Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - n° 5 - mai 2011
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dossier thématique
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La transition enfant-adolescent
La transition enfant-adulte.
Ladolescence :
quand la maladie sinvite
Transition “child-adult. Adolescence: when illness appears
Sabine Malivoir*, Karinne Gueniche**
»Lenfant est un être en développement.
»
La période de l’adolescence revisite les premières mises en place
psychiques de sa personnalité et le confi rme en tant qu’individu
diff érencié et capable d’autonomie.
»
La présence à cette période d’une maladie chronique accroît souvent
les diffi cultés du travail de distanciation de ce jeune individu.
Mots-clés : Adolescence – Diabète de type 1 – Transition.
Keywords: Adolescence – Type 1 diabetes – Transition.
Points forts
* Psychologue clinicienne,
hôpital Robert-Debré
et hôpital de la Pitié-
Salpêtrière, centre de
référence des maladies
endocriniennes rares
de la croissance, Paris ;
attachée de recherche au
laboratoire pédagogie de
la santé, UFR SMBH, uni-
versité Paris 13, Bobigny.
** Psychologue clini-
cienne, hôpital Necker-
Enfants malades, Paris,
centre de référence des
maladies endocriniennes
et gynécologiques rares ;
psychanalyste et maître
de conférences à Paris-
Descartes ; laboratoire
de psychologie clinique
et de psychopathologie,
EA 4056, Boulogne-
Billancourt.
P
arler des aspects psychologiques des patients
suivis en endocrinologie et en diabétologie et
qui abordent la transition enfant-adolescent-
adulte, cest peut-être avant tout rappeler ce quil en
est du développement psychoa ectif de l’enfant au
moment où il aborde l’adolescence. Cette période
nous apparaît en e et paradigmatique de la transi-
tion de l’enfant à l’âge adulte en ce qu’elle constitue
un passage obligé et nécessaire à l’enfant pour deve-
nir adulte, c’est-à-dire autonome et sujet de son désir.
Aussi s’agit-il de prendre la mesure de ce que signi e
être pubère au niveau psychique a n d’envisager un
accompagnement pluridisciplinaire adapté au jeune.
En e et, nous savons indiscutablement, aujourd’hui,
que l’adolescence est un processus spéci que et décisif
du développement du petit d’homme. Trop souvent
appelée crise”, l’adolescence inquiète autant le jeune
lui-même que son entourage. De ce mot ne retenons
pas que les signes négatifs de l’opposition et parfois de
la violence des mots. La crise doit sentendre comme
la  n d’un fonctionnement devenu ine cace dans les
situations à vivre. Les repères habituels disparaissent et
laissent simultanément la place à l’angoisse de la perte
et à la recherche active de nouveaux points d’ancrage.
Après avoir présenté les mouvements psychiques qui
dynamisent l’évolution de l’enfant jusqu’à l’âge adulte,
nous aborderons la résonnance que peut provoquer
la présence d’une maladie chronique chez le jeune en
choisissant l’exemple du diabète de type1.
Le développement psychoaff ectif
de l’enfant
Lenfant nest pas un adulte en miniature. Il est un être
en développement tant physique que psychique, et son
évolution est un processus qui ne se déroule pas sans
heurts et qui avance par bonds successifs. D’ailleurs,
tout symptôme psychopathologique de l’enfant est
toujours à resituer dans une perspective maturative
(1). Lenfant est un être dépendant de son entourage.
Aussi aux prises avec sa famille, son fonctionnement
ne peut être compris qu’à la lumière de l’organisation
a ective et relationnelle de celle-ci.
Sigmund Freud propose l’hypothèse selon laquelle,
à partir de ses besoins vitaux, l’enfant cherche à vivre
et à revivre les expériences de plaisir. Ainsi, la dialec-
tique besoin/désir vient marquer le petit d’homme et
organiser tout son développement psychoa ectif. Le
complexe d’Œdipe (entre 2-3ans et 6-7ans) en est une
des  gures universelles. Parce qu’il détient les poten-
tialités du devenir a ectif du petit d’homme, le con it
œdipien marque de son sceau l’histoire infantile et,
au-delà, l’histoire de l’adulte.
Lorsquil parvient à désinvestir les passions (à colo-
ration incestueuse et parricide) de sa petite enfance
nouées avec son père et sa mère tant autour de lamour
(a ection, tendresse, etc.) que de la haine (agressivité,
envie, jalousie, etc.), l’enfant entre dans une période
nommée de latence grâce à laquelle son investisse-
ment socioscolaire et cognitif devient central. Lénergie
psychique est plae et investie au pro t des acquisi-
tions (lecture, écriture, etc.) qui, vers 7-8ans et au-delà,
occupent une place de choix dans la vie de l’enfant.
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La transition “enfant-adulte”. Ladolescence : quand la maladie s’invite
Simultanément, l’enfant apprend à aimer d’autres indi-
vidus (enseignants, animateurs, pairs, etc.) à l’aune du
modèle a ectif intérioriavec son père et sa mère. Par
exemple, pour le petit garçon, l’amour pour la  gure
maternelle intériorisée reste une trace, un résidu qui
ne fait que préparer le futur choix amoureux. Cette
latence nen est pas moins une période particulière-
ment féconde pour le développement psychoa ectif
de l’enfant en ce quelle prépare implicitement aussi les
remaniements spéci ques à la puberté tant au niveau
corporel que psychique. C’est au cours de cet itinéraire
que l’adolescence constitue l’après-coup de l’infantile.
Les enjeux psychiques des transformations
corporelles et pubertaires
La puberté est considérée comme l’un des moments de
crise subjective dans la vie, liée à un bouleversement
biologique. Ce moment essentiel du processus d’ado-
lescence se caractérise par une rie de transformations
dont le destin nest pas écrit à l’avance. Ce processus est
terminé par ce qui a pcédé (vie infantile) et se révèle
déterminant pour ce qui va suivre. Ce processus est une
seconde chance d’élaboration des con its infantiles qui
nont pas été résolus. Ladolescence permet à l’enfant de
devenir sujet (de son histoire et de sa vie), de pouvoir
s’approprier son corps et sa pensée, et dêtre capable
d’un choix d’objet, notamment sexuel.
Si l’adolescence constitue une période de la vie dé nie
par une tranche d’âge (11-12ans à 18-20ans de nos
jours), il nen reste pas moins qu’elle se superpose à
une période de changements physiologiques et anato-
miques auxquels le terme de puberté renvoie. Les psy-
chanalystes spécialisés dans l’adolescence (Ph. Gutton,
Ph.Jeammet, C.Chabert, F. Marty, etc.), parlent des
bouleversements psychiques inhérents à cette période
comme du “pubertaire imposant au jeune un ritable
travail psychique délaboration de la puberté, appelé
“le travail du pubertaire”.
Chez lenfant, du fait de son immaturité physique –
notamment –, il existe une protection qui empêche
l’accomplissement de ses désirs incestueux et parri-
cides, puis, ensuite, le corps infantile immature pro-
tecteur se transforme à la faveur de l’apparition des
caractères sexuels secondaires. Limage du corps se
modi e, l’importance qui lui est accordée également.
Cette évolution de l’image corporelle se traduit par des
comportements, comme le besoin de mouvements,
le désir de connaissances, le refus de soins maternels,
etc. Avec l’arrivée de la puberté, il se trouve tout à coup
soumis à un grand bouleversement, qu’il ne peut ni
contrôler ni maîtriser. Son corps change, il ne reconnaît
ni ses émotions ni parfois ses pensées. Il a même la sen-
sation que les adultes ne le regardent plus de la même
façon et ce nest pas faux ; le corps du garçon devient
celui d’un homme et celui de la petite lle, d’une femme.
La “trahison du corps lui impose de quitter l’enveloppe
protectrice de l’enfance (2). Ce corps attire l’attention
des adultes et des pairs provoquant des réactions, des
commentaires, des regards. Simultament, les pulsions
libidinales sexualisent ses relations avec autrui. Avec
son entourage proche les relations deviennent di ciles.
Même le contact physique avec les parents, les frères
et sœurs devient source de gêne, voire dinquiétude.
Les câlins se font rares ; il doit s’éloigner.
Dans ce contexte, l’inceste et le parricide, vœux de la
période œdipienne, deviennent réalisables. Devant la
menace de ces possibilités passionnelles, l’adolescent
érige un aménagement défensif protecteur. Cette crise
de la défense prend des allures parfois singulières :
mur sonore (adolescent enfermé dans sa chambre
avec la musique à fond), passer des heures au télé-
phone (évitement de tout contact avec les parents),
intellectualisation (défense qui passe par de grands
débats philosophiques, de grandes interrogations sur
l’état du monde, “Qui suis-je ?”), agressivité verbale (la
projection évacue l’angoisse de toute façon, tout ça
c’est la faute de mes parents ou bien c’est à cause des
médecins que je suis comme cela), etc. Ces mouvements
caractéristiques montrent à quel point, pour l’adoles-
cent, l’ennemi est le corps (à présent sexué, génital et
à lorigine de fantasmes) capable de jouissance dans
l’acte sexuel. Cette crise défensive est nécessaire pour
absorber le choc de la puberté, quon peut considérer
comme un traumatisme nécessaire.
Il sagit pour le jeune de traverser l’une des plus grandes
épreuves de sa vie en ayant à se soustraire à l’auto-
rité des parents, à leur amour et à leur tendresse. Ce
désinvestissement a ectif nécessaire de ces gures
tutélaires et d’amour l’autorise, à terme, à d’autres inves-
tissements vers le monde extérieur et vers les autres
(substituts parentaux, groupes de pairs). Entre temps,
on assiste à un double mouvement. Il n’est pas rare
de constater combien l’adolescent s’engage dans une
période à l’allure dépressive, marquée par la tristesse ;
simultanément, il se voue à lui-même un amour intense
(regards dans la glace, notamment), préoccupation
narcissique normale et nécessaire.
Pour nir, soulignons qu’un adolescent pubère devient
capable de procréation et, de ce fait, accède à un pou-
voir nouveau jusqu’alors attribué aux seuls parents.
L’asymétrie entre les adultes et l’enfant se réduit car
l’écart de générations comme les di érences (physiques,
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La transition enfant-adolescent
psychiques, cognitives, etc.) sont moindres. Dans la a-
lité, l’adolescent acquiert certains pouvoirs de l’adulte ;
au niveau de l’imaginaire, il entre de facto en rivalité
avec lui.
Les oppositions relationnelles surviennent pour
mieux marquer son statut d’individu différencié,
capable d’idées personnelles, et non influençable.
Simultanément, elles permettent au jeune de ne pas
s’isoler et donc de ne pas être abandonné ; le temps
passé à se disputer est un temps où l’on nest pas seul,
où l’on garde le lien. Ainsi, l’a rmation de soi s’exerce
dans la mise à distance de l’autre : ladolescent repousse
l’adulte pour mieux se sentir exister par lui-même. En
miroir, les parents imposent aussi la di érence entre eux
et leur enfant : la di érence de générations, la di érence
de goûts, la di érence didées, etc. La confrontation avec
les frustrations jalonne cette période pendant laquelle
l’inquiétude et le doute envahissent la psyché ; lado-
lescent peut perdre con ance. Il voudrait déjà mener
une vie d’adulte mais il n’y est pas prêt tant sur le plan
psychologique que d’un point de vue matériel. Garder
l’autori parentale rassure l’adolescent, lui montre qu’il
est aimé, qu’il est important et quil peut compter sur
autrui. Il faut vivre en même temps le besoin dauto-
nomie et le besoin d’attachement.
Le travail psychique qui fonde l’ensemble du processus
adolescence passe par un travail d’élaboration. Avec
ses crises, ses con its, ses mises à distance, ce dernier
permet à l’adolescent de se familiariser avec sa vie ima-
ginaire et ses passions inhérentes. À partir de ce travail
d’élaboration, la possibilité de fonder une génération,
de créer un couple et davoir un enfant devient possible.
Ainsi, après le renoncement œdipien, le renoncement
pubertaire aux passions incestueuses permet au jeune
adulte denvisager la perspective de créer soi-même
des origines, d’enfanter et, ce faisant, de repousser ses
parents dans une génération plus ancienne. Il s’agit
pour le jeune de faire sa place, de construire un projet
avec la possibilité de se gager de l’autorité parentale
en s’appuyant dessus.
Quand le diabète s’invite
Il est parfois des situations pour lesquelles l’adolescence
se double de contraintes imposées par une maladie
chronique ; tel est le cas du diabète, en particulier
lorsqu’il s’agit de l’acquisition de l’autonomie.
Pour l’adolescent porteur d’un diabète de type1, les
limites de son corps qui ne peut vivre sans insuline
peuvent être des obstacles qui s’ajoutent au processus
psychique habituel à cette période. Il pense son corps en
termes de santé. Il lui faut du temps pour sapproprier ce
nouveau corps qui peut cher prise : hypoglycémies,
malaises, etc. Les injections, les glycémies capillaires
sont autant de gestes agressifs et intrusifs qui renforcent
la fragilité d’une image corporelle en révision et dans
laquelle il faut trouver con ance.
Le diabète de type1 est une maladie qui ne se voit
pas et qui se manifeste peu par des symptômes.
L’adolescent est contraint de le mentaliser pour justi-
er le traitement à une période de son évolution la
verbalisation sinhibe. Ce sont plutôt les comportements
et les passages à l’acte qui sont à l’ordre du jour à cet
âge. L’adolescent doit faire preuve d’un e ort men-
tal pour prendre son traitement, alors quil se sent en
pleine forme et quil se lève le matin. Les mécanismes
psychiques de négation sont favorisés par l’absence de
ressenti de symptômes. L’adolescent sort de la période
de l’enfance pendant laquelle il a véhiculé une image
de soi puissante ; en témoignent les dessins l’enfant
se dessine champion de sport ou se représente dans
des activités physiques très valorisées comme celles
de pompier ou de danseuse, par exemple. Le deuil” du
corps tout puissant auquel on ne pense pas nécessite
un travail psychique important. Pendant l’enfance, le
corps est pris en charge par les parents, que ce soit au
niveau de la nourriture ou à celui du soin. À ce stade,
le jeune individu pose les limites entre lui et le corps
de l’autre.
Avec l’entourage, les con its apparaissent parfois car
l’adolescent doit travailler sa prise d’autonomie et en
même temps assumer la dépendance obligatoire au
traitement. Il existe des contraintes sur son corps et
une emprise sur son fonctionnement psychique, selon
Jeammet (3). La dépendance relationnelle de soin au
médecin s’y ajoute. Les connaissances de la maladie et
le savoir-faire du médecin dans le traitement proposent
à l’adolescent un modèle à suivre pour son implication
dans ses soins ; et cela, souvent, depuis plusieurs années.
L’autorité médicale représente une entrave supplémen-
taire que l’adolescent doit s’assigner pour se prouver
qu’il devient autonome, maître de lui-même, capable
de décisions le concernant, à travers son traitement. La
mise à distance de cette relation ascendante de soin,
très liée à une relation maternante (plus largement
parentale) se superpose au travail de distanciation
e ectué à cette période. Une projection a ective sest
également produite rendant la séparation parfois dif-
cile ; elle prend des allures d’opposition, de fuite, de
résistance au traitement ou de consultations oubliées.
Il s’agit donc de se séparer, mais surtout de ne pas se
sentir abandonné. À l’adolescence, on se prépare à
quitter ses parents, à quitter sa famille, à quitter son
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La transition “enfant-adulte”. Ladolescence : quand la maladie s’invite
lycée, à quitter quelques copains, à quitter son pédiatre
diabétologue. Mais on garde son diabète. Dans cette
quête de liberté et d’autonomie, la maladie diabète”
impose à l’adolescent de conserver et de maintenir des
habitudes contraignantes qui marquent chaque jour
sa vie et balisent son vécu corporel (3).
Une fois encore, il est di cile pour le jeune de pouvoir
d’un côté a ronter sa prise d’autonomie et de l’autre
assumer, comme on lui demande, une situation cari-
caturale de la dépendance : le traitement du diabète.
Lobligation quotidienne de se piquer a rme dans un
geste paradoxal d’un côté sa dépendance pharmaco-
logique et de l’autre son indépendance par rapport à
l’adulte parent ou soignant puisquil accède à la capacité
de se traiter lui-même. C’est en ce sens que simultané-
ment aux résolutions psychiques internes, le diabète
peut faciliter chez l’adolescent le sentiment de toute
puissance sur lui-même et sur autrui : Je suis maître de
mon corps en dosant et en m’injectant de l’insuline et je
décide d’y associer ou non l’adulte.
L’adolescent connaît son diabète mais en même temps
il ne veut pas (le) savoir ; cette connaissance entrave la
construction de son “idéal du Moi” qui est en quelque
sorte le modèle auquel l’individu cherche à se confor-
mer. Il sinstalle dans un va-et-vient entre savoir (“Jai
un diabète.”) et ne pas savoir (“Je ne sens rien, je nai pas
mal, je ne suis pas malade.”) [4]. L’absence de sympmes
classiques de maladie dans le diabète oriente et facilite
cette négation. Il lui faut un compromis entre le savoir
et l’ignorance ; c’est sans doute dans cette perspective
que l’on doit comprendre les ratés de traitement (oublis
d’injection, glycémies capillaires erronées, etc.). Ignorer
certains éléments de son traitement est une manière,
pour l’adolescent, de se séparer de son emprise et de
préserver une partie de son image idéalisée de lui-
même. Négliger le traitement est une manière illusoire
de se séparer de sa maladie.
Tout en imposant sa di érence avec l’autre, l’adoles-
cent a besoin de modèles pour s’identi er et deve-
nir un adulte social. Il recherche ses pairs et rejoint
des groupes semblables ou opposés à lui. Dans cette
ambivalence, le diabète trouve di cilement sa place.
Stigmatisant la di érence avec l’autre, il devient porteur
symbolique du risque d’abandon : “Si je suis diff érent on
ne va plus maimer. Il sagit souvent pour lui de cacher sa
maladie et son traitement a n de ne pas se sentir exclu.
Son estime de lui est atteinte alors que lui-même nex-
clut pas un copain ayant une pathologie. La di érence
avec l’autre le renvoie à la solitude jusquà ce qu’il trouve
étayage auprès d’un autre adolescent diabétique, par
exemple. Cette rencontre, tout en maintenant sa sin-
gularité, lui permet de ne pas être unique, donc de ne
pas être seul.
En conclusion
Soumis aux métamorphoses pubertaires, l’enfant
devient adolescent au prix de bouleversements psy-
chologiques importants. Il accède ainsi à l’âge adulte.
Pour certains adolescents, la présence d’une mala-
die chronique mobilise simultanément leur énergie
psychique. Dans la quête d’autonomie, ces adoles-
cents mettent à distance, consciemment ou non,
les contraintes du traitement et la relation avec leur
médecin pour favoriser la réalisation de leurs rêves et
l’approche de leur “idéal du Moi”. Un prétexte supplé-
mentaire car tout est à mettre à distance. Comprenant
la dynamique psychique adolescente, les soignants
peuvent conduire ce petit d’homme dans un projet de
santé. Ils ont les moyens de repérer ses compétences
tant physiques que cognitives et a ectives et de lui pro-
poser un étayage rassurant pour le conduire à prendre
soin de lui-même ; c’est-à-dire lui donner le plus pos-
sible de moyens pour que, à l’âge adulte, il assume
la réalité sociale et ses lois, les enjeux relationnels,
la réalité du diabète et les contraintes du traitement
dans le meilleur équilibre a ectif. Les psychologues
incarnent d’une certaine façon une autre “transition
entre les médecins et les parents, permettant, à la
faveur d’un accompagnement ou d’un travail théra-
peutique, de désamorcer certains con its psychiques
et d’accompagner le jeune adolescent dans son travail
de subjectivation.
1.
Gueniche K. Psychopathologie de l’enfant. Paris : Armand
Colin, 2007.
2. Alvin P, Basquin M, Marcelli D. Observance thérapeutique et
relation de soin à l’adolescence. Entretiens de Bichat. Expansion
Scientifi que Française, 1997:6-9.
3. Jeammet P. LAdolescence. Paris : Solar, 2002.
4. Ricard-Malivoir S. Adolescence et diabète. Revue Soins
2005;694:13-4.
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