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intègrent pour la première fois dans la musique « savante » des éléments 
ethniques magniant les joies et les drames du peuple… en l’occurrence celui 
d’Europe Centrale. Principe que reprendront au XXème siècle Bartók, Milhaud, 
Ravel et Piazzolla. Quant au amboyant monolithe que représente la Sonate 
en si mineur, il renouvelle totalement la forme fétiche du XVIIIème siècle par 
une morphologie inédite conjuguée à une thématique unitaire originale qui 
développe dans ses extrêmes limites le concept du mono thématisme.
L’orchestre fut l’un des moyens d’expression favoris de Liszt. Il en usa avec 
génie. Son gendre Richard Wagner ne se priva pas de lui ravir sans vergogne 
nombre de ses trouvailles… comme il le t aussi dans le domaine de l’écriture 
harmonique ! A l’actif du compositeur, il faut noter l’invention (reprenant  en 
cela les idées de son ami Berlioz) du « poème symphonique » qui scelle la 
sensuelle osmose entre le verbe et le son, entre le son et l’image… annonçant 
le processus du ballet et peut- être du cinéma ( ?). Les treize partitions 
symphonico-narratives de Liszt annoncent les deux grandes symphonies 
du maître évoquant, par le seul médium orchestral, les épopées de Dante 
et de Faust.
Face cachée du maître,  la musique religieuse est inexplicablement occultée. 
Une soixantaine de pages dont les Messes de Gran, du Couronnement, des 
Motets,  des Hymnes, des Psaumes, des  méditations pour piano ou pour 
orgue, que dominent  les  deux  admirables 
oratorios « La légende 
de Sainte Elisabeth » 
et « Christus » écrits  au  moment  où  Liszt 
se décidait à devenir  abbé. N’hésitant  pas 
à citer le plain-chant,  habilement mêlé à la 
pureté palestrinienne  et  aux  tournures 
les  plus  neuves,  le  compositeur tisse un 
lien ténu entre l’opéra 
(qu’il a délaissé depuis 
l’âge de treize ans) et l’oratorio, froidement abandonné par les Romantiques. 
A ces vastes architectures il faut joindre le poignant « Via Crucis » pour piano 
et chœur, sombre méditation aux reets déjà expressionnistes.
Il serait injuste sous prétexte que nous sommes loin de l’aura d’un Schubert 
ou d’un Schuman de ne pas s’arrêter sur les quelques 80 lieder ou mélodies 
que Liszt composa sur des textes allemands (Gœthe), français (Hugo et 
Gautier) ou italiens et qui recèlent de pures merveilles tant au niveau musical 
qu’à celui de l’expression.
D’une générosité sans faille, d’une profonde humanité, - cela est beaucoup 
moins connu -Liszt a consacré une grande partie de son temps et de son 
génie à la diffusion des ouvrages d’autrui. Compositeurs du passé ou collègues 
contemporains, Liszt a permis de faire connaître et apprécier des pans entiers 
de la musique occidentale. Il faut bien observer qu’au XIX
ème
 siècle, ni radio, ni 
enregistrements ne permettaient de divulguer la musique. La seule manière de 
l’approcher en dehors du concert ou du spectacle était donc de la faire vivre 
par des adaptations que l’on interprétait dans les salons. Sur les 686 opus 
de Franz Liszt, 335 sont des transcriptions ! Ces pages venues d’ailleurs se 
répartissent en plusieurs catégories qu’il convient de bien distinguer.
L’orchestre fut 
l’un des moyens 
d’expression 
favoris de Liszt. Il 
en usa avec génie.
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