les systemes d`information pour l`environnement et gestion des

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LES SYSTEMES D’INFORMATION POUR
L’ENVIRONNEMENT ET GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES : CAS DU PROJET GEPRENAF
Par André BASSOLE
1.
INTRODUCTION
Le programme sur les systèmes d’information pour l’environnement (SIE) en Afrique Subsaharienne,
plus connu sous l’appellation « Programme SIE » (une initiative des années 1990 de la Banque mondiale
assistée par un groupe d’autres institutions internationales), s’est développé avec l’élaboration et la mise en
œuvre des Plans d’actions nationaux pour l’environnement (PANE, PAE, PNAE, etc.). Initialement perçu
sous l’angle purement technologique, un SIE se veut de nos jours un cadre institutionnel fonctionnant en
réseau dans un contexte juridique approprié à la gestion de l’information. Le SIE s’appuie sur la géoinformation et les technologies de l’information et de la communication pour permettre la collecte,
l’intégration, le partage et l’analyse des données environnementales, l’utilisation et la dissémination de
l’information résultante comme support à la prise de décision à tous les niveaux, dans le cadre du
développement durable .
Dans le présent article, nous donnons un aperçu des différentes étapes nécessaires à la mise en place
d’un SIE et présentons celui développé dans le cadre du Projet de Gestion Participative des Ressources
Naturelles et de la Faune (GEPRENAF).
2.
LES ETAPES DE MISE EN PLACE D’UN SIE
Les principales étapes pour la mise en place d’un SIE peuvent se résumer comme suit :
1.
Sensibilisation et recherche de synergie – Elle est indispensable à la dissipation des inquiétudes et
des angoisses qui bloquent le partage des données environnementales
2.
Dressage de la situation présente en matière de gestion environnementale sous forme d’un profil
institutionnel – Avant de parler de réseau et de partenariat il est indispensable de connaître les
acteurs, leurs attributions, les projets et programmes en cours, le patrimoine environnemental
existant, les conventions et accords en cours, le niveau de circulation et d’échange des données
environnementales, la capacité des acteurs à organiser et gérer leurs propres données, les bases de
données existantes etc.
3.
Création d’un cadre institutionnel et adoption d’une charte informationnelle – Il s’agit de bâtir sur
l’existant, de préférence en renforçant et élargissant les attributions d’un cadre existant, en
s’appuyant sur le PANE (ou PAE) par exemple. Un tel cadre doit faire la place pour une
participation pleine et entière de tous les groupes d’acteurs à la gestion de l’environnement
(Agences gouvernementales, secteur privé, ONG, secteur de la recherche les médias, etc.). La
charte quant à elle énonce les grands principes des devoirs et obligations des partenaires et de leurs
droits en matière de gestion de l’information environnementale au sein du réseau. C’est le point de
départ de la future législation sur la gestion de l’information environnementale
4.
Recherche d’un consensus autour des grandes préoccupations environnementales du moment –
Cela passe par des forums de concertation débouchant sur un diagnostic des problèmes majeurs,
des atouts et des enjeux en matière d’environnement, et une définition des priorités et des objectifs
liés à celles–ci et l’élaboration de programmes d’actions par composante
5.
Définition sur une base consensuelle des indicateurs et des critères de performance
6.
Identification des besoins en données et collecte des données nécessaires au réseau – Ici, la notion
de détenteur et de gestionnaire de données est importante. Il est plus rationnel de responsabiliser
chaque partenaire pour la préparation et la gestion des données dont il ou elle a la maîtrise et leur
mise à la disposition des autres utilisateurs (à des conditions fixées de commun accord). Le
détenteur et gestionnaire de données est aussi responsable de la qualité, de la fiabilité de ses
données et de leur mise à jour.
7.
Création de bases de données fondamentales et des méta-données dans le cadre du réseau – Il
s’agit pour chaque partenaire de construire des bases de données spatiales pour la gestion des
données dont il ou elle a la charge, dans le respect de normes techniques arrêtées de commun
accord et qui permettent l’intégration et l’analyse des données de sources différentes et variées à
l’image de la diversité dans la composition du réseau. Par contre c’est la responsabilité commune
du réseau de construire les méta-données et de les maintenir à jour par un mécanisme simple.
8.
Développement d’applications « client – orientées » pour la satisfaction des besoins divers
exprimés (études d’impact sur l’environnement, rapport sur l’état de l’environnement, statistiques
et comptes de l’environnement, mise en œuvre des conventions, gestion des parcs nationaux, écotourisme, etc.)
9.
Auto-entretien et pérennité du système – Ceci passe par un effort d’adaptation du système aux
changements qui interviennent (politiques, technologiques, humain, etc.) et un respect rigoureux
des engagements pris par les membres du réseau, notamment en matière d’entretien des bases de
données et de mise à jour des méta-données.
3.
L’EXEMPLE DU SIE DU PROJET
GEPRENAF
La mise en œuvre d’un système d’information pour l’Environnement à l’échelle d’un pays, on s’en
doute, est une œuvre de longue haleine. Le plus tôt on l’entame, le mieux cela vaut. Si de tels systèmes
intégrateurs ne font pas encore légion dans les pays au Sud du Sahara, on peut toutefois se féliciter de
certaines initiatives encourageantes. C’est le cas du système d’information et de suivi de l’environnement
sur Internet (SISEI) développé au Bénin en 1998 avec le concours de l’OSS/UNITAR et du programme
SIE. On peut citer dans le même cadre le SISEI Afrique de l’Ouest orienté vers la gestion des données sur
la désertification dans la sous région, sous l’égide de la CEDEAO, du CILSS et de l’UEMOA. Un exemple
de moindre envergure en étendue géographique, mais d’un intérêt certain est le développement d’un
système d’information au sein du Projet de Gestion Participative des Ressources Naturelles et de la Faune
(GEPRENAF).
3.1 Aperçu
sur le projet GEPRENAF
Le projet GEPRENAF est une initiative originale de gestion des ressources naturelles avec la pleine
participation des populations concernées. Il couvre trois sites dont un au Burkina Faso et deux en Côte
d’Ivoire totalisant 940.000 ha et touchant 83 villages riverains des forêts (17 sur le site des Diéfoula au
Burkina, 28 sur Warigué et 38 sur le site des Monts Tingui en Côte d’Ivoire). Les sites de Diéfoula et
Warigué situés de part et d’autre de la frontière entre les deux Etats sont contigus et forment un grand
ensemble de 650.000 ha englobant les forêts classées de Diéfoula, Logoniégué au Burkina et la forêt
classée de Warigué en Côte d’Ivoire. Le troisième site d’une superficie de 290 000 ha couvre la forêt
classée de Kinkéné en Côte d’Ivoire.
Les objectifs du Projet sont l’amélioration de la situation de la biodiversité d’une part et l’amélioration
de la gestion des terroirs par les populations d’autre part. Parmi les objectifs spécifiques, on retient en
particulier, la stabilisation des superficies défrichées pour les besoins de la culture d’ignames très active
dans la zone, de même que la conservation de la biodiversité par la définition de zones de biodiversité sur
chaque site et la lutte contre le braconnage par les populations elles-mêmes.
Sur les sites de Diéfoula et Warigué, l’approche Gestion des terroirs est appliquée comme mode de
gestion tandis que sur le site des Monts Tingui c’est l’approche Développement Local qui est mis en œuvre.
Dans un cas comme dans l’autre le processus est basé sur la responsabilisation :
!
d’Associations villageoises pour la promotion et la coordination des actions de développement au
niveau du village et
!
d’associations inter - villageoises dénommées Associations pour la gestion des ressources
naturelles et de la faune (AGEREF) au niveau des sites jouant un rôle de promotion et de
coordination des actions de développement et veillant particulièrement à la gestion durable des
zones de biodiversité.
Une autre particularité de ce projet qui mérite d’être soulignée est l’intervention de bureaux d’études «
locaux » qui se sont vus confier la mise en œuvre technique du projet à travers des Cellules Techniques
l’appui (CTA). Le projet est coordonné par deux responsables nommés par les Etats et qui agissent de
façon concertée dans un esprit de collaboration renforcée, du fait que le Projet GEPRENAF est un tout qui
dépasse la notion d’Etat dans son dispositif de mise en œuvre.
3.2 Le système d’information au sein du Projet
GEPRENAF
Les initiateurs du Projet ont inclus dans le montage la mise en œuvre sur chaque site d’une station SIG
chargée de faciliter les analyses nécessaires au suivi des performances du projet. Ainsi le recours au SIG au
niveau du Projet GEPRENAF est une initiative visant à optimiser le dispositif de suivi-évaluation dont il
fait partie intégrante.
Le système d’information du Projet GEPRENAF dont la mise en œuvre a été confiée à l’Union
mondiale pour la nature (UICN) dans le cadre de sa mission d’appui – conseil aux Etats impliqués dans le
projet est bâti autour d’une idée centrale : exploiter des bases de données spatiales pour répondre aux
besoins de fonctionnement du dispositif de suivi –évaluation.
Les étapes de mise en œuvre ont consisté à l’acquisition du matériel, à la production de supports de
base (orthophotos et photoplans) à l'interprétation et à la numérisation du contenu, à l'intégration des
données auxiliaires, notamment socio-économiques.
La mise en œuvre de ce volet SIG au sein du Projet est un autre exemple de coopération entre le
Burkina Faso et la Côte d’Ivoire dont les experts associés à cette entreprise se sont concertés pour
harmoniser les procédures visant à bâtir des BDS qui soient exploitables par les administrations des deux
pays à l’expiration de la phase projet du GEPRENAF. Ainsi des ateliers sur l’harmonisation de
l’architecture des bases de données qui ont eu lieu ont conduit à la production d’une base de données
spatiale unique pour l’ensemble du projet.
4.
CONCLUSION
L’exemple du Projet GEPRENAF illustre le fait bien connu que l’information géographique enrichit et
accroît le potentiel d’exploitation des données environnementales et en permet une analyse qui favorise des
prises de décisions responsables. Malgré les difficultés liées à l’exploitation des bases de données spatiales
qu’il ne faut pas occulter (notamment la capacité humaine et le problème crucial de la collecte et de la mise
à jours des données) il conviendrait d’intégrer systématiquement une composante SIG dans les initiatives
de gestion des ressources naturelles à tous les niveaux. C’est autant de maillions qui se tissent et favorisent,
pour peu que l’on prenne la précaution de lier ces bases de données à un référentiel national ou régional,
l’émergence d’un vrai système d’information pour l’environnement.
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