L`ENCEINTE ANTIQUE : UNE DÉCISION IMPÉRIALE

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L’ENCEINTE ANTIQUE :
UNE DÉCISION IMPÉRIALE
DE L’ENCEINTE MONUMENTALE D’AUTUN, ÉDIFIÉE DE PAR
LA VOLONTÉ DE L’EMPEREUR ROMAIN AUGUSTE (27 AVANT J.-C. /
14 APRÈS J.-C.), IL RESTE ENCORE AUJOURD’HUI QUARANTE-HUIT
TRONÇONS DE COURTINE, TRENTE TOURS ET TROIS PORTES,
SOIT UN PEU PLUS DE 4 KM LINÉAIRES DE VESTIGES CONSERVÉS.
Porte d’Arroux
Jules César (né en 101 av. J.-C.) (49 / 44 av. J.-C.)
t)
arg
denier (
Dynastie julio-claudienne
38 av. J.-C. Octave reçoit le titre d’Imperator
(dépositaire de la souveraineté et chef de guerre victorieux)
28 av. J.-C. reçoit le titre de Princeps Senatus
(le premier à prendre la parole lors des discussions sénatoriales)
le 16 mai 27 av. J.C. Octave obtient du Sénat le titre d’Auguste,
terme religieux qui consacrait la mission divine d’Octave
Au
guste (or)
vers 15 av. J.-C. : création
de la ville d’Augustodunum
Tibère beau-fils d’Auguste (14 / 37 ap. J.-C.)
Caligula (37 / 41)
Jean-Paul Delor
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Évocation de la ville antique d’Autun
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Dynastie flavienne
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IIe siècle période d’expansion
et intense occupation de la ville
150 / 250 ap. J.-C. :
création du temple de Janus
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Porte d’Arroux
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(la
Dioclétien (285 / 305)
fin des attaques des bandes armées
Constance Chlore (293 / 306 )
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306 ap. J.-C.
Constantin Ier Le Grand (306 / 337)
Magnence (350 / 353)
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e)
officier supérieur se fait proclamer empereur par ses troupes
avec le soutien de la population éduennes à Autun
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ronz
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Dynastie constantinienne
e argenté)
successeur de Postume, laisse ses troupes piller la ville
et les campagnes. Phénomène des “Bagaudes”,
bandes armées qui sévissent dans les villes et les campagnes.
tin
nc
(
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Porte
Saint-Andoche
cuivre)
Porte de Rome
ou
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billon)
vers 259 ap. J.-C. :
saccage de la ville d’Autun
par les Alamans
es
Victorin (269 / 271)
nz
Anarchie militaire
Empereurs illyriens Les Trente Tyrans
Empire gaulois (260 / 273)
La Tétrarchie
s(
billo
n)
proclamé “restaurateur des Gaules” dirige
l’Empire Gaulois (260 / 273)instauré
,a
pour assurer la défense contre les “barbares”.
ntoninianu
les Eduens hostiles à l’Empire gaulois recherchent
sans succès le soutien de l’empereur Claude II (268 / 270).
terce (laiton
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Postume (260 / 273)
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Postum
argenteus
Amphithéâtre
Théâtre
Dioclétien, n
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II
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285 ap. J.-C.
Porte Saint-André
aucun changement
ne se produit à Autun
Claude
ri
Victo
an
toninianu
e
Septim
Dynastie des Sévères
Septime Sévère (193 / 211)
235 ap. J.-C.
La construction de la ville d’Augustodunum, ex nihilo,
a nécessité un aménagement remarquablement important
d’un plateau surplombant l’Arroux. L’apport de très grandes
quantités de remblais, contenus par endroits par l’enceinte
faisant alors office de mur de soutènement, a permis à la ville
antique d’atteindre une surface enclose de 200 ha.
t
a
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A
Marc
sesterce (l
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Dynastie “des Antonins”
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Antonin
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Ves
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Domitien (81 / 96 )
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,
sesterce (lai
69 / 96 ap. J.-C. :
création du théâtre d’Autun
Titus (79 / 81)
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Tra
t
sesterce (lai
n,
Vespasien (69 / 79)
96 ap. J.-C.
192 ap. J.-C.
ro
Né
68 / 70. Les troubles qui agitent l’empire au moment
de la succession de Néron se font sentir tout particulièrement
chez les Eduens qui soutiennent un partisan de Galba (68 / 69)
)
Néron (54 / 68) petit-neveu de Claude
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è
Tib
les Gaulois obtiennent le droit de siéger au Sénat romain, selon Tacite
“Les Eduens reçurent les premiers le droit de siéger au Sénat”
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Cla
Claude (41 / 54) arrière-neveu d’Auguste
sesterce (arg
69 ap. J.-C.
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Octave (27 av. J-C. / 14 ap. J.-C.) petit-neveu de César
Jésus-Christ
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,
Cé
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49 av. J.-C.
Jul
proconsul de Gaule cisalpine et de Narbonnaise
52 av. J.-C. victoire de Jules César sur Vercingétorix à Alésia,
rédaction de La Guerre des Gaules à Bibracte
46 av. J.-C. nommé dictateur et consul annuel
44 av. J.-C. nommé dictateur et censeur à vie en Italie
15 mars 44 av. J.-C. assassinat de Jules César
en
58 av. J.-C.
0
269 ap. J.-C. :
siège d’Autun de 7 mois
restauration d’Autun :
reconstruction des édifices publics
et privés, remise en état
des adductions et évacuations
des eaux
poursuite de la restauration
d’Autun : allègement des impôts
et remise de 5 annuités de dettes
354 ap. J.-C. : siège d’Autun
par les Alamans, sauvée par
les vétérans menés par Silvanus
Julien l’Apostat (360 / 363)
400 m
Schéma comparatif
des parties connues
et restituées :
parties attestées
parties restituées
Pour une ville du début de
l’Antiquité, l’obtention du droit
de fortification constitue un
privilège rare qui ne peut être
accordé et financé que par
l’empereur lui-même directement
ou par le biais d’exemption d’impôts.
Seule une petite dizaine de villes
en Gaule en a bénéficié.
Ce privilège accordé par Auguste, qui d’ailleurs donne son nom
à la ville, est une marque d’attention à l’égard des Eduens
dont elle devient la capitale. Cette tribu gauloise est qualifiée
par Tacite de “frères consanguins du peuple romain”.
Texte : Agnès Rousseau d’après Armelle Fort, Yannik Labaune / service archéologique - Ville d’Autun.
Crédit photographique : Armelle Fort ; Ville d’Autun : service archéologique, service communication ;
Centre archéologique européen de Bibracte. Albéric Olivier.
Monnaies : Jacques Meissonnier, coll. Bertrand, Musée Archéologique de Dijon.
Plans et relevés : Armelle Fort, Yannick Labaune, Albéric Olivier, J.-C. Barçon, G. Monthel.
Restitutions : Jean-Paul Delor, Albéric Olivier.
Conception et coordination : Agnès Rousseau / SRA-DRAC Bourgogne.
Graphisme : Céline Henry. Impression : Albacolor - Dijon.
L’URBANISME ANTIQUE
A L’ÉGAL DES AUTRES VILLES CRÉÉES À CETTE PÉRIODE,
LES RÈGLES D’URBANISME QUI PRÉSIDENT À L’ÉDIFICATION
D’AUGUSTODUNUM RÉPONDENT À DES CRITÈRES CONSTANTS
ISSUS EN MAJORITÉ DU MONDE ROMAIN : CELA DONNE AUX VILLES
UN AIR DE FAMILLE. AUTUN QUALIFIÉE DÈS 43 D’URBS OPULENTISSIMA,
SE DÉVELOPPERA PROGRESSIVEMENT JUSQU’AU IIIe S.
Mosaïque
Mosaïque
L’enceinte est probablement la première construction à être entreprise puisqu’elle
doit contenir les apports de terre. Aujourd’hui elle fait parfois partie intégrante
des constructions.
A Autun, le cardo maximus intègre la voie
dite d’Agrippa. Cette organisation définit
des îlots, généralement d’égales dimensions,
sur lesquels vont prendre place l’habitat,
les édifices publics, les ateliers d’artisans,
les boutiques, etc.
Restitution du cardo maximus
Albéric Olivier
Fouilles du cardo maximus
Albéric Olivier
La trame urbaine est régulière, organisée
sur un quadrillage orthogonal, avec des
cardines ( cardo au singulier) rues orientées
nord-sud et des decumani ( decumanus
au singulier) orientés est-ouest.
Albé
ric
Oliv
ier
Restitution du portique
Les règles d’urbanisme commandent également
que les nécropoles soient situées à l’extérieur
des villes. A Augustodunum, on en a découvert neuf
qui se situent le long des voies de communication,
à l’extérieur des remparts. Elles sont datées entre
les Ier et IVe siècles.
Certains îlots du centre ne semblent
vraiment occupés que très progressivement.
Peu à peu les constructions en terre et en bois
au sol de terre battue sont remplacées
par des constructions en pierre, parfois
de grand appareil.
La ville actuelle a recouvert la ville antique
et on ne connait pas bien la localisation
du forum, de l’université, de l’école
de gladiateurs, des temples et des palais.
Les textes anciens et les fragments d’édifices
découverts lors des fouilles laissent
cependant entrevoir sa richesse
monumentale.
Mosaïque
0
50 m
Mosaïque
État actuel et restitution du théâtre
Mosaïque
MORPHOLOGIE DE L’ENCEINTE :
TOURS ET COURTINES
LONGUE DE 6 KILOMÈTRES À L’ORIGINE, L’ENCEINTE D’AUTUN
EST COMPOSÉE D’UNE ALTERNANCE DE TOURS ET DE COURTINES.
QUATRE PORTES MONUMENTALES EN PIERRE ET PLUSIEURS
OUVERTURES SECONDAIRES DONNENT ACCÈS À LA VILLE.
Tour avec une rangée de gros blocs en arkose grise
Au sommet des courtines et traversant les tours,
courait sans doute un chemin de ronde probablement
bordé de créneaux. On ne sait rien de l’aménagement
interne des tours ; existait-il un, voire plusieurs étages,
des escaliers, des fenêtres et des portes ?
Tour découverte en fouille
Fondation du portique en de bord de rue
Rue du faub
ourg Saint-An
doche
Cardo attesté
Trottoir + portique
Decumanus attesté
Les rues débouchaient très souvent
sur les tours, ce qui témoigne de l’étroite
relation entre la voirie mise en place
dès l’origine de la ville et l’enceinte.
Ruelle
Relevé d’une tour,
Couvent de la visitation
Avenue du Morva
n
1 : fouille
Assises
de laClinique
semelledu Parc 2005 (decumanus secondaire + boutiques). A.P. Stephenson.
2 : fouille Clinique du Parc 1989 (domus dite à l'ampulla). P. Chardron-Picault.
de fondations
3 : fouille Hôpital 2001 (domus dite aux Stucs). P. Bet.
4 : surveillance 2002 (cardo secondaire). Y. Labaune.
0
50 m
Brique
Bloc de gros appareil
reposant sur une
fondation de blocage
Bloc de fondations
Mur moderne
Porte moderne
bouchée (poterne)
Le parement extérieur
de la tour est très soigné ;
il est constitué de petits
moellons très réguliers
Mortier reposant sur
un blocage de moellons
irréguliers et s’appuyant
contre le parement
de la courtine. Il est sectionné
à l’est par la fondation
du mur nord de l’aile
sur l’ancien couvent
Blocage
Mur nord de l’aile sud
de l’ancien couvent de
la visitation (niveau des
fondations)
J.-C. Barçon, G. Monthel
L’analyse morphologique
des vestiges encore visibles,
permet de restituer ce qu’était
l’enceinte au moment de
sa construction : les courtines
s’élevaient à environ 11 m
et cinquante-sept tours
circulaires de 9 m de diamètre,
espacées de 80 à 100 m.
jalonnaient la fortification.
Deux blocs de moyen
appareil s’engageant
sous le mur du couvent
LES PORTES
LES PORTES SAINT-ANDRÉ (EST), SAINT-ANDOCHE (OUEST) ET LA PORTE D’ARROUX (NORD),
AUJOURD’HUI PARTIELLEMENT CONSERVÉES ET LA PORTE DE ROME (SUD) À PRÉSENT DISPARUE
OUVRENT SUR DES VOIES MENANT RESPECTIVEMENT VERS LANGRES ET BESANÇON,
LE CENTRE DE LA GAULE, BOULOGNE ET LYON.
Plusieurs indices suggèrent
l’existence d’au moins trois
issues secondaires : une dans
la ville haute, à l’emplacement
de la porte médiévale du Breuil,
une autre à l’angle nord-ouest
de la ville et la dernière en
contrebas du théâtre. Toutefois,
on ne peut déterminer si elles
étaient prévues dans le projet
initial ou si elles sont le fruit
de remaniements.
Couvent du St-Sacrement
Porte
Saint-Andoche (1)
Antoine Louis
Porte Saint-André (2)
part
rem
e
dern
mo
Reconstitution d’ambiance vers la porte d’Arroux
Les quatre portes sont bâties selon le même plan.
Elles étaient enserrées de chaque côté par une tour
et peut-être flanquées d’arrière-cour ou cavaedia,
lieu de contrôle et de prélèvement des taxes.
Porte de Rome
Porte d’Arroux (3)
Roidot-Deléage
Roidot-Deléage
1
2
3
Au rez-de-chaussée deux baies jumelles
laissent passer les chariots tandis
que les baies latérales servent aux piétons.
L’étage est constitué d’une galerie
à double rangées d’arcades.
Les décors qui ornent les portes sont tous différents. En comparant la facture
des motifs avec ceux d’autres monuments du même type situés dans d’autres
villes construites durant l’Antiquité, on perçoit l’homogénéité des styles à travers
l’empire. On parvient également à dater plus précisément la construction des
différents éléments de la fortification et on constate qu’elle s’est étalée sur plusieurs
dizaines d’années : la Porte d’Arroux date de l’époque d’Auguste, tandis que
les tours et les courtines sont achevées trente ans plus tard environ, sous Tibère.
Poterne de Breuil.
MARQUE DE L’ANTIQUITÉ
DANS LE PAYSAGE ACTUEL
MÊME SI L’ENCEINTE IMPÉRIALE D’AUGUSTODUNUM RÉPOND DE PAR SA ROBUSTESSE
ET SES NOMBREUSES TOURS AUX NORMES MILITAIRES DE L’ANTIQUITÉ, ELLE APPARAÎT
AVANT TOUT COMME UNE GIGANTESQUE MISE EN SCÈNE DESTINÉE À MONTRER LA FAVEUR
ET LA PUISSANCE ROMAINE. IMPOSANTE PAR SES PROPORTIONS EXCEPTIONNELLES,
ELLE DEVAIT ÊTRE VISIBLE À DES KILOMÈTRES À LA RONDE.
La surface prévue à l’origine semble démesurée par rapport aux
capacités d’occupation de la population éduenne locale ; en effet, la
ville demeura dans ses limites gallo-romaines jusqu’aux années 1950.
Sa longévité est également due au soin apporté à sa construction,
au fait qu’elle constitue le mur de soutènement d’une partie de la ville
actuelle et de plusieurs bâtiments et qu’elle soit devenue, au cours
des ans, un élément clé du cadre de vie des autunois du XXIe siècle.
Depuis les années 1930, l’enceinte bénéficie, sur toute sa longueur,
d’une protection au titre des Monuments Historiques.
Cela implique que tous les travaux portant sur cet ouvrage ou sur ses
abords doivent faire l’objet d’une autorisation préalable délivrée par les
autorités compétentes.
Instrument de la romanisation,
l’enceinte marque également la frontière
entre “le monde de l’extérieur”,
celui des indigènes, et “le monde de
l’intérieur”, voué au modèle romain.
Les portes monumentales indiquent
immédiatement au visiteur qu’en entrant
dans la ville, il pénètre dans un nouveau
monde, celui du règne de la “vertu et de
la piété”, restauré par Auguste.
La ville a mis ce patrimoine en valeur
par un jeu de lumières nocturnes
au niveau du boulevard Mac mahon.
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