2/3
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF8017.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
âmes (données discutables et discutées), se mettent en marche en mars 58 av. J.-C. Pratiquant la politique de
la terre brûlée pour s'ôter tout espoir de retour, dit César, ils auraient ainsi mis le feu à leurs villes, une
douzaine, à leurs villages, environ quatre cents, et aux maisons isolées (B.G. I,5). César ne nomme aucun de
ces oppida et peu d'entre eux ont fait l'objet de fouilles au-delà de sondages, en particulier dans leurs
fortifications. L'oppidum principal semble être celui de Berne-Enge. Le Jensberg, plus à l'est, le Üetliberg près
de Zurich, et Altenburg sur le Rhin (dans le Bade-Wurtemberg) peuvent certainement entrer dans cette
catégorie, tout comme le Mont Vully et Yverdon-les-Bains. Les villages (vici) ou les fermes (privata aedificia)
sont encore très mal connus.
A fin mars 58, les émigrants se rassemblent dans les environs de Genève, oppidum à l'extrêmité nord de la
province romaine de la Gaule narbonnaise. César s'y précipite, coupe le pont sur le Rhône et leur interdit de
passer par la Narbonnaise. Les Helvètes, contraints de traverser le territoire des Séquanes par le Jura,
gagnent la Saône où les Tigurins sont massacrés par les légions romaines. Le vieux Divico, qui a participé à la
bataille d'Agen, est envoyé en ambassadeur auprès de César. Les pourparlers échouent, César voulant forcer
les Helvètes à s'établir à l'endroit de son choix. L'épopée, marquée par de nombreuses péripéties, se termine
dans le sang, à la bataille de Bibracte. César renvoie les Helvètes dans leur ancien territoire pour empêcher,
dit-il, l'installation de Germains d'outre-Rhin sur le Plateau suisse, ce qui aurait constitué une menace pour
Rome et sa province.
Les conséquences du désastre de Bibracte ont dû se faire sentir durant des générations. D'après César, les
émigrants qui retournèrent chez eux n'étaient que 110 000. C'est très probablement à cette occasion que les
Helvètes furent mis au bénéfice d'un traité (foedus), rompu en principe par l'envoi d'un contingent de 8000
hommes en 52 av. J.-C. pour prêter main-forte à Vercingétorix et l'armée gauloise devant Alésia.
3 - Le retour (été 58 av. J.-C.)
Les raisons précises de la migration des Helvètes restent obscures: incursions répétées de Germains selon
César, motifs d'ordre économique ou politique qui nous échappent. De retour sur le Plateau suisse, les
Helvètes reconstruisent: Berne et Yverdon sont à nouveau occupés; un petit oppidum est installé à Sermuz,
tout près d'Yverdon. Sont également habités le bois de Châtel près d'Avenches, le Jensberg et Altenburg, avec
une nouvelle occupation sur l'autre rive du Rhin, à Rheinau et Zurich, au pied du Lindenhof. Windisch voit
l'installation d'un petit oppidum, comme sans doute la colline de la Cité à Lausanne.
On trouve la mention d'Elveti sur une inscription (10/9 av. J.-C.) du Magdalensberg (Carinthie), et celle du
pagus Tigurinus à l'époque impériale dans la région d'Avenches. Divico, Orgétorix, Namméios et Vérucloétios
les deux interlocuteurs de César à Genève, Vatico qui figure sur deux monnaies de la région d'Avenches et du
bois de Châtel et Ninno, à Sermuz notamment, sont les seuls Helvètes sortis de l'anonymat. César avait
pourtant trouvé dans le camp des vaincus des tablettes identifiant les émigrants, écrites en caractères grecs.
4 - Les Helvètes: facteur d'identité "nationale"?
Pourquoi avoir utilisé le nom des Helvètes dans Corps helvétique, République helvétique, Confoederatio
helvetica ou helvétisme? Dès la fin du Moyen Age mais en particulier au XIXe s., le besoin de se trouver des
ancêtres fondateurs, rassembleurs, emblématiques et si possible héroïques, s'est fait sentir. On rappelle du
reste plus la victoire d'Agen (tableau de Charles Gleyre, 1858), que la défaite de Bibracte. Les Confédérés se
reconnaissaient dans les Helvètes, fiers et courageux, redécouverts à la Renaissance par Aegidius Tschudi. Ils
inventent au XVIIe s. Helvetia. Dans le volume de Karl Jauslin, Die Schweizergeschichte in Bildern (1885-1887),
Divico est entouré par Guillaume Tell et Arnold Winkelried. Les Helvètes forment aussi un tableau très
populaire dans les cortèges et évocations historiques si prisés dans la seconde moitié du XIXe s.
Il est curieux que le thème de l'émigration de 58 av. J.-C. soit l'un des mythes fondateurs de la Suisse, alors
que le fait de vouloir conduire son peuple à l'étranger n'est pas particulièrement un geste patriotique. Il n'en