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Summary: We cannot nd a unique denition of the
concept of handicap in Europe. Even within individual
countries, many approaches are generally observed ac-
cording to now this term is applied.
Handicap is a generic concept which can comprise he-
terogeneous groups of people. Any international com-
parison reveals itself to be an arduous task. In fact the
groups of people concerned are not the same everywhe-
re and practices vary according to these specic cultu-
ral, social and economic backgrounds. Public policies
depend on the different representations of the notion
of handicap and are inuenced by both disabled people
themselves as well as by policy makers as well. For exam-
ple in France from the early 1960s the word ”handicap”
was progressively replaced by other nouns such as “inr-
me” (disabled) or “inadapté” (usted, malad).
The shift in meaning of the word “handicapé” seems
to be related to the distressing ordeals experienced by
some, which have led to somatic and mental weaknesses
and to the idea that ways can be found to compensate
for handicaps and allowing ways to live as a able-bodied
person. Beyond the widely spread social norms and be-
haviour, the handicapped person faces constraining re-
presentations almost stereotypical which a lead to the
sense of enclosure. Beeing born triggers or handicapped
generates a whole set of psychic disorders provoking an
inner and collective moral suffering.
The human body can be considered as the prevailing
pillar of identity for both handicapped and valid peo-
ple. A two-fold psychological mechanism seems to be
at the root of the handicapped person’s self-acceptance
and his/her relationships to others and to social groups.
Du handicap aux pratiques sportives: enjeux et perspectives
From disability to sport practices: Challenges and Perspectives
Joel Gaillard 1
1 - Joel Gaillard PhD Educational Sciences Faculty of Sport Nancy France LISEC : Laboratoire des Sciences de l'Education et de la Communication (EA
Through a mechanism of objectication the subject re-
discovers his/her own and full identity within the world
of able-bodied persons. Through the mechanism of
appropriation the handicapped person accepts his/her
self-experienced own image as he experienced it.
The construction of this new identity is internally nur-
tured and is strengthened by the close personal interac-
tions which certainly contribute playing an important
role in the development of our identity. The process is
rstly generated among family members and then it is
progressively encouraged more widely encouraged by
social relations. In this perspective sport will fully impact
the process.
Some disability specialists and Sport (Marcellini Anne,
Gilles Bui Xuan, 1995, p.179-190) offer long, the emer-
gence of a "new sport" by the cancellation of disability
and thus to suggest “games with handicap” ("equity"
by building and not by measuring the biological body)
forms of games that can be found elsewhere, but not
at the top level of the regular sport. So that the integra-
tion process will be complete only when a person with
a disability can take up a sport like any other citizen. Be-
yond too widely and hurriedly accepted evidences it is
highly recommend one should disregard preconception
we might have, even those barred or so-called evidence
and be prepared to change our area of focus to dene
the ideal approach.
The main goal of this article is to identify the main obs-
tacles the disabled persons face in their willing to practi-
ce sport activities.
Keywords: Disability, Inclusion, Insertion, Sport prac-
tices, Identity.
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Parler du handicap et de sa représentation
sociale, c'est poser d'emblée la question du
regard porsur la décience. C’est questionner
la marge, ce lieu de questionnement sur elle-
même et, singulièrement, sur les raisons d'être
et de se développer des deux ensembles qui la
conditionnent. Cette misère de la position que
nous impose la marge, relative du point de vue
de celui qui l’éprouve en s’enfermant dans les
limites du microcosme du handicap est vouée
à paraître «toute relative», c'est-à-dire tout
à fait irréelle, si, prenant le point du vue du
macrocosme, on la compare à la grande misère
de la condition, cette référence quotidiennement
utilisée à des ns de condamnation («tu n’as pas
à te plaindre») ou de consolation («il y a bien
pire tu sais»). Elle nous interdit d’apercevoir et
de comprendre toute une part des souffrances
caractéristiques des personnes extraordinaires
(nous disent les canadiens) ce qui a sans doute
multiplié les champs sociaux et a paradoxalement
développé toutes les formes de la petite misère.
Ne serait-ce que pour ces raisons, la marge a à
voir avec la mémoire. Si la philosophie venait à
la rencontre du handicap, il en résulterait une
ouverture, elle permettrait d’éviter d’instituer
sa mise à l'écart des relations sociales ordinaires
d’éviter que la personne atteinte navigue dans
les interstices de la structure sociale. Elle
permettrait l'avènement d'une société qui
substitue un modèle participatif, ambitionnant
l'implication des personnes atteintes d'une
décience dans l'édication du corps social.
Elle ouvrirait la possibilité que les personnes
handicapées, vouées au manque de place, par
incompréhension, peur, abandon ou rejet, soient
maintenues dans une position indéterminée, un
ailleurs, un nulle part, un espace d'errance, une
zone où leur acceptation et leur reconnaissance
demeurent toujours équivoques. Mais peut-être
suis-je encore dans l’utopie qui n’est ni une
société idéale théorique, ni une société idéale à
réaliser, mais une mentalité différente à adopter
dans la vie de tous les jours. Mais il est vrai que
l’utopie ne se soucie guère du possible… elle
dénit simplement un lien entre la spéculation
et la réalité. Elle pose un idéal pour les hommes
du monde réel commun, elle est une n à réaliser
dans notre monde quotidien, même si ce n’est
qu’imparfaitement.
Vers une définition de la notion de
handicap
Donner alors une dénition du handicap sur
laquelle tout le monde s’accorde relève de la
gageure, voire de l’impossible et il me paraît
bien difcile de parler du handicap en théorie,
autour de concepts, de terminologie à des
personnes handicapées, leurs proches ou aux
professionnels qui les côtoient au quotidien.
Le mot handicap n’est pas très beau et le «H
aspiré de son origine anglaise nous impose des
sonorités suaves» (Claude Neu, 2007, p.18).
Mais sa dénition présente l’avantage d’insister
sur la cause de celui-ci. Ainsi handicapé se dit
«d’une personne diminuée physiquement par
suite d’une atteinte sensorielle ou motrice»
(Bonnefon, 2010, p. 20). Cette précision laisse
entrevoir que si l’atteinte est levée, alors le
handicap disparaît. Par contre le mot «décient»,
si il est de sonorité latine et donc plus agréable
à l’oreille, centre sa dénition autour du mot
«insufsance». C'est ainsi la société elle-même
qui fait problème puisqu'elle crée des obstacles
et des barrières empêchant les personnes
handicapées de participer pleinement à la vie
sociale et de bénécier pleinement de l'égalité
des chances ainsi «L'une des violations les plus
fréquentes des droits de l'homme des personnes
handicapées est l'expérience d'une discrimination
fondée sur le handicap dans tous les aspects de
la vie quotidienne» (Essaoui, 2006). Au-delà des
mots se prole un corps, un corps souvent sans
nom et sans visage, gure de l’imaginaire social
qui alimente dans l’imaginaire du plus grand
nombre le fait qu’une personne déciente ne
peut pratiquer une activité physique et sportive.
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Cette négation peut aller parfois jusqu’à une
forme «d’abolition dans l’inconscient collectif,
voire un contre investissement participant de
l’exclusion» (Gaillard, 2010, p. 30) dont sont
victimes les personnes handicapées.
La n du handicap supposerait d’en nir avec une
représentation du corps entier comme modèle
identitaire de l’être humain même si prétendre
à la n du handicap a peu de sens au regard
de la réalité vécue des corps humains. Parler du
handicap et de sa représentation sociale, c'est
poser d'emblée la question du regard porté sur la
décience. C’est questionner la marge, ce lieu de
questionnement sur elle-même et nous interdit
d’apercevoir et de comprendre toute une part
des souffrances caractéristiques des personnes
extraordinaires (nous disent les canadiens). Si la
philosophie venait à la rencontre du handicap,
il en résulterait une ouverture, elle permettrait
d’éviter d’instituer sa mise à l'écart des relations
sociales ordinaires et d’éviter que la personne
atteinte navigue dans les interstices de la structure
sociale. Elle permettrait l'avènement d'une
société qui substitue un modèle participatif,
ambitionnant l'implication des personnes
atteintes d'une décience dans l'édication du
corps social. Elle ouvrirait la possibilité que
les personnes handicapées, vouées au manque
de place, par incompréhension, peur, abandon
ou rejet, soient maintenues dans une position
indéterminée, un ailleurs, un nulle part, un
espace d'errance, une zone leur acceptation
et leur reconnaissance demeurent toujours
équivoques. «Toutes les sociétés fabriquent leurs
exclus» […] la «différence réside dans le sort qui
leur est réservé» afrme (Xavier Emmanuelli,
1994). Les personnes handicapées sont encore
trop souvent confrontées à une discrimination
directe ou indirecte dans tous les secteurs de
leur vie quotidienne. Les lieux dits «publics»
sont totalement inaccessibles aux personnes
souffrant d'un handicap physique et ce, en dépit
du fait que l'accès soit parfois garanti par la loi.
Il est rarement possible, pour les personnes à
vision réduite, d'obtenir des textes imprimés
dans un format qui leur soit accessible (braille,
bande magnétique, par exemple), il est souvent
impossible aux sourds d'utiliser leur langue
habituelle (langage des signes).
Nous pouvons alors afrmer qu’a l’instar du
développement humain (gure 1) que :
• Lasituationdehandicapn’estpasgéemaisévolutive.
• Quecettenotionestvariableenfonctiondugenre,de
l’âge,ducontexteetdel’environnement.
• Quec’estunesituationquipeutêtremodiéegrâceau
développementdesaptitudes(actionsurlesfacteurs
personnels)ainsiqu’àl’adaptationdel’environnement
(actionsurlesfacteursenvironnementaux).
Modèle du développement humain
(RIPPH, 1996)
Figure1:lemodèlededéveloppementhumain.
Une situation de handicap devrait être
considérée comme étant le résultat situationnel
d’un processus interactif impliquant deux
séries de variables causales (gure 2): d’une
part, les caractéristiques de la personne (ses
déciences et ses incapacités découlant de la
maladie, du traumatisme ou d’un autre trouble)
et d’autre part, les caractéristiques physiques ou
socioculturelles de son environnement créant
des obstacles ou facilitant sa participation
sociale dans une situation donnée: vie familiale,
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emplois, éducation, loisir, etc. Elle est le résultat
de l’interaction des déciences et des incapacités
et d’autres caractéristiques personnelles d’une
part, et des facilitateurs ou des obstacles
environnementaux. Elle se mesure sur une
échelle allant de la réalisation complète à la non
réalisation des habitudes de vie.
Processus de Production du Handicap
(RIPPH, 1996)
Figure 2: le processus de production du handicap
Accès aux biens, aux services et aux
loisirs
«De l'accès aux immeubles à l'accès aux lieux
de divertissement, tels que les restaurants, les
cafés, autant d'installations quotidiennes dont
bénécient les personnes valides et dont sont
exclues les personnes handicapées d'une façon
ou d'une autre.» (Commission Européenne,
2006). Les personnes handicapées n'ont souvent
pas accès aux biens et services et sont souvent
exclues des lieux publics de divertissement et de
loisirs soit par parti-pris manifeste, soit parmi
les exemples cités par discrimination indirecte,
par exemple, des locaux inaccessibles, pas
de langage des signes ou de sous-titres pour
les sourds ou de description audio pour les
personnes à vision réduite.
Ainsi que le suggèrent les obligations liées à la loi
du 11 Février 2005 en France, la prise en compte
de l'accès pour les personnes handicapées au
stade de la conception des produits n'occasionne
aucun surcoût ou ajoute au plus 2% à 5% au
coût total, alors que la création d'une ligne de
produits spéciques est onéreuse. L'accès aux
technologies de l'information peut favoriser
l'autonomie et l'intégration des personnes
handicapées, notamment sur leur lieu de
travail, mais une technologie inaccessible peut
également créer des barrières.
La participation des personnes handicapées
aux activités physiques et sportives ne cesse
de se développer. Elle ne peut cependant pas
s’envisager si les conditions d’accessibilité des
personnes handicapées aux lieux de pratiques
sportives ne sont pas intégrées aux projets de
création ou de rénovation d’équipements sportifs.
Deux articles du Décret n° 2006-555 du 17 mai
2006 relatif à l'accessibilité des établissements
recevant du public, des installations ouvertes au
public et des bâtiments d'habitation et modiant
le code de la construction et de l'habitation sont
sans doute des pistes de réexion:
• «Art. R. 111-18. - Les bâtiments d'habitation
collectifs et leurs abords doivent être construits et
aménagésdefaçonàêtreaccessiblesauxpersonnes
handicapées, quel que soit leur handicap. Au sens
de la présente sous-section, est considéré comme
un bâtiment d'habitation collectif tout bâtiment dans
lequelsontsuperposés,mêmepartiellement,plusde
deux logements distincts desservis par des parties
communes bâties. L'obligation d'accessibilité porte
notammentsurlescirculationscommunesintérieures
etextérieures,unepartiedesplacesdestationnement
automobile,leslogements,lesascenseurs,leslocaux
collectifsetleurséquipements.»
• «Art.R.111-18-1.-Estconsidérécommeaccessible
auxpersonneshandicapéestoutbâtimentd'habitation
collectif ou tout aménagement lié à un bâtiment
permettantàunhabitantouàunvisiteurhandicapé,
avecla plus grandeautonomiepossible, de circuler,
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