LH La LH (luteinizing hormone ou hormone lutéinisante) est une hormone polypeptidique sécrétée selon un mode pulsatile par les cellules gonadotropes hypophysaires, au niveau de l’antéhypophyse. C’est une glycoprotéine de masse relative environ 38 kDa, constituée de deux chaînes α et â, liées par liaison non covalente. La chaîne α est commune aux autres hormones antéhypophysaires (FSH, TSH), la chaîne â et la glycosylation conditionnent l’activité biologique et immunologique spécifique de la LH. La sécrétion de la LH est sous la dépendance d’un facteur hypothalamique, la LH-RH, hormone libératrice de l’hormone lutéinisante ou GnRH, hormone libérant les gonadotropines. Le rétrocontrôle de la sécrétion de LH dépend de la sécrétion pulsatile de la LH-RH, des taux circulants de LH et des stéroïdes sexuels. La demi-vie plasmatique de la LH circulante est brève (20 minutes). Le récepteur de la LH est commun à celui de l’hCG et est présent sur les cellules de la thèque interne, sur les cellules de la granulosa à partir du stade préovulatoire chez la femme et sur les cellules de Leydig chez l’homme. Le catabolisme de la LH est hépatique après désialylation, l’élimination est urinaire ou par internalisation au niveau des organes cibles. Les dosages sériques de LH sont réalisés par des techniques de type « sandwich » immunométriques, la molécule de LH étant reconnue par deux anticorps monoclonaux préparés contre des sites antigéniques éloignés l’un de l’autre. Ces techniques éliminent les réactions croisées avec les autres peptides porteurs de la même chaîne α. Certains dosages immunométriques ont parfois été pris en défaut et ne détectaient pas la LH, d’où la notion de LH « invisible » (affinité insuffisante ? spécificité des anticorps ?), mais biologiquement active, contrastant avec un taux normal de FSH. Les demandes de dosages de LH sont souvent associées aux dosages de FSH, sauf dans le cadre des stimulations ovariennes. Chez la femme, la LH agit conjointement avec la FSH pour stimuler l’ovulation. La LH stimule la croissance terminale du follicule dominant. Les estrogènes exerçant un rétrocontrôle positif au niveau hypothalamique et hypophysaire, un pic de LH est sécrété, déclenchant 36 heures plus tard la rupture du follicule mûr, classiquement vers le 12–13e jour du cycle. Après l’ovulation, la sécrétion de LH induit la sécrétion de progestérone par le corps jaune. Lors du cycle menstruel, la pulsatilité et l’amplitude sont variables : environ un pulse toutes les 90 minutes en phase folliculaire précoce, toutes les 70 minutes au moment du pic ovulatoire. L’amplitude des pulses est minimale en phase folliculaire et maximale en phase lutéale précoce. Avec l’âge, l’épuisement progressif du capital ovocytaire entraîne une diminution progressive des sécrétions de progestérone, puis d’estradiol ; les taux de FSH s’élèvent alors progressivement, puis ceux de LH, et l’aménorrhée s’installe : c’est la ménopause, où le tableau biologique classique présente des taux élevés de FSH et de LH, associés à des taux effondrés d’estradiol. L’extrême variabilité hormonale observée en période de périménopause ne permet pas d’affirmer une « ménopause » au vu des taux de FSH, de LH et d’estradiol : seule une aménorrhée datant de plus de 1 an ou plus chez une femme d’environ 50 ans permet de poser un diagnostic définitif de ménopause. Les taux sériques de LH chez la femme sont variables en fonction de son âge et de la période de son cycle menstruel. Lors de l’exploration d’une femme pour hypofertilité, il est conseillé d’effectuer le prélèvement sanguin en début de cycle, vers le 4e–5e jour du cycle. Les valeurs sont pour un taux de base, à titre indicatif : • phase folliculaire : 2,4 à 12,6 UI/l ; • ovulation : 14 à 95,6 UI/l ; • phase lutéale : 1 à 11,4 UI/l ; • après ménopause : 7,7 à 60 UI/l. Dans le cadre de l’aide médicale à la procréation, le dosage de la LH est utile pour suivre la désensibilisation hypophysaire par les analogues de la LH-RH (Decapeptyl®, triptoréline, Suprefact®, buséréline…). Cet hypogonadisme induit permet de stimuler, grâce à l’emploi de FSH recombinantes, le recrutement et la maturation des follicules sans pic sécrétoire de LH, jusqu’à la date préprogrammée de l’ovulation déclenchée artificiellement par une injection d’hCG. Le monitorage de ces ovulations est assuré conjointement par des dosages de LH et d’estradiol, associés à des contrôles échographiques des ovaires, pour repérer et apprécier la croissance des follicules recrutés. Chez l’homme, la LH intervient de manière indirecte mais indispensable dans la spermatogenèse en stimulant les cellules de Leydig du testicule, qui expriment à leur surface le récepteur de la LH et la sécrétion de la testostérone. La LH est indispensable au maintien d’un taux intratesticulaire élevé de testostérone, nécessaire à la spermatogenèse. La pulsatilité de la LH est stable, la fréquence des pulses est de l’ordre de un toutes les 60 à 90 minutes, mais de faible amplitude. La sécrétion de la testostérone est ainsi pulsatile, néanmoins « tamponnée » par la liaison aux protéines de transport, type SBP. Les valeurs usuelles, à titre indicatif, chez l’homme, pour un taux de base, sont de 1 à 10 UI/l. Tableau 4. Valeurs de la LH chez la fille, pour un taux de base Âge (ans) <2 2–5 6–12 9–13 10–15 12–17 I I II III–IV Réglées 0,3–1,2 0,3–2 0,5–2,5 0,5–4,5 2,1–9,5 Stade pubertaire LH (UI/l) 0,4–1,5 Tableau 5. Valeurs de la LH chez le garçon, pour un taux de base Âge (ans) <2 2– 4 5–7 8–10 11–13 11–15 I I I II III–IV < 1,5 < 1,5 <2 0,5–3 1–14,3 Stade pubertaire LH (UI/l) < 0,2 < 1,5 Chez l’enfant, les dosages de FSH, associés à ceux de LH, sont couramment prescrits lors de l’exploration de troubles pubertaires. L’axe hypothalamo-hypophysaire subit d’abord une première activation dans la période néonatale (4–6 premiers mois de vie), puis une période de quiescence avec des valeurs observées très basses de FSH et de LH. Vers 8–10 ans, sous l’influence de la LH-RH hypothalamique, les taux de FSH, puis ceux de LH augmentent dans le sang circulant au cours des 2 années précédant l’apparition des caractères sexuels secondaires. Les taux de base présentent de grandes variations inter-patients, avec des chevauchements entre les différents stades pubertaires décrits par Tänner. Le développement pubertaire est caractérisé par l’apparition d’une sécrétion pulsatile de LH au cours de la nuit, en relation avec les phases de sommeil paradoxal, et par la constitution d’une réserve hypo- 13–18 physaire en LH, qui peut être mise en évidence lors du test de stimulation par la LH-RH. Les valeurs usuelles, à titre indicatif, sont décrites pour les enfants, en fonction des stades pubertaires, aux tableaux 4 et 5. ☞ ( Estradiol (17β), FSH, Progestérone, Sous-unité α libre, Stades pubertaires, Test à la LH-RH, Test au citrate de clomifène Bouchard P, Kipfer-Coudreau S. Gonadotrophines : structure, physiologie, indications thérapeutiques. In : Blanc B, Porcu G. Stérilité. Rueil-Malmaison : Arnette, 2002 ; pp. 37-45. Dubest C, Pugeat M. Gonadotrophines hypophysaires : physiologie et exploration fonctionnelle. EMC- Endocrinologie-Nutrition 2005 ; 10-017-0-10, 8 p.