Fiche à détacher et à archiver
Fiche
N° 1
– La dose nécessaire de naloxone est en moyenne d’une demi-
ampoule à deux ampoules ; elle peut atteindre 2 mg
(= 5 ampoules).
Si c’était bien un surdosage : le patient se réveille, bâille, reparle,
sa FR augmente quasiment immédiatement, la rapidité
d’effet étant un signe pathognomonique du surdosage.
Une fois la FR remontée à plus de 10/mn, deux possibilités
s’offrent : surveillance simple ou relais par seringue électrique.
Une surveillance rapprochée toutes les 15 mn pendant 1 à 2 h
sera instaurée en cas de surdosage avec un morphinique sous
forme à libération immédiate et sans facteur de risque d’accu-
mulation.
En cas de surdosage avec des formes LP per os, des formes
injectables (i.v. ou s.c.), du fentanyl, ou en cas de risque d’ac-
cumulation quels que soient la forme et le mode d’administra-
tion, prendre le relais par seringue électrique en i.v. selon la
posologie suivante : les deux tiers de la dose ayant permis une
bonne ventilation/heure, avec une surveillance de la vigilance,
de la FR, du pouls et de la tension artérielle toutes les 2 h, pen-
dant une durée dépendant du mode d’administration précédent
de l’opioïde (2 h à 4 h si i.v., 6 h si libération immédiate ou s.c.,
10 h à 12 h si libération prolongée, 16 h à 24 h si fentanyl).
✓Si voie veineuse impossible :
– Choisir la voie s.c.
– Il n’existe pas de consensus de procédure.
– On injecte cc par cc toutes les 3 mn, jusqu’à remontée de la FR.
– Le choix de relais ou non par la seringue électrique reste fondé
sur les mêmes conditions que pour la voie i.v.
✓Chez la personne âgée avec antécédents d’hypertension arté-
rielle ou de coronaropathie prouvée
Une titration trop rapide de naloxone peut entraîner une tachy-
cardie ou une poussée d’hypertension artérielle, avec risque de
souffrance coronarienne, qu’il faudra repérer et traiter sympto-
matiquement (nicardipine, O
2
, etc.). Ce risque ne doit en aucun
cas empêcher l’utilisation de la naloxone si un surdosage
opioïde la rend nécessaire.
La buprénorphine peut entraîner à forte dose un surdosage dif-
ficilement réversible sous naloxone.
✓Effets cliniques de la levée du surdosage
Hyperventilation, frissons, vomissements, agitation et anxiété
peuvent survenir, sans gravité.
Place du charbon activé (Carbomix
®
)
Dans les 15 mn suivant la prise accidentelle d’une dose de mor-
phine per os chez un patient qui ne présente pas de trouble de
la déglutition au préalable, le protocole est le suivant : 25 g à
50 g de Carbomix
®
dans 250 cc d’eau.
technique
Sous la responsabilité de leurs auteurs
16
Le Courrier de l’algologie (5), n°1, janvier/février/mars 2006
Quand doit-on hospitaliser ?
✓Pour tout surdosage à domicile.
✓Si surveillance impossible.
✓Si surdosage par fentanyl.
✓Si antécédents cardiovasculaires.
COMMENT RÉINTRODUIRE LES ANTALGIQUES ?
Quand une douleur réapparaît, si c’est à la fin de la titration par
la naloxone ou en cours d’administration continue de la
naloxone :
– en milieu spécialisé avec une voie i.v., on retitre a minima
(0,5 mg par 0,5 mg toutes les 10 minutes) avec de la morphine ;
– sans voie i.v., on peut titrer prudemment en s.c. (la technique
dépendra des circonstances de surdosage et des doses préa-
lables de morphine) ;
– hors milieu spécialisé, essayer les antalgiques de palier 1 (para-
cétamol [Perfalgan
®
], etc.) ou 2 (néfopam [Acupan
®
], etc.) et
joindre une équipe spécialisée.
Quelle que soit la posologie moyenne antérieure de morphi-
niques, une nouvelle titration sera effectuée à des doses
moindres de 50 à 75 % des doses antérieures).
Si le surdosage était dû au fentanyl, ne pas remettre un patch
d’emblée, mais passer par une phase de titration à la morphine.
Remerciements au Pr D. Fletcher pour ses précieux conseils.
POUR EN SAVOIR PLUS...
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