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2004. L’économie est plus résiliente face aux chocs, aussi bien internes qu'externes. Elle a résisté
assez bien à la hausse des prix du pétrole et à la fin de l’accord multifibre qui a frappé l’industrie
marocaine du textile. Néanmoins, davantage doit être fait pour enclencher un processus de création
d’emplois de qualité et de réduction de la pauvreté.
9. Au cours des deux dernières décennies, la croissance au Maroc a reposé principalement
sur la demande interne, une situation dont les limites sont maintenant apparentes. L’expérience
internationale montre que la croissance axée uniquement sur le marché intérieur est insuffisante pour
maintenir les taux de croissance à un niveau élevé. La contribution des exportations nettes de biens et
services non-facteurs a été de plus en plus négative, comme montré par la détérioration des déficits de
la balance commerciale. Ce résultat est principalement attribuable aux politiques passées qui ont
favorisé la production de biens et services non échangeables, caractérisés par des parts des biens
intermédiaires importés relativement élevées. Dans ce contexte, la majeure partie de l'investissement
national et international s'est concentrée dans les secteurs où les biens et services sont en grande partie
destinés au marché intérieur, comme l'immobilier, les télécommunications, les services de gros et de
détail, le transport et les services financiers. De plus, l’existence de rigidités au niveau de l’offre,
particulièrement celles liées à l’inadéquation de qualification et de rigidité dans le marché du travail et
les contraintes de l’environnement des affaires, limitent l’investissement dans les secteurs
concurrentiels à forte valeur ajoutée. Enfin, le régime commercial est caractérisé par un biais contre
les exportations qui favorise encore des activités protégées et de rente dans un marché intérieur
relativement restreint.
10. La faiblesse de la productivité et des salaires faibles (particulièrement dans le secteur
privé) continuent à caractériser la croissance économique du Maroc. Le Maroc a investi pas
moins de 6 pourcent du PIB dans l’éducation pendant de nombreuses années. Des ressources
considérables ont été affectées à l’accumulation du capital physique associé à l’infrastructure de base,
mais elles ont entraîné une hausse limitée de la productivité totale des facteurs. L'expérience à
l’échelle internationale nous montre que l’atteinte et le maintien d’un taux croissance annuel du PIB
au-dessus de 6 pourcent nécessite non seulement une hausse de l’investissement mais aussi des gains
de productivité assez importants. Pour soutenir la croissance de la productivité, il faut aussi améliorer
la mobilité de la main-d’œuvre et du capital des entreprises à faible valeur ajouté vers celles à forte
valeur ajoutée. Il est aussi nécessaire de réaffecter le capital et la main-d’œuvre des sous-secteurs
agricoles qui stagnent vers des secteurs à plus haute productivité, qu'ils soient liés ou non à
l'agriculture.
11. Les exportations à faible valeur ajoutée limitent le potentiel de croissance. Depuis la fin
des années 70, les exportations ont connu des changements mineurs sur le plan de la composition ; sa
valeur ajoutée (sophistication) a été plutôt stagnante. La structure commerciale a globalement évolué
vers des exportations de produits finis (l’habillement en particulier) pour le marché de l’Union
européenne et vers les produits semi-finis (engrais et acide phosphorique). La structure s’est éloignée
des exportations traditionnelles de produits agricoles et des phosphates. Néanmoins, la performance
des exportations marocaines a été inférieure à celle de ses concurrents. Cette sous-performance n’est
pas due à des facteurs externes, tels que des termes d’échange défavorables, la fin de l’accord
multifibres, ou la hausse des prix du pétrole. Elle est largement attribuable à des facteurs internes,
particulièrement les gaps en termes de compétitivité et de diversification. L’idée qu’un lien solide
existe entre la croissance rapide et la diversification des exportations est largement acceptée dans la
littérature économique. Le Maroc ne peut pas soutenir une croissance plus rapide en exportant les
mêmes biens en plus grand nombre ou de meilleure qualité.
A. Politiques pour une croissance plus rapide
12. Afin de s’assurer que l’économie puisse emprunter le chemin d’une croissance plus
élevée et soutenue, le Maroc devra continuer sur des réformes économiques qui accélèrent la
transformation économique vers des produits à plus forte valeur ajoutée et plus diversifiés ; le
pays devra aussi accorder une place plus importante au commerce international comme source
additionnelle de croissance. Les réformes structurelles en cours dans les secteurs commercial et