Démences et dépression

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Synthèse
Démences et dépression
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CHRISTIAN DEROUESNÉ1
LUCETTE LACOMBLEZ2
1
Faculté de médecine
Pitié-Salpêtrière,
Université Paris VI
[email protected]
2
Fédération de neurologie
Mazarin,
Département
de pharmacologie,
Groupe Hospitalier
Pitié-Salpêtrière, Paris
Résumé. La littérature portant sur les relations entre démence et dépression est confuse en
raison de nombreux biais méthodologiques liés aux différences entre les populations
étudiées, mais aussi à la situation des observateurs, au type d’approche employée et aux
instruments utilisés pour définir la dépression. La difficulté du diagnostic différentiel entre
démence et dépression est largement surestimée dans le cas de la maladie d’Alzheimer
(MA). En dépit de la réduction d’activités commune aux deux syndromes, il existe des
différences dans la sémiologie des troubles, la nature des déficits mnésiques et les données
de l’imagerie cérébrale qui permettent aisément de faire la distinction. En revanche, il peut
être beaucoup plus difficile de différencier la dépression d’une démence frontale ou souscorticale. Les biais méthodologiques rendent également compte du caractère contradictoire
des données des travaux consacrés à la possibilité que la dépression constitue un facteur de
risque pour la survenue d’une MA comme à l’évaluation de la fréquence, de la sémiologie et
du retentissement de la dépression associée à la MA. En réalité, les modifications comportementales de la MA sont plus liées à un trouble de la motivation (apathie) qu’à un trouble de
l’humeur (dysphorie) et à des modifications affectives à type d’émoussement ou d’incontinence émotionnelle. L’origine de la symptomatologie dépressive fait intervenir des facteurs
neurobiologiques, accessibles aux antidépresseurs, mais aussi des réactions psychologiques qui nécessitent une prise en charge de type psychothérapique dirigée vers le patient
mais aussi vers l’entourage familial.
Mots clés : dépression, démence, maladie d’Alzheimer, démence frontotemporale, apathie,
émoussement affectif
Summary. Data from the literature devoted to the relationships between dementia and
depression are controversial on account of numerous methodological biases (community
studies or from neurological or psychiatric departments), categorical versus dimensional
approaches and variability of assessment tools for depression, aim of the study (depression
versus dementia or versus Alzheimer’s disease, AD). The difficulty to discriminate depression from AD is largely overestimated due to the confusion between depression, depressive
symptomatology and apathy. The distinction is greatly facilitated by taking into account the
qualitative differences of the memory deficits and cerebral imagery. Distinction of depression from frontotemporal or subcortical dementias could be much more difficult. Relationships between depression and AD are controversial. Most reports of depression as a risk
factor for AD in the subsequent years, actually describe depressed symptomatology linked
to apathy in preclinical AD. However, some studies found a relationship between AD and
depression occuring more than 10 years before the onset of AD symptomatology, suggesting some common risk factors. The so-called symptoms of depression in AD are more
related to apathy and affective disturbances than to dysphoria. The frequency of major
depressive episode (MDE), greatly varies according to studies, but the frequency of suicide
is low. Depression in dementia is related to neurobiological factors as well as to psychological mechanisms. Therefore, its treatment should associate antidepressant drugs and
psychological support directed to the patient and family.
Key words: depression, apathy, dementia, Alzheimer disease, frontotemporal dementia,
affective blunting
D
ans les deux dernières décennies, la littérature
consacrée aux rapports entre démences et dépression n’a cessé d’être très abondante. La
problématique qui sous-tend cette question est double :
1) sur le plan pratique, le désir de ne pas confondre
une affection qui, en dépit des progrès thérapeutiques,
demeure incurable, la démence, avec une affection
réversible lorsqu’elle est correctement traitée, la
dépression ;
2) sur le plan théorique, elle pose la question des
rapports entre les affections dégénératives à expression
démentielle et la dépression, c’est-à-dire entre le fonctionnement cérébral et le fonctionnement psychique.
Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2 (Suppl. 1) : S35-S42
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C. Derouesné et L. Lacomblez
Dépression ou démence ?
Les troubles de l’affectivité
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La question du diagnostic différentiel
Cette question se pose car la définition de ces deux
entités est purement clinique et leurs sémiologies se
recouvrent partiellement. En réalité, la difficulté du diagnostic différentiel apparaît largement surestimée dans
la littérature, au moins en ce qui concerne la maladie
d’Alzheimer (MA). Elle peut être beaucoup plus grande
dans le cas des démences frontotemporales (DFT), et
des démences dites sous-corticales.
Il est essentiel de rappeler que le noyau central des
affections démentielles est un déficit cognitif, même si,
très tôt, les manifestations cognitives sont associées à
des perturbations psychoaffectives, alors que la dépression est essentiellement caractérisée par un trouble
particulier de l’humeur, même si cette dysphorie retentit
sur l’activité générale comme sur les fonctions cognitives.
Dépression ou maladie d’Alzheimer ?
La difficulté diagnostique varie selon le milieu d’observation (population générale, structures neurologiques, psychiatriques, institutions) et la formation du
clinicien à la neurologie et à la psychiatrie. Position du
problème : les affections démentielles provoquent des
modifications de l’activité qui sont associées à des troubles cognitifs alors que, dans la dépression, ces modifications sont la conséquence du trouble de l’humeur.
Les manifestations communes :
la diminution d’activité
MA et dépression ont en commun une restriction
des champs d’activité, une perte d’intérêt, un repli sur
soi, une perte de l’initiative. Mais il existe déjà des
différences importantes au niveau de cette perte d’activité et de la façon dont elle est vécue.
La baisse d’activité dans la MA est liée à une perte de
la motivation ou apathie [1, 2] qui se manifeste également par une absence d’intérêt pour sa santé (c’est
habituellement la famille qui est à l’origine de la consultation), sa personne, ses activités. Le patient présente
moins d’initiative, tend à devenir dépendant des autres
et, le plus souvent, minimise ses difficultés dans la vie
quotidienne.
À l’inverse, le déprimé est inquiet pour sa santé,
présente des plaintes somatiques multiples. Il s’inquiète de son manque d’activité, se trouve bon à rien et
résiste aux stimulations de l’extérieur. Il consulte habituellement de lui-même.
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Le vécu des déprimés est marqué par un sentiment
pénible de tristesse, de solitude, d’abandon, une douleur morale, le dégoût de soi et des autres. Le sujet
déprimé est indifférent aux affects positifs, il a perdu le
goût de la recherche du plaisir (anhédonie), mais il reste
très sensible aux émotions négatives. Son trouble de
l’humeur (dysphorie) est permanent au cours de la
journée avec toutefois une prédominance matinale.
L’apathie de la MA se manifeste, à l’inverse, par un
affect plat, une diminution des réactions aux émotions
qu’elles soient positives ou négatives. L’émoussement
affectif laisse place, par moments, à une véritable incontinence émotionnelle, laissant apparaître anxiété, sentiments dépressifs, mais ces éléments sont transitoires,
l’humeur est labile.
Les éléments d’appoint
Il est toujours difficile de faire préciser le début d’une
MA, qu’il s’agisse de difficultés de mémoire ou de modifications du comportement. Le début est lent, insidieux
et remonte dans la plupart des cas à un an, voire plus.
Lorsque la famille mentionne un début récent, à l’occasion d’un événement qui l’a frappée, l’interrogatoire
met aisément en évidence la présence de troubles beaucoup plus anciens qui n’avaient pas inquiété l’entourage et qui ne prennent toute leur signification qu’à
l’occasion de l’épisode récent. À l’inverse, le début
Points clés
+ La distinction entre dépression et maladie d’Alzheimer est habituellement aisée du fait de différences
dans la sémiologie, les troubles de mémoire et les
données de l’imagerie cérébrale.
+ Les difficultés peuvent être beaucoup plus grandes
dans le cas des démences frontotemporales ou des
démences sous-corticales dans lesquelles les troubles de mémoire comme les données de l’imagerie
ne permettent pas la distinction.
+ Les symptômes « dépressifs » sont très fréquents
dès le début de la maladie d’Alzheimer, mais ils
relèvent d’un trouble de la motivation (apathie) plus
que d’un trouble de l’humeur.
+ Dans leur genèse interviennent des facteurs biologiques mal précisés, mais également le retentissement des perturbations cognitives sur le psychisme
du patient et de son entourage.
+ Leur traitement doit donc associer médicaments
antidépresseurs et prise en charge psychologique du
patient comme de son entourage.
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Démences et dépression
d’une dépression est souvent plus net, secondaire à un
épisode affectif qui remonte à moins de six mois.
La présence d’antécédents psychiatriques, d’épisodes antérieurs de dépression est, bien entendu, un élément d’appoint pour le diagnostic de dépression. Mais il
n’est pas rare qu’une dépression survienne chez un
sujet âgé sans aucun antécédent et l’absence d’antécédents n’élimine pas la dépression ; à l’inverse, la présence d’antécédents psychiatriques n’élimine pas la
MA.
Au cours de l’examen, le comportement du sujet
atteint de MA est habituellement normal. Il s’exprime
d’une voix normale et sans difficultés en l’absence de
troubles du langage. S’il apparaît ralenti dans les tâches
intellectuelles, sa vivacité est préservée sur le plan moteur. Le sujet déprimé s’exprime lentement, volontiers
d’une voix monotone, et ses gestes témoignent d’un
ralentissement psychomoteur.
Un élément de différenciation fondamental :
les troubles mnésiques
Les troubles mnésiques sont présents dès le début
de la MA dont ils constituent l’élément le plus caractéristique pour le médecin comme pour l’entourage. Le
patient est le plus souvent conscient de ses difficultés,
mais tend à les minimiser, les rapportant à l’âge, à
l’exagération ou à l’angoisse de son entourage. Il nie
volontiers qu’ils soient à l’origine d’une diminution de
son activité. La plainte mnésique du déprimé est rarement isolée. Elle s’intègre dans un contexte de plaintes
somatiques, d’inhibition intellectuelle, de défaut de
concentration.
Le fait essentiel est que les difficultés de mémoire de
la MA et de la dépression relèvent de mécanismes tout
à fait différents, ce qui se traduit dans leur sémiologie et
peut être mis en évidence simplement. Le trouble mnésique de la MA est lié à une difficulté à mémoriser les
informations nouvelles en mémoire épisodique : il ne
porte que sur des événements du passé récent. Le sujet
répète les questions, pose une question alors que l’information vient de lui être donnée ; parfois l’oubli porte
sur un événement entier survenu au cours des heures,
des jours, des semaines précédents. À l’inverse, le
passé ancien apparaît longtemps préservé. Les difficultés du patient déprimé sont liées à une perturbation des
mécanismes de rappel : ils portent autant sur le passé
ancien que sur le passé récent et plus volontiers sur les
souvenirs dont la restitution nécessite une recherche
active (noms propres, détails d’événements{) ou les
souvenirs autobiographiques à connotation affective
positive alors qu’il peut, à l’inverse, ruminer les souvenirs à connotation négative.
Cette différence peut être aisément mise en évidence par l’examen. Lorsqu’on demande aux sujets
d’apprendre une liste de mots et de les restituer après
avoir inhibé la répétition mentale (par exemple en les
faisant compter à l’envers de 20 à 0), sujets déprimés et
sujets atteints de MA ont également des difficultés à
restituer les mots de la liste (rappel libre). Mais si les
processus de rappel sont facilités par l’apport d’indices
de rappel au moment de l’acquisition des mots (par
exemple en faisant associer le mot à sa catégorie, rappel dit indicé : tulipe = fleur) ou en les présentant au
milieu d’autres mots (reconnaissance), la difficulté disparaît ou est grandement améliorée lorsqu’elle traduit
un trouble des mécanismes de rappel. À l’inverse, elle
est peu ou pas modifiée lorsqu’elle relève d’un trouble
de la mémorisation.
Cette technique peut être facilement utilisée en demandant au sujet de rappeler une liste de 4 ou 5 mots
appartenant à des catégories différentes non reliés entre elles (exemple : fleur = dahlia ; légume = poireau ;
arbre = platane ; outil = tenaille) [3]. La non restitution
d’un seul mot en rappel indicé ou la présence d’une
intrusion (mot étranger) doivent être considérées
comme hautement suspectes et nécessitent de pousser
les investigations.
Les données des examens paracliniques
Deux examens sont importants pour le diagnostic
différentiel entre dépression et MA.
L’examen neuropsychologique apporte des éléments essentiels en précisant l’importance et le type
des troubles de mémoire par un test qui permet de
différencier les troubles de la mémorisation des troubles du rappel (seul le test de Grober et Buschke [4]
répond actuellement à ces exigences ; c’est un apprentissage d’une liste de 16 mots après vérification de l’encodage, confrontation des résultats en rappel libre, rappel
indicé
et
reconnaissance).
L’examen
neuropsychologique permet également de préciser
l’éventuelle atteinte d’autres fonctions supérieures
comme le langage, ce qui constituerait un élément
d’appoint en faveur de la MA. Il faut noter que les tests
d’évaluation globale, comme le mini mental state examination (MMSE), ne permettent pas de différencier
une MA au début d’une dépression, car la dépression
peut entraîner une diminution des performances cognitives globales.
L’imagerie cérébrale est le second élément important. Les lésions de la MA débutent toujours au niveau
des régions temporales internes et les premières anomalies, fonctionnelles et structurales, apparaissent au
niveau des régions hippocampiques. Elles se tradui-
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C. Derouesné et L. Lacomblez
sent, au scanner-X ou à l’IRM, par un élargissement des
citernes périhippocampiques et des cornes temporales : il est donc essentiel de préciser que l’examen neuroradiologique doit être centré sur les cornes temporales. L’absence d’atrophie hippocampique doit faire
remettre en question le diagnostic de MA. Un élargissement des sillons corticaux, la présence d’anomalies de
type vasculaire n’ont aucune valeur diagnostique car
elles peuvent se rencontrer chez le sujet âgé dans l’une
et l’autre des pathologies.
Dans certains cas, un examen tomoscintigraphique
peut aider en mettant en évidence un déficit de la perfusion cérébrale au niveau des régions hippocampiques
ou du cortex pariéto-temporal dans la MA. Au cours de
la dépression, la perfusion cérébrale est le plus souvent
normale, mais un déficit peut être observé au niveau
des régions frontales. Il épargne toutefois les régions
hippocampiques et postérieures.
Dépression ou démence frontotemporale ?
Bien que les DFT soient habituellement observées
chez des sujets plus jeunes que la MA, des données
récentes montrent qu’elles ne sont pas exceptionnelles
après 65 ans. Le diagnostic avec une dépression peut
être ici beaucoup plus difficile car les manifestations
comportementales sont au premier plan dans les deux
pathologies.
La distinction repose avant tout sur l’analyse de ces
manifestations. Les DFT peuvent se traduire par une
apathie majeure [5]. Le diagnostic est facilité lorsque s’y
associent des manifestations de désinhibition évocatrices de lésions frontales. Il est beaucoup plus difficile
lorsque l’apathie est isolée. En effet, les troubles de
mémoire des lésions frontales sont de même nature
que ceux de la dépression et relèvent de troubles des
mécanismes de rappel. L’examen neuropsychologique
peut être normal dans les DFT alors que les troubles du
comportement sont nets. Lorsqu’ils existent, ils portent
sur des épreuves explorant le fonctionnement exécutif
(planification, contrôle de l’activité, inhibition{) qui peuvent être perturbées dans la dépression. Si la présence
d’une atrophie des lobes frontaux est, bien évidemment, en faveur d’une DFT, son absence ne l’élimine pas
car elle peut n’apparaître que tardivement par rapport
aux troubles comportementaux. L’existence d’un déficit
de la perfusion cérébrale dans les régions frontales est
un argument en faveur de la DFT, mais elle peut être
observée dans certaines dépressions.
Le diagnostic peut également être plus difficile dans
les démences vasculaires ou les démences souscorticales car les troubles de mémoire sont de même
type que ceux observés dans la dépression.
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Qu’attendre du traitement d’épreuve ?
En cas de doute, il est habituel de prescrire un traitement d’épreuve par antidépresseurs. Toutefois, ce
traitement ne saurait être considéré comme un test, car
les antidépresseurs peuvent améliorer certains symptômes des affections démentielles (notamment l’apathie,
les manifestations anxio-dépressives associées) alors
qu’il existe un nombre non négligeable de dépressions
résistantes.
Si un traitement antidépresseur est néanmoins prescrit, il faut utiliser des doses efficaces pendant un temps
suffisant et il faut exiger une réponse franche, notamment sur les manifestations cognitives. Ce traitement,
toutefois, ne doit pas être systématique car :
1) il peut provoquer des effets latéraux sérieux chez
des patients atteints d’affection dégénérative (en particulier avec l’utilisation d’antidépresseurs ayant des effets anticholinergiques dans la MA ou aggravant les
troubles comportementaux dans les DFT) ;
2) il peut conforter la famille dans une attitude erronée par rapport au patient ;
3) l’apparition de traitements efficaces dans la MA a
modifié les perspectives d’autant que leur action semble être plus importante s’ils sont prescrits précocement. En revanche, le problème est beaucoup plus
difficile dans les DFT pour lesquelles nous n’avons
aucun traitement efficace. Il est tout aussi essentiel de
ne pas méconnaître une dépression chimio-résistante :
le seul recours est alors l’électroconvulsivothérapie.
Démence et dépression
Les rapports entre ces deux entités sont complexes
et les résultats des études qui leur sont consacrées sont
contradictoires. La fréquence de l’association entre dépression et démence varie ainsi de 0 à 87 % dans la
littérature ! Ces contradictions mettent en relief des
divergences liées à la situation des observateurs (études effectuées en milieu psychiatrique, neurologique
ou dans la population générale), la méthodologie employée (approche catégorielle utilisant des critères diagnostiques pour définir la dépression ou dimensionnelle reposant sur l’utilisation d’échelles de dépression,
spécifiques ou non, de recueil des données direct par
l’examen des patients ou indirect par l’interrogatoire
des proches) et la différence des populations étudiées
(certaines études portent sur les relations entre la dépression et la démence en général sans spécifier l’étiologie, d’autres plus précisément sur la MA ou une autre
pathologie).
Deux questions principales sont abordées : la dépression constitue-t-elle un facteur de risque pour le
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Démences et dépression
développement d’une affection démentielle ? Quelles
sont les particularités cliniques et thérapeutiques de la
dépression lorsqu’elle survient chez un sujet présentant
une affection de ce type ?
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La dépression est-elle un facteur de risque
de développement d’une affection démentielle ?
Deux types d’arguments ont été avancés pour considérer que la dépression pourrait être un facteur de
risque du développement d’une pathologie démentielle
chez le sujet âgé. Les données épidémiologiques apparaissent les mieux établies, bien qu’elles soient grevées
des biais méthodologiques exposés plus haut [6]. Plusieurs études ont montré qu’une proportion notable de
dépressions survenant chez les sujets âgés évoluait
vers l’installation d’une démence dans les années suivantes. Ces études sont criticables car, dans beaucoup
de cas, l’affection démentielle existait déjà au moment
de la « dépression ». Il faut ici rappeler que les critères
internationaux exigent la présence d’une démence (déficit cognitif multiple retentissant sur la vie quotidienne)
pour le diagnostic de MA. Or, nous savons aujourd’hui
que l’installation de la démence est précédée par une
phase de plusieurs années et que la symptomatologie
dépressive ou l’apathie sont, avec les troubles de mémoire, les manifestations initiales de la maladie. La
plupart des dépressions évoluant vers une MA traduisent, en réalité, le début d’une MA, à la phase prédémentielle. La présence de lésions vasculaires associées expliquerait que cette évolution soit plus nette
chez les hommes que chez les femmes [7]. Plus troublantes sont les études montrant la fréquence élevée
des dépressions survenues plus de dix ans avant les
troubles cognitifs [8] qui fait évoquer la possibilité d’une
fragilité génétique commune ou l’influence, sur les
deux pathologies, de troubles de la personnalité ou
d’événements de vie défavorables [9].
Par ailleurs, certains auteurs, psychanalystes ou systémiciens, soutiennent l’origine psychologique de la
démence, considérée comme une défense contre la
dépression, individuelle ou familiale. Les arguments
sont ici purement théoriques et ne reposent, au mieux,
que sur l’étude de cas isolés. Si l’hypothèse de l’influence de facteurs psychosomatiques dans l’apparition
ou l’évolution des pathologies démentielles mérite
d’être prise en compte, il est difficile d’admettre une
pure psychogenèse de ces pathologies et d’abolir la
distinction entre les affections mentales relevant de
perturbations purement fonctionnelles du cerveau,
donc réversibles, et les affections liées à des lésions
cérébrales irréversibles [10].
Les particularités de la dépression chez les sujets
présentant une affection démentielle
Là encore, les données de la littérature sont contradictoires en raison des mêmes problèmes méthodologiques. Nous envisagerons d’abord les données
concernant la MA, de loin l’affection la plus fréquente,
réservant un chapitre séparé à la question des autres
étiologies.
Les particularités sémiologiques
La question qui se pose est de savoir si les critères
diagnostiques de la dépression primaire et les échelles
utilisées pour évaluer la sévérité de la symptomatologie
dépressive sont applicables ou non aux patients ayant
des lésions cérébrales, en particulier dans les affections
démentielles, du fait du recouvrement partiel de la sémiologie. Les réponses à cette question varient grandement dans la littérature. Deux sources de confusion
supplémentaire viennent s’ajouter aux biais méthodologiques habituels : la confusion entre dépression et
apathie et l’absence de prise en compte de l’anxiété
dans la grande majorité de la littérature anglo-saxonne.
Les tentatives de définition de critères spécifiques de la
dépression dans la MA ne semblent pas résoudre ces
problèmes [11, 12].
En fonction de notre expérience et des données de la
littérature, nous voulons souligner plusieurs points :
1. Une symptomatologie de type dépressif, comme
d’ailleurs une symptomatologie anxieuse, est fréquente
dans la MA et ce, dès son début, alors que les dépressions caractérisées sont rares. Dans un travail, effectué
en collaboration avec l’unité de recherche du professeur Widlöcher [13], nous n’avons observé aucune dépression majeure et seulement 10 % de trouble dysthymique chez 118 patients atteints de MA. En revanche,
une symptomatologie de type dépressif, comme
d’ailleurs une symptomatologie anxieuse, était très fréquente. Les scores aux échelles de dépression et d’anxiété, bien que très inférieurs à ceux d’une population
contrôle de sujets présentant une dépression caractérisée, étaient en effet supérieurs à ceux observés chez des
sujets âgés normaux. La présence d’apathie, d’anxiété
et d’incontinence émotionnelle a été observée chez plus
des deux tiers des patients ayant un score au
MMSE > 23 et chez plus de la moitié de ceux dont le
score était > 26 [14].
2. Il existe des particularités sémiologiques dans la
symptomatologie des sujets atteints de MA. La symptomatologie dite dépressive est, en réalité, faite de manifestations liées à l’apathie et à des perturbations émotionnelles
(émoussement
affectif,
anxiété
et
incontinence émotionnelle). Nous avons pu montrer
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que la dysphorie n’expliquait que 17 % de la variance du
score d’apathie chez 150 patients atteints d’une MA.
Cette différence de sémiologie entre les patients présentant une MA et les sujets déprimés apparaît clairement dans l’analyse des scores aux différents items de
l’échelle d’Hamilton : les patients porteurs d’une MA
présentaient des scores qui ne différaient pas de ceux
des sujets normaux pour les items « culpabilité »,
« idées de suicide », « anxiété somatique », « ralentissement psychomoteur » et « hypocondrie » [15]. De la
même façon, on n’observe pas les perturbations du
sommeil (insomnie de la deuxième moitié de la nuit,
hypersomnie diurne) et de l’appétit (anorexie ou boulimie) habituelles dans la dépression.
La présence d’idées de suicide, de culpabilité, de
troubles végétatifs traduirait, en revanche, une véritable
dépression associée. La fréquence réelle d’une telle
association est difficile à préciser. Cette difficulté est
illustrée par une étude rétrospective récente effectuée
dans 4 centres spécialisés des États-Unis [16]. Chez
243 patients atteints de MA, le taux d’épisode dépressif
majeur (EDM) variant de 22,5 à 54,4 % selon les centres.
Le diagnostic d’EDM était porté selon les critères du
DSM-III-R après un entretien semi-structuré prenant en
compte les dires du patient, de l’aidant principal et
l’impression de l’examinateur. Toutefois, les auteurs ont
noté que la symptomatologie de l’EDM différait chez les
patients atteints de MA et dans un groupe contrôle de
sujets atteints de dépression primaire. Les patients
ayant une MA présentaient moins de troubles du sommeil et de l’appétit, moins de sentiments de culpabilité
et de dévalorisation, d’idées de mort ou de suicide. En
revanche, ils présentaient plus de manifestations psychotiques, de difficultés à se concentrer et à prendre des
décisions. Cette étude rapporte également que l’apparition d’EDM, présente dès le début des troubles cognitifs, augmente de telle façon que leur prévalence atteint
50 % des sujets dont le score au MMSE est compris
entre 13 et 0. Ce résultat quelque peu étonnant pose le
problème de la sémiologie de la dépression chez les
patients présentant une démence sévère chez lesquels
la sémiologie dépressive est difficile à repérer [17]. Le
refus de soins, de nourriture, parfois décrit comme
syndrome de glissement, pourrait être la traduction
d’une dépression majeure.
Les rapports entre les déficits cognitifs et la dépression sont également discutés. Certains auteurs pensent
que la dépression augmente les troubles cognitifs, ce
qui n’est pas observé par d’autres [18]. Ce qui apparaît
certain, c’est le rôle déterminant de l’apathie dans la
restriction des activités quotidiennes [19]. Ce rôle existe
S40
dès le début de la maladie et augmente en cours d’évolution. Le rôle négatif de la symptomatologie dépressive sur l’aidant a été également bien documenté [20].
Une étude récente portant sur le suivi à 12 mois de
150 patients [21] a montré que la rémission des symptômes cognitifs à 12 mois était associée à une moindre
fréquence des autres troubles non cognitifs et à une
amélioration du fonctionnement cognitif. Néanmoins,
les auteurs concluent que la présence de symptômes
dépressifs ne modifie pas l’évolution des déficits cognitifs. Par ailleurs, la présence d’une sémiologie dépressive est associée à une meilleure conscience des troubles.
3. Concernant l’association MA et suicide, les résultats sont, là encore, contrastés, la fréquence du suicide
et des démences étant corrélée à l’âge. Dans l’ensemble, le risque de suicide ne paraît pas important : moins
de 1 % dans la revue de Schneider et al. [22] qui ne
considèrent pas que la MA comporte un risque particulier de suicide. Des idées de suicide et de désir de mort
ont été observés chez 4 % de 148 patients, mais
n’avaient abouti à aucune tentative de suicide [23]. La
fréquence des idées de désespoir était plus élevée dans
l’étude de Harwood [24] : 10 % des 91 patients atteints
de MA. Deux études semblent aller à l’encontre de ces
résultats : l’une en provenance d’un hôpital psychiatrique dans lequel 7,4 % des 215 patients atteints de MA
ont été admis pour une tentative de suicide [25]. Enfin,
une étude neuropathologique de type cas-contrôle a
montré une plus grande sévérité des lésions cérébrales
de type Alzheimer chez 28 sujets âgés de plus de 60 ans
décédés par suicide par rapport à 56 sujets décédés de
mort naturelle [26]. Quoi qu’il en soit, l’ensemble de ces
chiffres montre que la crainte d’une dépression sévère
et de tentative de suicide liée à la révélation du diagnostic est largement surestimée.
Les facteurs étiologiques de la dépression dans la MA
Deux thèses sont en présence. Pour les tenants de la
psychiatrie biologique, la survenue d’une dépression au
cours de la MA est liée à la présence de facteurs biologiques : anomalies de la neurotransmission (perturbations des systèmes noradrénergiques, sérotoninergiques, dopaminergiques associées à celles du système
cholinergique prédominantes), lésions vasculaires associées ou encore au siège des lésions. Il faut reconnaître, toutefois, que les bases neurobiologiques de la
dépression dans la MA restent imprécises. La dépression ne semble pas liée à la sévérité des lésions histopathologiques [27].
La seconde thèse met l’accent sur les facteurs psychologiques. Le patient, au début de l’affection, ne com-
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Démences et dépression
prend pas ce qui lui arrive et se trouve confronté à des
difficultés dont l’origine lui échappe, ce qui constitue
une source d’anxiété. Du fait de ses troubles cognitifs, il
est régulièrement mis en échec et se trouve dans une
situation d’impuissance acquise, situation, rappelonsle, qui constitue le modèle expérimental de la dépression sur lequel sont testés les antidépresseurs. Les
troubles cognitifs accentuent les modifications d’identité et la perte d’estime de soi qui sont déjà associées au
vieillissement physiologique. Ces éléments sont particulièrement marqués chez les sujets ayant une identité
fragile, une personnalité narcissique ou névrotique. Par
ailleurs, l’influence de l’entourage est importante car il
peut apporter un soutien au patient ou, au contraire,
aggraver les choses en n’acceptant pas les troubles de
la maladie ou les modifications d’image, de rôle, de
statut qui lui sont liées. Le rôle des facteurs psychologiques est bien illustré par l’importance de l’effet placebo
dans les essais thérapeutiques.
Certains avancent que la dépression précoce serait
plutôt réactionnelle et celle qui survient plus tardivement d’origine biologique. En réalité, dans notre esprit,
les facteurs biologiques et psychologiques ne sont pas
opposés, mais complémentaires. L’apathie de la MA,
par exemple, est vraisemblablement liée, d’une part, à
la perturbation de régions cérébrales essentielles au
traitement des informations affectives (noyaux amygdaliens, cortex cingulaire antérieur, perturbations des
connexions avec le cortex orbitofrontal), mais également, d’autre part, à un mécanisme de défense du sujet
qui se protège contre l’anxiété liée aux échecs par un
retrait et une diminution d’activité.
La dépression dans les autres affections démentielles
Les données sont ici beaucoup plus fragmentaires.
Dans les DFT, l’étude lilloise [5] a montré que l’apathie
constituait le trouble essentiel, pouvant être prise pour
une dépression du fait d’une tristesse apparente. Nous
ne possédons pas de données sur l’association avec
une dépression vraie ni sur le suicide chez ces patients.
La dépression serait plus fréquente que l’apathie
dans les démences dites sous-corticales liées à la maladie de Parkinson, à la maladie de Huntington et, surtout,
aux démences vasculaires. Aux difficultés rencontrées
au cours de la MA, s’ajoutent ici le manque de fiabilité
des critères diagnostiques des démences avec corps de
Lewy (l’essentiel des démences parkinsoniennes) ou
des démences vasculaires et le fait que le diagnostic
différentiel est difficile car les troubles de mémoire sont
identiques dans ces affections et la dépression, comme
les perturbations métaboliques. Le meilleur élément
diagnostique ici est la présence ou non d’une atrophie
des régions hippocampiques.
Les spécificités thérapeutiques
Les problèmes méthodologiques qui obscurcissent
les études sur la dépression dans la MA se retrouvent au
niveau des essais thérapeutiques [28]. Ainsi une métaanalyse de 8 études contrôlées utilisant différents antidépresseurs a montré des résultats positifs dans 3 et
négatifs dans 5. Les résultats dépendraient essentiellement des critères retenus pour définir la dépression. Par
ailleurs, beaucoup d’études insistent aujourd’hui sur
l’action des médicaments anticholinestérasiques sur les
troubles psychocomportementaux. L’effet le plus clair
est certainement l’amélioration de l’apathie. Il peut être
utile de leur associer un antidépresseur lorsque la sémiologie dépressive est sévère. Le choix de l’antidépresseur dépend de la tolérance du médicament et il est
nécessaire d’éviter les antidépresseurs possédant une
action anticholinergique car ils peuvent être responsables d’une aggravation des déficits cognitifs, voire d’un
état confusionnel. Les inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine sont bien tolérés et particulièrement utiles lorsque la symptomatologie anxieuse est
marquée. D’autres antidépresseurs ont été utilisés
comme la miansérine, le moclobémide [29]. Il nous
paraît néanmoins préférable de prévenir la famille qu’il
ne faut pas attendre du traitement antidépresseur le
même bénéfice que dans une dépression primaire. Il
n’est pas évident que la réponse thérapeutique soit
identique chez les sujets qui présentent des anomalies
structurales du cerveau et, d’autre part, il ne faut pas
oublier que les troubles cognitifs placent le sujet dans
un véritable état d’impuissance acquise, source du
maintien d’un affect dépressif. La prise en charge de ces
dépressions ne saurait ainsi se limiter à la prescription
d’un antidépresseur. Il est essentiel d’aborder avec le
patient, comme avec la famille, un travail de soutien
psychothérapique pour faire accepter au mieux les difficultés cognitives et leur retentissement dans la vie
quotidienne ainsi que pour éviter l’incompréhension,
source de mise en échec du patient par l’entourage.
Conclusion
La symptomatologie dépressive est fréquente au
cours de la MA, même si elle ne prend que rarement
l’aspect d’un épisode dépressif majeur avec risque suicidaire. Elle est loin de représenter une entité homogène [19]. Elle peut traduire un mauvais ajustement du
Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2 (Suppl. 1) : S35-S42
S41
C. Derouesné et L. Lacomblez
patient à sa maladie du fait de sa personnalité ou d’une
incompréhension de son entourage. Elle peut traduire
la récurrence de tendances dépressives antérieures ou
encore être la conséquence des lésions cérébrales dégénératives ou vasculaires. Nous voudrions souligner à
ce propos que la question des rapports entre démences
et dépression, loin d’opposer les aspects biologiques et
psychologiques, souligne la nécessité d’une intégration
de ces deux faces de la connaissance, intégration qui
nous questionne sur la séparation non seulement de
nos catégories mentales mais également de nos pratiques « neurologique » et « psychiatrique ».
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