Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 17
dans leur fonction à synthétiser des Ig de façon spé-
cifi que. Ce recrutement se déroule donc en amont à
partir d’un lymphocyte B naïf et met à contribution les
cellules dendritiques et les lymphocytes T. D’un côté,
dans les zones lymphoïdes T, les cellules dendritiques
rapportent et présentent l’Ag, en particulier par leurs
molécules du complexe majeur d’histocompatibilité
(CMH) de classe II, aux lymphocytes CD4 porteurs d’un
récepteur T (TCR) capable de reconnaître cet Ag. D’un
autre côté, dans les zones lymphoïdes B, les macro-
phages des sinus sous-capsulaires captent les Ag et les
présentent aux lymphocytes B qui vont les capter par
leurs récepteurs à l’Ag (B Cell Receptor [BCR]) qui sont
en fait des Ig de membrane. Ces dernières vont ainsi
internaliser l’Ag pour, après apprêtement, le présenter
par leurs molécules du CMH de classe II aux lympho-
cytes CD4 préalablement recrutés précisément pour
leur spécifi cité à ce même Ag dans les zones intermé-
diaires entre les zones T et B et fournissant alors cette
aide à ces lymphocytes B. Cette coopération CD4 sera
un deuxième signal donné à la cellule B, à la suite du
premier signal d’engagement du BCR, qui consistera
en des interactions moléculaires et des libérations de
certaines cytokines. Le premier signal BCR aura cepen-
dant été indispensable, bien sûr pour engager la spé-
cifi cité de la réponse mais aussi pour transformer le
lymphocyte B en une véritable cellule présentatrice
de l’Ag (CPA), en particulier par une surrégulation de
l’expression des molécules CD80 et CD86 interagis-
sant avec la molécule CD28 du lymphocyte T. Il s’agit
là d’un des signaux de costimulation les plus précoces
et essentiels à la coopération T-B et donc à l’induction
d’une réponse humorale primaire.
Il apparaît maintenant que les lymphocytes CD4,
jouant ce rôle de coopération, à partir du précurseur
commun dans un environnement cytokinique parti-
culier, se diff é rencient en diverses sous-populations
appelées Th, numérotées selon leur expression de
facteurs transcriptionnels et de cytokines et exerçant
des fonctions auxiliaires spécialisées. Ainsi, dérivées
dans un environnement IL-12, les Th1 expriment T-bet,
Stat1 et Stat4 et sécrètent IFNγ, IL-2 et TNFα. Dans
un environnement IL-4, les CD4 se diff érencient en
Th2, exprimant GATA3, Stat5 et Stat6 et sécrétant IL-4,
IL-5, IL-13 et IL-10. Dans un environnement TGFβ et
IL-4, des Th9 vont se diff érencier en exprimant PU.1
(Spi-1) et en sécrétant IL-9 et IL-10. Dans un contexte
majoritairement IL-21, des Th17 vont se diff érencier
en exprimant RORγt, RORα et Stat3 et en sécrétant
plus particulièrement IL-17, IL-21 et IL-22. Enfi n, dans
la région du follicule lymphoïde et en particulier du
centre germinatif (CG) et sous infl uence IL-21, IL-6, des
lymphocytes dits “folliculaires auxiliaires” (T Follicular
Helper [TFH]) vont se diff érencier. Il apparaît que cette
sous-population, décrite plus récemment, est la plus
spécialisée dans la coopération avec le lymphocyte B
dans les follicules lymphoïdes, aboutissant essentiel-
lement à la formation et au maintien des CG et donc
à l’affi nement de la réponse Ac et à la diff érenciation
en plasmocytes et cellules mémoires.
Les lymphocytes T folliculaires auxiliaires,
ou Helper (TFH)
À la faveur d’une plus grande caractérisation des sous-
populations lymphocytaires, il est apparu que ces
lymphocytes CD4, coopérant avec les lymphocytes B
dans les CG des follicules lymphoïdes, exprimaient beau-
coup plus fortement la molécule CXCR5, répondant
ainsi à la chémoattraction de CXCL13 (tout comme
les cellules B pour les focaliser dans les follicules), per-
mettant une colocalisation T-B essentielle à la coopé-
ration T-B. Par la suite, il a été montré que ces cellules,
par rapport aux non-TFH, présentaient aussi une forte
expression du facteur de régulation transcriptionnelle
Bcl6, de PD-1, de SAP (SLAM-Associated Protein), d’IL-21
et d’ICOS (Inducible T Cell Costimulator) et, en revanche,
une absence d’expression de Blimp-1. Ainsi se caracté-
rise donc la sous-population TFH, si importante dans
la coopération mais aussi dans le maintien des CG des
follicules lymphoïdes et la régulation de la diff éren-
ciation B en plasmocytes et cellules B mémoires. Il se
trouve que Bcl6 et Blimp-1 sont des facteurs d’inhi-
bition mutuelle, à tel point que les lymphocytes CD4
exprimant Bcl6 (réprimant Blimp-1) sont des TFH, alors
que les CD4 exprimant Blimp-1 (réprimant Bcl6) sont
des non-TFH (1).
Il est par ailleurs probable que les TFH aient d’autres
fonctions que la coopération B directe, en interagissant
aussi avec la cellule dendritique folliculaire résidente
des follicules lymphoïdes (comme son nom l’indique)
et avec le troisième type cellulaire majeur des CG.
Une fois le CG formé, les TFH seront nécessaires pour
envoyer les signaux de survie et de prolifération des
cellules B du CG et stimuler l’hypermutation soma-
tique, véritable processus de maturation d’affi nité
des Ac générés dans le CG. Les diff érents signaux de
survie donnés par la TFH passent par diverses voies
comprenant CD40, IL-4, IL-21, PD-1, BAFF, entrant
en compétition avec l’interaction Fas-FasL induisant
l’apoptose des lymphocytes B en leur absence. De par
sa colocalisation avec les cellules B dans le CG, la TFH
va exercer ces interactions directes, que nous allons
brièvement revoir.
Activation et régulation des lymphocytes B : rôle de la costimulation
CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 17 26/03/14 11:35