Fiche réalisée par la paroisse catholique du Chesnay avec le concours de Madame Trigeaud. « L’ÉGLISE DE JESUS CHRIST DES SAINTS DES DERNIERS JOURS » : QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES Qu’est-ce que l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours ? C’est l’Église des Mormons, plus connue sous ce nom. D’après les statistiques de cette organisation (lds.org, 2015), il y aurait 37,9 mille Mormons en France et 15,6 millions dans le monde, avec une concentration de 6,5 millions aux Etats-Unis. D’où viennent les Mormons ? Fondé par Joseph Smith en 1830 dans le Nord-Est des Etats-Unis, le mouvement migre vers l’Ouest et s’installe dans la région de Salt Lake City en 1847. Il se développera ailleurs au XXe siècle. Sont-ils comme dans la série TV « la Petite M aison dans la Prairie » ? Cette série (2nde saison) rappelle l’histoire des « pionniers » Mormons de l’Ouest des Etats-Unis, mais ceux d’aujourd’hui ne refusent pas le progrès et sont au contraire à la pointe d’avancées technologiques, médicales ou militaires. On les distingue des Amishs, Témoins de Jéhovah ou Quakers. Sur la scène publique, ils ont été représentés récemment par Mitt Romney, ex-candidat à la Maison Blanche. Sont-ils polygames ? Non, plus depuis 1890. Des dissidents existent mais ils sont excommuniés par l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours. Sont-ils dangereux ? Est-ce une secte ? Ils ne sont pas connus pour des activités illégales et l’État français ne les considère pas comme une secte. Leur religion impose de strictes règles de probité, de sobriété (abstention de drogue, alcool, tabac et caféine), de chasteté pour les jeunes non mariés et de courtoisie. N’étant attachés à aucune autre Église chrétienne, les Mormons se considèrent comme représentant un « peuple à part » et la « seule vraie Église ». Ils n’admettent pas l’œcuménisme. Suite à différentes divisions historiques, de nombreux groupes sont aujourd’hui issus du mormonisme originel (avec des réformés par exemple). Est-ce eux que l’on voit aller par deux, en costume sombre ou jupe longue, avec des badges ? Ce sont leurs jeunes missionnaires que l’on voit alors. Les Mormons jugent important d’être missionnaires et sont activement organisés en ce sens : les jeunes s’y engagent 18 à 24 mois à plein temps et toute la communauté les soutient. En 2015, il y avait 74000 missionnaires voués au prosélytisme et 8300 à l’humanitaire dans le monde. Des registres sont tenus des personnes contactées ou potentiellement ouvertes à la conversion. Les Mormons procèdent souvent par envoi de documentation, visite à domicile ou invitation à se joindre à leurs activités (cérémonies des chapelles, généalogie, cours d’anglais), avant d’engager des « leçons missionnaires » (équivalent du catéchuménat) qui peut conduire à un baptême très rapide (au moyen d’une procédure impliquant au plus tôt le nouveau venu dans la communauté). Comment fonctionne leur Église ? Les Mormons ont un « Prophète » à leur tête (ils croient donc à la Révélation continue et nient la succession apostolique depuis St Pierre) soutenu par 12 « Apôtres » et 70 « Anciens ». Tous les hommes Mormons sont prêtres (dès 12 ans) et se partagent les responsabilités sacerdotales. Un système parallèle prévoit l’implication des femmes dans des activités caritatives et éducatives. N’est considéré comme pratiquant que quelqu’un de très engagé (4h de culte et 4h de service hebdomadaire en moyenne, jeûnes réguliers et 10% du salaire pour la dîme). Le non-respect des règles de la communauté entraîne des sanctions d’exclusion temporaire ou permanente. Pourquoi font-ils de la généalogie ? Est-ce vrai qu’ils ont d’immenses archives à Salt Lake City ? En accord avec certains États (dont la France), les Mormons numérisent les archives généalogiques et gardent des copies dans un lieu protégé d’Utah. Ils accueillent les visiteurs dans leurs centres pour les aider dans leurs recherches, ce qui peut s’accompagner d’activités missionnaires. Le but est pour eux de trouver le nom de défunts devant être ensuite baptisés « par procuration » dans leurs temples. Ils (re)baptisent tous leurs membres (y compris ceux déjà baptisés dans d’autres communautés religieuses) et les morts qu’ils veulent convertir dans l’au-delà (théoriquement, ils se limitent à leur ascendance). L’Église Catholique ne reconnaît pas le baptême mormon. Que se passe-t-il dans les temples ? Les Mormons ont deux types de lieux de culte distincts : les chapelles, ouvertes à tous, pour les activités et cérémonies ordinaires (culte dominical et baptême des vivants) ; et les temples dont l’entrée est strictement réservée à une sélection de membres tenus par le secret. Dans ces temples, les rituels sont principalement le baptême des morts, les mariages et des initiations graduelles. Le baptême des morts est réservé aux défunts, mais les Mormons croient que les défunts peuvent également recevoir les autres rituels du temple par procuration (soit les mariages et les initiations). Pourquoi les Mormons ne peuvent-ils pas parler de tout ce qui se passe dans le temple ? Les Mormons préfèreront le terme de ‘sacré’ à celui de ‘secret’, mais concrètement ils ne peuvent parler précisément de ce qui se passe au temple. Bien qu’ils échangent volontiers au sujet de leur religion, ils respectent leur engagement au secret et peuvent se sentir offensés en cas de questions insistantes. Où résident les différences entre Mormons et Catholiques ? Les mormons ajoutent à la Bible trois textes auxquels ils attribuent une valeur égale (Le Livre de Mormon, La Perle de Grand Prix et les Doctrines et Alliances). Pour faire simple, ils y voient une version de la Bible en terrain américain. Mais ces textes et leur contenu ne sont pas reconnus par l’Église Catholique pour des raisons théologiques. La lecture précise de la Bible et du Catéchisme de l’Église Catholique démontre la noncompatibilité des interprétations catholiques et mormones sur de nombreux points. Les différences apparaissant surtout dans les rites et symboles du temple, les Mormons les mettront peu en avant. Les rites du temple Mormon visent surtout la divinisation. La théologie catholique intègre pour une part la question de la divinisation de l’homme (mais il s’agit alors de l’homme créé à l’image de Dieu et participant à la nature divine, dans le respect de la distinction fondamentale entre Créateur et créature, qui garantit l’unicité de la nature divine). Or les croyances mormones diffèrent ici : elles renvoient à une divinisation de l’homme, à prendre au pied de la lettre, qui dissout la distinction créature/Créateur et empêche donc la reconnaissance de l’unicité de Dieu. À cela s’ajoute la croyance en une « Mère Céleste » épouse de Dieu, ainsi qu’en de nombreux autres dieux avant la création du Monde. Enfin, les schémas initiatiques des temples empruntent beaucoup à la gnose (voir l’ouvrage de Vernette) et à la franc-maçonnerie en suivant la tendance actuelle du transhumanisme. Ils n’ont donc rien à voir avec les sacrements de l’Église Catholique. Comment expliquer que les Mormons ont autant d’aisance lors d’une discussion missionnaire ? Ils sont intensivement entraînés depuis leur plus jeune âge pour cela et ils partagent une culture où l’affirmation de la foi (expression démonstrative du sentiment religieux, témoignage personnel et exposé pédagogique du dogme) est encouragée et hautement systématisée. A contrario, les catholiques français sont plutôt accoutumés à une culture de la pudeur et de la discrétion dans l’expression de la foi et sont généralement peu habitués à faire part de leur expérience ou à exposer les éléments dogmatiques qu’ils admettent. Pour en savoir plus : - Les sectes et l’Église catholique – Le Document romain – Présentation de 150 groupes religieux – Nouvelle édition revue. Paris, Cerf, 1994 [Introduction de J. Vernette, délégué de l’Épiscopat]. - Trigeaud (SH), Devenir Mormons, la fabrication communautaire de l’individu. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013. - Vernette (J.), Le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas. Paris, PUF, 2002.