Les plantes supérieures prélèvent les éléments-traces de l’eau ou de l’air via leurs parties aériennes
et les éléments-traces du sol via leurs racines. De plus, les tissus des plantes peuvent relâcher les élé-
ments-traces dans le sol et les feuilles peuvent le faire dans l’air (les éléments-traces sont alors sous forme
gazeuse). Ainsi, l’accumulation des éléments-traces dans les plantes dépend à la fois du prélèvement
dans les tissus et du relâchage dans le milieu environnement.
2.1. Pénétration des éléments-traces par les parties aériennes
Les éléments-traces entrent dans la composition des matériaux minéraux et organo-minéraux qui com-
posent les fines poussières présentes dans l’air, lesquelles se déposent sur les feuilles, les tiges et les fruits.
La contamination par voie aérienne est généralement faible, sauf lorsque les retombées atmosphé-
riques sont importantes: dans certains lieux comme les zones industrielles ou pour certains éléments
comme le Pb, à cause des résidus de combustion de l’essence plombée.
Les éléments-traces essentiels, ainsi que les non-essentiels, peuvent être prélevés par les feuilles. Sous
forme gazeuse (e.g. Seg, Asg, Hgg) (pouvant, entre autres, émaner du sol), ils rentrent dans les feuilles à
travers les stomates; sous forme d’ions, ils rentrent surtout à travers les cuticules des feuilles (Figure 2.1)
(Prasad & Hagemeyer, 1999).
Les éléments-traces sous forme de poussière ou de gaz peuvent entrer directement par les stomates
des feuilles. Une partie des retombées atmosphériques, solubilisée par l’eau de pluie ou d’irrigation, peut
traverser la cuticule des feuilles et des fruits. Constituée d’un réseau imprégné de cires (Figure 2.1), la cuti-
cule recouvre les organes aériens des plantes et n’existe pas sur les racines (Ferrandon & Chamel, 1989).
Elle fonctionne comme un faible échangeur de cations. Un gradient de la plus basse à la plus forte den-
sité de charge se met en place à partir de la surface externe vers les parois des cellules, la pénétration des
ions à travers la cuticule s’en trouvant favorisée le long de ce gradient (Prasad & Hagemeyer, 1999). La
perméabilité de la cuticule est ainsi supérieure pour les cations par rapport aux anions. Le passage des
cations est inversement proportionnel à la taille du cation hydraté (Ferrandon & Chamel, 1989). La per-
méabilité de la cuticule est plus élevée au niveau des cellules stomatiques (Ferrandon & Chamel, 1989).
La majeure partie du Cd ou du Pb ainsi prélevée par la plante est stockée dans la cuticule et les parois
cellulaires, sous forme insoluble et ne migre pas dans le végétal (OFEFP, 1996).
Plusieurs paramètres ont une influence sur le prélèvement foliaire des éléments-traces:
– Le prélèvement des ions métalliques peut être favorisé par une forte densité des stomates (Prasad
& Hagemeyer, 1999).
– Les dépôts humides seraient moins contaminants que les dépôts secs (Bargagli, 1998).
– Une humidité relative haute accentue le prélèvement des métaux à travers la cuticule, cette der-
nière étant alors la plus ouverte et la plus gonflée. A contrario, lorsque l’humidité relative est
faible, la cuticule se contracte et les dépôts de lipides épicuticulaires (cires) sont compressés,
gênant ainsi le passage des métaux hydro-solubles (Prasad & Hagemeyer, 1999).
Contamination des sols: transferts des sols vers les plantes
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contamination peut être enlevée par simple lavage à l’eau, ce qui montre qu’elle reste à la
surface des parties aériennes en un dépôt superficiel. Une autre partie reste piégée dans
les feuilles par exemple. Il est vraisemblable qu’une troisième partie des éléments-traces
peut être transportée dans la plante, mais son importance est controversée.
Dans les zones de faible pollution, les avis des scientifiques divergent sur l’importance de
l’entrée d’éléments-traces par les parties aériennes.
…dans la suite de la brochure, nous parlerons essentiellement du transfert des éléments-
traces depuis le sol vers la plante, via les racines.