L’ENCEINTE ANTIQUE :
UNE DÉCISION IMPÉRIALE
DE L’ENCEINTE MONUMENTALE D’AUTUN, ÉDIFIÉE DE PAR
LA VOLONDE L’EMPEREUR ROMAIN AUGUSTE (27 AVANT J.-C. /
14 APRÈS J.-C.), IL RESTE ENCORE AUJOURD’HUI QUARANTE-HUIT
TROONS DE COURTINE, TRENTE TOURS ET TROIS PORTES,
SOIT UN PEU PLUS DE 4 KM LINÉAIRES DE VESTIGES CONSERVÉS.
Pour une ville du but de
l’Antiquité, l’obtention du droit
de fortification constitue un
privilège rare qui ne peut être
accordé et financé que par
l’empereur lui-même directement
ou par le biais dexemption d’impôts.
Seule une petite dizaine de villes
en Gaule en a néficié.
La construction de la ville d’
Augustodunum, ex nihilo,
a cessité un aménagement remarquablement important
d’un plateau surplombant l’Arroux. Lapport de très grandes
quantités de remblais, contenus par endroits par l’enceinte
faisant alors office de mur de soutènement, a permis à la ville
antique d’atteindre une surface enclose de 200 ha.
Ce privilège accordé par Auguste, qui d’ailleurs donne son nom
à la ville, est une marque d’attention à l’égard des Eduens
dont elle devient la capitale. Cette tribu gauloise est qualifiée
par Tacite de “frères consanguins du peuple romain”.
Évocation de la ville antique d’Autun
Jean-Paul Delor
Jésus-Christ
Dynastie flavienne
Dynastie “des Antonins”
Dynastie des Sévères
Anarchie militaire
Le s Tr ent e Tyr ans
Empereurs illyriens
La Tét rar chi e
Dynastie constantinienne
Jules César ( né en 101 av. J.-C.) (49 / 44 av. J .-C. )
procons ul de Gau le cis alpine et de Narb onnaise
52 av. J.- C.
victoire de Jules César sur Vercingétorix à Alésia,
rédac tion de La Guer re d es Gaules à Bibra cte
46 av. J.- C.
nommé dictateur et consul annuel
44 av. J.-C.
nommé dictateur et censeur à vie en Italie
15 m ars 44 av. J.-C.
assassinat de Jules César
Octave (27 av. J -C. / 14 ap. J. -C.) petit-neveu de Cés ar
38 av. J.-C.
Oct ave re çoit l e ti tre d
Imperator
(dépositaire de la souveraineté et chef de guerre victorieux)
28 av. J.-C.
reçoit le titre de
Princeps Senatus
(le prem ier à prendre la par ole lors des di scussions sénatorial es)
le 16 mai 27 av. J.C.
Oct ave ob tient du Sénat le titre d’Aug uste,
terme religieux qui consacrait la mission divine d’Octave
Tibère be au-fils d’A uguste (14 / 37 ap. J.-C. )
Caligula
(37 / 41)
Claude (41 / 5 4) arrre -neveu d’A uguste
les Gaulois obtiennent le droit de siéger au Sénat romain, selon Tacite
“Les Eduens reçurent les premiers le droit de siéger au Sénat”
Néron (54 / 6 8) pe tit-neve u de Clau de
68 / 7 0
. Les troubles qui agitent l’empire au moment
de la succession de Néron se font sentir tout particulièrement
chez les Eduens qui soutiennent un partisan de Galba (68 / 69)
Vespasien (6 9 / 79)
Titus (79 / 81)
Domitien (81 / 9 6 )
Septime Sévère (193 / 211)
Postume (260 / 273)
proclamé “restaurateur des Gaules” dirige
l’Empire Gaulois (260 / 273)instauré
pour assur er la déf ense contre le s “bar bares”.
les Eduens hostiles à l’Empire gaulois recherchent
sans sucs le sou tien de l’e mpereur Cl aud e II (268 / 270).
Victorin (269 / 271)
successeur de Postume, laisse ses troupes piller la ville
et les campagnes. Phénomène des “Bagaudes”,
bandes ares qu i sévi ssent dans les vi lle s et le s ca mpagne s.
Dioclétien (285 / 305)
fin des attaques des bandes armées
Constance Chlore (293 / 306 )
Constantin Ier Le Grand (306 / 337)
Magnence (350 / 353 )
officier supérieur se fait proclamer empereur par ses troupes
avec le soutien de la population éduennes à Autun
ve rs 15 av. J.-C. :
création
de la ville d’
Augustodunum
150 / 250 ap. J.-C. :
création du temple de Janus
ve rs 259 ap. J.-C. :
saccage de la ville d’Autun
par les Alamans
aucun changement
ne se produit à Autu n
restauration d’Autun :
reconstruction des édifices publics
et privés, remise en état
des adductions et évacuations
des eaux
269 ap. J.-C. :
si ège d’Autun d e 7 moi s
poursuite de la restauration
d’Autun : allègement des impôts
et remise d e 5 ann uités de det tes
354 ap. J.-C. :
siège d’Autun
par les Alamans, sauvée par
les vétérans menés par Silvanus
Julien l’Apo stat ( 360 / 36 3)
69 / 96 ap. J.-C. :
création du théâtre d’Autun
IIe siècle période d’expansion
et intense occup ation de la ville
58 av. J.-C.
Texte : Agnès Rousseau d’après Armelle Fort, Yannik Labaune / service archéologique - Ville d’Autun.
Crédit photographique : Armelle Fort ; Ville d’Autun : service archéologique, service communication ;
Centre archéologique européen de Bibracte. Albéric Olivier.
Monnaies : Jacques Meissonnier, coll. Bertrand, Musée Archéologique de Dijon.
Plans et relevés : Armelle Fort, Yannick Labaune, Albéric Olivier, J.-C. Barçon, G. Monthel.
Restitutions : Jean-Paul Delor, Albéric Olivier.
Conception et coordination : Agnès Rousseau / SRA-DRAC Bourgogne.
Graphisme : Céline Henry. Impression : Albacolor - Dijon.
Porte d’Arroux
Porte
Saint-Andoche
Porte Saint-André
Amphithéâtre
Théâtre
Porte de Rome
Schéma comparatif
des parties connues
et restituées :
parties attestées
parties restituées
Em pir e ga ulo is ( 26 0 / 27 3)
Porte d’Arroux
0 400 m
Dynastie julio-claudienne
96 ap. J.-C.
192 ap. J.-C.
235 ap. J.-C.
285 ap. J.-C.
306 ap. J.-C.
49 av. J.- C.
69 ap. J.-C.
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L’URBANISME ANTIQUE
Lenceinte est probablement la première construction à être entreprise puisqu’elle
doit contenir les apports de terre. Aujourd’hui elle fait parfois partie intégrante
des constructions.
La trame urbaine est gulière, organisée
sur un quadrillage orthogonal, avec des
cardines
(
cardo
au singulier) rues orientées
nord-sud et des
decumani
(
decumanus
au singulier) orientés est-ouest.
A Autun, le
cardo maximus
intègre la voie
dite d
Agrippa.
Cette organisation dénit
des îlots, généralement d’égales dimensions,
sur lesquels vont prendre place l’habitat,
les édifices publics, les ateliers d’artisans,
les boutiques, etc.
Les règles d’urbanisme commandent également
que les nécropoles soient situées à l’extérieur
des villes. A
Augustodunum
, on en a découvert neuf
qui se situent le long des voies de communication,
à l’exrieur des remparts. Elles sont datées entre
les Ier et IVe siècles.
Certains îlots du centre ne semblent
vraiment occupés que très progressivement.
Peu à peu les constructions en terre et en bois
au sol de terre battue sont remplacées
par des constructions en pierre, parfois
de grand appareil.
La ville actuelle a recouvert la ville antique
et on ne connait pas bien la localisation
du
forum,
de l’université, de l’école
de gladiateurs, des temples et des palais.
Les textes anciens et les fragments d’édifices
couverts lors des fouilles laissent
cependant entrevoir sa richesse
monumentale.
A L’ÉGAL DES AUTRES VILLES CRÉÉES À CETTE PÉRIODE,
LES RÈGLES D’URBANISME QUI PRÉSIDENT À LÉDIFICATION
D’AUGUSTODUNUM RÉPONDENT À DES CRITÈRES CONSTANTS
ISSUS EN MAJORITÉ DU MONDE ROMAIN : CELA DONNE AUX VILLES
UN AIR DE FAMILLE. AUTUN QUALIFIÉE DÈS 43 DURBS OPULENTISSIMA,
SE DÉVELOPPERA PROGRESSIVEMENT JUSQU’AU IIIe S.
Fouilles du
cardo maximus
État actuel et restitution du théâtre
Restitution du portique
Albéric Olivier
Mosaïque
Mosaïque
Mosaïque
Mosaïque
Mosaïque
0 50 m
Albéric Olivier
Restitution du cardo maximus
Albéric Olivier
MORPHOLOGIE DE L’ENCEINTE :
TOURS ET COURTINES
LONGUE DE 6 KILOMÈTRES À L’ORIGINE, L’ENCEINTE D’AUTUN
EST COMPOSÉE D’UNE ALTERNANCE DE TOURS ET DE COURTINES.
QUATRE PORTES MONUMENTALES EN PIERRE ET PLUSIEURS
OUVERTURES SECONDAIRES DONNENT ACCÈS À LA VILLE.
Tour avec une rangée de gros blocs en arkose grise
Mortier reposant sur
un blocage de moellons
irréguliers et s’appuyant
contre le parement
de la courtine. Il est sectionné
à l’est par la fondation
du mur nord de l’aile
sur l’ancien couvent
Mur nord de l’aile sud
de l’ancien couvent de
la visitation (niveau des
fondations)
Bloc de gros appareil
reposant sur une
fondation de blocage
Deux blocs de moyen
appareil s’engageant
sous le mur du couvent
Bloc de fondations
Blocage
Brique
Mur moderne
Porte moderne
bouchée (poterne)
Le parement extérieur
de la tour est très soigné ;
il est constitué de petits
moellons très réguliers
Assises de la semelle
de fondations
Relevé d’une tour,
Couvent de la visitation
Au sommet des courtines et traversant les tours,
courait sans doute un chemin de ronde probablement
bordé de créneaux. On ne sait rien de l’aménagement
interne des tours ; existait-il un, voire plusieurs étages,
des escaliers, des fenêtres et des portes ?
50 m
0
Tour découverte en fouille
Cardo attesté
Rue du faubourg Saint-Andoche
Trottoir + portique
Decumanus attesté
Ruelle
Avenue du Morvan
1 : fouille Clinique du Parc 2005 (decumanus secondaire + boutiques). A.P . Stephenson.
2 : fouille Clinique du Parc 1989 (domus dite à l'ampulla). P . Chardron-Picault.
3 : fouille Hôpital 2001 (domus dite aux Stucs). P . Bet.
4 : surveillance 2002 (cardo secondaire). Y . Labaune.
Fondation du portique en de bord de rue
Les rues bouchaient très souvent
sur les tours, ce qui témoigne de l’étroite
relation entre la voirie mise en place
s l’origine de la ville et l’enceinte.
L’analyse morphologique
des vestiges encore visibles,
permet de restituer ce qu’était
l’enceinte au moment de
sa construction : les courtines
s’élevaient à environ 11 m
et cinquante-sept tours
circulaires de 9 m de diamètre,
espacées de 80 à 100 m.
jalonnaient la fortification.
J.-C. Barçon, G. Monthel
LES PORTES
LES PORTES SAINT-AND(EST), SAINT-ANDOCHE (OUEST) ET LA PORTE D’ARROUX (NORD),
AUJOURD’HUI PARTIELLEMENT CONSERVÉES ET LA PORTE DE ROME (SUD) À PRÉSENT DISPARUE
OUVRENT SUR DES VOIES MENANT RESPECTIVEMENT VERS LANGRES ET BESANÇON,
LE CENTRE DE LA GAULE, BOULOGNE ET LYON.
Les quatre portes sont bâties selon le même plan.
Elles étaient enserrées de chaque côté par une tour
et peut-être flanquées d’arrière-cour ou
cavaedia,
lieu de contrôle et de prélèvement des taxes.
Plusieurs indices suggèrent
l’existence d’au moins trois
issues secondaires : une dans
la ville haute, à lemplacement
de la porte médiévale du Breuil,
une autre à l’angle nord-ouest
de la ville et la dernière en
contrebas du théâtre. Toutefois,
on ne peut terminer si elles
étaient prévues dans le projet
initial ou si elles sont le fruit
de remaniements.
Les cors qui ornent les portes sont tous difrents. En comparant la facture
des motifs avec ceux d’autres monuments du me type situés dans d’autres
villes construites durant l’Antiquité, on perçoit l’homogénéité des styles à travers
l’empire. On parvient également à dater plus précisément la construction des
difrents éléments de la fortification et on constate qu’elle s’est étalée sur plusieurs
dizaines d’années : la Porte dArroux date de l’époque d’Auguste, tandis que
les tours et les courtines sont achevées trente ans plus tard environ, sous Tibère.
Reconstitution d’ambiance vers la porte d’Arroux
1
Au rez-de-chaussée deux baies jumelles
laissent passer les chariots tandis
que les baies latérales servent aux piétons.
Létage est constitué d’une galerie
à double rangées darcades.
2 3
Couvent du St-Sacrement
Porte d’Arroux (3)
Poterne de Breuil.
Porte Saint-André (2)
rempart moderne
Porte de Rome
Porte
Saint-Andoche (1)
Antoine Louis
Roidot-Deléage
Roidot-Deléage
MARQUE DE L’ANTIQUITÉ
DANS LE PAYSAGE ACTUEL
MÊME SI LENCEINTE IMPÉRIALE DAUGUSTODUNUM RÉPOND DE PAR SA ROBUSTESSE
ET SES NOMBREUSES TOURS AUX NORMES MILITAIRES DE LANTIQUITÉ, ELLE APPART
AVANT TOUT COMME UNE GIGANTESQUE MISE EN SCÈNE DESTINÉE À MONTRER LA FAVEUR
ET LA PUISSANCE ROMAINE. IMPOSANTE PAR SES PROPORTIONS EXCEPTIONNELLES,
ELLE DEVAIT ÊTRE VISIBLE À DES KILOMÈTRES À LA RONDE.
La surface prévue à lorigine semble démesurée par rapport aux
capacités d’occupation de la population éduenne locale ; en effet, la
ville demeura dans ses limites gallo-romaines jusqu’aux années 1950.
Sa longévité est également due au soin apporté à sa construction,
au fait quelle constitue le mur de soutènement d’une partie de la ville
actuelle et de plusieurs bâtiments et qu’elle soit devenue, au cours
des ans, un élément clé du cadre de vie des autunois du XXIe siècle.
Depuis les années 1930, l’enceinte néficie, sur toute sa longueur,
d’une protection au titre des Monuments Historiques.
Cela implique que tous les travaux portant sur cet ouvrage ou sur ses
abords doivent faire l’objet d’une autorisation préalable délivrée par les
autorités compétentes.
Instrument de la romanisation,
l’enceinte marque également la frontière
entre “le monde de l’exrieur”,
celui des indigènes, et “le monde de
l’intérieur”, voué au modèle romain.
Les portes monumentales indiquent
immédiatement au visiteur qu’en entrant
dans la ville, il pénètre dans un nouveau
monde, celui du gne de la “vertu et de
la piété”, restauré par Auguste.
La ville a mis ce patrimoine en valeur
par un jeu de lumières nocturnes
au niveau du boulevard Mac mahon.
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