N°4
Fiche
thérapeutique
Fiche à détacher et à archiver
Conclusion
Sous la responsabilité de leurs auteurs
Le Courrier des addictions (1) n° 4, septembre 1999
II
L’anorexie
mentale du garçon :
plus grave ?
En pratique, face à une patiente anorexique
•Évaluer la rapidité d’installation de l’amaigrissement, le
quantifier ;
•importance de la perturbation de l’image du corps ;
•rechercher l’existence de vomissements provoqués, crises
de boulimie, prise de laxatifs, diurétiques, toxiques ;
•évaluer la dimension dépressive et la présence d’autres
symptômes psychiatriques ;
•apprécier la qualité de l’environnement familial, le fonc-
tionnement social (surinvestissement des études ? existence
de relations amicales ?) ;
•examen clinique : signes de dénutrition, recherche de
foyers infectieux (parfois méconnus et favorisés par une
immunité déficiente). Présence d’automutilations ;
•bilan biologique, notamment la recherche de perturbations
hydroélectrolytiques.
Signes de gravité imposant une hospitalisation en urgence
•Amaigrissement important, rapide et brutal ;
•BMI 14 (BMI = Body Mass Index ou indice de Quetelet = poids
en kilo sur taille en m2) ;
•tension artérielle systolique < 9 ;
•TA diastolique < 5 ;
•bradycardie < 50 ;
•hypothermie ;
•sentiment d’épuisement physique (évoqué par la patiente), apathie,
prostration ;`
•troubles de la conscience et de la vigilance (omnubilation, confu-
sion, stupeur).
Facteurs pouvant précipiter une décompensation aiguë au
cours de l’anorexie mentale
•Séjour en altitude à plus de 1 500 m ; •exercices physiques intenses ;
•diarrhées, maladies infectieuses intercurrentes.
trouble sévère de la personnalité avec une dimension dépressive habituelle et un véritable tableau de carence
affective au sein des relations parents/enfants. En ce qui concerne ces anorexies mentales prépubères, on retrouve
une proportion de garçons élevée, des troubles alimentaires présents dans la toute petite enfance, une perte de
poids rapide, des retards de croissance et l’association fréquente à un état dépressif souvent grave.
L’anorexie mentale du garçon demeure relativement rare : de l’ordre de 10 % des cas. La perte de la libido et
de toute érection est considérée comme équivalent de l’aménorrhée. Il n’existe pas de consensus sur le carac-
tère sévère ou non de cette forme clinique. En effet, pour certains auteurs, les modalités évolutives sont com-
parables à celles de l’anorexie mentale féminine, pour d’autres, la fréquence plus importante des préoccupa-
tions hypocondriaques concernant l’intérieur du corps, masquerait une forme de psychose.
La forme clinique la plus caractéristique du syndrome boulimique est la forme compulsive normopondérale évo-
luant par accès associée à des vomissements. Le début se situe le plus souvent autour de l’âge de 17-18 ans.
Si le syndrome boulimique peut survenir au cours de l’évolution de l’anorexie, il peut être également indé-
pendant de celle-ci. Bien que les conduites boulimiques n’aient pas une expression symptomatique aussi dra-
matique que l’anorexie mentale et ne représentent pas le même risque pour le pronostic vital immédiat, leur
gravité n’en apparaît pas moindre.
Les complications somatiques ne sont pas rares : troubles métaboliques et hydroélectrolytiques secon-
daires aux vomissements (hypokaliémie sévère).
La gravité du trouble boulimique réside aussi dans son association à d’autres pathologies qui se situent sur
trois registres :
– troubles de l’humeur : un syndrome dépressif majeur serait présent chez 60 à 80 % des patients boulimiques ;
– troubles du comportement à type de conduites addictives (voir première partie : Anorexie) ;
– troubles de la personnalité : en particulier “borderline”, 25 à 45 % des cas.
Parmi les facteurs pronostics positifs, certains sont communs à l’anorexie mentale (moindre perturbation de
l’image et du corps au début des troubles et persistance d’un bon fonctionnement psychosocial. On note par
ailleurs l’intensité moins importante des troubles alimentaires (compulsivité moindre). On peut souligner
l’absence de corrélation au pronostic des facteurs suivants : durée de l’affection, fréquence des épisodes,
antécédents d’anorexie mentale et âge lors du diagnostic.
L’appréciation de la sévérité de l’anorexie mentale repose sur un certain nombre d’éléments cliniques.
Cependant, le fonctionnement mental dans son ensemble ainsi que la qualité et les modalités des investisse-
ments et des relations sont également très importants à évaluer (en effet un hyperinvestissement intellectuel,
par exemple, a une valeur défensive contre les émotions).
La guérison peut concerner jusqu’à 60 à 80 % des cas si on prend en compte les seuls paramètres sympto-
matiques de la conduite : anorexie, amaigrissement, aménorrhée. Il n’y a plus que 30 à 50 % de guérison si
on fait intervenir des critères de personnalité tenant compte de l’existence d’autres symptômes psychia-
triques et de la qualité de l’insertion sociale et affective. Concernant la boulimie, le retentissement social,
familial et professionnel, bien que lent à apparaître du fait du caractère souvent caché du trouble est égale-
ment important après quelque temps d’évolution. Pour l’ensemble des patients, la persistance d’un environ-
nement amical satisfaisant au moment du diagnostic témoigne de la bonne capacité d’aménagement des rela-
tions interpersonnelles, élément de bon pronostic.
II. LA BOULIMIE