Probl`eme de mécanique Précession du périhélie de Mercure

Pr´eparation `a l’Agr´egation de Sciences Physiques Fran¸cois Levrier
ENSP - Montrouge
Probl`
eme de m´
ecanique
Pr´ecession du p´erih´elie de Mercure
1er d´ecembre 2005
Ce probl`eme, qui est bas´e en partie sur celui pos´e au concours d’entr´ee `a l’ENS en 1993, est con-
sacr´e `a l’´etude de l’´evolution lente des param`etres des orbites des plan`etes, en s’int´eressant plus
particuli`erement `a l’exemple de Mercure. Ces ´evolutions lentes, `a l’´echelle de la centaine de mil-
liers d’ann´ees, portent le nom d’´evolutions s´eculaires. Elles sont dues `a l’attraction mutuelle des
plan`etes, qui perturbe leur mouvement de Kepler autour du Soleil. Ces perturbations, qui agis-
sent en particulier sur l’excentricit´e des orbites elliptiques, seront examin´ees `a l’ordre le plus bas.
Le probl`eme est organis´e de la mani`ere suivante:
La premi`ere partie est consacr´ee `a l’´etablissement des ´equations et relations valables dans le cas
du mouvement keplerien, ainsi qu’`a la mise en place du probl`eme `a ncorps. La deuxi`eme partie
pr´esente la m´ethodologie des perturbations s´eculaires, et son application `a l’´etude de l’´evolution
de l’excentricit´e de Mercure. La troisi`eme partie porte sur un raffinement du mod`ele permet-
tant de calculer plus correctement l’influence perturbatrice des plan`etes ext´erieures. Enfin, la
quatri`eme et derni`ere partie pr´esente le calcul de l’avance du p´erih´elie de Mercure dans le cadre
de la th´eorie de la relativit´e g´en´erale, sans bien sˆur qu’une connaissance quelconque de celle-ci
soit n´ecessaire.
Dans tout le probl`eme, on se placera dans un r´ef´erentiel centr´e sur le Soleil S, et fixe par rap-
port `a la sph`ere c´eleste. Ce r´ef´erentiel sera suppos´e galil´een et muni d’un syst`eme d’axes (Sxyz)
formant un tri`edre trirectangle direct, de vecteurs unitaires ux,uyet uz. On supposera que le
plan (Sxy) est celui de l’´ecliptique, contenant les trajectoires des diff´erentes plan`etes, qui seront
donc suppos´ees coplanaires. Chaque plan`ete sera assimil´ee `a une sph`ere homog`ene, et rep´er´ee
par son rayon vecteur ripar rapport au Soleil, de coordonn´ees cart´esiennes (xi, yi) et de coor-
donn´ees polaires (ri, θi), ´etant entendu que l’axe polaire θi= 0 est confondu avec l’axe (Sx). En
premi`ere approximation, la trajectoire d’une plan`ete iest une orbite keplerienne, ecrite dans
le sens direct ˙
θi>0, avec une vitesse vi. On notera miles masses des plan`etes et Mcelle
du Soleil, avec bien entendu miM. Pour simplifier les ´equations, on posera α=GMet
αi=Gmi. De plus, on notera rij =rjrile vecteur reliant la plan`ete i`a la plan`ete j, et rij
son module. Enfin, dans le cas o`u l’on ne consid´erera qu’une seule plan`ete en orbite autour du
Soleil, on pourra se passer des indices.
On rappelle la formule du double produit vectoriel: A(BC) = (A.C)B(A.B)C
Les int´egrales elliptiques compl`etes du premier ordre K(m) et du deuxi`eme ordre E(m) sont
K(x) = Zπ/2
0
dθ
p1x2sin2θE(x) = Zπ/2
0p1x2sin2θdθ
On a alors les relations
(1 + x)K(x) = K2x
1 + xet dK
dx=1
xE(x)
1x2K(x)
On donne ci-dessous les valeurs num´eriques qui pourront servir dans les calculs:
Plan`ete m(M)a(UA) T(ann´ees) e
Mercure 1.66013679 1070.38709893 0.2408 0.20523069
Venus 2.44783959 1060.72333199 0.6152 0.00677323
Terre 3.04043274 1061.00000011 1.0000 0.01671022
Mars 3.22714936 1071.52366231 1.8809 0.09341233
Jupiter 9.54790662 1045.20336301 11.862 0.04839266
Saturne 2.85877644 1049.53707032 29.458 0.05415060
Uranus 4.35540070 10519.19126393 84.01 0.04716771
Neptune 5.17759138 10530.06896348 164.79 0.00858587
2
Premi`
ere partie
Pr´eliminaires
I - 1. On ne consid`ere pour l’instant qu’une seule plan`ete, en orbite autour du Soleil. La
relation fondamentale de la dynamique appliqu´ee au centre de masse de la plan`ete s’´ecrit
d2r
dt2=αr
r3.
Montrer que le vecteur σ=rvest constant. Exprimer le module σde σen coordonn´ees
polaires, et donner son interpr´etation g´eom´etrique en terme d’aire balay´ee par le rayon vecteur.
I - 2. En posant u=r1, montrer que la relation fondamentale de la dynamique s’´ecrit
d2u
dθ2+u=α
σ2
I - 3. En d´eduire que le trajectoire r(θ) de la plan`ete est donn´ee par l’´equation d’une cˆonique
r=p
1 + ecos (θθp).
o`u p,eet θpsont des constantes, appel´ees respectivement param`etre de la cˆonique, excentricit´e
et argument du p´erih´elie.
I - 4. L’´energie totale par unit´e de masse Eest d´efinie par
E=v2
2α
r.
Exprimer E`a l’aide de l’´equation polaire r(θ), en utilisant la valeur de ˙
θtrouv´ee au I - 1.
Montrer que Eest constante, n´egative et en d´eduire que la trajectoire est une ellipse. Donner la
valeur du demi grand axe de cette ellipse, not´e a, en fonction du param`etre pet de l’excentricit´e.
Exprimer σ,E, ainsi que la eriode Tdu mouvement, en fonction de a,eet α.
I - 5. On d´efinit le vecteur epar
e=vσ
αr
r.
3
Montrer que ce vecteur est constant au cours du mouvement. En l’explicitant en un point par-
ticulier de la trajectoire, montrer que ea pour coordonn´ees cart´esiennes (ecos θp, e sin θp). On
nommera par la suite evecteur excentricit´e.
I - 6. On consid`ere maintenant nplan`etes Pi, avec 1 6i6n.´
Ecrire les ´equations du
mouvement des plan`etes, en incluant les attractions gravitationnelles mutuelles.
I - 7. On d´efinit l’´energie totale Eipar unit´e de masse et le vecteur excentricit´e eide la
plan`ete Pipar les mˆemes formules qu’aux questions pr´ec´edentes lorsqu’on n´egligeait l’interaction
des plan`etes. Montrer que les d´eriv´ees de Eiet eipar rapport au temps s’´ecrivent
dEi
dt=X
j6=i
αj
rij .vi
r3
ij
et dei
dt=X
j6=i
αj
α"rij
r3
ij (rivi) + vi ririj
r3
ij !#.
V´erifier que ces quantit´es sont bien conserv´ees lorsqu’aucune plan`ete Pjne vient perturber
l’orbite de Pi.
Deuxi`
eme partie
Perturbations s´eculaires
Les ´energies Eiet les vecteurs excentricit´e ei, constants lors des mouvements des plan`etes Pi
suppos´ees seules, ou “mouvements non perturb´es”, varient `a cause de leurs attractions mutuelles,
suivant les lois trouv´ees en I - 7. On note formellement ces lois sous la forme
dX
dt=G({ri},{vi}),
o`u Xrepr´esente l’ensemble des quantit´es constantes lors du mouvement keplerien non perturb´e
(´energie, excentricit´e, ...) et Gla perturbation due `a l’attraction mutuelle. On utilise une
m´ethode perturbative:
(1) On remplace, dans la perturbation G, les trajectoires exactes par les trajectoires non per-
turb´ees, ´etudi´ees dans la premi`ere partie.
(2) On d´esire ´etudier l’´evolution des grandeurs Xsur un temps long. Aussi introduit-on la
moyenne dans le temps d’une quantit´e quelconque Y, not´ee hYiet d´efinie simplement par
hYi= lim
τ→∞
1
τZτ
0
Y(t)dt.
4
On remplace alors la quantit´e Gpar hGiet l’on ´ecrit donc
dX
dt=hG(r1,v1;r2,v2)i.
(3) Une fois la perturbation Gcalcul´ee `a l’aide des trajectoires non perturb´ees et moyenn´ee dans
le temps, le r´esultat ne peut ependre que des grandeurs Xelles-mˆemes. On obtient alors une
´equation d´evolution de ces grandeurs X, sur une ´echelle de temps longue cette fois. Trait´ees de
cette fa¸con, on appelle les perturbations obtenues perturbations s´eculaires, et les ´evolutions des
grandeurs X, ´evolutions s´eculaires.
II - 1. On consid`ere une ´equation diff´erentielle mod`ele, de la forme
dX
dt=ωX(1 + cos (ωt)),
o`u 1 est un param`etre quantifiant la perturbation. R´esoudre cette ´equation exactement,
puis `a l’aide de la proc´edure perturbative d´ecrite ci-dessus. Comparer les r´esultats et commenter.
II - 2. Dans la suite, on consid´erera l’´evolution eculaire des param`etres orbitaux (´energie
et vecteur excentricit´e) attaces `a une plan`ete en particulier, qu’on notera P1. Justifier que la
proc´edure d´ecrite ici permet de consid´erer la perturbation totale de E1et e1comme une simple
superposition lin´eaire des perturbations engendr´ees par chacune des autres plan`etes. On pourra
donc se contenter de traiter le cas n= 2, ce qu’on fera dans la suite.
II - 3. On consid`ere une fonction g(r1) d´ependant donc de la position de la plan`ete P1seule.
Montrer, `a l’aide de I - 1, que la valeur moyenne hgi, ´evalu´ee sur les trajectoires non perturb´ees,
s’explicite en utilisant l’´equation polaire r(θ), par une formule int´egrale ne faisant intervenir que
des fonctions de θ.
II - 4. En d´eduire qu’une telle moyenne hgirevient `a remplacer la plan`ete P1par une dis-
tribution de masse lin´eique µ(s), qu’on pr´ecisera, o`u sesigne l’abscisse curviligne le long de
l’ellipse.
II - 5. Dans l’optique des questions II - 9 et II - 10, on va calculer ici un certain nombre de
moyennes sur les orbites non perturb´ees. On consid`ere donc une plan`ete seule, sur une orbite
keplerienne de demi grand axe aet d’excentricit´e e, suppos´ee petite devant un. Montrer alors
qu’`a l’ordre un en excentricit´e, et quels que soient les entiers (p, q, n) × × , on a, en
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