
Dossier thématique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 5 - mai 2007
de vue, il est important de souligner qu’un travail récent vient 
de montrer que le niveau d’expression des oncogènes viraux 
représentait un facteur pronostique des cancers infi ltrants (5). 
Un niveau d’expression élevé d’HPV18 pourrait rendre compte 
du mauvais pronostic lié à ce virus dans certaines études viro-
cliniques (6, 7).
Peut-on envisager une vaccination thérapeutique comme 
traitement adjuvant potentiel des cancers résistants aux 
thérapeutiques classiques ?
Ces observations indiquent clairement que, dans la grande majo-
rité des cas, le virus joue un rôle important dans le processus 
tumoral, même au stade de cancer infi ltrant. Ce point est crucial 
s’agissant du concept de thérapeutiques ciblées. Dans cette 
optique, deux types d’approches sont possibles, fondées sur 
la répression des gènes viraux ou sur le ciblage d’antigènes 
viraux par les cellules immunitaires. En ce qui concerne le 
premier aspect, des travaux expérimentaux ont montré qu’il 
était possible, par l’utilisation d’ARN interférents qui ont la 
propriété d’inhiber la formation de protéines correspondant à 
leur cible, de diminuer fortement la synthèse des oncoprotéines 
virales et de restaurer le niveau d’expression de gènes cellu-
laires dérégulés par ces oncoprotéines. Cette régression s’est 
accompagnée d’une régression au moins partielle du phénotype 
transformé des cellules tumorales. Ces travaux en sont encore au 
stade expérimental et leur introduction en clinique ne peut être 
envisagée à court terme, en particulier à cause de la diffi  culté de 
cibler spécifi quement les cellules tumorales avec les séquences 
inhibitrices. Le deuxième type de thérapeutique ciblée est repré-
senté par l’immunothérapie. On sait que le système immuni-
taire joue un rôle de premier plan dans le rejet de l’infection et 
dans la régression des dysplasies. On peut donc imaginer que 
ce système immunitaire, notamment par l’intermédiaire des 
cellules tueuses (lymphocytes cytotoxiques), puisse éradiquer 
une tumeur en place. Cela a été montré sans ambiguïté dans des 
modèles animaux. Un essai clinique multicentrique a été mis en 
place en France, visant à traiter les récidives des cancers associés 
à HPV16. Seules quelques patientes ont été traitées à l’heure 
actuelle. Si aucune réponse clinique n’a été observée, un fort taux 
d’immunisation spécifi que a été obtenu. Ce résultat important 
permet d’espérer obtenir une effi  cacité clinique en améliorant 
le protocole, notamment par l’adjonction d’un adjuvant plus 
puissant ou par association à une thérapeutique cytotoxique. 
Il ouvre, par ailleurs, des perspectives de vaccination théra-
peutique des dysplasies de haut grade du col utérin. En eff et, le 
contrôle des lésions néoplasiques par le système immunitaire 
est vraisemblablement plus facilement obtenu pour les lésions 
précoces que dans les situations de récidive, en territoire irradié, 
d’une tumeur déjà évoluée.
Quel peut être, en pratique, l’intérêt d’une recherche d’HPV chez 
une patiente présentant un cancer infi ltrant du col utérin ?
En dehors des aspects d’épidémiologie virologique essentiels 
à l’heure de la vaccination prophylactique, le typage peut être 
important pour la prise en charge de la patiente au cours du 
temps, en particulier devant une suspicion de localisation 
secondaire. La mise en évidence du même type viral dans les 
deux localisations, cervicale et, par exemple, pulmonaire, est 
un argument majeur pour rattacher la lésion thoracique à l’ex-
tension d’un primitif cervico-utérin. Enfi n, dans la perspective 
d’un traitement par vaccination en cas de récidive, le typage 
viral est indispensable pour choisir ou écarter cette ressource 
thérapeutique (type de virus couvert par le protocole d’immu-
nisation).
En conclusion, les perspectives de vaccination prophylactique 
permettent d’espérer voir diminuer encore l’incidence du cancer 
du col. Il ne faudrait toutefois pas en déduire hâtivement que 
tous les problèmes sont réglés par ces perspectives, ne serait-ce 
que parce que les bénéfi ces attendus de ce traitement préventif 
ne seront perceptibles que dans plusieurs décennies. L’étude 
des mécanismes biologiques impliqués dans la cancérogenèse 
liée aux HPV reste donc essentielle. Dans la perspective d’une 
prise en  charge individuelle, en dehors des indications margi-
nales citées, l’évaluation du niveau d’expression des oncogènes 
viraux représentera vraisemblablement très prochainement un 
paramètre biologique important à considérer dans le choix du 
protocole de traitement initial. La comparaison de ce niveau 
d’expression avec d’autres paramètres biologiques (site d’in-
sertion des séquences virales, niveau de dérégulation de gènes 
de prolifération, etc.) pourra probablement fournir dans le 
même temps des informations précieuses sur les mécanismes 
de l’onco genèse et, par là-même, ouvrir de nouvelles possibilités 
de traitements. Il convient également de souligner le fait que 
les progrès ainsi réalisés pourront être utiles dans la prise en 
charge d’autres types de tumeurs, non seulement dans celle 
des tumeurs également liées aux HPV, telles que le cancer du 
canal anal, mais également dans celle de cancers répondant à 
d’autres facteurs étiologiques que les HPV mais présentant des 
dérégulations métaboliques de nature similaire.  ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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