comment créer des régimes politiques qui mettront en
place des règles économiques contenant les incitations voulues. Nous
sommes encore loin de comprendre complètement quelle structure
institutionnelle complexe, technologiquement interdépendante, amé-
liorerait le fonctionnement des économies politiques. Les résultats
décevants des efforts en faveur du développement économique en Afri-
que sub-saharienne et en Amérique latine donnent à penser qu’il nous
reste un certain chemin à parcourir avant de pouvoir espérer améliorer
les performances grâce aux institutions que nous créons. Et l’agitation
du monde musulman (à la fois à l’intérieur de ce monde et à ses fron-
tières) jette une ombre épaisse sur les perspectives de l’humanité. Les
troubles de la Russie depuis le début des années 1990 témoignent
hélas des difficultés de la construction d’un nouveau cadre institution-
nel en état de marche. Le processus du changement lui-même est un
facteur aggravant, car il peut rendre les solutions issues de l’expérience
du passé impraticables dans des contextes nouveaux et sans précédent.
Les économistes se cramponnent à un corpus théorique développé
pour traiter les économies avancées du 19
e
siècle, dans lesquelles les
problèmes étaient ceux de la répartition des ressources. Ils persistent à
essayer de l’adapter aux problèmes fondamentaux du développement,
alors que ce corpus est tout simplement inapte à traiter les questions
soulevées dans la présente étude.
IV
Toutes les sociétés à travers l’histoire ont fini par décliner et disparaî-
tre. Certaines, comme Rome, ont duré plusieurs centaines d’années,
d’autres, comme l’Union soviétique, moins d’un siècle. Mancur Olson
affirme qu’en l’absence de révolutions périodiques, les groupes d’inté-
rêt tendent à rigidifier les sociétés et à laminer les gains de productivité
qui sont à l’origine de la croissance. La courte histoire de l’Union
soviétique témoigne des écueils inhérents à un cadre institutionnel
rigide. Ce que j’ai appelé efficience adaptative est une condition per-
manente dans laquelle la société modifie sans cesse ses institutions, ou
en crée de nouvelles, au fur et à mesure que des problèmes se présen-
Chapitre 13 + fin Page 216 Mercredi, 7. septembre 2005 4:06 16