évaluer le recrutement et la croissance folliculaire, ajuster
quotidiennement le traitement de chaque patiente et pro-
grammer le déclenchement de l’ovulation. En effet, le mo-
nitorage de l’ovulation est important, au cours des cycles
sans ponction d’ovocyte (programmation d’une insémina-
tion intra-utérine, de relations sexuelles ou du replacement
d’un embryon cryopréservé) et au cours des cycles stimu-
lés (qui associent aux inducteurs de l’ovulation un ago-
niste ou un antagoniste de la GnRH (gonadotropin re-
leasing hormone) dans le cadre de la fécondation in vitro
et transfert d’embryon (Fivete). Les différentes hormones
nécessaires à ces évaluations sont l’estradiol, la progesté-
rone et la LH. Nous proposons dans cette revue de définir
l’intérêt de chacun de ces paramètres et de discuter les
difficultés d’interprétation des résultats. Ces problèmes
sont essentiellement liés à la multiplication des techniques
de dosage et à leur manque de standardisation.
Évaluation de la réserve ovarienne
Différentes approches peuvent permettre d’évaluer la ré-
serve folliculaire ovarienne de la patiente de manière à
prévoir la qualité ovocytaire [1].
L’échographie
Effectuée au début du cycle menstruel, elle permet de
visualiser le nombre de follicules antraux susceptibles
d’être recrutés au cours de la stimulation [2].
Le bilan hormonal
Le but du bilan hormonal est d’essayer de classer les
patientes afin de choisir le protocole d’AMP le plus appro-
prié. Cependant, seule la réponse ou non à la stimulation
confirmera ensuite la pertinence du choix. Il est réalisé au
tout début de la phase folliculaire d’un cycle menstruel (j3
ou j4). Il comprend actuellement le dosage de quatre hor-
mones : FSH, estradiol, LH et inhibine B. Les concentra-
tions obtenues sont plus discriminantes que l’âge de la
patiente [3-5]. Une autre molécule, l’AMH, peut égale-
ment rendre compte de la réserve folliculaire ovarienne.
FSH
Une élévation de la FSH, malgré la présence de cycles
réguliers, est connue en péri-ménopause et chez les patien-
tes ayant des échecs répétés en FIV. Elle est associée à une
diminution du taux de grossesses évolutives [1, 6]. Sa
concentration à j3 du cycle menstruel semble bien refléter
l’âge physiologique des ovaires [3] ; elle est fortement
corrélée au nombre de follicules antraux visibles à l’écho-
graphie (r = 0,29 ; p < 0,001) [7]. Cependant, le dosage de
la FSH pose un certain nombre de problèmes liés aux
fluctuations observées d’un cycle à l’autre chez une même
patiente [6, 8], à la complexité structurale des glycoprotéi-
nes, à l’existence d’un important polymorphisme physio-
logique (pour la FSH il existe au moins vingt isoformes
circulantes différentes) et à la spécificité des immunodosa-
ges qui sont tous de type sandwich, avec au moins un
anticorps monoclonal (et parfois deux) reconnaissant tout
ou partie de la FSH circulante. Enfin, les discordances
entre techniques [9] peuvent résulter également de problè-
mes d’étalonnage, car malgré l’existence d’un étalon inter-
national de FSH, les réactifs sont calibrés avec des étalons
secondaires dont la concentration est corrélée à l’étalon
international, et des facteurs de correction permettent le
calcul des résultats. Cette variabilité peut être illustrée par
les résultats des différents contrôles nationaux de qualité
français dont un exemple est présenté dans la figure 1 [10].
Par ailleurs, une étude réalisée dans une population de
femmes jeunes et fertiles désireuses de participer au pro-
gramme de don d’ovocytes de notre centre d’AMP, nous a
permis de montrer que les résultats obtenus, pour le do-
sage de la FSH à j3 du cycle, par six techniques de dosage,
sont statistiquement différents [11]. Le tableau I présente
les méthodes de dosage étudiées, le nombre d’échantillons
analysé et les résultats obtenus.
Estradiol
L’équipe de Licciardi a été la première à s’intéresser à
la valeur prédictive de l’estradiol au troisième jour du
cycle. Elle montre qu’une concentration > 220 pmol/L
(> 60 pg/mL) est associée à une diminution du nombre
d’ovocytes et que, quel que soit l’âge de la patiente, il n’y
a pas de grossesse quand l’estradiolémie à j3 est
> 275 pmol/L (> 75 ng/mL) [4]. Ce dosage est aujourd’hui
réalisé par différentes techniques directes et automatisées
assez mal corrélées entre elles [12-14] et pour lesquelles
on observe une importante dispersion des résultats
(figure 1). Elles ont été mises au point pour le suivi des
Tableau I. Comparaison des moyennes et des écarts-types (DS)
pour la FSH à j3 du cycle menstruel dosée chez une population
de femmes jeunes et fertiles, par six méthodes d’immunoanalyse
(d’après [11])
Méthode n Plage de
concentration
(mUI/mL)
Moyenne
(DS)
(mUI/mL)
Elecsys 2010 (Roche Diagnostics) 77 3,2-17,4 8,8
a
(3,0)
FSH Coatria
125
I (Bio-Mérieux) 82 3,1-15,8 6,5
a
(2,2)
Advia-Centaur (Bayer Diagnostics) 99 3,4-18,4 6,8
b
(2,7)
Architect i2000
(Abbott Laboratories)
129 3,6-21,5 8,2
b
(3,3)
Vitros Eci
(Ortho-Clinical Diagnostics)
133 2,8-19,8 6,9
b
(3,0)
ACS-180 (Bayer Diagnostics) 215 3,4-20,8 7,6
a, b
(3,0)
Le test de t-apparié de Student a été effectué entre ACS-180/Coatria
125
I, ACS-
180/Elecsys 2010, Coatria
125
I/Elecsys 20010 ; a < 0,001 et ACS-180/Vitros ECi, ACS-
180/Architect i2000, ACS-180/Advia-Centaur, Vitros Eci/Architect i2000, Advia-
Centaur/Architect i2000 ; b < 0,001.
revue générale
Ann Biol Clin, vol. 61, n° 5, septembre-octobre 2003534
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