L’Hevea brasiliensis. Plante à caoutchouc.
Historique.
Le premier ouvrage connu, mentionnant les usages d’une gomme caoutchouteuse, parut à Séville en 1615 de la plume de
TORQUEMADA sous le titre de « Monarchia indiana ». Ce sont cependant deux savants français qui vont révéler les
propriétés de cette nouvelle matière en 1736 et imposer le nom de caoutchouc (de l’indien caüchû), à savoir C.M. de LA
CADAMINE, chimiste en mission au Pérou et l’ingénieur FRESNAU en poste à Cayenne (Mémoire sur une résine
élastique nouvellement découverte à Cayenne et sur l’usage de divers sucres laiteux d’arbres de la Guyane ou France
équinoxale). En 1775, dans son ouvrage « Plantes de Guyane », FUSEE-AUBLET, un autre chimiste français, décrira
pour la première fois et de manière précise les caractères botaniques de l’Hevea brasiliensis.
Le mémoire de FRESNAU intéressera les esprits ingénieux et, dès 1791, le Suédois P.J. BEREVIS utilisait déjà un
mélange à froid de soufre et de gomme de façon à enlever à cette dernière ses propriétés poisseuses. Vers 1820, des objets
fabriqués en caoutchouc par des Indiens d’Amazonie seront importés en Amérique du Nord. En 1839, pour pallier à la
dégradation observée es objets en caoutchouc, le chimiste américain GOODYEAR créera la vulcanisation, base de toutes
les possibilités industrielles modernes, lesquelles entraîneront dans leur sillage toute l’expansion des plantations
industrielles d’Hevea. Une autre date importante à souligner est l’invention des chambres à air faite par DUNLOP en
1888, à la naissance de l’industrie automobile, qui deviendra rapidement, la plus grande consommatrice de caoutchouc.
Avant 1900, le Brésil était le principal fournisseur de caoutchouc, ce dernier provenant essentiellement de la saignée des
arbres sauvages ; mais dès 1860, l’économiste anglais COLLINS avait mis en garde le monde industriel contre le danger
d’un approvisionnement difficile au départ des seuls peuplements naturels. L’idée des grandes plantations industrielles
était née, mais celles-ci ne verront pas le jour au Brésil, mais bien dans les colonies des pays industrialisés, en Asie tout
d’abord (Ceylan, Malaisie, Indonésie et Indochine), grâce à la sortie en fraude de graines brésiliennes en 1867, puis
ensuite dans celles d’Afrique (Côte d’Or, Sierra Leone, Nigeria et Congo belge).
C’est seulement en 1934 que les plantations industrielles s’installeront sur le continent américain, installation accentuée
d’ailleurs avec la seconde guerre mondiale dans toutes les zones d’hévéaculture.
Description botanique.
L’Hevea est une Euphorbiacée monoïque ligneuse atteignant 25 à 30 mètres de haut à l’état spontané et 15 à 20 mètres en
culture industrielle. Il contient des tubes laticifères dans toutes ses parties et spécialement dans le tronc ceux-ci sont
rassemblés en zones concentriques dans la partie profonde de l’écorce (le liber) près du cambium, sous la protection d’un
parenchyme pierreux. Les fleurs jaunes sont unisexuées et groupées mâles et femelles en panicules axillaires, les femelles
en position terminale. La floraison commence par les fleurs mâles et se termine par les femelles, ce qui rend
l’autofécondation impossible. Le fruit est une capsule déhiscente à trois loges, contenant chacune une graine ovoïde brune
marbrée de noir. Les feuilles caduques, longues, pétiolées sont alternes et trifoliées, elles tombent au début de la saison
sèche ou à l’époque des précipitations moindres. Le latex des tubes laticifères contient des globules de caoutchouc (30-
40%), de l’eau (50-60%), des matières protéiques (2%), des résines (1,5%) et des matières minérales (0,5%).
Écologie
Le choix d’un sol lourd, profond (pour la racine pivotante), perméable, riche en matières organiques et légèrement acide,
aura une influence marquée sur la croissance et la production de l’Hevea. Toutefois, celui-ci se contentera de sols très
moyens et se développera aussi en sols légers bien que ces derniers soient plus favorables à l’apparition du Fomès,
maladie cryptogamique importante des racines. Les sols la savane s’est installée après disparition de la forêt ne lui
conviennent pas. L’Hevea requiert un climat chaud (température moyenne annuelle voisine de 25°C et jamais inférieure à
15°C) et humide, à précipitations abondantes, bien réparties sur l’année et si possible rarement matinale. Certains clones
ont cependant été sélectionnés pour leur résistance à la sécheresse et supportent plusieurs mois secs. L’Hevea redoute les
grands vents et les tornades car il est naturellement sensible au chablis ; les lignées résistantes à celui-ci seront plantées en
bordures des parcelles les plus sensibles.
À l’équateur, on le plante généralement jusqu’à 600 mètres d’altitude mais à 5° de latitude on dépassera rarement 400
mètres.
Amélioration et sélection.
L’amélioration de l’Hevea a débuté en Indonésie vers 1915 et se continue toujours aujourd’hui dans de nombreuses
stations d’amélioration dont la plus prestigieuse est le RRIM (Rubber Research Institute of Malaysia) en Malaisie.
Les principaux critères de sélection sont :
- La bonne productivité précoce et l’augmentation régulière des rendements d’années en années ;
- Le fort rendement en latex et le haut pourcentage en caoutchouc sec, de 4 à 5 fois la production moyenne de la
population prospectée) ;
- L’influence du sujet sur le greffon et vice-versa ;
- La résistance à différentes maladies ;
- Le port de l’arbre, la croissance du tronc et sa régularité ;
- L’épaisseur de l’écorce, etc.
Pour donner une idée de la sévérité de la sélection d’origine, citons le sélectionneur hollandais MAAS qui dit que sur 100
arbres- mères choisis, 25 deviendront arbres-mères après 3 années d’observation et parmi ceux-ci, 7 donneront un clone
de greffes susceptibles d’être étudiées aux champs. De la plantation résultant de ces clones, après 7 à 11 ans
d’observation, 0,03% des plants (1292 arbres) ont été classés en catégorie d’élite et parmi ceux-là, après 3 nouvelles
années d’observation, seuls 250 arbres ont donné, en moyenne, 4 à 5 fois la moyenne de production de la population de
base.
Parmi les clones les plus célèbres citons Tjirandji (Tjir), A.V.R.O.S (Av), Bodjong Datar (BD), Gondang Tapen (GT),
Prang Besar (PB)(M à l’INEAC au Congo), Sabrang (Sab), …
Etablissement de la plantation.
1. Préparation du site.
En plus des facteurs écologiques, on tiendra compte de l’incidence possible des pourridiés.
On peut préparer le site de trois façon différentes :
- Défrichage du terrain sans incinération, élimination de tout le matériel ligneux, charruage puis plantation pendant
4 ans de plantes résistant aux pourridiés.
- Ouverture après incinération suite à un annelage profond des arbres, plusieurs mois avant l’abattage.
- Utilisation d’un terrain planté précédemment de plantes pérennes (palmiers, caféiers) durant une quinzaine
d’années.
2. Plantation proprement dite.
Trois grands modes de plantation ont été mis au point. Ils déterminent pendant toute la durée d’exploitation, des
phytotechniques différentes.
Plantation au moyen d’Heveas greffés :
On sème les graines en germoir ombragé puis on repique les jeunes plants en sacs de polyéthylène de 50 cm de
profondeur. Quand la plantule atteint un doigt d’épaisseur, on la greffe avec un écusson prélevé dans le parc à bois
des clones d’élite. Germoir (2000-2200 graines), pépinières (1800 plantules), greffage (1300 plants), sélection pour
planting 800 plants ( 600 à planter et remplacements).
Plantation au moyen de semenceaux (seedlings) :
Aux champs, on sème en ligne des graines sélectionnées à 20-25 cm d’intervalle. Les petits Heveas sont ensuite testés
pour leur production (TESTATEX) et progressivement éliminés par sélection de façon à ne garder qu’un seul plant
par 2-3 mètres pour arriver finalement à une plantation de 600 arbres par hectare de densité.
Plantation intermédiaire entre les deux précédentes :
On met en germoir 2200 graines. Les plantules résultantes sont mises directement aux champs à raison de 1800 par
hectare (si on greffe en vert à 4 ou 6 mois) et à raison de 1200 par hectare (si on greffe sur bois aoûté à 12-18 mois).
On pratique le greffage, puis le TESTATEX en gardant un arbre sur 3 dans le premier cas et un sur deux dans le
second. Les plantations réalisées au départ de semenceaux entrent en production plus rapidement que celles établies
par greffes, mais il n’est pas rare de trouver les deux types de plantations sur un même site. Le TESTATEX permet de
classer les jeunes arbres d’après un indice de productivité au moyen d’un couteau à 4 lames en V qu’on fait pénétrer
dans l’écorce par une légère pression. La longueur de l’écoulement sur la tige détermine le classement des plants.
La Saignée et la Stimulation.
La saignée intervient lorsque les arbres sont exploitables, c’est-à-dire dès que leur circonférence atteint 45 cm à 1 mètre
du sol pour le semenceaux et 50 cm pour les greffés pour autant que leur écorce soit suffisamment épaisse. Dès ce
moment on rappe l’écorce, on trace les panneaux de saignée au moyen d’un gabarit en choisissant un des systèmes de
saignée (demi spirale, spirale, circonférence), on trace la rigole d’écoulement, on place la gouttière et le godet. Un
saigneur expérimenté donne les premiers coups de gouge pour permettre à la première encoche d’atteindre la profondeur
voulue pour ne pas blesser le cambium et pour rendre aisée la première saignée. Cette encoche est inclinée à 25° par
rapport à l’horizontale pour les arbres provenant de semenceaux et à 30° pour les arbres greffés.
La saignée s’effectue très tôt le matin pour être terminée vers 8 heures. Le saigneur enlève d’abord le latex coagulé dans
le godet, celui coagulé dans l’encoche ou hors de celle-ci sur l’écorce et même le caoutchouc ayant coulé éventuellement
sur le sol, puis au moyen d’une gouge appropriée il ravive la plaie de l’encoche et guide le latex jusqu’à la gouttière avant
de passer à l’arbre suivant. Quand la saignée est terminée, le saigneur procède au ramassage du latex dans l’ordre la
saignée s’est effectuée et transporte celui-ci au centre de ramassage (bien souvent une citerne tractable) on l’empêche
de coaguler avant son arrivée à l’usine.
Pendant quelque temps, on a employé des produits de synthèse ayant une action stimulante sur la productivité des
Heveas. Ces produits à faible teneur en 2-4-5 T ou en 2-4 D sont généralement mélangés à de l’huile de palme et
appliqués sur les panneaux à saigner, vierges ou de régénération, ou encore au-dessous de l’encoche de saignée.
Dans le cas de fortes saignées (200 %) la stimulation ne pourra être envisagée que durant les dernières années de la
plantation.
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !