Phytosanitaire Apparition récente d’organismes nuisibles aux arbustes La cicadelle blanche La cicadelle blanche (Metcalfa pruinosa), rencontrée principalement au Tessin, aime presque chaque plante verte. Nécessitant beaucoup de chaleur, cet insecte suceur pourrait bien profiter de la hausse des températures. Texte et photos: Beat Wermelinger, Institut fédéral de recherches WSL, Birmensdorf Traduction d’un article paru dans g’plus La cicadelle blanche (appelée aussi cicadelle pruineuse) appartient à la famille des Flatidés. Elle est originaire d’Amérique du Nord et a été aperçue pour la première fois sur le continent européen en Italie, en 1979. Depuis, elle s’est propagée dans toute la moitié méridionale de l’Europe. Constatée au Tessin en 1993, il semble qu’à l’heure actuelle, son rayon d’action se limiterait à la partie sud des Alpes. Plantes-hôtes L’éventail des plantes-hôtes de ces cicadelles est très large. Il comprend quelque 300 espèces connues: arbres forestiers et d’ornement, arbustes, arbres fruitiers mais aussi plantes de vigne et même plantes herbacées. Son espace vital est lui aussi très varié: jardins, vergers d’arbres fruitiers, vignobles, buissons, berges boisées, bosquets plantés le long des routes. Forte invasion de cicadelles sur un robinier. A l’état adulte, les cicadelles ressemblent à de petits papillons. Symptômes La grandeur et la couleur claire de ces insectes suceurs attirent rapidement l’attention, de même que les sécrétions cireuses des larves sur les feuilles et les tiges. Le miellat sécrété rend les feuilles gluantes, elles présentent souvent une couche fongique noire. Lors d’une forte invasion dans les vignobles et les vergers, cette couche ainsi que les sécrétions de cire salissent les fruits et mènent à une perte de qualité. Biologie Les populations passent l’hiver sous forme d’œufs dans l’écorce des plantes-hôtes. En mai environ, les larves blanches éclosent et commencent à sucer la sève élaborée par le phloème à la surface inférieure des feuilles et sur les rameaux. Les larves (nymphes) sont recouvertes d’une grande quantité de filaments de cire blanche et disposent d’une bonne capacité de saut. Les insectes adultes apparaissent après la dernière mue, en juillet. Leur taille est de 7 à 8 mm et les ailes gris clair au reflet bleuté sont recouvertes de petits flocons cireux. Les cicadelles blan­ ches poursuivent leur activité suceuse jusqu’à fin octobre et déposent ensuite leurs œufs dans les écorces des rameaux et des troncs des plantes-hôtes. Il n’y a qu’une seule génération par année. Comme tant d’autres insectes suceurs, elles aussi profitent des hautes températures et du léger stress dû à la sécheresse de leur plantehôte comme lors de l’année caniculaire, en 2003, où elles ont fortement proliféré. Tout comme les pucerons, les cicadelles blanches sécrètent un miellat en abondance qui recouvre les feuilles d’une couche gluante sur laquelle se développent des fumagines, qui empêchent la photosynthèse. Ce miellat est cependant une source riche en sucre pour les abeilles. Mesures En général, les plantes supportent bien une période d’invasion prolongée. Si des mesures de lutte sont à prendre, c’est tout au plus pour des raisons optiques. Pour cela, il est possible de gicler les plantes isolées atteintes avant l’apparition des insectes adultes ailés (avant fin juin) avec un jet d’eau assez puissant ou d’utiliser de l’eau savonneuse comme pour la lutte contre les pucerons. Mais ces mesures ainsi que l’emploi d’insecticides déciment aussi les insectes pollinisateurs attirés par le miellat et les espèces auxiliaires comme les larves de coccinelles, les chrysopes et les syrphes. En hiver, les rameaux porteurs d’œufs peuvent être rabattus. Le transport de plantes ligneuses étant une cause de la propagation des cicadelles, aucune plante provenant d’une région infestée ne devrait être déplacée dans une région non contaminée. 3/2013 Horticulture Romande 25