Act. Méd. Int. - Neurologie (2) n° 6, juin 2001
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paraparésie spastique, de troubles
sphinctériens, d’une altération des fonc-
tions supérieures et d’une atteinte des
paires crâniennes (le plus souvent le VII
et le VIII). L’encéphalopathie se révèle
par des troubles du sommeil et du carac-
tère et par un déclin intellectuel.
L’IRM cérébrale montre des hyper-
signaux de la substance blanche pouvant
orienter le diagnostic vers une sclérose
en plaques. Cependant, ces hypersignaux
sont en général éloignés des ventricules,
et la sérologie est positive dans le LCR.
Certains patients atteints de la maladie
présentent des encéphalopathies avec
notamment des troubles de la mémoire
sans anomalies du LCR ni de l’IRM.
Dans ce cas, le processus pathologique
en cause serait l’effet systémique des
lymphokines.
Diagnostic biologique
Comme nous l’avons vu, le diagnostic
est essentiellement clinique. Cependant,
les tests de laboratoire sont indispen-
sables pour affirmer le diagnostic, d’au-
tant plus si l’EMC est passé inaperçu.
Culture et isolement des spirochètes
La culture et l’isolement des spirochètes
à partir du sang et des tissus ont été uti-
lisés par le passé. Cette technique est
actuellement abandonnée, car les bacté-
ries sont présentes en trop petite quantité
et de façon variable dans le temps.
Tests sérologiques
Actuellement, la détection d’anticorps
(immunoglobulines G et M) se fait par la
technique dite ELISA. Dans le sang, la
sérologie devient positive 2 à 4 semaines
après l’exposition. Ainsi, en cas de mani-
festation précoce, la sérologie peut être
négative, et il faut savoir répéter l’exa-
men si la suspicion clinique est forte. La
technique du Western blot est utilisée
pour confirmer un test ELISA positif et
permet de trancher entre les vrais et faux
positifs (notamment quand les taux de
ELISA sont limites). Dans les zones
d’endémie, 5 à 10 % de la population ont
une sérologie positive de façon asympto-
matique. Il faut donc se méfier de
conclusions trop hâtives dans ces
régions. De plus, les patients atteints
d’affections auto-immunes peuvent pré-
senter des résultats faussement positifs,
et il existe des réactions croisées.
La recherche d’anticorps dans le LCR
reste le test le plus spécifique de NB (la
spécificité est estimée à 95 %). La sensi-
bilité de ce test est estimée à 90 % en cas
de méningoradiculite. Mais en cas de
manifestation tardive (notamment en cas
de neuropathie), la sensibilité de ce test
peut chuter jusqu’à 50 % selon certaines
études. En pratique, chez un patient pré-
sentant une neuropathie associée à une
sérologie de Lyme positive dans le sang
mais négative dans le LCR, d’autres étio-
logies doivent être envisagées avant de
conclure à une maladie de Lyme.
Le taux d’anticorps peut rester identique
malgré un traitement bien conduit, sur-
tout si l’on se situe dans la phase tertiaire
de la maladie. La surveillance séro-
logique n’est donc pas conseillée.
Polymerase chain reaction (PCR)
Le principe de la PCR repose sur l’am-
plification des séquences d’ADN des
spirochètes présents dans le LCR. Les
avantages de cette méthode sont sa grande
sensibilité et sa grande spécificité. La
difficulté réside dans l’interprétation des
résultats. Actuellement, cette technique
reste dans le domaine de la recherche et
n’est pas utilisée en routine.
Traitement
Le traitement de la maladie de Lyme
repose sur les antibiotiques. En ce qui
concerne la neuroborréliose, plusieurs
possibilités existent :
– pénicilline V 20 millions d’unités par
jour en i.v., pendant 2 à 4 semaines ;
– ceftriaxone 2 mg par jour, en i.v. ou en
i.m., pendant 4 à 6 semaines.
En cas d’allergie aux bêta-lactamines, un
traitement par tétracyclines per os sera
délivré.
Dans le cas des méningoradiculites, un
traitement par doxycycline 200 mg per
os par jour pendant 2 semaines s’est
révélé efficace.
Après avoir reçu un traitement adapté, cer-
tains patients (principalement ceux dont la
maladie a été diagnostiquée tardivement)
peuvent présenter des symptômes non spé-
cifiques tels que malaises, asthénie, dépres-
sion ou troubles cognitifs. Généralement,
ces manifestations disparaissent au bout de
quelques mois ou de quelques années.
L’efficacité de cures prolongées d’antibio-
tiques n’a pas été démontrée.
Conclusion
La maladie de Lyme se complique fré-
quemment d’atteintes neurologiques.
Deux écueils sont à éviter : ne pas y pen-
ser ou l’évoquer à tort. Pour cela, une
connaissance des manifestations cliniques
et une interprétation rigoureuse des exa-
mens sérologiques sont indispensables.
Références
1. Garcia-Monco JC, Benach JL. Lyme neuro-
borreliosis. Ann Neurol 1995 ; 37 : 691-702.
2. Halperin JJ, Logigian EL, Finkel MF, Pearl
RA. Practice parameters for the diagnosis of
patients with nervous system Lyme borrelio-
sis (Lyme disease). Neurology 1996 ; 46 :
619-27.
Sites Internet
●http://lyme.free.fr
● http://www.snof.org
neuro-mémo
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