Colonie

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03/08/2005 |
Colonie
A l'époque romaine, Etat-cité destiné à l'établissement de colons, composé d'un centre urbain et d'un
territoire rendu autonome par rapport au pays environnant, arpenté et réparti en lots (Cadastration).
On en connaît deux types: les colonies jouissant du droit de cité latin, qui jouèrent un grand rôle, entre le IVe
et le IIe s. av. J.-C., dans la consolidation de l'autorité romaine en Italie, et celles de droit romain (leurs colons
étaient cives romani), qui servirent à procurer des terres aux vétérans et aux prolétaires de la capitale à la fin
de l'époque républicaine. César et Auguste en particulier fondèrent de nombreuses colonies de ce genre dans
les provinces méditerranéennes. A l'époque impériale, quelques colonies nouvelles furent encore créées
jusqu'au IIe s., mais l'élévation de villes existantes au rang de colonie était beaucoup plus fréquente.
L'organisation politique des colonies romaines était calquée sur celle de Rome. Elle est surtout connue grâce
aux éléments statutaires inscrits sur des fragments de tablettes de bronze retrouvés en Espagne. En tête se
trouvaient deux duoviri, analogues aux consuls de Rome. Puis venaient deux édiles, responsables de la
surveillance du marché et de la police, et parfois deux questeurs. Les titulaires anciens et actuels de ces
magistratures - la durée du mandat était d'une année - composaient le conseil des décurions (ordo
decurionum), sorte de sénat d'une centaine de sièges, présidé par les duoviri. Les membres de ce conseil, qui
pouvait se compléter par cooptation, devaient avoir une fortune. Les fonctions sacerdotales (prêtres et
prêtresses du culte impérial) étaient aussi définies dans les statuts. Conformément à l'ordre social romain, où
les rangs dépendaient de l'origine et de la fortune, les magistrats, prêtres et décurions formaient l'élite
municipale.
Certaines parties du Tessin actuel appartenaient à la colonie de Comum (Côme), fondée au début du Ier s. av.
J.-C., ou à celle de Mediolanum (Milan), d'époque impériale. Après le milieu du Ier s. av. J.-C, des colonies furent
fondées à Nyon et Augst; avec Lyon et en attendant la fondation de Cologne sous l'empereur Claude (41-54),
elles étaient les plus septentrionales et représentaient des postes avancés de la romanisation. La Colonia Iulia
Equestris (Nyon) avait, en plus des magistrats et prêtres habituels, un praefectus arcendis latrociniis chargé
de réprimer les actes de brigandage, sans doute institué à la suite des troubles de la fin du IIe s. Un interrex
est également mentionné au Ier s. apr. J.-C. En revanche, nous n'avons nulle allusion épigraphique à des
vétérans. Les magistrats jusqu'à présent attestés étaient issus de l'aristocratie locale et liés avec Genève,
vicus de la tribu des Allobroges.
Dans la colonie d'Augusta Raurica, on n'a retrouvé que peu de fragments d'inscriptions nommant des
magistrats: un décurion qui a parcouru tous les degrés de la carrière municipale, un duumvir et un
représentant des seviri Augustales. Ce collège se composait d'affranchis parvenus à l'aisance qui devaient
prendre en charge le coût de dispendieuses fêtes religieuses. Les noms conservés sont d'origine locale, mais
romanisés. La colonie occupait une région enlevée aux Rauriques, dont la civitas, au territoire mal connu,
perdura cependant jusqu'au début de l'époque impériale.
Le statut juridique d' Aventicum a fait l'objet de discussions. La civitas Helvetiorum, communauté des
Helvètes, était à l'époque d'Auguste une tribu de pérégrins - à quelques exceptions près, ses membres
n'avaient donc pas la citoyenneté romaine - dont le chef-lieu était Aventicum (plus tard appelé sans doute
aussi Forum Tiberii). Durant les guerres civiles de 69 apr. J.-C., les Helvètes, qui soutenaient Galba, subirent
une défaite face à la legio XXI Rapax qui se battait pour Vitellius. Après avoir vaincu ce dernier, Vespasien,
qui entretenait de vieux rapports avec Aventicum, attribua à la communauté des Helvètes le statut de colonie
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latine (de colonie romaine selon d'anciens auteurs), avec le titre de colonia Pia Flavia Constans Emerita
Helvetiorum Foederata. Il y envoya sans doute des vétérans. A l'époque impériale, le droit latin permettait à
ceux qui revêtaient une magistrature municipale d'obtenir la citoyenneté romaine, mais les autres habitants
restaient pérégrins et ne pouvaient devenir cives Romani qu'en entrant dans l'armée. Une cohorte auxiliaire
d'Helvètes pérégrins est mentionnée au milieu du IIe s. Outre les magistrats habituels (duoviri, aediles) et les
prêtres et prêtresses du culte impérial, sont attestés à Aventicum un praefectus operum publicorum, un chef
des bâtiments publics, ainsi que des curatores coloniae (Coloni), probablement de riches résidents qui
assumaient certaines des dépenses de la colonie.
Bibliographie
– H. Galsterer, «Coloniae», in Der Neue Pauly, 3, 1997, col. 76-86
– R. Frei-Stolba, «Recherches sur les institutions de Nyon, Augst et Avenches», in Cités, municipes, colonies,
éd. M. Dondin-Payre et M.-T. Raepsaet-Charlier, 1999, 29-95 (avec bibliogr.)
Auteur(e): Regula Frei-Stolba / WW
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