apbg Biologie Géologie n° 1-2016
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enzymes du tube digestif, rendant aujourd’hui obligatoire leur administration
par voie injectable.
Les premières générations de biomédicaments sont presque aussi vieilles que
l’humanité. En effet, l’opothérapie (grec opos, suc et therapeia, traitement), ou
l’administration à visée thérapeutique d’extraits d’organes d’origine animale, date
de la plus haute antiquité. De son côté, la sérothérapie s’est répandue dès la fin du
19e siècle (cf. partie II). Au milieu du 20e siècle, l’insuline était par exemple extraite
de pancréas de bœuf ou de porc. Mais depuis les années 1980, sa production est
assurée par des « cellules-usines » génétiquement modifiées, cultivées en milieu
confiné au sein de fermenteurs. L’industrie biopharmaceutique s’est délibérément
orientée vers le développement de nombreux biomédicaments recombinants (issus
d’ADN recombiné), mieux contrôlés, pour s’affranchir progressivement des biomé-
dicaments issus de sources humaines et animales.
Aujourd’hui, un peu moins de 200 biomédicaments sont commercialisés en
France(3). Cependant porteurs de perspectives prometteuses, ils révolutionnent de-
puis une dizaine d’années le secteur pharmaceutique. Poussés par des efforts de
recherche, plusieurs milliers de biomédicaments sont aujourd’hui en phase de déve-
loppement à travers le monde(4). Leur diversité et leur efficacité leur permet de lutter
contre toutes sortes de maladies de gravité et de fréquence variables, affectant des
patients de tous âges. Le temps de développement d’un biomédicament reste tout de
même de dix ans en moyenne.
Employés depuis longtemps, et aujourd’hui en plein essor, ils restent mécon-
nus du grand public. Comment l’expliquer ? Le terme de biomédicament n’est pas
très prisé des médecins ou des entreprises pharmaceutiques. Il n’est apparu que très
récemment, en 2004, lors d’une campagne de sensibilisation des pouvoirs publics
organisée par le syndicat des entreprises du médicament en France (Leem). Le Leem
s’alarmait alors du retard pris par la France dans le domaine de la bioproduction
pharmaceutique. Il fallut attendre 2007 pour que la définition du médicament biolo-
gique soit introduite dans le CSP (encadré 1)(2). En effet, la distinction de ce groupe
de médicaments ne fut nécessaire qu’en réponse à l’arrivée des biosimilaires sur le
marché.
Qu’est-ce qu’un biosimilaire ?
Avant de définir un biosimilaire, il est nécessaire de rappeler qu’un brevet per-
met de protéger une invention en accordant un monopole d’exploitation jusqu’à
l’expiration de celui-ci (classiquement 20 ans). Autrement dit, les biosimilaires ne
sont commercialisables qu’après l’extinction du brevet protégeant leur médicament
de référence. L’arrivée de la concurrence fait dès lors baisser les prix, et rend plus ac-
cessibles les produits dans le domaine pharmaceutique comme ailleurs. D’autre part,
tout médicament ne peut être commercialisé qu’après octroi d’une Autorisation de
Mise sur le Marché (AMM), à l’issue d’une approbation des autorités compétentes
(European Medicines Agency en Europe, Food and Drug Administration aux Etats-